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Ministère de la Refondation de l’Etat : Les agents outillés en technique de communication institutionnelle
Le Projet d’Appui à la Gouvernance Economique et à la Promotion du Genre (PAGE-PG), a tenu la semaine dernière au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), une série de formation à l’intention des cadres supérieurs du ministère de la refondation de l’Etat sur la technique de communication institutionnelle. Cette rencontre qui se déroulera sur trois jours du mercredi 27 au vendredi 29 juillet 2022, était présidée par le secrétaire général du département Abraham Bengaly, c’étai en présence du coordinateur du projet PAGE-PG Sory Bamba.
Il faut d’abord préciser que dans un monde professionnel en constante évolution, il est nécessaire pour l’administration publique de permettre à ses agent de s’épanouir et de valoriser leurs acquis. C’est le ministère de la refondation de l’Etat par le biais du projet PAGE-PG a initié cet atelier de formation financée par la Banque Africaine de Développement(BAD). L’objectif de cette formation est de renforcer les capacités des agents du département en matière de communication institutionnelle en temps de crise.
Le secrétaire général du département a indiqué qu’aujourd’hui, il est plus que nécessaire, d’initier les agents de l’administration en techniques de communication institutionnelle surtout au regard du contexte de crise multiforme que traverse notre pays, depuis 2012 et exacerbée par des fausses informations, rumeurs, commentaires et même déclaration tous azimuts. Cette session de formation, a-t-il ajouté est d’autant plus opportune qu’elle apporte réponse aux défis liés à la bonne et saine communication sur le chantier de la refondation ainsi que les missions, les activités et les réalisations du ministère de la refondation de l’Etat. Il a saisi l’occasion pour annoncé que, le conseil des ministres a adopté récemment le cadre stratégique de la refondation de l’Etat et son plan d’action pour la période 2022-2026 dont la mise en œuvre sera soutenue par une stratégie de communication mieux adaptée au cadre institutionnel et à l’environnement sociopolitique. Abraham Bengaly a aussi souligné qu’au regard de l’importance de la thématique et du besoin réel d’être mieux outillés pour faire face aux défis en matière de communication, il exhorte les participants à suivre avec le plus grand intérêt les modules qui leurs seront dispensés par les experts.
Alou B. DOUMBIA
REFONDATION DE L’ÉTAT POUR UNE GOUVERNANCE VERTUEUSE : Le schéma du multipartisme intégral remis en cause ?
Le Mali a célébré samedi dernier (26 Mars 2022) le 31e anniversaire de la lutte héroïque du peuple pour l’avènement de la démocratie. Un système politique qui consacre le multipartisme intégral dans notre pays. Si cela est un acquis politique, il est clair que la classe politique est loin d’avoir réussi à combler l’attente des Maliens. Bien au contraire, l’espoir a été vite chassé par le dépit de la chose politique. Ce qui fait que, à l’heure de la refondation, une analyse profonde s’impose afin de redonner à cette activité toute sa vigueur, toute son efficacité à prendre en charge les vraies préoccupations des citoyens.
Faire la politique, c’est créer les conditions de la satisfaction des préoccupations des populations ! C’est ce que pensait en substance le regretté Amadou Toumani Touré dit «ATT», le «Soldat de la démocratie» dont le 31e anniversaire a été célébré samedi dernier, 26 mars 2022. Une célébration qui n’a pas manqué de relancer le débat sur le vrai apport de la classe politique à cette démocratie.
Le multipartisme intégral est sans doute un atout de l’avènement de ce système politique dans notre pays. En effet, c’est la révolution de mars 1991 qui a favorisé l’essor des partis politiques. La 3e République a créé un environnement politique et économique favorable à leur émergence et ils sont reconnus au Mali comme «des organisations de citoyens réunis par une communauté d’idées et de sentiments, prenant la forme d’un projet de société, pour la réalisation duquel ils participent à la vie politique par des voies démocratiques».
Mais, force est de reconnaître que le divorce est consommé depuis longtemps entre le peuple et sa classe politique qui a rarement réussi à se hisser à hauteur de souhaits. Dans la pratique, elle s’est révélée comme le talon d’Achille d’une démocratie longtemps citée en référence sur le continent avant de s’effondrer lamentablement comme un château de cartes. Et cela parce que les fondements de l’édifice ont été rongés de l’intérieur par des mauvaises pratiques comme le clientélisme politique, la népotisme, l’injustice, la délinquance financière, la corruption… Les chroniqueurs politiques prouvent ce désamour grandissant entre les Maliens et la politique par deux constats : les putsches militaires applaudis et le taux de participation au processus électoral !
