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15ans après Prof. Ogobara Doumbo, le Professeur malien Abdoulaye Djimdé de l’Université de Bamako, est lauréat du Prix Christophe Mérieux 2023

Abdoulaye Djimdé est Professeur de Parasitologie et de Mycologie au Centre de Recherche et de Formation sur le Paludisme (MRTC) de l’Université des Sciences, Techniques et des Technologies de Bamako, au Mali. Son programme de recherche utilise des approches moléculaires et génomiques pour lutter contre le paludisme. 

Le groupe de recherche qu’il dirige cherche notamment à comprendre comment les variations dans les génomes du parasite, de l’hôte humain et du moustique vecteur contribuent à renforcer la résistance aux médicaments antipaludiques. Président fondateur du réseau Pathogens genomic Diversity Network Africa (PDNA), qui regroupe des scientifiques de 16 pays d’Afrique sub-Saharienne, il œuvre pour que les connaissances issues de la génétique et de la génomique des pathogènes soient au service de la santé publique : recherche, formation, développement des capacités et de l’engagement des communautés, des décideurs et du public.

Fervent défenseur du développement de la recherche africaine, il joue aussi un rôle déterminant dans la formation de réseaux de recherche, notamment dans le réseau mondial de résistance aux médicaments antipaludiques, dont il fut membre du conseil consultatif scientifique. Il est actuellement coordinateur du Réseau ouest-africain pour les essais cliniques de médicaments antipaludiques (WANECAM), Directeur du consortium Développer l’Excellence en matière de leadership et de formation en génomique pour l’élimination du paludisme et le contrôle de la résistance aux antimicrobiens en Afrique (DELGEME PLUS) et Président de l’Association africaine pour la recherche et le contrôle de la résistance aux antimicrobiens (AAAMR).

Projet récompensé

Le paludisme reste un problème majeur de santé publique en Afrique subsaharienne, où l’on recense plus de 95 % des cas cliniques et plus de 95 % des décès liés au paludisme. Le Mali fait partie des 10 pays africains les plus touchés par le paludisme. Le traitement du paludisme, qu’il soit grave ou noncompliqué, repose sur des médicaments contenant des dérivés de l’artémisinine.

Le développement et la propagation de parasites résistant aux médicaments antipaludiques constituent une menace majeure pour le programme de contrôle, d’élimination et d’éradication du paludisme. La résistance aux dérivés de l’artémisinine, également appelée résistance partielle par l’OMS, et qui prend la forme d’un retard dans la disparition des parasites a été documentée en Asie du Sud-Est depuis 2009. Les efforts déployés au niveau mondial pour endiguer la propagation de cette résistance ont abouti à la quasi-élimination du paludisme à Plasmodium falciparum dans ces régions asiatiques. La résistance à l’artémisinine a récemment été documentée au Rwanda, en Ouganda et dans la corne de l’Afrique. Des cas anecdotiques ont également été signalés en Tanzanie. Contrairement à la propagation géographique traditionnelle observée dans les cas précédents où la résistance à la chloroquine et à la sulfadoxine-pyriméthamine est apparue en Asie du Sud-Est et s’est propagée au reste du monde, les cas récents de résistance à l’artémisinine en Afrique semblent être d’origine locale.

À ce jour, aucune résistance à l’artémisinine n’a été documentée au Mali. Cependant, les données disponibles sont peu nombreuses et ne couvrent que quelques sites dans le pays. Dans le cadre de l’effort global pour évaluer efficacement l’étendue de la résistance à l’artémisinine en Afrique, les travaux de recherche menés par le professeur Abdoulaye Djimdé avec son équipe proposent d’entreprendre une évaluation complète de la résistance à l’artémisinine et aux médicaments partenaires au Mali. L’objectif général de ce travail est d’étudier la présence ou l’émergence de la résistance de P. falciparum à l’artémisinine et aux médicaments partenaires dans toutes les strates de transmission du paludisme au Mali. Pour ce faire, nous utiliserons des approches in vivo sur les patients, in vitro et génomiques. L’étude couvrira toutes les strates de transmission du paludisme au Mali. Les résultats permettront une mise à jour de la distribution des marqueurs moléculaires de la résistance des parasites aux molécules partenaires et la mise en évidence de toute émergence de la résistance aux dérivés de l’artémisinine au Mali.

L’impact des technologies numériques sur l’environnement ?

Les technologies peuvent contribuer à promouvoir la justice et la paix dans le monde. Les progrès du numérique peuvent favoriser et accélérer la réalisation de chacun des 17 Objectifs de développement durable, qu’il s’agisse de mettre fin à l’extrême pauvreté, de réduire la mortalité maternelle et infantile, de promouvoir l’agriculture durable et le travail décent ou encore de parvenir à l’alphabétisation universelle. Toutefois, les technologies peuvent aussi menacer le droit à la vie privée, compromettre la sécurité et creuser les inégalités. Elles ont des incidences sur les droits de l’homme et l’action humaine. Comme les générations précédentes, nous – les autorités, les entreprises et les particuliers – devons choisir comment nous souhaitons exploiter et gérer les nouvelles technologies.

Jamais dans l’histoire une innovation ne s’est propagée aussi vite que les technologies numériques : elles ont touché près de la moitié de la population des pays en développement en deux décennies seulement, bouleversant les sociétés. En améliorant la connectivité, l’inclusion financière et l’accès aux services commerciaux et publics, la technologie peut amplement concourir à promouvoir l’égalité.

