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UEMOA : le Mali lève 31 milliards FCFA sur le marché monétaire

En dépit de toutes les craintes et doutes qui pourraient subvenir ou exister depuis la levée des sanctions de la CEDEAO, cependant, le Mali jouit toujours de la confiance des investisseurs de la zone de l’UEMOA.

En effet, après avoir réussi le 9 août dernier son plus important emprunt de 277 milliards FCFA jamais réalisé, le Mali à nouveau sur le marché des titres publics de l’UMOA, a levé 31,6 milliards FCFA ce 7 septembre, auprès des investisseurs de la sous-région.

L’opération a consisté en une émission simultanée de Bons et Obligations de relance du trésor (BRT/ORT) de maturité 6 mois pour un taux d’intérêt non indiqué et de 3 ans avec un taux d’intérêt de 5,85%.

L’émission qui a enregistré un nombre important d’investisseurs de la région a réalisé un taux de couverture de plus de 105% correspondant à un carnet d’ordres de 31,6 milliards FCFA, alors que le pays ne recherchait au départ que 30 milliards FCFA.

Le Mali a finalement fait le choix de lever la totalité des souscriptions qui est de 31,6 milliards FCFA. La valeur nominale unitaire est de 1 million et de 10 000 FCFA respectivement pour la maturité de 6 mois et de 3 ans.

Les offres proposées proviennent de 3 pays sur les 8 Etats membres de la région, à savoir le Mali (27,5 milliards FCFA), le Burkina Faso (5,1 milliards FCFA) et le Sénégal (2,01 milliards FCFA).

Dans le détail, le BRT de maturité 6 mois a retenu 6,5 milliards FCFA, à des taux marginal et moyen pondérés respectifs de 4% et 3,29% et un rendement moyen pondéré de 3,35%. Quant à l’ORT de maturité 3 ans qui retenu 25,1 milliards FCFA, les prix marginal et moyen pondérés sont respectivement de 9 900 FCFA et 9 928 FCFA. Le rendement moyen pondéré s’est lui établit à 6,12%.

Pour rappel, lors d’une session extraordinaire par visioconférence, le lundi 27 avril 2020 sur la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, les Chefs d’Etat de l’Uemoa ont évalué à 5.284,9 milliards de F CFA, les ressources financières nécessaires pour faire face aux besoins en équipements sanitaires, assurer une mise en œuvre effective des mesures sociales et relancer l’activité économique dans la région.
Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l’Union économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a pour objectif essentiel, l’édification, en Afrique de l’Ouest, d’un espace économique harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée une totale liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services et des facteurs de production, ainsi que la jouissance effective du droit d’exercice et d’établissement pour les professions libérales, de résidence pour les citoyens sur l’ensemble du territoire communautaire.

M.Yattara

 

EMPRUNT OBLIGATAIRE : Le Mali mobilise 200 milliards en 2 semaines sur le marché de l’UEMOA

Lancé le 15 août 2022 sur le marché financier de l’UEMOA, le Mali a atteint l’objectif initial de 200 milliards F Cfa  à la clôture (le 31 août 2022) de l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne «Etat du Mali 6,20 % 2022-2032». Selon un communiqué publié vendredi dernier (2 septembre 2022) par le ministère de l’Economie et des Finances, cette opération a permis au Trésor public de mobiliser 207,5 milliards F Cfa, soit un taux de souscription de près de 104 %.

Une raison suffisante pour le ministre de l’Economie et des Finances de remercier le syndicat de placement et l’ensemble des investisseurs nationaux et régionaux pour la confiance renouvelée. Il s’est réjoui de «leur accompagnement pour le financement des projets structurants de développement économique et social du Mali» !

 

UEMOA : Le FMI exige de nouvelles recapitalisations dans le secteur bancaire

Les banques de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA) ont célébré dans leur ensemble une année 2021 record en termes de performance. Mais, le FMI rappelle qu’il existe des risques non pris en compte qui pourraient ressurgir à tout moment. Un challenge pour le secteur où les capitaux africains sont majoritaires.

