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Message de l’honorable Aboubacar Sidick FOMBA Sur Les actualités du Mali depuis Lesotho.

Chers compatriotes,

Par la présente, je me prends la liberté d’effectuer mon appréhension et mon appréciation des développements politiques et géopolitiques de notre pays depuis son retrait sans délai de la CEDEAO. C’est bien-entendu un honneur pour moi de partager avec vous les récents événements qui ont façonné notre pays et notre place en Afrique et dans le monde.

Mais avant permettez-moi de faire un petit rappel des acquis de la transition qui sont entre autres:

-L’organisation des assises nationales de refondation dont les recommandations sont en exécution pour la bonne marche de la transition ;

– L’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution, pensée et rédigée par les Maliens , appelée constitution de juillet 2023. Cette constitution souverainiste a permis l’officialisation des langues nationales, la valorisation des autorités traditionnelles et coutumières, la prise en compte de notre histoire millénaire, l’abolition de l’esclavage, l’instauration de la souveraineté à travers les principes clairs et la mise des dispositifs contre la partition de notre chère patrie ;

-L’adoption d’une nouvelle loi électorale créant l’autorité indépendante de la gestion des élections appelé AIGE doté d’un budget de plus 5 milliards pour l’année 2024;

-La dotation de notre pays d’une carte administrative à travers un découpage administratif qui a bénéficié la participation de tous les acteurs impliqués . Le Mali compte aujourd’hui 819 commune ,156 cercles , 19 régions plus le District de Bamako ;

– L’organisation de la 5 eme édition du recensement général en 2022 qui dont comme nombre d’habitants : 22 millions 385 mille 485 ;

– L’affranchissement de notre pays des accords coloniaux de délégation de la sécurité nationale et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale à la France et à l’OTAN par la complicité de la classe politique dirigeante des 30 dernières années dans leur relation incestueuse : le traité serval, la force barkhane et la force takuba ;

– La délivrance de notre pays de l’image ombrageuse d’un pays condamné à la sous-tutelle de la communauté internationale à travers le retrait de la minusma donc un retrait légal et intelligent de notre pays du chapitre VII des nations unies ;

– La libération des 2/3 du territoire national occupés depuis plus de 10 ans par des terroristes sponsorisés par la France et ses acolytes . Kidal n’est plus un sanctuaire mais une région du Mali sous la responsabilité d’un gouverneur nommé par le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation ;

– La mise dans la poubelle de l’accord de partition du Mali appelé accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui a plus de morts qu’une épidémie de maladie ;

-La Militarisation de la police et de la protection civile;

– L’ adoption d’un nouveau code minier avec une loi sur son contenu local dont la mise en œuvre permettra de faire briller l’or pour le peuple malien ;

– La création de la SOREM et deux usines de filatures encours en plus de la réhabilitation de la COMATEX , de l’UMPP et du chemin de fer constituent des efforts gigantesques ;

– Les réformes douanières, la Création de l’OMAP ;

– l’adoption d’une nouvelle loi domaniale et foncière ;

– La récupération de certaines sociétés Etatiques en voie de privatisation notamment l’aéroport Modibo keita , La CMDT et l’UMPP sans parler des bâtiments publics bradés.

Ce bilan est le résultat de la reconstruction de notre armée qui avait été réduit à une armée de répression et hautement politisée pendant les 30 dernières années de démocratie.

La montée en puissance de cette armée nous a permis d’engranger ces résultats tangibles et palpables.

Tout d’abord, permettez-moi de souligner les progrès significatifs que nous avons réalisés sur le plan politique.

Grâce aux efforts concertés de la diplomatie malienne, notre pays retrouve de plus en plus sa place dans le concert des nations .

Chers compatriotes,

Beaucoup de nos compatriotes ignorent que pendant que notre pays était suspendu des instances de la CEDEAO, celle-ci scellait des engagements internationaux dans lesquels l’avis de notre pays n’a jamais été sollicité (pour des raisons de sanctions) mais qui avait des impacts directs sur la sécurité nationale de notre pays. Au vue du rôle joué par les forces de l’OTAN dans la destruction de l’État libyen et de la déflagration du terrorisme dans le Sahel, en considérant l’échec irréfutable des forces internationales et de la “communauté internationale” dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, il est difficile de cerner la rationalité de cette démarche de la CEDEAO consistant à établir un partenariat avec l’OTAN dans “la lutte contre le terrorisme et le changement climatique”.
Dieu Merci, notre pays tout comme les autres membres de l’AES ne sont plus aujourd’hui concernés par ce genre de partenariat représentant une menace directe pour l’indépendance de notre pays et surtout pour sa sécurité nationale.
Par ailleurs le retrait de la CEDEAO nous affranchit des fléaux du fameux principe de subsidiarité de la CEDEAO importée de l’Union Européenne.
N’eut été le veto de la fédération de la Russie, ce principe de la CEDEAO aurait permis au conseil de sécurité des Nations-Unies d’adopter des résolutions pour entériner les décisions illégales et illégitimes prises par la CEDEAO contre notre pays. Les conséquences pour notre pays auraient été tragiques et la mise sous-tutelle de notre pays aurait été quasi-permanente tant que nous ne renonçons pas à notre aspiration pour la souveraineté et à notre droit absolu à l’auto-determination.

