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LA GUINEE DE MAMADY DOUMBOUYA DANS LA LIGNE DE MIRE : Les faucons de la CEDEAO décident de « sanctions progressives »

À l’issue d’une réunion à New York jeudi soir, les chefs d’États d’Afrique de l’Ouest ont décidé de prendre des « sanctions progressives » contre le pouvoir militaire en Guinée. Ils ont également réclamé la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali.
Les dirigeants des États ouest-africains réunis en sommet extraordinaire, jeudi 22 septembre à New York, ont décidé de prendre des « sanctions progressives » la Guinée face à l’inflexibilité des militaires pour une date de retour des civils au pouvoir.
« rappel pour consultations par les Etats membres de la CEDEAO de leurs ambassadeurs accrédités auprès de la République de Guinée » et de « la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO ».
Selon un document résumant cette réunion de chefs d’État, « il a été arrêté la prise de sanctions progressives sur des individus et contre les autorités en place.
« Très rapidement, le président en exercice de la CEDEAO et le président de la commission de la CEDEAO vont établir une liste de personnes à sanctionner et, de manière graduelle, appliquer ces sanctions », selon ce texte confirmé par plusieurs participants.
Tous les dirigeants ouest-africains réunis à New York à l’exception du Mali, de la Guinée et du Burkina dirigés par des militaires et suspendus, ont également réclamé la libération de 46 militaires ivoiriens détenus au Mali, ce qui avait déclenché une grave querelle entre les deux pays.
Convoqué à l’initiative de la présidence bissau-guinéenne, en fin de compte, le sommet extraordinaire de la CEDEAO va être l’événement africain de cette Assemblée générale de l’ONU. Il a été voulu avec insistance par la présidence bissau-guinéenne.
À l’agenda, selon le président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo : « le réexamen de la situation en Guinée et au Mali », source de tensions entre l’organisation régionale et les deux capitales.
Ce sommet a été l’occasion pour l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi, médiateur de la CEDEAO, de briefer les chefs d’État sur sa récente mission à Conakry, fin août : celui-ci a listé les points d’accord et de désaccord avec les autorités de la transition guinéenne et faire des recommandations à Conakry et aux États membres.
Le désaccord majeur porte sur la durée de la transition. Pour le président Embalo, les 24 mois convenus ne sont « pas négociables ».

Au même moment, le Président guinéen est en visite au Mali
Cette visite du colonel Mamady Doumbouya, le premier hors des frontières depuis que lui et ses hommes ont pris le pouvoir en septembre 2021, n’a donné lieu à une communication publique qu’après son arrivée.
« Je suis à Bamako à côté de mon frère, le Président Assimi Goïta, pour fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un peuple frère », dit le colonel Doumbouya, cité dans le communiqué.
le colonel Mamady Doumbouya a permis au Mali de souffler un peu face aux sanctions que la CEDEAO a infligées en janvier dernier, un sévère embargo commercial et financier pour sanctionner le projet des militaires de rester au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. Les autorités guinéennes avaient été parmi les rares à se solidariser avec le Mali face aux sanctions, et avaient maintenu les frontières ouvertes.

Mais le Mali et la Guinée restent suspendus des organes de la CEDEAO.

M.Yattara

BUDGET : Les finances publiques affectées par le ralentissement des activités économiques suite aux sanctions de la CEDEAO

Le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga a présidé mardi dernier (9 août 2022) une réunion du conseil de cabinet consacrée à l’examen de l’avant-projet de loi portant modification de la Loi N° 2021-071 du 23 décembre 2021 portant loi des finances pour l’exercice 2022. Une modification imposée en partie par la crise ukrainienne et les «sanctions illégales et injustes» prises par la Cédéao et l’Uémoa contre notre pays. Et cela alors que nous étions déjà confrontés à la double crise sécuritaire et sanitaire liée au Covid-19. Cela a eu «un impact négatif sur l’économie nationale en provoquant un ralentissement des activités économiques et, par extension, une diminution des recettes de l’État».

Ainsi, le projet de loi des finances 2022 rectifié porte-t-il les recettes à 1 982 440 000 000 F Cfa contre 2 130 721 000 000) F Cfa dans la loi des finances initiale, soit une diminution de 148 281 000 000 F Cfa. Quant aux dépenses, elles s’élèvent à 2 647 028 000 000 F Cfa contre 2 748 285 000 000 de F Cfa dans la loi des finances initiale, soit une diminution de 101 257 000 000 F Cfa.

SANCTIONS ECONOMIQUES CONTRE LE MALI : Le gouvernement supplie les partenaires

De plus en plus, notre économie se trouve impactée par les affres des sanctions économiques illégales et illégitimes qui nous ont été infligées par la Cedeao, appuyée par une importante partie de la communauté internationale. Conscient des difficultés auxquelles nous faisons face, comme une sorte de bataille difficile à gagner,  le  gouvernement a adressé une déclaration à différentes institutions au sujet des sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa. Mais cette déclaration peut aussi être le signe annonciateur d’un bouleversement.

La Cour de justice de l’Uemoa a,  par ordonnance n°06/2022/CJ du 24 mars 2022, ordonné le sursis à exécution des sanctions prononcées par la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Uemoa. A la surprise générale, les acteurs de ces sanctions font fi de cette décision qui permettrait à l’Etat malien de respirer économiquement.  Face à cette situation rocambolesque, dans un communiqué officiel,  le gouvernement a sollicité la clémence des partenaires.