Derrière la progression de 68 % du bénéfice net des banques de l’UEMOA pour atteindre le niveau historique de 799 milliards FCFA (1,21 milliard de dollars) à fin 2021, le secteur de l’avis du FMI fait face à des risques qui nécessitent en urgence une augmentation des fonds propres, selon les règles internationales de Bâle. L’institution explique sa recommandation par une augmentation de défis qui ne sont pas pris en compte.

«Si une exposition importante à de gros emprunteurs privés est un phénomène connu au sein de l’UEMOA, le risque que représente les pays a fortement augmenté depuis 2008, en raison de la concentration de quelques émetteurs souverains (pays) dans le portefeuille des banques», explique l’institution dans le document qui détaille les conclusions de sa mission menée dans la sous-région en avril dernier.

Il est aussi prescrit à la Commission bancaire de l’UEMOA qui doit mettre en œuvre cette recommandation d’agir sur le court terme. Si cela peut se ressentir comme une pression du FMI, ce sont les gouvernements de la sous-région qui s’étaient donné un calendrier allant de 2018 à 2022 pour se conformer à ces nouvelles règles afin d’arrimer leur secteur bancaire aux standards internationaux.

La position du FMI intervient dans un contexte particulier pour le secteur bancaire de l’UEMOA. Celui-ci est aujourd’hui dominé par des groupes panafricains. En 2000, ils ne comptaient que pour 12,1% dans le paysage bancaire de cette sous-région et désormais ils sont majoritaires, avec une présence globale de 70,4% contre 12,4% pour les groupes européens…

Agence Ecofin

Embargo des chefs d’État de la CEDEAO : la Cour de justice de l’UEMOA suspend les sanctions contre le Mali

La Cour de justice de l’Union  Économique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) a rendu son verdict sur la décision de l’embargo économique de l’organisation contre le Mali. La Cour a décidé de suspendre ces sanctions.
 
Alors que le Mali a décidé de porter les sanctions de l’UEMOA à son encontre devant la justice, il vient d’avoir gain de cause. Selon les informations rapportées par Serges Daniel de RFI, citant un avocat de l’État malien, la Cour a décidé de suspendre les sanctions et d’accorder ainsi un sursis à l’État du Mali.
 
Par cette décision, la cour vient de débouter également les chefs d’Etat de la CEDEAO qui ont suscité les sanctions contre le Mali après un sommet conjoint en Janvier. Lors du sommet, les avoirs du Mali avaient été gelés et un embargo commercial a été institué. Des sanctions qui devaient presser les autorités de la transition à organiser rapidement des élections et à quitter le pouvoir.
 
Cette décision intervient à un moment où la CEDEAO tente également de convaincre le chef de la Transition, d’accepter de réduire la durée de la transition.
Dans le même temps, la CEDEAO a adressé une invitation ambigüe au Colonel Assimi Goita, à prendre par à un sommet extraordinaire sur le Mali qui doit avoir lieu ce vendredi.
Incohérence de la part  de  cette institution ? Comment comprendre que le président d’un pays suspendu soit invité ? Que cache cette invitation ?

EMBARGO : Le Mali traîne l’UEMOA devant la justice à la suite des sanctions illégales de la conférence des Chefs d’État

A la suite des sanctions infligées sur le Mali, le gouvernement de la transition a décidé de trainer devant la justice, l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, par le biais d’un collectif de six (6) avocats conduits par Maitre Moustapha S. M. Cissé.

Selon le communiqué, le collectif des avocats a saisi la Cour de Justice de l’UEMOA de deux recours contre les décisions issues de la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’UEMOA en date du 09 janvier 2022 portant sanctions contre l’État du Mali.

Le premier recours, d’après le document, tend à obtenir de la Cour de Justice de l’UEMOA, sise à Ouagadougou au Burkina Faso, « l’annulation des décisions sus visées ». Le deuxième demande la « suspension » de l’exécution des sanctions eu égard aux effets gravement préjudiciables à l’État du Mali, aux populations maliennes et africaines vivant au Mali.

Les deux recours ont d’ores et déjà été formellement enregistrés au greffe de la Cour de Justice de l’UEMOA le 15 février 2022, selon la même source qui informe que « tous évoquent l’illégalité absolue des sanctions au regard des textes et objectifs de l’UEMOA ».