Sur le plan de la sécurité, il est aujourd’hui évident que le retrait des forces internationales a plutôt contribué à une accalmie de la situation sécuritaire du pays. Les forces de défenses et de sécurité ont retrouvé leur liberté de mouvement et d’opération dans tout l’espace du territoire national. Nonobstant la propagande des anciens partenaires du Mali et de leurs valets locaux, la situation sécuritaire au Mali s’est nettement améliorée et les efforts pour la défense de l’intégrité territoriale, la sécurisation des populations et des biens, la pacification et la réconciliation du pays continuent.

Sur le plan de l’économie, le chantier est encore plus vaste. En trois décennies, le tissu industriel du pays a été complètement démantelé. De nombreuses initiatives et efforts sont en cours d’évaluation et de réalisation mais le passif est lourd. L’heure n’est plus au blâme mais plutôt à un sursaut national pour le redressement économique du Mali dans l’unique objectif d’atteindre en moins d’une décade l’autonomie stratégique.

Cette autonomie stratégique ne sera pas possible sans un changement de paradigme dont le premier pilier est la garantie de la souveraineté énergétique et de la souveraineté alimentaire.
Ainsi j’invite les autorités à un changement de paradigme pour le redressement économique à l’instar de ce qui a été fait pour le redressement de l’appareil défensif et sécuritaire du pays. Le chemin actuel pour la relance économique du Mali manque de cohérence et de vision stratégique. Nous devons développer dans les plus brefs délais une vision stratégique pour le redressement économique du pays dans le but d’atteindre l’autonomie stratégique au plus tard en 2035.

Sur le plan de la lutte contre la corruption, la tâche est lourde mais pas impossible. Malgré tout l’arsenal juridique de lutte contre la corruption, le fléau demeure. Face à ce constat, il faudra investir du temps et du budget dans la prévention de la corruption. La première démarche cruciale sera la digitalisation de l’administration publique. Notre pays est dans un retard assez inquiétant sur ce plan. La deuxième démarche cruciale sera la démonétisation des services publics qui en elle-même est peut être une des conséquences de la digitalisation de l’administration. Je pense sincèrement que l’adoption d’un système monétaire à double circuit permettra à l’État de complètement endiguer et verrouiller la corruption financière et le trafic d’influence. J’ai déposé dans ce sens une proposition de loi au CNT depuis 2021 .

En politique intérieure, beaucoup d’efforts doivent être encore faits. La loi doit être appliquée dans sa rigueur, dans le droit et dans l’équité.
La liberté d’opinion et d’expression pour les uns ne peut en aucun cas prévaloir sur le devoir pour tous de défendre le pays.
Malheureusement le comportement de l’État dans l’application de cette disposition demeure assez mystérieux et incompréhensible. En termes de politique intérieure, force est de constater que la masse des contradictions et des incohérences a atteint inexorablement une masse critique.
La nouvelle constitution est en passe de devenir malheureusement une constitution nominale en lieu et place d’une constitution normative.
Les lois sont adoptées presque de façons hebdomadaires mais elles peinent à être appliquées.
La dérégulation non encore résolue du droit d’établissement ouvre le boulevard aux migrants chinois, indiens et autres d’éjecter petit à petit les commerçants autochtones du commerce de gros et de détails au Mali. Il en est de même pour l’exploitation minière non industrielle accompagnée de la destruction durable des écosystèmes dont les conséquences environnementales et socio-économiques constituent une tragédie.
A mon avis une réforme du droit d’établissement est devenue une urgence afin de protéger les commerçants maliens et de l’AES contre l’intrusion des étrangers dans le commerce de détail et de gros. Le droit d’établissement ne devrait être accordé aux étrangers que dans le domaine industriel et manufacturier.

Cependant, nous devons également reconnaître les défis auxquels nous sommes confrontés sur le plan politique. Les tensions et les divergences d’opinions persistent, et il est impératif que nous travaillions ensemble pour surmonter ces obstacles et trouver des solutions qui bénéficient à l’ensemble de notre nation. Cela nécessite un engagement sincère envers le compromis et la coopération, ainsi qu’un respect mutuel pour les opinions et les droits de chacun.
Je ne pourrai fermer le chapitre de politique intérieure sans adresser l’injustice sociale dans notre pays. L’injustice sociale est aux antipodes des valeurs de la culture millénaire malienne. Un vrai sursaut national est requis de tous à cet endroit.