Dans sa déclaration, le gouvernement constate avec regret, qu’en dépit de la double notification qui lui a été faite, par le Mali et par la Cour, la Commission et la Conférence n’ont pas daigné exécuter cette ordonnance qui est d’application immédiate et insusceptible de recours. Ces sanctions violent allègrement les règles communautaires, notamment les dispositions garantissant l’indépendance de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).

En imposant des sanctions financières et économiques, la Cedeao ne disposant pas d’instruments lui permettant de s’assurer de leur exécution, s’est appuyée sur les outils de l’Uemoa. A partir du moment où la décision de l’Uemoa est remise en cause, la Cedeao devrait à son tour suspendre l’exécution des sanctions prononcées. Le gouvernement dénonce avec force cette attitude qui constitue un flagrant déni de justice et tranche avec les exigences de l’Etat de droit, lesquelles imposent le respect des décisions de justice.

Au regard de l’impact humain et social considérable des sanctions sur les populations du Mali mais également sur ceux des pays de la sous-région, et en raison de la décision de la juridiction communautaire ordonnant le sursis à leur exécution, le gouvernement prend à témoin la communauté nationale et internationale face au non-respect par l’Uemoa de ses propres textes et aux dangers que cela constitue pour la crédibilité et la fiabilité de cette institution.

Le gouvernement appelle la Cedeao, l’Union africaine et l’organisation des Nations Unies à s’engager activement, afin que l’Uemoa se conforme à la légalité internationale et aux décisions de son propre organe de contrôle juridictionnel. Les organisations internationales et régionales sont en effet bâties sur le principe de subsidiarité et la sacro-sainte règle du respect des textes auxquels tous les pays ont librement souscrit.

Au lieu de céder à la demande de la communauté internationale, les autorités maliennes se demandent si la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de cette institution de même que les autres organes exécutifs seraient au-dessus du droit communautaire dont ils tirent leur source. Il y a lieu de se demander s’il ne s’agit pas d’une politique de deux poids et deux mesures, motivée par un acharnement visant à asphyxier le peuple Malien. Cette posture est influencée par des agendas et pressions extérieurs à peine voilés pour punir un peuple pour ses choix politiques et obtenir par ces manœuvres un changement de régime.

Le gouvernement de la République du Mali, tout en réaffirmant sa détermination à œuvrer pour un retour à l’ordre constitutionnel normal, réitère sa disponibilité au dialogue et à la concertation en vue de parvenir à un compromis acceptable avec les organisations sous régionales. Un tel compromis doit nécessairement concilier les aspirations des Maliens à la paix, à la sécurité, aux réformes politiques et institutionnelles avec les attentes de la région et de la communauté internationale.

Oumar KONATE

Refus d’Assimi Goïta de prendre part au sommet d’Accra : La Cedeao s’en offusque et maintient ses sanctions

Les chefs d’Etat de l’organisation régionale ne décolèrent pas contre les autorités de la Transition. A l’issue du sommet du vendredi 25 mars à Accra, ils ont regretté le refus du président Goïta de répondre à leur invitation et ont décidé du maintien des sanctions contre le Mali. Aussi, donnent-ils des ultimatums aux putschistes en Guinée et au Burkina.

Une transition de 12 à 16 mois maximum, c’est la principale exigence de la Cedeao aux autorités maliennes, selon le communiqué final du sommet. Il informe qu’au-delà du Mali, la Guinée et le Burkina Faso ont aussi eu leur dose. Ces deux pays sont sommés de présenter d’ici le 25 avril prochain, soit un mois, un délai « acceptable » pour un retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions. S’agissant du Burkina, la conférence des Chefs d’Etat a aussi menacé les autorités de transition de sanctions si l’ancien Président Roch Marc Christian Kaboré n’est pas élargi d’ici une semaine, c’est-à-dire le jeudi 31 mars prochain.

Cette session extraordinaire, convoquée dans le but d’examiner les récentes évolutions politiques intervenues au Mali, en Guinée et au Burkina Faso depuis le dernier sommet extraordinaire tenu le 3 février 2022, a pris des grandes résolutions.

Selon le communiqué final, les chefs d’État et de Gouvernement ont, d’abord, examiné le rapport présenté par Goodluck Ebele Jonathan sur la situation au Mali, ainsi que les rapports des missions ministérielles en Guinée et au Burkina Faso, présentés par Shirley Ayorkor Botchwey, ministre des Affaires étrangères du Ghana et Présidente du conseil des ministres de la Cedeao.

Ils ont également examiné les memoranda sur les situations politique et sécuritaire au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, présentés par Jean-Claude Kassi-Brou, Président de la Commission de la Cedeao.

Concernant la situation sociopolitique du Mali, le communiqué a indiqué que la Conférence note que la situation sécuritaire et humanitaire continue de se dégrader au Mali avec les attaques de groupes terroristes causant des victimes militaires et civiles.

Elle note que, lors de la dernière mission du Médiateur de la Cedeao du 18 au 20 mars 2022, les autorités de la Transition ont proposé un chronogramme de 24 mois, soit deux (2) ans en plus des 18 mois déjà écoulés.

Cependant, la Conférence note que, compte tenu de la conjoncture politique et sécuritaire mondiale, il est urgent de parvenir à un accord sur le chronogramme, afin d’éviter la dégradation de la situation du pays.