DOUBLE SANCTION DE LA CEDEAO ET DE L’UEMOA CONTRE LE MALI : Modibo Mao Makalou demande à Assimi de prendre la perche tendue par l’UA

Le Mali est sous embargo de la CEDEAO et de l’UEMOA depuis le sommet du 9 janvier 2022 pour non-respect des engagements et pour refus de proposer un chronogramme annonçant la fin de la transition par l’élection d’un nouveau Président. L’éminent économiste Modibo Mao Makalou, sans détour et sans langue de bois pense que le Mali ne pourra pas tenir et qu’il urge de prendre la perche tendue par l’Union Africaine qui a proposé au gouvernement malien une durée de 16 mois. Avec des chiffres alarmants de manque à gagner dû aux sanctions de la CEDEAO, si les autorités ne font pas vite pour parer au plus pressé le Mali ne fera que s’enfoncer davantage et ne pourra même plus tenir ses engagements tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le Gouvernement va-t-il être sourd à tous ces sons de cloche inquiétant ? Ne doit-il pas préserver les intérêts du peuple ?

Après avoir fait l’historique de deux organisations sous régionales, à savoir la CEDEAO et l’UEMOA et défini leur rôle combien de fois important pour une véritable intégration et une promotion de la coopération économique et politique entre les Etats membres, l’expert en économie n’a pas porté des gants pour fustiger les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA infligées au Mali. Il a dénoncé ces sanctions lors de la Conférence Débats organisée par un panel de journalistes à la maison des Ainés. Modibo Mao Makalou les juge illégales et illégitimes car elles ne sont mentionnées dans aucun traité de la CEDEAO à fortiori de l’UEMOA. Mais, à partir du moment où elles sont prises, il faudrait chercher à les juguler pour éviter que les populations ne paient un lourd tribut. Pour le conférencier, le Mali est un pays sans littoral et dont l’économie dépend à plus de 70 % de l’importation. Donc une fermeture des frontières serait synonyme d’asphyxie économique et financière.  Ces sanctions qu’un pays comme le Mali ne pourrait pas supporter à cause de sa position géographique, ne feront que fragilisées le tissu socioéconomique en jouant à très court terme sur les recettes douanières, sur les impôts. Ses conséquences seront incommensurables, parmi lesquelles il y a la raréfaction des ressources et des denrées de première nécessité, la surenchère et surtout la spéculation.

Modibo Mao Makalou a, dans son exposé, égrené un chapelet de sanctions contre le Mali, qui sont entre autres le gel des avoirs du Mali dans la banque centrale, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales et financières, à l’exception des produits alimentaires et de grande consommation. Donc face à ces sanctions il enjoint à l’Etat de se démêler rapidement pour trouver une issue favorable. Il n’a pas manqué de dire aux chefs d’Etat de la sous-région que ces sanctions qui relèvent du domaine politique toucheront beaucoup plus à la population lambda qu’aux gouvernants d’où son cri de cœur pour une amorce rapide de dialogue entre les différentes parties, afin d’éviter une situation de chao. Pour Mao ceux là même qui proposent de quitter les organisations sous régionales le disent par méconnaissance des règles qui régissent ces organisations ou bien par passion ou sentiment de nationalisme. Le Mali étant membre fondateur de la plupart de ces organisations a beaucoup plus à gagner en y restant, plutôt qu’en s’isolant, surtout compte tenu de sa continentalité.

A la question de savoir pourquoi les produits de première nécessité qui ne sont pas assujettis aux mesures de la CEDEAO, sont-ils chers sur le marché ? sa réponse est qu’en cas de fermeture des frontières, les commerçants ne sachant pas à quelle date elles seront réouvertes, vont faire de la rétention des marchandises pour les vendre à un prix d’or au nom du libéralisme. L’Etat ne pourrait pas empêcher cette spéculation, surtout quand c’est à une échelle plus grande.

En définitive, le Conférencier propose au gouvernement de prendre la perche tendue par l’Union Africaine et le pays médiateur qui est l’Algérie, qui ont proposé au gouvernement malien une durée raisonnable de 16 mois, pour sortir de la crise politico diplomatique. Le Mali n’aura aucun intérêt à entretenir une telle crise. Un bras de fer entre les pays de la CEDEAO et le Mali ne se fera qu’au détriment des intérêts du Mali.

