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Les 10 meilleurs albums mondiaux de 2021

Le violoncelle introspectif au Mexique, le riche jazz sud-africain et le mariage de la kora d’un maître malien avec une orchestration symphonique ont été parmi les temps forts de l’année.

10. Sarah Haras – Mirage

La productrice expérimentale bahreïnie Sarah Haras serpente entre l’ambiance et l’agressivité sur Mirage, déformant les mélodies de oud distinctives de la musique folklorique de Khaliji dans d’épaisses vagues de distorsion et de motifs vocaux abstraits et chatoyants. Le résultat enferme l’auditeur dans un bain sonore semblable à une transe qui se transforme presque en catharsis dancefloor.

9. Mdou Moctar – Afrique Victime

Le guitariste touareg autodidacte Mdou Moctar a été comparé à Jimi Hendrix grâce à son aptitude à la distorsion tonitruante. Pourtant, Afrique Victime le place lui et son groupe carrément dans leur propre voie, construisant des jams colossaux pour reproduire la force de leurs spectacles en direct et imprégnant leurs paroles d’un récit de protestation contre l’exploitation postcoloniale du continent.

8. Projet Balimaya – Wolo So

Cet ensemble de percussions basé à Londres de 16 pièces est une force avec laquelle il faut compter. Fusionnant les rythmes syncopés des peuples ouest-africains Mandé avec une mentalité de jazz improvisé, leur premier album est une joyeuse célébration du pouvoir intrinsèque de la batterie à nous émouvoir – et à nous faire bouger.

7. Âme indigène – Rêves d’adolescents

Sur leur premier album, le duo sud-africain amapiano, le dernier sous-genre de house music du pays. Combinant des percussions minimales à un élan dubby, le duo de 18 et 19 ans incarne le cadre urbain claustrophobe de la création de leur musique dans sa combinaison d’obscurité mélodique et de rythmes claquants.

6. Arooj Aftab – Prince vautour

Sur Vulture Prince, dédié à son défunt frère, le chanteur et compositeur Arooj Aftab utilise le désir existentiel des ourdou ghazals pour explorer l’expérience douloureuse et isolante de la perte, évitant l’instrumentation traditionnelle pour harpes, cordes et clés. Mais la voix délicate d’Aftab est la vedette ici, étirant les syllabes pour contenir une émotion ineffable.

5. Jaubi – Nafs en paix

Le quatuor d’improvisation pakistanais a suivi le collaboration Ragas From Lahore LP de 2020 avec ce premier album de groupe remarquablement sûr de lui. Destiné à évoquer un voyage coranique de soi, il incorpore guitare et synthés ainsi que tabla et sarangi dans une fusion intuitive. Il atteint son apogée sur la chanson titre alors que les membres du groupe jouent en solo à travers le jazz spirituel et les références classiques indiennes.

4. Arushi Jain – Sous le ciel lilas

En recadrant les ragas classiques indiens dans le contexte d’une composition de synthé modulaire moderniste, la compositrice américano-indienne s’est fixé une tâche potentiellement insurmontable pour son premier album. Pourtant, le résultat est un pavage complexe et engageant de drones, de voix et de motifs de synthé, avec son séquençage destiné à évoquer le passage calme du jour à la nuit.

3. Mabe Fratti – Será que ahora podremos entendernos ?

La violoncelliste guatémaltèque a enregistré son dernier album dans le havre de collaboration de La Orduña, un complexe artistique à l’extérieur de Mexico. Unissant leurs forces avec la compositrice Claire Rousay, le groupe expérimental Tajak et le multi-instrumentiste Pedro Tirado, les neuf morceaux qui en résultent centrent la voix nonchalante de Fratti au milieu d’enregistrements de champ ambiant, d’harmonies chuchotées et de synthés grondants. Un voyage enveloppant et introspectif.

2. Malcolm Jiyane – Umdali

Puisant dans la lignée unique du jazz d’Afrique du Sud, les débuts de ce multi-instrumentiste sont une œuvre d’une profondeur subtile. En 45 minutes, il regorge de références à l’économie mélodique de son compatriote Abdullah Ibrahim (l’effronté Stroll de Ntate Gwangwa), ainsi qu’au jazz funk d’Herbie Hancock (Umkhumbi kaMa). Passant du piano au trombone et à la voix, Jiyane joue librement, canalisant la force improvisée de cette musique.

1. Toumani Diabaté et le London Symphony Orchestra – Kôrôlén

Un enregistrement live de 2008 du Barbican, ce joyau déniché explore la tradition séculaire de la musique kora malienne en dialogue avec l’orchestration classique occidentale. Le maître de Kora Diabaté offre des vagues d’émotion à travers ses mélodies tumbling, tandis que le LSO prend un siège arrière, ajoutant des cordes tourbillonnantes et des bois pour fournir une grandeur cinématographique. Le morceau final Mamadou Kanda Keita est le chef-d’œuvre, crescendo sur la riche voix de feu Kasse Mady Diabaté.

 

 

Toumani Diabaté et le London Symphony Orchestra : revue Kôrôlén – un équilibre inégal

Les rangs massés du LSO menacent de submerger la délicatesse culbutante de la kora de Diabaté dans cet enregistrement live de 2008.

La musique malienne n’a pas de plus grand émissaire que le maestro de la kora Toumani Diabaté, qui depuis 1988 a défendu sa patrie avec ses propres albums exquis et une série de collaborations qui dépassent les frontières qui vont du groupe de flamenco Ketama au joueur de banjo Béla Fleck, en passant par Damon. Albarn, le tromboniste de jazz Roswell Rudd et le compositeur brésilien Arnaldo Antunes. Ce virage avec le London Symphony Orchestra vient d’une performance Barbican en 2008, dans laquelle Diabaté et une poignée de stars maliennes ont allié leur musique à de riches arrangements orchestraux – un rappel, comme l’a noté Diabaté, que « notre musique est plus ancienne que Beethoven ».

C’était un geste typiquement audacieux, bien que parfois le classicisme s’avère un partenaire encombrant pour ses mélodies de kora dégringolantes. Les réglages restent sagement discrets pour des morceaux comme Mama Souraka et Elyne Road, se contentant d’ajouter des tourbillons de cordes et des bois hochant la tête. Ailleurs, la direction du LSO, menée par Clark Rundell, s’avère erratique. Il y a une coda orchestrale enjouée pour Moon Kaira, mais le balafon de type xylophone danse sur un air beaucoup plus jazzé, tandis que les cordes de la kora, du violon et du violoncelle rivalisent plutôt que se complètent. La finale de Mamadou Kante Keita présente la voix émouvante de feu Kasse Mady Diabaté, qu’un faux apogée lyrique submerge dûment. Une soirée spéciale, mais faite à la fois de gouffres et de confluences.

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