Le document rapporte que la Conférence regrette l’indisponibilité du président de la Transition à honorer en personne l’invitation qui lui a été faite de participer au sommet en vue de trouver une solution à la situation actuelle au Mali.

Ainsi, ils ont décidé d’engager les autorités de la Transition à s’inscrire dans une période complémentaire de 12 à 16 mois arrêtée par l’équipe technique de la Cedeao/UA/NU pour l’extension de la Transition, tenant compte des activités nécessaires à l’organisation de l’élection présidentielle. Ce délai complémentaire, dit le communiqué, court à partir du 15 mars 2022. Pour ce faire, la Conférence a décidé de l’envoi du Médiateur pour poursuivre et finaliser les discussions avec les autorités de la Transition sur le chronogramme. En outre, elle a décidé de maintenir les sanctions prises le 9 janvier 2022 ; de poursuivre le dialogue en vue d’arriver à un accord qui permettrait la levée progressive des sanctions ; d’inviter les partenaires à accroître le soutien humanitaire au Mali.

Hamadoun MAHAMANE

POIDS DES SANCTIONS, REFORMES EN ATTENTE, CHRONOGRAMME NON CONNU : La transition malienne est-elle sans boussole aujourd’hui ?

Depuis « la rectification de la transition » par le Colonel Assimi Goïta et la nomination d’un premier ministre issu du Mouvement insurrectionnel, le M5 RFP, le Mali est toujours à la recherche d’une voie de sortie de crise. Le second souffle tarde toujours à venir et le Pays est dans l’impasse. En neuf mois de gestion post Bah N’Daw, nous ne pouvons retenir qu’un seul point de satisfaction, la montée en puissance de notre armée, donnant du coup la joie aux populations longtemps sevrées de libertés. Liberté d’aller et de revenir, liberté de travailler, liberté d’exercer le culte de son choix, bref la liberté dans toute sa plénitude. Bravo aux autorités d’avoir su faire, sur le plan sécuritaire, en si peu de temps ce que l’ensemble des forces multinationales réunies, à savoir MUNISMA, Barkhane, G5 Sahel, n’ont pas fait en 8 ans. Ces différentes prouesses sur le terrain sécuritaire doivent-elles nous faire oublier les autres priorités ? La réponse est sans nul doute négative, car le tout sécuritaire n’a jamais été une solution définitive à une crise comme celle du Mali où les causes profondes sont à chercher dans le sous-développement et la mal gouvernance.

Pour rappel le coup d’Etat du 18 Août 2020 n’est que la conséquence de cette mal gouvernance, alors pourquoi reléguer au second plan les réformes censées mettre fin à cette mauvaise gouvernance ? A qui profite tout simplement cette situation chaotique dans laquelle les maliens vivent ? nombreux sont les maliens à se poser cette question. Beaucoup se demandent pourquoi jusque-là les autorités maliennes ne sont pas parvenues à un accord avec l’organisation sous-régionale, la CEDEAO pour une levée des sanctions qui pèsent très lourdement sur les populations. Le manque de compromis lors des dernières négociations avec la CEDEAO a laissé beaucoup de maliens très perplexes sur la volonté réelle de nos autorités à sortir de cette crise. Sinon comment comprendre que le point d’achoppement soit entre 24 mois proposé par le gouvernement malien et 12 ou 16 mois par la CEDEAO. Comment 8 mois seulement de différence pourraient être un point de blocage. Si tant est que les autorités se battent pour les maliens, elles doivent trouver un compromis avec la CEDEAO. Il faut reconnaitre que tout ce qu’on peut faire en 24 mois on pourrait bien le faire en 16 mois si on a la volonté de le faire.

Chaque jour qui passe sans compromis avec la CEDEAO, afin de lever les graves sanctions, est un jour de trop, car il enrichit la bombe sociale dont la déflagration n’épargnera personne, que Dieu nous en préserve. Or nos autorités ne semblent pas donner ni l’impression d’être pressées encore moins de mesurer les conséquences de la gravissime situation, elles sont toujours dans des discours et slogans creux, au même moment la crise s’exacerbe. L’argent est devenu une denrée rare, les entreprises privées mettent la clef sous le paillasson renvoyant des milliers de maliens au chômage, les denrées de première nécessité sont inaccessibles car leurs prix ont pris de l’ascenseur. Comme si cela ne suffisait pas le délestage s’est invité dans le quotidien, aggravant ainsi la crise sociale.    A analyser de près la situation politique du Mali, on aboutira à la conclusion que le Colonel Assimi Goïta est l’otage des hommes politiques en mal de popularité et des conseillers en quête de strapontins. Le jour où il comprendra qu’il n’est pas seulement le commandant des forces spéciales, donc un officier de l’armée, mais qu’il est également un homme politique par la haute fonction de chef de l’Etat qu’il occupe, il prendra ses responsabilités en se libérant du joug des hommes politiques véreux et de conseillers affamés. Le plutôt serait le mieux pour lui sinon le réveil risque d’être brutal.

Youssouf Sissoko

RAMADAN ET SANCTIONS DE LA CEDEAO CONTRE LE MALI : Les prix des denrées, premier défi du gouvernement de la transition

9 janvier 2022 – 21mars 2022, cela fait exactement 2 mois et 12jours que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont imposé des sanctions économiques et financières contre le Mali. Pour ne pas subir les affres des sanctions pendant ce mois béni les autorités Maliennes cherchent par tous les voies et moyens pour satisfaire la demande de plus en plus forte.  Pour rappel l’une des conséquences de ces sanctions est le ralentissement des activités, entrainant du coup la baisse du pouvoir d’achat. Les autorités ont-elles les reins solides financièrement pour atténuer la souffrance du peuple ? Quelle attitude le peuple doit-il adopter pour surmonter ces obstacles surtout en cette période d’isolement du Mali ?