Ainsi, dans le domaine de la santé, des technologies d’avant-garde faisant appel à l’intelligence artificielle aident à sauver des vies, à diagnostiquer des maladies et à accroître l’espérance de vie. En matière d’enseignement, les environnements d’apprentissage virtuels et les possibilités de formation à distance donnent accès à des programmes éducatifs à des personnes qui en seraient autrement exclues. Les services publics deviennent également plus accessibles et sont assurés de façon plus responsable, grâce aux systèmes reposant sur la technologie de la chaîne de blocs, et les procédures bureaucratiques sont allégées à l’aide de l’intelligence artificielle. En outre, la pertinence et la précision des politiques et programmes peuvent être améliorées grâce aux mégadonnées.

Cependant, les populations qui n’ont pas encore accès à ces technologies ne bénéficient pas de ces avancées et se retrouvent encore plus marginalisées. Bon nombre des laissés-pour-compte sont des femmes, des personnes âgées ou des personnes qui vivent avec un handicap, des membres de minorités ethniques ou linguistiques ou de groupes autochtones et des habitants de régions pauvres ou reculées. L’accès aux technologies progresse de plus en plus lentement, voire régresse dans certains groupes. À titre d’exemple, les femmes sont 12 % moins nombreuses que les hommes à utiliser Internet dans le monde. Si cet écart s’est réduit dans la plupart des régions entre 2013 et 2017, il est passé de 30 à 33 % dans les pays les moins avancés.

Les algorithmes, s’ils reposent sur des données qui ne sont pas suffisamment diversifiées, peuvent reproduire, voire amplifier, la partialité humaine et systémique. Il est donc possible que la question ne soit pas abordée comme il convient, compte tenu du manque de diversité dans le secteur des technologies.

Au cours de l’histoire, les révolutions technologiques ont modifié les dynamiques de l’emploi, en créant de nouvelles formes et de nouveaux modes de travail et en rendant d’autres obsolètes. Elles ont ainsi transformé les sociétés de façon globale. Les mutations en cours auront certainement de profondes répercussions. Ainsi, l’Organisation internationale du Travail (OIT) estime que le passage à une économie plus verte pourrait créer 24 millions d’emplois dans le monde d’ici à 2030, du fait de l’adoption de pratiques durables dans le secteur de l’énergie, de l’utilisation de véhicules électriques et de l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.

D’autre part, des groupes comme McKinsey publient des rapports selon lesquels 800 millions de personnes pourraient perdre leur emploi d’ici à 2030, à cause de l’automatisation, et des sondages révèlent que la majorité des personnes employées s’inquiètent de ne pas être suffisamment formées ou compétentes pour trouver un emploi bien rémunéré.

Il est largement admis que, pour faire face à ces évolutions, nous devrons modifier notre approche en matière d’éducation, par exemple en accordant plus de place aux sciences, aux technologies, à l’ingénierie et aux mathématiques, en développant les compétences non techniques et la résilience et en permettant aux personnes d’enrichir et d’élargir leurs compétences tout au long de leur vie. Il importera de mieux valoriser le travail non rémunéré, tel que la prise en charge des enfants et des personnes âgées à domicile, d’autant que ce type d’activité sera de plus en plus nécessaire au vu de l’évolution de la composition démographique partout dans le monde.

À l’heure actuelle, les technologies numériques telles que le groupage des données et l’intelligence artificielle sont utilisées pour analyser des problèmes et en assurer le suivi dans les domaines de l’agriculture, de la santé et de l’environnement ou pour accomplir des tâches quotidiennes comme effectuer un trajet ou payer une facture. Elles peuvent être employées pour défendre et exercer les droits de l’homme, mais aussi pour y porter atteinte, par exemple, dans le cadre de la surveillance des mouvements, des achats, des conversations et des comportements. Les pouvoirs publics et les entreprises ont de plus en plus d’outils pour collecter et exploiter des données à des fins financières ou autres.

Néanmoins, les données personnelles seraient une ressource utile pour tout un chacun si leur propriété était mieux réglementée. Selon le type de protections mises en place, les technologies basées sur les données peuvent contribuer à améliorer les moyens d’action et le bien-être des populations et à promouvoir les droits universels.

Les médias sociaux mettent en lien près de la moitié de la population mondiale. Ils permettent aux personnes de faire entendre leur voix et de communiquer en temps réel avec d’autres personnes qui se trouvent à l’autre bout du monde. Mais ils peuvent aussi alimenter les préjugés et semer la discorde, en facilitant la diffusion des discours de haine et des fausses informations et en renforçant les effets de chambre d’écho.

Ainsi, les algorithmes des médias sociaux peuvent contribuer à la fragmentation des sociétés dans le monde entier ou bien avoir une influence inverse.

Comment faire face à ces évolutions ? Voilà une question qui fait l’objet de nombreux débats, au niveau des pays comme à l’échelle internationale, en cette période où les tensions géopolitiques s’accentuent. Le Secrétaire général a pointé du doigt la menace d’une « grande fracture » entre les puissances mondiales, chacune ayant sa propre stratégie basée sur Internet et l’intelligence artificielle, ses règles monétaires, commerciales et financières dominantes et sa vision géopolitique et militaire opposée à celles des autres. Une telle rupture pourrait être comparée à un mur de Berlin numérique. La coopération numérique entre les États, dans un cyberespace où régneraient les principes universels relatifs à la paix et à la sécurité, aux droits humains et au développement durable, apparaît de plus en plus comme une condition essentielle à la vie dans un monde uni. L’une des grandes recommandations émises par le Groupe de haut niveau sur la coopération numérique est de conclure un pacte mondial pour la coopération numérique.