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Mali / France : La tension ne baisse pas

Intimidation, espionnage, subversion. La France s’adonnerait à ces actes répréhensibles sur le territoire malien en toute illégalité. En tant qu’Etat souverain, le gouvernement du Mali l’a rappelée à l’ordre et l’a invitée à inscrire ses actions dans un cadre de respect mutuel.

Dans sa dénonciation, le gouvernement malien ne tergiverse pas. Aux dires du ministre porte-parole du gouvernement, la France mène des activités de violation de son espace aérien. Un agissement auquel elle s’adonnerait depuis le début de l’année. De cette période à la date de la publication d’un communiqué le 26 avril, le gouvernement rapporte 50 cas de violation « délibérés » par des aéronefs étrangers opérés par les Forces françaises souvent de façon déguisée.

Dans leur manœuvre avec ruse, les Forces françaises sont pointées du doigt pour falsification de documents de vol, refus d’obtempérer aux instructions des services de contrôle aérien, atterrissages d’hélicoptères, sans autorisation, dans les localités hors aérodromes, vols d’avions de renseignements et de drones à haute altitude. « L’un des cas les plus récents a été la présence illégale d’un drone des Forces françaises, le 20 avril, au-dessus de la base de Gossi, dont le contrôle a été transféré aux Forces armées maliennes (FAMa), la veille. Ledit drone était présent à partir de 11h45 pour espionner nos vaillantes FAMa », a affirmé avec précision le ministre e l’Administration territoriale et des Collectivités, le colonel Abdoulaye Maïga. Toujours avec le même doigt accusateur, il a indiqué que, outre l’espionnage, les Forces françaises, pourtant sommées de quitter le Mali depuis le 18 février dernier, se sont rendues coupables de subversion en publiant des fausses images montées de toute pièce dans le but d’accuser les FAMa d’être les auteurs de tuerie de civils et dans le but de ternir leur image au moment où elles sont plus que jamais engagées pour la libération du territoire national et la sauvegarde des populations.

Visiblement agacé par de tels agissements, le gouvernement du Mali a manifesté sa condamnation en invitant les Forces françaises à respecter la souveraineté du pays. Par ailleurs, il a réaffirmé sa volonté de promouvoir et de maintenir la coopération avec l’ensemble des Etats du monde dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence.

Alassane Cissouma

RAMTANE LAMAMRA SUR FRANCE 24 ET RFI : « Nous reconnaissons à chaque pays africain souverain le droit d’organiser sa défense… »

Dans un entretien accordé à France 24 et Radio France internationale (RFI), le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, est revenu sur la situation politico-sécuritaire au Mali. Le chef de la diplomatie algérienne révèle que son pays reconnaît à chaque pays africain souverain le droit d’organiser sa défense nationale de la manière qui lui semble la plus appropriée. 

Au cœur de la polémique suite notamment à son désir de vouloir élargir son champ de partenariat à l’aspect défense et sécurité, le Mali fait face à de nombreux défis et semble payer le prix de sa collaboration avec la Russie. Si le résultat de cette collaboration, surtout militaire, est salvateur sur le terrain, la campagne médiatique contre le pays va de bon train.

Dans un entretien accordé concomitamment à France 24 et à RFI, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, revient sur la question et souligne que le Gouvernement malien à une autre version qui n’est autre que l’existence d’un accord avec le gouvernement russe. « D’ailleurs, c’est ce que le gouvernement russe dit », ajoute-t-il. Face à l’insistance des confrères des deux chaines françaises, le ministre des Affaires étrangères lance : « Si vous me posez des questions de principe par rapport à la position de l’Algérie à l’égard de toutes les forces étrangères en Afrique, je dirais que notre position est doctrinale ; qu’elle est établie une fois pour toute, et que nous sommes contre la présence étrangère, quelle que soit la nationalité, sur le continent africain ». Avant de renchérir : « Néanmoins, nous reconnaissons à chaque pays africain souverain le droit d’organiser sa défense nationale de la manière qui lui semble la plus appropriée ». Alors, l’Algérie ne jettera la pierre à personne pour avoir fait appel à la France ou à la Russie, a précisé le ministre Lamamra.

A la question de savoir si son pays aurait laissé passer des  avions militaires russes remplis d’hommes et d’équipement, le chef de la diplomatie algérienne rétorque : « Sauf décision souveraine de l’Algérie ou d’une organisation internationale dont les décisions seront obligatoires pour les Etats membres, le reste c’est le principe de la liberté de la navigation aérienne. Donc, si les avions russes, français, chinois ou autres survolent le territoire algérien, cela ne constitue absolument pas un événement de nature politique ».

Dans la dynamique de promotion des solutions pacifiques, l’Algérie considère que l’Union africaine devrait pouvoir disposer des moyens et faire preuve de la volonté politique nécessaire pour apporter des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique. A défaut, « il est naturel que des solutions alternatives comme celle qui ont prévalu jusqu’à présent puisse avoir lieu, de telle sorte que les groupes terroristes ne fassent pas qu’une bouchée de ce grand pays névralgique si important pour la paix et la sécurité de toute la région.  J’espère qu’il a de l’espace pour la raison et la démarche qui puisse être respectueuse de la souveraineté nationale du Mali comme il se doit. Il y a des solutions autres que les faits accomplis », souligne-t-il.

Cette intervention du ministre algérien des Affaires étrangères est un signal fort pour le Mali, en quête de partenaire crédible, capable de l’aider à atteindre des objectifs pour la sauvegarde de la souveraineté nationale.

 

Abdrahamane Baba Kouyaté