Il est à rappeler que les 18 mois de la transition accordés aux dirigeants actuels sont arrivés à terme et jusque-là aucun chronogramme n’a été fixé pour l’organisation des élections devant non seulement mettre fin à la souffrance du peuple, par la levée des sanctions, mais aussi la transition. Bien que les Assises nationales de la Refondations, ANR ont proposé une transition de 4 mois à 5 ans soit un mandat présidentiel, la CEDEAO fait fi de cette décision souveraine et demeure sourde et aveugle à toute prolongation aiguisant l’appétit pourvoirie des autorités militaires. Ces deux positions antagoniques provoquent un bras de fer entre les chefs d’Etat de la CEDEAO, de l’UEMOA et les autorités maliennes. Ces derrières font tout pour alléger la souffrance des Maliens. Ainsi, pour pallier le déficit de denrées de première nécessité les autorités se sont tournées vers son voisin la Mauritanie. Désormais, la frontière mauritanienne est nouée pour faciliter l’entrée des produits au Mali. Pour rappel, à cause de l’embargo, cette année, le coton malien a été exporté via la Mauritanie. Tout porte à croire que les autorités travaillent, d’arrachepied pour permettre au peuple malien de ne pas trop sentir les effets de ces sanctions.

La plus grande inquiétude est que malgré la pression exercée par les pouvoirs publics, les opérateurs économiques ne semblent pas être dissuadés pour éviter une flambée des prix des denrées de première nécessité.

En plus de la Mauritanie, les autorités de la transition ont également exploré le corridor Bamako Conakry pour un meilleur approvisionnement du marché en denrées.

En fin, après plus de 2 mois sous embargo, les dirigeants maliens et les chefs d’État de la CEDEAO et de l’UEMOA doivent trouver un terrain d’entente pour la levée des sanctions, sinon les activités sont aux arrêts et le peuple malien souffre.

A ce stade, l’urgence absolue est surtout de continuer à prendre la mesure de la crise qui sévit, et tout mettre en œuvre pour éviter l’effondrement de l’économie.

Il y a un sommet de la CEDEAO, prévu ce mois de mars sur la situation du Mali, espérons que lors de ce sommet, ils trouveront enfin une solution à la crise.

Assitan DIAKITE

SANCTIONS DE LA CEDEAO : Le Mali enregistre deux mois de défaut de payement sur le marché financier

Suite aux sanctions prises par la Cedeao et l’Uemoa le 9 janvier, les avoirs restent toujours bloqués dans les banques centrales des États membres. Qu’elles peuvent être les conséquences de cette situation sur l’économie malienne ? La réponse avec Modibo Mao Macalou, économiste.

Azalaï Express : Selon vous qu’elles peuvent être les conséquences des défauts de paiement du Gouvernement du Mali sur le marché financier et monétaire de l’Uemoa ?

Modibo Mao Macalou : Le montant des impayés du Gouvernement du Mali à la suite des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Uemoa, prises le 9 janvier 2022, s’élève à la fin du mois de février 2022 à 60,46 milliards de francs CFA, selon Umoa-Titres qui est l’agence de gestion et de promotion des titres publics de la zone Uemoa qui regroupe les 8 pays d’Afrique de l’Ouest utilisant le franc CFA comme monnaie unique (Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo, Burkina, Mali, Guinée-Bissau, Niger et Bénin). Les 2 institutions sous-régionales (Cedeao et Uemoa) ont aussi gelé les avoirs du Mali dans les banques centrales de la Cedeao et dans les banques commerciales des États membres et suspendu toute aide et transaction financière en faveur du Mali de la part des institutions de financement des 2 organisations, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) et la Banque ouest-africaine de développement (Boad).

En réalité, les sanctions imposées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) au Mali pourraient avoir à moyen et long termes de graves conséquences sur le bon fonctionnement du système financier et monétaire de la zone Uemoa. Un défaut de paiement de l’Etat du Mali risque de ternir la crédibilité du marché financier et monétaire de l’Uemoa à moyen et long termes.

Les sanctions de l’Uemoa peuvent-elles faire fuir d’éventuels investisseurs ?

Kenneth Arrow, codétenteur du Prix Nobel d’économie en 1972, indiquait que la confiance est une institution invisible qui régit le développement économique qui constitue un des premiers objectifs de l’Uemoa et de la Cedeao. L’agence de notation Moody’s a abaissé d’un cran sa notation à long terme, de Caa1 (haut risque) à Caa2 (ultra spéculatif), un niveau plaçant la dette malienne sous surveillance, « en vue d’une possible nouvelle dégradation ». Cette décision était attendue à partir du moment où l’Etat malien n’a pas été autorisé à rembourser 2,7 milliards FCFA d’intérêts échus sur le marché de la dette de l’Uemoa, le 28 janvier 2022. Ce refus étant motivé par les sanctions économiques et financières décidées par la Cedeao et l’Uemoa le 9 janvier 2022 à l’encontre du Gouvernement malien.

