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RETRAIT DU MALI DE LA CEDEAO, ABANDON DU FCFA … Le Premier ministre lâche en plein vol ses activistes

La séance de questions d’actualité initiée par le Conseil national de transition (CNT) aura été un exercice que certains laudateurs ne sont pas près d’oublier de sitôt. Car, elle a été une occasion pour briser l’espoir  des gens qui s’étaient donné comme métier l’organisation des marches et des meetings.  Car, le Premier ministre, n’étant dans ses beaux jours, a déclaré que leur fonds de commerce n’était plus consommable.

Avec l’avènement de la transition, on assiste à une floraison d’activistes.  Aujourd’hui, il suffit de se transformer en laudateur des princes du jour pour avoir une certaine audience et des privilèges. Le terreau  pour la plupart d’entre eux est d’organiser des marches et meetings pour réclamer le retrait du Mali de la Cedeao, l’abandon du FCFA à travers la création d’une monnaie nationale et le départ de la Minusma au même titre que les forces européennes : Barkhane et Takuba.

En réponse à la question  sur le retrait du Mali de la Cedeao, du FCFA, la création d’une monnaie nationale et le retrait de la Minusma, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été on ne peut plus clair : « Notre gouvernement,   jusqu’à preuve de contraire, n’a pas inscrit dans son agenda  la sortie de la Cedeao. A la date d’aujourd’hui, ce n’est pas dans l’agenda du gouvernement.  Nos relations avec la Cedeao sont très difficiles. C’est de l’arbitraire. C’est pourquoi nous parlons de mesures illégales, illégitimes, injustes et inhumaines ». Une déclaration qui fait froid dans le dos des laudateurs qui ont élu domicile sur la Place de l’Indépendance pour revendiquer le retrait du Mali de la Cedeao

S’agissant de la création d’une monnaie nationale, le Premier ministre prend encontre-pied ses soutiens qui passent le clair de leur temps dans les manifestations pour la création d’une monnaie nationale visant à mettre fin à l’usage du FCFA dans notre pays.  « La question de la création de notre monnaie. Je pense qu’il y a des étapes dans la construction de l’Etat où il faut aborder  avec beaucoup de discernement. Nous avions déjà créé une monnaie, il faut tirer les conséquences de sortie de cette monnaie. Nous avions créé  la monnaie en 1962 ; on a signé des accords franco- maliens en février  1967 pour dire qu’on retourne au CFA dans 5 ans, c’est-à-dire en 1972.  Si on décide de créer notre monnaie, je pense qu’on ne doit pas le faire dans la situation de tension actuelle. On crée un état solide et s’il est posé, on vous avisera », argumentera l’orateur.

Au sujet de la Minusma qu’une partie de son entourage conteste, à ce niveau aussi, il n’a pas rassuré ses soutiens. Car, expliquera-t-il, le mandat de la Minusma sera renouvelé. « Il n’y aura pas de changement notable  à ce niveau », a indiqué Choguel K Maïga.

Oumar KONATE

RETRAIT DE LA MISSION MILITAIRE EUROPEENNE AU MALI : Un vide qu’il va falloir combler

L’embellie militaire constatée depuis un certain temps se heurtera, tôt ou tard, au retrait quasi accompli de partenaires stratégiques du Mali dans sa guerre contre le terrorisme. Outre le retrait de Barkhane voulu haut et fort par la masse populaire et « imposé » par la junte, celui des missions européennes que sont l’EUTM et EUCAP Sahel Mali pour la police, s’annoncent pour l’heure problématique. Le pays paye ainsi déjà les frais d’une radicalité certaine dans sa diplomatie militaire qui pourrait l’impacter durablement.

La présence des troupes de Wagner aura marqué un point de rupture dans les relations entre l’armée malienne et la mission européenne au Mali. Les européens jugent désormais que leur mandat au Mali est incompatible avec toute présence de mercenaires sur le sol malien. Une présence qui tendrait fortement à violer le droit international humanitaire, module dispensé aux soldats malien par l’EUTM, mais aussi, qui contredirait l’idée selon laquelle l’armée malienne tend à être souveraine.