Sur le plan géopolitique, notre pays continue de maintenir la cruciale et vitale trajectoire souverainiste. Notre avenir en tant qu’acteur indépendant dans le concert des nations y dépend fortement. L’avènement de l’AES et le retrait de la CEDEAO s’inscrivent dans la cohérence de cette trajectoire. Les Maliens conscients des défis et des dangers de notre époque doivent êtres fiers de l’engagement de notre pays en faveur de l’AES, de la paix, de la stabilité et du développement dans notre voisinage, ainsi que de notre participation active aux efforts régionaux et internationaux visant à promouvoir le souverainisme et la coopération gagnant-gagnant.
En même temps, je demeure conscient des défis géopolitiques complexes auxquels notre pays est confronté. Les menaces à sa sécurité, les tensions régionales et les enjeux mondiaux exigent une action concertée et une vision à long terme pour protéger nos intérêts et préserver notre souveraineté.
Les Maliens conscients des défis et des dangers de notre époque doivent êtres déterminés à défendre les intérêts nationaux du Mali tout en contribuant de manière constructive au bien-être de tous.

Chers compatriotes, l’heure n’est plus à la guéguerre, ni aux disputes politiques puériles et stériles ni à la compétition des égos, l’heure est au sursaut national, l’heure est à la cohésion nationale. Nous maliens avons pendant ces trente dernières années tout sous-traité et accru de façon tragique notre dépendance de l’étrangera à travers l’approvisionnement alimentaire, l’approvisionnement énergétique, l’approvisionnement en médicaments, la sécurité et la défense nationale. En conséquence, nous avons failli perdre notre pays.

Aujourd’hui, ici et maintenant se pose la question si nous voulons sérieusement opter pour continuer la sous-traitance de notre pays à d’autres et disparaître un jour ou optons pour le choix de retrousser les manches, mettre nos différents de côtés et nous mettre en marche et au travail pour un Mali indépendant, souverain et autonome ?
Je vous demande tous de méditer à ce choix moral qui déterminera l’issue de l’avenir de notre patrie et des générations futures.
Je demande au président de la transition d’inviter les maliens de la Diaspora à apporter leur expertise à la construction de chère patrie .

Seuls les efforts concertés des maliens soucieux et conscients des défis, des opportunités et des menaces de notre époque et de l’environnement régional et mondial, permettront de bâtir et de renforcer de façon souveraine et autonome les institutions démocratiques de notre pays, de consolider l’état de droit et de promouvoir un dialogue ouvert et inclusif entre les différentes parties prenantes de notre société.
Ces avancées témoigneront de notre engagement collectif envers la démocratie et la bonne gouvernance, et elles nous encourageront à poursuivre sur cette voie avec détermination et persévérance conformément à nos réalités socio-culturelles.

La démocratie importée de la Baule a échoué chez nous. Tirons-en les expériences en toute franchise et en toute sincérité.

J’y invite dans ce sens les politiciens maliens en général et en particulier ceux qui s’attèlent à vouloir à tout prix ériger la classe politique en une caste absolue et particulière exclusivement habilitée à diriger et gouverner l’État malien. Je leur rappelle volontiers que seul et seulement le peuple souverain Malien est le détenteur du pouvoir, le Président de la république étant le garant de ce pouvoir, les ministres, les députés, les maires et l’administration publique demeurent des serviteurs du peuple.

Le Mali dans son État actuel n’a pas besoin de combats de positionnement politique ni des discours politiques de manipulations.

Nous devons ensemble agir pour achever la décolonisation de notre pays et rebâtir notre chère patrie sur la base de nos valeurs cardinales qui ont tendance à disparaître.

En conclusion, je tiens à réaffirmer mon engagement envers la construction d’un avenir meilleur pour notre pays et pour l’alliance des États du Sahel. Comme de nombreux maliens, je suis conscient des défis qui nous attendent, mais je suis également convaincu de notre capacité à les surmonter ensemble, en tant que nation unie et déterminée. Je vous invite à continuer à vous engager dans le dialogue constructif et objectif et à contribuer activement à la construction d’une société plus juste, plus pacifique et plus prospère pour tous.
J’invite les autorités de l’AES à décréter un état d’urgence et les populations à une mobilisation générale pour déjouer le jeu des occidentaux voulant déclencher une guerre inter-Africaine afin de vouloir s’interposer directement comme faiseur de paix.
Je vous adresse les salutations du Réseau des parlementaires Africains de la Santé depuis Lesotho.

Je vous remercie.

Lesotho le 1 Mars 2024

 

Honorable Aboubacar Sidick FOMBA
président du parti ADEPM,
porte parole du COREMA.