En effet, le ministère de l’Economie et des Finances du Mali par un communiqué daté du 1er février 2022 expliquait que les règlements pour des intérêts échus n’avaient pas été acceptés par la plateforme de paiement de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) pour 2,7 milliards FCFA le 28 janvier 2022 et que le Mali disposait de liquidités pour honorer ses engagements envers les investisseurs. Il est donc important pour le Mali et la Cedeao de trouver un accord politique satisfaisant pour que les impayés du Mali suite à son exclusion du système de paiement de l’Uemoa ne deviennent un défaut de paiement entamant la crédibilité du marché financier et monétaire de l’Uemoa, de même que la notation financière du Mali.

Les dettes actuelles du Mali à la Bceao peuvent-elles avoir des conséquences dans les mois ou années à venir ?

 L’Etat du Mali qui est l’un des pays les moins endettés de l’Uemoa a effectué des emprunts de près de 897,5 milliards FCFA sur le marché financier et monétaire de l’Uemoa en 2021, dont 150 milliards FCFA mobilisés sur le marché financier de l’Uemoa, contre 747,5 milliards FCFA sur le marché monétaire. Le montant total des remboursements échus en 2021 a été effectué avant les sanctions de l’Uemoa et de la Cedeao. En effet, le Mali avait emprunté 675 milliards FCFA sur le marché financier de l’Uemoa via l’émission de titres publics en 2020.

Au 3ème trimestre 2021, 31% de la dette de l’Etat malien étaient détenus par les banques du Mali, contre 18% pour les banques du Burkina Faso, 16% pour les banques ivoiriennes et 13% pour celles du Bénin. Par ailleurs, le Mali représente 15% des prêts par la Boad et la Bidc. Le pays est aussi sevré des investissements financés par emprunts sur le marché financier et monétaire de l’Uemoa ce qui restreindra et renchérira le crédit au Mali ainsi que ceux contractés auprès des institutions de financement de la Cedeao, en particulier la Bidc et la Boad, y compris les dons de ces 2 organisations de financement sous-régionale. Les sanctions économiques financières et commerciales de l’Uemoa et de la Cedeao auront un impact important sur le marché financier et monétaire de l’Uemoa.

Pensez-vous que le cumul de dettes de la Bceao au Mali influe sur les PME ?

Les émissions de titres publics créent de nouveaux instruments de politique monétaire en offrant la possibilité de réguler la liquidité de l’économie par le biais d’opérations d’open-market (injection de liquidités) sur le marché interbancaire et en faisant du taux d’intérêt un nouveau canal de transmission de la politique monétaire en plus du canal du crédit.

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a injecté la dernière semaine de février 2022 un montant de 3910 milliards FCFA sur le marché interbancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) sur 3965 milliards FCFA sollicités par les banques commerciales. L’adjudication s’étant effectuée au taux d’intérêt fixe de 2%, 91 banques commerciales ont ainsi réussi à se faire refinancer auprès de la Banque centrale à la hauteur de leurs besoins en liquidités, à l’exception des banques commerciales du Mali.

Ainsi, la liquidité demeure toujours rationnée au Mali, où l’injection de la Bceao a été limitée à 312 milliards FCFA, alors que les banques du pays sollicitaient 367 milliards FCFA sur une échéance d’une semaine, soit à hauteur de 85% des besoins totaux des banques commerciales maliennes. Cette réduction de la liquidité par la Bceao est une conséquence des sanctions prises par la Cedeao et l’Uemoa. En revanche, tous les autres pays de l’Uemoa à l’exception du Mali ont effectivement reçu de la Bceao des montants couvrant intégralement leurs besoins de refinancement. Le secteur privé malien se trouve ainsi sanctionné par l’Uemoa et la Cedeao malgré la crise multiforme que connait le Mali.

 

Réalisé par Abdrahamne Baba Kouyaté

EMBARGO : Le Mali traîne l’UEMOA devant la justice à la suite des sanctions illégales de la conférence des Chefs d’État

A la suite des sanctions infligées sur le Mali, le gouvernement de la transition a décidé de trainer devant la justice, l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, par le biais d’un collectif de six (6) avocats conduits par Maitre Moustapha S. M. Cissé.

Selon le communiqué, le collectif des avocats a saisi la Cour de Justice de l’UEMOA de deux recours contre les décisions issues de la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’UEMOA en date du 09 janvier 2022 portant sanctions contre l’État du Mali.

Le premier recours, d’après le document, tend à obtenir de la Cour de Justice de l’UEMOA, sise à Ouagadougou au Burkina Faso, « l’annulation des décisions sus visées ». Le deuxième demande la « suspension » de l’exécution des sanctions eu égard aux effets gravement préjudiciables à l’État du Mali, aux populations maliennes et africaines vivant au Mali.

Les deux recours ont d’ores et déjà été formellement enregistrés au greffe de la Cour de Justice de l’UEMOA le 15 février 2022, selon la même source qui informe que « tous évoquent l’illégalité absolue des sanctions au regard des textes et objectifs de l’UEMOA ».

ME KASSOUM TAPO AU SUJET DES SANCTIONS DE LA CEDEAO : « Il n’y a pas de stratégie (…) pour sauver notre économie… »

Des sanctions de la Cedeao à la situation sociopolitique tendue du pays, le président du Mouvement pour la refondation du Mali (Morema), Me Kassoum Tapo, s’est exprimé sur les sujets qui fâchent. L’avocat est apparu sur le plateau de l’émission “En toute liberté” de Djoliba TV comme à son habitude : décontracté. Nous vous proposons un extrait de son intervention. 