Le risque avec la configuration qui se dessine est que le Mali perde peu à peu les acquis fondamentaux engrangés du côté de la mission européenne au profit d’un choix stratégique qui certes, aura emporté l’adhésion du Malien lambda, mais qui n’aurait pas été murement réfléchi. Car, en prenant résolument le choix de la puissance militaire rivale de l’Occident, le Mali s’est enfoncé un peu plus dans les méandres de l’échiquier international. Il est devenu un autre champs d’influence sur lequel les puissances du monde viennent bander leurs muscles.

Le risque est d’autant sérieux que la mission européenne aura été un allié de poids pour le Mali dans la lutte contre le terrorisme. Elle aura formé plus de 15000 soldats maliens depuis son déploiement. Ce qui correspondrait à une grande partie des effectifs de l’armée. Un autre fait qu’il faudra prendre en compte, c’est le départ quasi acté des soldats allemands, autre alliés de poids sur le plan militaire pour le Mali dont 300 sont déployés au sein de l’EUTM et 1100 au sein de la MINUSMA.

L’allié russe du moment peut très difficilement combler le vide militaire laissé. Elle qui est embourbée dans sa guerre contre l’Ukraine, ne s’investira pas davantage sur le terrain malien. Le Mali aura donc tout intérêt à prévoir un scénario de « stagnation » dans lequel cas, l’allié principal aura atteint ses limites en matière de partenariat militaire.

In fine, à noter que le Mali aura violé la convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires dont elle est membre depuis le 12 avril 2002. Le Mali y a adhéré et surtout, n’a émis aucune réserve. Il est donc à prévoir pour les prochaines autorités maliennes de rectifier le tir sur le plan militaire et diplomatique, mais aussi, sur le plan juridique.

Ahmed M. Thiam

Retrait des forces étrangères au Mali : Paris découvre son front à Bamako

La rupture est définitive entre Bamako et Paris. Après l’escalade verbale entre les deux partenaires depuis un certain temps, le mercure a grimpé d’un cran avec la décision  de  retrait des troupes françaises présentes au Mali. Un nouveau cap est franchi et la France joue son va-tout au Sahel.

 Les nerfs d’Emmanuel Macron sont mis à rude épreuve par les autorités de la Transition malienne. Paris semble être dépassé par la proactivité de Bamako à lui répondre au coup pour coup. Comme pour dire à la France que le paternalisme et l’ingérence dans les affaires d’un pays souverain appartiennent à une autre époque. Bamako va jusqu’à renvoyer l’ambassadeur de la France pour des propos jugés « peux diplomatiques », tenus par des officiels français à l’encontre des autorités maliennes. Si les agissements de Paris ressemblent beaucoup à de l’intimidation et du chantage, comme elle en avait l’habitude avec les anciens régimes, c’est sans compter avec la ténacité et la détermination des nouvelles autorités de Bamako. La France, visiblement, est surprise par ce comportement qui donne des idées à plusieurs pays sahéliens. Assimi Goïta passe aux yeux de plusieurs observateurs comme le modèle à suivre et « l’assassin » de la politique française en Afrique. Dans sa stratégie de contrer cette vague de montée du sentiment antifrançais, Paris commet des erreurs et tombe dans la vindicte. Elle mélange les torchons et les serviettes. Sa pression sur les organisations de la sous-région d’asphyxier Bamako en l’isolant et en l’affamant a produit l’effet contraire. Face à cette pression inouïe, Bamako a réveillé la fibre patriotique de son peuple qui fait montre d’une résilience extraordinaire, en tout cas jusqu’à ce jour.

Au sein de l’opinion française, ils sont nombreux les hommes politiques français qui sont d’accord avec Bamako et trouvent que Macron a franchi le Rubicon. Eric Zemmour et Marine Le Pen sont de cet avis. Le premier va jusqu’à rappeler à Macron que le paternalisme français qu’il veut imposer au Mali est dépassé. Et de lui conseiller de respecter l’intelligence africaine parce que les époques ont changé et la France doit s’y faire l’idée de changer de paradigme.

Déjà, la question de perte de l’influence française dans le Sahel s’invite dans la campagne présidentielle française en cours. Macron, affaibli et déboussolé par la résistance de Bamako, va devoir expliquer devant les Français comment il a perdu l’emprise sur le Sahel. En tout cas, il va devoir se justifier s’il veut avoir un second mandat.