Youssouf Sissoko

Tengrela – les effets collatéraux des sanctions économiques de la CEDEAO et l’UEMOA à l’encontre du Mali se font sentir

Des camions maliens et sénégalais chargés de tourteaux et de graines de coton pour Bamako et Dakar sont bloqués à la frontière. Les effets collatéraux des sanctions économiques de la CEDEAO et l’UEMOA prises à l’encontre du Mali se font sentir r à Tengrela, une ville du nord ivoirien frontière au –Mali. Précisément au bureau des douanes ivoiriennes de Nigouni. Lors de notre passage le 12 janvier 2022,  ce sont une quinzaines de camions d’immatriculation du Sénégal KL -9638-Cet KL 95 49-C et ceux du Mali BM 2255 MD… chargés  de tonnes tourteaux et de graines de coton à Korhogo avons constaté. selon les conducteurs ils sont  en partance pour Bamako au Mali et pour Dakar au Sénégal.

Ces mastodontes sont bloqués à la frontière ivoiro malienne après seulement quelques heures de l’entrée en vigueur des sanctions CEDEAO/UEMOA contre le Mali.  Des camions bennes d’immatriculation du Mali chargés de clinker (fabrication du ciment) au port de San Pedro en Côte d’Ivoire et aussi en partance également pour Bamako sont aussi immobilisés.

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2022, une vingtaine de camions bennes chargés également de clinker ont pris d’assaut le  parking de fortune situé  à proximité de l’école primaire catholique de Tengrela.

Avant les sanctions CEDEOA/ UEMOA contre le Mali, ces camions étaient autorisés à traverser les deux frontières en allant au port de San Pedro pour y retourner à Bamako , malgré la fermeture assoupissantes des frontières dû à  la covid 19. Leurs passages donnaient une animation particulière à la ville de Tengrela et les petits commerces se frottaient les mains a témoigné un habitant.

Plus loin, des camions sont parkés dans un parking de fortune en bordure de la route internationale Côte d’Ivoire –Mali et à proximité du bureau des douanes de Nigouni (dernier village ivoirien à la frontière)

Trois groupuscules de chauffeurs et apprentis sont formés ça et là. D’une part des chauffeurs maliens qui transportent le clinker, ils sont assis à même le sol adossés aux pneus de leurs camions. Ensuite les chauffeurs  qui transportent le tourteaux et les graines de coton et d’autres part les chauffeurs sénégalais qui transportent également du tourteaux et des graines de coton chargé à korhogo

Chaque groupe est préoccupé à faire la cuisine avec du bois de chauffe pour le repas de midi et certainement du soir..

Abdoulaye Maïga chauffeur et « le Gnamôgô » ou chef de groupe des chauffeurs de clinker approché, a souligné « nous avons informé nos patrons de la situation qui nous tombe dessus. Donc on attend que la situation soit décantée »

A quelques pas de là se trouve le second groupe de chauffeurs maliens transportant  des tonnes graine de coton et de tourteaux chargés à korhogo pour Bamako « Nous sommes tombés dans affaire de sanctions CEDEAO/UEMOA contre le Mali ; on a appris ça sur la route et la douane ivoirienne nous dit d’attendre jusqu’ nouvel ordre  et depuis on attend .On ne sait pas quand ça va finir. Nos amis sont bloqués à korhogo. On leur dit de rester labas en ville., que nous on est bloqué ici en brousse. Pour le moment ce sont les frais de route qu’on prend pour se débrouiller à manger. Nous même on prépare pour manger en attendant que l’argent des frais de route va finir » ont déclaré Issa Maiga et Amidou Bouaré chauffeurs de camions chargés de graines de coton et de tourteaux. Avant de préciser si le blocus perdure les tourteaux vont se gâter parce que le tourteau n’aime pas la chaleur.