Journaliste : il y a eu un chronogramme qui a été proposé à la Cedeao, de 6 mois à 5 ans. Juste après, l’organisation sous-régionale a sanctionné durement le peuple malien.  Des sanctions économiques et financières très sévères. On ne vous a pratiquement pas entendu. La classe politique ne s’est pas prononcée sur les sanctions de la Cedeao. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Me Kassoum Tapo : vous voulez qu’on dise quoi ? On n’a jamais applaudi pour ces sanctions. On les a regrettées comme tous les Maliens. Aucun Malien ne peut applaudir et approuver ces sanctions. Au-delà, qui en est responsable ? Ceux qui ont voulu et nous ont amenés à ça, c’est à eux qu’il faut poser la question. C’est eux qui se justifient aujourd’hui sur comment on va s’en sortir. Mais, nous avions dit qu’il fallait éviter qu’on en arrive là. La Cedeao elle-même, il faut savoir reconnaître les choses, ce n’est pas ce que les chefs d’Etat de la Cedeao ont souhaité. Il y a eu combien de sommets avant qu’on arrive aux sanctions ? Donc, si les sanctions arrivent, je pense que ceux qui les ont cherchées et qui veulent braver encore aujourd’hui la communauté internationale doivent en répondre. Qu’est-ce que vous voulez qu’on dise ?

Journaliste : le 14 janvier le peuple malien, à l’appel des autorités de la transition, était justement sorti pour dire non aux sanctions de la Cedeao. Il y avait du monde, c’était la déferlante. Qu’est-ce que vous comprenez  à travers cette mobilisation historique ?

Me Kassoum Tapo : il ne faut pas donner à cette mobilisation le sens qu’elle n’a pas. Pour la première fois de l’histoire politique du Mali, on a appelé à une mobilisation à partir d’un conseil des ministres. Conseil des ministres de la République qui demande à descendre dans la rue. Evidemment, avec la fibre patriotique qui a été mise en jeu, les gens ont répondu.

Je peux vous dire que je n’ai jamais été à une place quelconque en aucune occasion. J’ai fait beaucoup de mouvements estudiantins, oui. Mais responsable politique, je ne suis jamais allé dans la rue. Personne ne m’a vu dans la rue, même pas en mars 1991, à part la marche des avocats. Donc, ce n’est pas la place habituelle que je fréquente ; mais d’esprit, j’étais avec les 4 millions de Maliens. On a dit 4 millions de Maliens, mais d’esprit c’était les 20 millions de Maliens. Les 20 millions de Maliens ont regretté ces sanctions.

Journaliste : Cette grande mobilisation, est-ce que c’est un soutien aux autorités de la transition ou c’est un soutien pour peut-être sortir de la crise ?                  

Me Kassoum Tapo : je crois que c’est une réaction des Maliens, normale et prévisible. Vous savez, le vendredi où la marche a été faite, j’étais dans une mosquée où on nous a invités à regagner la place de l’indépendance. Toutes les mosquées de Bamako (mosquées de vendredi), sans exception,  ont appelé à aller à la place de l’indépendance. C’est le cœur malien qui a répondu. On s’est senti agressé par la Cedeao. Donc quand vous faites face à une agression extérieure, le peuple se mobilise. Cette mobilisation, pour moi, c’est d’abord contre l’agression qu’on a ressentie à travers les sanctions. Et le Mali a réagi à ça. Mais je ne pense pas que c’était un soutien à qui que ce soit.

Journaliste : dès les premières heures de la transition, la classe politique malienne était très bavarde. Vous étiez souvent sur les plateaux pour dénoncer, rappeler à l’organisation des élections. Mais depuis un certain temps on n’a comme l’impression que vous avez baissé la garde. Est-ce pour des raisons stratégiques ou c’est seulement le contexte qui ne s’y prête pas pour vous ?              

Me Kassoum Tapo : Je ne suis pas pour le principe de dire tout le temps tout et n’importe quoi. Ça vous rattrape toujours. Ceux qui étaient dans la rue avant qu’on ne les associe à la transition ont eu tous les mots contre les militaires. Et aujourd’hui, ils sont en train de claironner que c’est la meilleure transition du monde. Mais juste quelques jours avant qu’ils ne viennent aux affaires, ils décriaient cette transition. Moi, depuis le 20 août, est-ce que quelqu’un m’a entendu décrier la transition ? Je n’ai absolument jamais critiqué la transition. Mais, j’ai tout simplement dit qu’il faut respecter la démocratie.  Chaque fois que j’étais sorti, c’était pour défendre des libertés. Quand on a mis des gens injustement en prison, qu’on les a poursuivis, j’ai fait mon travail d’avocat. Mais politiquement est-ce que vous m’avez pas entendu critiquer ou insulter les autorités, les traiter d’illégales ou illégitimes ? Jamais !

Donc, aujourd’hui, il y a une situation qui a surpris tout le monde : les sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa. Personne ne s’attendait à une réaction aussi vive. On n’est tous un peu assommés, attristés. Je ne m’en réjouis pas, je ne peux pas le faire. Parce qu’aujourd’hui je vis, ma famille, mes voisins, mes amis, les gens que j’aide tous, je vois comment ils vivent la situation.

Journaliste : Mais les autorités disent qu’elles ont préparé un plan de riposte pour faire face justement à ces sanctions ; que le peuple ne va pas tellement sentir l’effet. Qu’est-ce que vous constatez ?