En attendant que d’autres pays emboitent le pas à Bamako, la France souffle le chaud et le froid et perd progressivement toute crédibilité aux yeux des peuples africains. Est-ce le début de la fin du néocolonialisme français en Afrique ? Rien n’est moins sûr. Pour l’heure, Bamako tient le bon bout.

Dieu veille !

Harber MAIGA 

DEMANDE DE RETRAIT DES TROUPES DANOISES AU MALI : Est-ce une déclaration de guerre par procuration à la France ?

La France, après avoir essuyé le tir du gouvernement de la transition qui n’a pas hésité à expulser les troupes danoises, s’est concertée avec ses partenaires européens membre du groupement de forces spéciales Takuba au Mali, pour adopter une position commune vis-à-vis des autorités de Bamako. L’une des réponses à cette humiliation infligée à la France et à ses alliés européens a été la sanction de cinq personnalités du régime, notamment le PM Choguel, le Président du CNT le Colonel Diaw, le Ministre de la réconciliation Wagué, le virevoltant Ben le Cerveau et le Ministre des réformes Ikassa Maïga.

Comme une réponse du berger à la bergère l’Union Européenne a répondu à ce qu’elle a qualifié de provocation de plus et de trop de la part de la junte au pouvoir au Mali, en faisant sienne les sanctions individuelles de la CEDEAO à l’encontre des personnalités maliennes. Elle vient d’adopter des nouvelles sanctions contre cinq personnalités en les considérant comme étant des obstacles à la paix. Comme pour dire que la junte au pouvoir, est en plein bras de fer avec Paris. Pour rappel elle  a exigé le départ des soldats danois dès leur arrivés pour nopn autorisation de fouler le sol malien. Les autorités de la transition ont demandé au Danemark de retirer lundi le 24 janvier “immédiatement” le contingent d’hommes qui avait été déployé au Mali pour participer à Takuba, une task force spéciale de plusieurs pays de l’union Européenne initiée par la France et destinée à accompagner les soldats maliens au combat face aux djihadistes.

Cette action de la junte malienne mettra-t-il fin à la présence de Takuba au nord du Mali ?

Le gouvernement de la transition malienne justifie son action par le non-respect des clauses des accords existant entre le Mali et la France et ses alliés. Donc ce déploiement est intervenu sans son consentement. La junte multiplie les pressions sur paris, qui résiste et multiplie ses réactions. En effet, le mardi 25 janvier, la ministre française des Armées, Florence Parly, s’est insurgé contre l’expulsion des forces danoises  en affirmant sa solidarité avec ses partenaires danois, dont le déploiement a été fait sur une base juridique légale, contrairement à ce qu’affirmait la junte malienne. « Nous sommes présents via une invitation claire du gouvernement de transition malien (…) avec nos alliés européens, la France notamment », a de son côté fait valoir le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod, durant un déplacement à Bruxelles. Le Mali affirme de son côté qu’il n’a pas été informé de l’arrivée des troupes danoise. Le ministre Français des armées et le ministre des affaires étrangères du Danemark  disent avoir reçu une invitation de la part des autorités maliennes.

Ces connotations entre les deux chefs de la diplomatie, ne vont –elles pas aggraver le différend existant déjà entre le Mali et la France ?

En effet, après des restrictions posées dans l’espace aérien malien et la remise en cause des accords de défense qui lient Bamako à Paris, cette demande de retrait du contingent danois constitue une nouvelle difficulté à l’action militaire française et européenne au Mali obligeant  la France à s’interroger sur le chemin  à suivre avec les autorités maliennes depuis plusieurs mois, qui sont accusées d’avoir ouvert les portes du pays aux mercenaires russes de la société privée Wagner. Dans les pays du Sahel où est étalée la force anti-djihadiste Barkhane, le Tchad et le Mali sont désormais dirigés par des militaires. Le coup d’Etat du lundi 24 janvier passé au Burkina Faso complique aussi la tâche à Paris.

Takuba, aujourd’hui forte, de plus de 500 militaires, risque de disparaître, alors que l’objectif de neuf ans d’intervention inscrit dans le plan d’action est loin d’être satisfaisant.

Ainsi, l’existence de Takuba, qui a été lancée en mars 2020 par la France pour partager le fardeau du Mali avec ses partenaires européens, se trouve aujourd’hui menacé, même si, le gouvernement de la transition du Mali multiplie les messages d’hostilité à l’égard de Paris et de ses partenaires.

 

Assitan DIAKITE