Le troisième groupe est celui des chauffeurs sénégalais qui ont chargé aussi chargés à korhogo pour Dakar..« Nous, on a besoin de laisser passer, nous on est très fatigué, il ya brousse, ya pas sécurité, y a pas manger. L’eau y a pas ici. Nous , on es quitté à korhogo avec graines de coton et tourteaux pour partir au Sénégal. Les camions maliens sont là-bas, les camions sénégalais sont ici » a déclaré Malik Gueye dans un langage qui présente ces difficultés avec la langue de molière mais teintée de l’accent sénégalais. Il est entouré de Ousmane Niagne et Salifou N’diaye tous, des chauffeurs et apprentis. Des agents de douanes approchés ont précisé tout court « les frontières ont fermées ».

En clair les sanctions économiques de la CEDEAO et de l’UEMOA prises à l’encontre du Mali font leurs effets aux frontières ivoiro maliennes.

 Aly O. à Tengrela

Message de l’artiste OUMOU SANGARE aux Chefs d’État de la CEDEAO et de l’UEMOA suite à l’embargo imposé au Peuple malien

Face aux sanctions imposées aux populations du Mali par les Chefs d’État de la CEDEAO et de l’UEMOA, les personnalités à travers le monde et l’Afrique donnent de la voix pour dénoncer ce qu’il est désormais convenu d’appeler abus du clan des chefs d’État contre les populations du Mali. Parmi les nombreuses réactions, nous vous invitons à lire celle que la cantatrice du Wassoulou, OUMOU SANGARE a publier sur sa page Facebook officielle :
Chers frères et sœurs de la CEDEAO et de l’UEMOA, moi Oumou Sangaré, je ne me mêle jamais de politique, ce n’est pas mon rôle mais aujourd’hui, nous sommes tous interpellés face aux décisions qui frappent gravement mon pays à savoir son blocage et son isolement total.
Cette situation m’amène à me prononcer publiquement en tant qu’Artiste et Ambassadrice de la FAO, mais aussi parce que j’ai toujours défendu les démunis.
L’heure est GRAVE !
Les décisions prises contre le Mali et les maliens auront des conséquences terribles sur les populations, et surtout sur les plus vulnerables.
La CEDEAO et L’UEMOA sont une même et grande famille. Une famille ne doit ni sanctionner, ni affamer ses membres mais les soutenir et les accompagner. Nous sommes au Mali, les populations souffrent et nous parlent. Donc, les conséquences des décisions prises par nos institutions sous régionales seront désastreuses.
Au nom des mamans maliennes, je supplie tous les Chefs d’Etat de la CEDEAO et de l’UEMOA de revenir sur ses sanctions.
Que la paix revienne au Mali et dans l’Afrique entière.
Je vous remercie.

Les sanctions contre le Mali divisent le Conseil de sécurité de l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni et s’est divisé, mardi 11 janvier, sur la situation au Mali et lors de la réunion. Les pays africains et la France auraient voulu rassembler le conseil pour qu’il adopte une position unie à l’égard des militaires au pouvoir au Mali. Et que la communauté internationale se range derrière la Cédéao, qui a imposé de nouvelles sanctions à Bamako, pour protester contre la non tenue des élections comme promis. Mais la Russie et la Chine ont bloqué le projet de déclaration.

Lors de la réunion, le représentant de l’ONU au Mali a briefé le Conseil de sécurité et a rappelé aux 15 membres les circonstances dans lesquelles se sont déroulées les Assises nationales de la refondation et leurs conclusions, l’annonce des autorités de transition à reculer l’élection présidentielle à la fin de 2026, la réaction de la Cédéao et les sanctions annoncées.

Pour lui, l’organisation continuera à œuvrer aux côtés des autorités maliennes, de la Cédéao et de l’UA pour sortir de l’impasse. Après tout, « le soutien à la transition est bien inscrit au mandat de la Minusma », a-t-il rappelé.

Les 1 000 casques bleus tchadiens supplémentaires acceptés par Bamako devraient permettre un peu plus de flexibilité à la force. Mais tant l’ONU, tant les membres du Conseil se sont plaints de la détérioration du climat sécuritaire au Mali, rappelant les 28 casques bleus tombés en 2021, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.