Me Kassoum Tapo : vous savez, il ne s’agit pas de mettre des tenues camouflées en venant sur la place de l’indépendance pour dire le peuple, le peuple. Ce n’est pas ça !

Aujourd’hui, la réalité sur ce que les Maliens vivent, c’est quoi ? On nous a dit qu’il y a une stratégie pour les 15 années à venir, qui ont été dégagées en si peu de temps par des hommes qui ont participé pendant 30 ans à la vie politique nationale. Aujourd’hui, comme par hasard, en 10 jours ils ont une stratégie pour répondre à ces sanctions.

Journaliste : quand vous parlez de tenue camouflée, vous faites allusion à qui par exemple ?

Me Kassoum Tapo : vous m’avez montré des images, vous les avez vues comme moi. Vous avez parlé d’un sursaut populaire pour sauver le Mali qui est en guerre, etc. Si on met des tenues camouflées comme le Premier ministre éthiopien, on va au front avec des kalachnikovs. Ça, j’aurais compris ! Mais de la place de l’indépendance, on défie la communauté internationale. Et ensuite dire : on a défini des stratégies pour les 15 années à venir. Mais quoi ; qu’est-ce qu’on a fait de concret ? On a eu des opérateurs qui sont venus dire qu’ils vont juguler la crise tout de suite. Ça n’a pas encore commencé la crise. Quelle solution nous a été proposée ? J’ai vu nos autorités se rendre en Mauritanie et en Guinée. Le port de Guinée n’arrive pas à satisfaire les Guinéens, la Mauritanie : la même chose.  Vous croyez que c’est eux qui vont remplacer la Côte d’Ivoire et le Sénégal ? Non !

Journaliste : qu’est-ce que vous allez faire au niveau du Cadre d’échange des partis politiques pour la réussite de la Transition. A un moment vous avez dit clairement qu’à partir du 27 février, date de la fin  normalement de la transition avant la tenue des Assises nationales de Refondation, vous n’alliez pas reconnaître les autorités de la transition. Mais depuis un certain temps on a l’impression que ce n’est plus à l’ordre du jour !       

 Me Kassoum Tapo : Au Cadre, on n’en a jamais fait une fixation. Quand le président a appelé et qu’on s’était rendu compte qu’effectivement on ne pouvait pas faire les élections le 27 février, qu’est-ce qu’on lui a dit : M. le président, appeler tous les Maliens, asseyons-nous, examinons la durée de la transition par rapport au chronogramme électoral. Évaluons le temps perdu et voyons quel délai nécessaire, suffisant, raisonnable il faut pour faire les élections. Parce qu’il était évident pour nous qu’en février on n’aurait pas respecté la date. Mais au lieu de ça, on n’est allé aux Assises pour faire sortir quoi ? On nous a dit que le délai de la transition ne devait même pas faire l’objet de débat. Effectivement, si vous prenez les thématiques, il en avait 13. Il n’y a pas une seule ligne sur le délai de la transition. Mais le résultat c’est quoi ? Le résultat des Assises a été la prolongation de la transition. C’est la seule chose qu’on a retenue. Et d’ailleurs, c’est cela qui a mis le feu aux poudres quand on n’est allé dire à la Cedeao que le peuple malien a décidé cinq (5) ans de transition. C’est cela qui a irrité nos partenaires. Il a de quoi parce qu’à ma connaissance, je n’ai pas participé aux Assises, mais je n’ai pas vu une proposition de cinq (5) ans avec un chronogramme fait par les Assises. On a dit de voir une durée de six (6) mois à cinq (5) ans. Mais si on part dire à la Cedeao : voilà le chronogramme, c’est cinq (5) ans. Alors, ils ont pris ça comme une provocation et ont réagi en conséquence. Mais ce que je veux ajouter, on n’en veut pas à la Cedeao. Mais vous croyez que c’est nous seulement qui souffrons des conséquences de ces sanctions ? Mais l’économie ivoirienne et sénégalaise vont en souffrir. Vous pensez que leurs chefs d’Etat sont des irresponsables ; qu’ils ne savent pas que leurs économies en souffrent et que leurs peuples vont en souffrir aussi ? Vous pensez qu’ils ignorent la souffrance du peuple malien. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ont pris tout ce temps avant les sanctions.

Journaliste : Mais est-ce que nous, nos autorités en ont conscience ; puisque vous dites que les voisins savent, est-ce le cas chez nous ?

Me Kassoum Tapo : on n’en est conscient, puisque j’entends dire que nous sommes des frères, des parents au sein de la Cedeao. Et que c’était un bruit passager. J’espère que le dialogue n’est pas rompu. Je souhaite qu’on dialogue avec  nos partenaires parce qu’on ne peut pas se passer de la Cedeao. Ce n’est pas vrai ! Il n’y a pas de stratégie à court et long terme pour sauver notre économie indépendamment de l’économie des pays de la sous-région et de l’économie mondiale. Parce qu’au-delà de la sous-région, la Bceao participe à l’économie mondiale.

Journaliste : avant de parler des questions de diplomatie, pour l’argument que les autorités de la transition évoquent, le plus souvent, c’est que le contexte sécuritaire ne s’y prête pas pour faire de très bonnes élections. Vous avez organisé vous-mêmes des élections. Est-ce que vous pensez que cet argument tient la route ?

Me Kassoum Tapo : Mais s’il tenait la route on n’allait pas être sanctionné. Ça ne tient pas la route pour une simple raison. Je ne vais pas rappeler les propos des politiques qui sont aux affaires, qui ont dit que la place des militaires se trouve au front. Vous avez entendu combien de fois avant le 24 mai queue la place des militaires était au front et non à Koulouba, dans les bureaux climatisés, et qu’il faut organiser les élections.

Comment voulez-vous, dans le bon sens, que ceux qui sont chargés de la sécurité fassent de la politique ? Le pouvoir politique est issu des urnes, conféré par le peuple à des citoyens politiques qui ont comme boulot de diriger le pays. Ils doivent définir les politiques avec les militaires pour qu’eux, ils assurent la sécurité et non l’inverse.

Journaliste : sauf qu’on a  aussi l’impression que le peuple malien n’est pas tellement pressé pour aller à des élections ?

Me Kassoum Tapo : écoutez, c’est vous qui le dites. Vous savez, le peuple c’est un concept élastique qu’on utilise. On met ce qu’on veut là, dedans. Qui est le peuple ? Quel peuple l’a dit ? Le peuple qui disait avant-hier qu’il faut aller aux élections. Ce n’est pas seulement le Cadre, remémorez-vous des discours et des propos de certains hommes politiques qui ont dit qu’il faut respecter le 27 février. Aujourd’hui, ces sont les mêmes qui viennent nous dire qu’il faut cinq (5) ans.

Journaliste : question de diplomatie ; aujourd’hui, il y a une brouille diplomatique entre le Mali et son partenaire, la France suite à des propos tenus par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Le Mali qui est monté au créneau en expulsant l’ambassadeur de France à Bamako. Quelle réaction faites-vous à cette dernière actualité ?

Me Kassoum Tapo : d’abord que ça soit clair pour tout le monde : je ne suis pas Français, je n’ai qu’une seule nationalité.  Je n’ai aucun intérêt particulier pour la France.

Cela étant clarifié, je pense que ces incidents diplomatiques sont absolument inutiles dans un contexte comme ça. On a dit que le ministre français a eu des propos outrageux. Je veux bien, mais il a dit quoi ? Soyons concrets. Alors, décortiquons ce qu’il a dit en deux sens. Autorités illégitimes ; est-ce que c’est le ministre des Affaires étrangères français le premier qui a tenu ces propos ? Vous vous souvenez des gens qui ont dit que le CNT était illégal et illégitime, et qui ont fait un procès pour ça ? Ils ont dit que le gouvernement était composé, à 20 personnes sur 25, des militaires ou les membres de leurs familles. Que le Premier ministre avait été désigné par le militaire ; que c’était un pouvoir illégitime et illégal. On a même repris illégal et illégitime sans littorale à Bambara. Si un Français répète ça, c’est une analyse politique, ce n’est pas une insulte. Le ministre malien a dit dans son communiqué des propos outrageux, pour moi ce n’est pas le cas.

Deuxièmement, il a dit : vous avez pris des mesures irresponsables, c’est le renvoi des troupes danoises. C’est un jugement politique. Demain si la France avait réagi en renvoyant notre ambassadeur ou comme l’extrême droite française est en train de le demander à l’unanimité : renvoyer les Maliens, fermer l’ambassade du Mali, arrêter les flux monétaires vers le Mali, j’aurais dit que c’était des mesures irresponsables. En tant que Malien, je me serais permis de le dire sans insulter personne. Maintenant, si notre ministre a estimé que c’était une insulte, c’est les Maliens qui ont commencé ces injures.

Abdrahamane Baba Kouyaté

Bruxelles : DES “GARANTIES” DEMANDÉES POUR ASSURER L’EFFICACITÉ DES MISSIONS D’APPUI AUX FORCES DE DEFENSE ET DE SÉCURITÉ MALIENNES • VERS DES SANCTIONS INDIVIDUELLES POUR CEUX QUI “ENTRAVENT LA TRANSITION”

Le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, M. Abdoulaye DIOP était dans la capitale belge, hier mercredi 26 janvier 2022, pour prendre part à la septième réunion ministérielle du G5 Sahel et de l’Union Européenne (UE). Si cette réunion a été ajournée pour raison de désaccord entre les pays du G5 Sahel, le Haut Représentant de l’Union Européenne, M. Josep Borrell a décidé de rencontrer individuellement tous les ministres présents à Bruxelles. Avec le ministre Abdoulaye DIOP, Il a été question de la gestion de la Transition mais aussi des questions sécuritaires.

Le chef de la diplomatie a eu une journée chargée, hier mercredi 26 janvier 2022 qui s’est traduite par des échanges avec les autorités belges ainsi que celles de l’Union Européenne (UE). L’objectif de ce voyage était de participer à la septième réunion conjointe entre les ministres des pays du G5 Sahel composés de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad.

Aussi, pour des raisons de désaccord entre ces pays autour de cette réunion, le Général Mahamat Idriss Deby Itno du Tchad qui assure le président en exercice du G5 a demandé d’ajourner la réunion. Toute chose à laquelle, le Haut Représentant de l’Union Européenne n’a pas eu d’objection et Josep Borrell a tenu à échanger individuellement avec les ministres présents hormis celui du Burkina Faso dont le pays venait de connaître un coup d’État.

«Cette série de rencontres m’a permis de faire le point sur la situation très préoccupante au Sahel et notamment sur les derniers évènements au Burkina Faso et au Mali. Et sur l’extension de la menace vers les pays voisins. À chacun (…)

 

MAHAMANE TOURE