Lors de cette réunion, les ambassadeurs du Conseil ont aussi écouté un exposé de la jeune militante de la société civile malienne Adam Dicko, puis chacun a eu la possibilité de s’exprimer. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont rejeté une transition de cinq ans au Mali et soutenu les sanctions annoncées par la Cédéao.

« Le Mali se retrouve seul face à tous ces terroristes »

De leur côté, la Russie et la Chine ont plaidé pour la non-ingérence au Mali. Le représentant de Bamako a dénoncé lui aussi, dans la lignée de la déclaration du président de la transition Assimi Goïta, les annonces « illégales et illégitimes » de la Cédéao.

Concernant les sanctions fortes imposées par la Cédéao, le représentant russe Vassily Nebenzia a déclaré qu’il « serait irresponsable dans les circonstances actuelles de laisser ce pays s’en remettre à son destin, notamment pour ce qui est de réduire l’aide militaire et socio-économique à ce pays. L’imposition de sanctions contre (le Mali), qui rencontre déjà bien des difficultés, pourrait encore faire dégénérer la situation pour la population civile ».

Il a aussi réagi aux polémiques en cours sur la présence de mercenaires de son pays au Mali. « Sur fond de la modification inattendue de la présence de la France (au Mali), notamment avec la fermeture de plusieurs bases, le Mali se retrouve seul face à tous ces terroristes et, à cet égard, nous estimons que les Maliens ont tout à fait le droit de coopérer avec d’autres partenaires qui sont prêts à coopérer avec ce pays pour renforcer la sécurité », a-t-il déclaré, estimant que « les pays occidentaux veulent avoir le monopole de la fourniture de services » au Mali.

Echec d’une déclaration commune, les A3 « déçus »

L’ambassadeur du Gabon, qui s’est exprimé longuement au nom des trois pays africains, les « A3 », a appelé l’ensemble de la communauté internationale à soutenir la position de la Cédéao, à protester contre une transition prévue pour durer maintenant « cinq années », et de retravailler à un meilleur soutien logistique de la force G5 Sahel.

Mais le Conseil, dont la réunion s’est terminée ce mercredi soir, a échoué à faire un texte commun malgré la déclaration assez « légère », rédigée par la France, qui aurait tout de même permis à la communauté internationale d’envoyer un message clair à Bamako : le texte se bornait à parler d’un « soutien aux efforts de médiation de la Cédéao »,.

La Russie et la Chine, qui prônent pourtant très souvent des « solutions africaines à des problèmes africains », n’ont pas suivi la recommandation du groupe A3 et ont bloqué la déclaration. Gabon, Ghana et Kenya ont alors décidé de faire une déclaration pour leur groupe, et se sont dits « déçus » à l’issue des consultations, alors que les situations humanitaire et sécuritaire se dégradent pour le peuple malien. Ils ont aussi appelé Bamako à trouver une solution pour l’accueil des 1.000 casques bleus tchadiens supplémentaires malgré la soudaine fermeture de frontières.

La France et l’UE soutiennent les sanctions ouest-africaines contre la junte

Le président français a rappelé le soutien de la France à la Cédéao et l’UEMOA lors d’une conférence de presse à l’Élysée avec le président du Conseil européen, Charles Michel. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE vont discuter jeudi et vendredi du soutien à apporter à la Cédéao dans son nouveau bras-de-fer avec la junte malienne.

L’UEMOA et la Cédéao ont donné une position très claire et ferme avec des sanctions inédites pour un pays de la région qui marque la condamnation profonde des dérives de la junte militaire. Nous soutenons cette position de l’UEMOA et de la Cédéao. D’ici à la fin du mois, il y aura une réunion formelle de nos ministres qui se tiendra pour que l’Union européenne et l’ensemble des pays qui la composent puissent accompagner cette décision de sanctions. Nous sommes totalement solidaires de la région et de la position très courageuse et claire qui a été exposée dimanche.

Le président français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse

Par ailleurs, interpellé à l’Assemblée nationale, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, a déclaré : « C’est aux responsables de la junte de prendre leurs responsabilités et de sortir du jusqu’au-boutisme dans lequel ils sont », avant d’ajouter que « l’Union européenne soutient les décisions et j’espère que la junte comprendra notre détermination ».