Au Mali, la dernière décennie a été marquée par trois coups d’État. Des coups de force suivis de transitions censées remettre sur les rails une démocratie jadis citée en exemple. Il est aussi clair que les élections ne mobilisent que très peu de citoyens dans notre pays. Indicateur clé de la vitalité d’une démocratie, il est en constante baisse passant de plus de 65 % en 2002 à moins 35 % en 2018. Ainsi, ont indiqué des observateurs, sur les 8 millions d’électeurs inscrits sur les listes, seuls 2,6 millions se sont déplacés aux urnes lors du premier tour des dernières présidentielles.
Pis, dans un pays de plus de 20 millions d’habitants, le dernier chef de l’État a été élu avec moins de 1,8 millions de suffrages. Et chaque fois, les rapports des missions d’observation mettent en avant des problèmes logistiques dans la distribution des cartes d’électeur, des difficultés d’identification des bureaux de vote et un niveau élevé de migration interne. Mais, l’une des principales raisons est ce malaise qui s’est installé à cause de l’incapacité des régimes élus de combler les attentes nationales.
Se défaire de ses tares pour se réconcilier avec les citoyens
Manque de conviction (nourrir et se battre pour les idées politiques auxquelles on croit fermement et auxquelles on s’identifie), absence de vision politique… sont les tares congénitales de nos chapelles politiques. La conviction et la vision étant l’essence de la politique, vouloir les écarter de son champ ne peut que conduire à la faillite démocratique, au rejet d’un système qui «accouche d’élus sans assise électorale et pose les jalons d’une gouvernance instable où la moindre crise sérieuse peut avoir raison des gouvernants». Ce qui fait d’ailleurs que le manque de représentativité et de légitimé des dirigeants constitue l’une des raisons de la récurrence des coups d’État dans notre pays voire en Afrique.
Aujourd’hui, il est urgent de repenser la politique au Mali. Et en la matière toutes les pistes sont importantes et cela d’autant plus que de vrais changements peuvent partir «d’une petite réflexion, qui peut même paraître farfelue». Faut-il rester dans ce schéma de multipartisme intégral ? Faut-il revoir les conditions de création d’un parti politique ? L’Etat doit-il continuer à verser de l’argent du contribuable à des formations qui n’assument pas pleinement leur rôle dans une démocratie ?
Le débat est ouvert et chacun peut l’enrichir à partir du moment où nous acceptons que la manière avec laquelle la politique est exercée de nos jours ne satisfait personne. A part ceux qui en ont fait un fonds de commerce ou un ascenseur social et économique. «Le consensus du 1er mandat d’ATT a été très fructueux politiquement et économique pour le Mali. La réflexion qui parviendra à l’ériger en système de gestion publique, en lui ôtant tout esprit de partage de gâteau, inventera certainement le système politique malien», pense un jeune leader politique malien très apprécié sur les réseaux pour ses analyses pondérées, pertinentes et non partisanes.
Autrement, il indique une piste à explorer pour sauver le pays avec sa classe politique. Et la vraie solution sera celle qui va nous éloigner du mimétisme, donc inspirée par nos réalités socioculturelles.
Moussa Bolly
AMINATA KONATE-BOUNE, FEMME LEADER : «La refondation de toute société commence par une remise à plat des mentalités et des pratiques»
Nous sommes à la fin de Mars, mois dédié aux femmes dans notre pays. Ainsi prennent fin trente-un jours d’activisme en faveur de celles qui constituent aujourd’hui plus de la moitié de la population malienne. Pour Mme Aminata Konaté-Boune, cadre de l’Education nationale française/personne ressource de la Diaspora malienne de France, c’est une bonne opportunité de nous livrer le résultat de sa profonde réflexion sur la complémentarité homme/femme dans la refondation.
Comment leur dire ! Comment leur dire que patriotisme ne rime pas avec genre et que c’est l’affaire de tous : hommes et femmes confondus ? Comment leur dire que la refondation nous incombe tous et chacun à notre niveau ? Comment leur dire que s’il est communément admis que la Femme est une sentinelle de paix et de développement, sa participation active à la refondation du Mali ne devrait pas se poser ?
Mais comme nous en sommes encore à nous demander, dans quelle mesure ce pilier de toute société que représente la femme, peut ou doit y contribuer, voici en quelques lignes ma vision. Tout le monde veut que ça change, mais personne ne veut changer. Il sera difficile d’évoluer dans ce sens. Et si, nous Femmes, nous commencions par nous indigner de ce qui ne va pas et ce sur quoi nous avons une prise directe, en étant le changement souhaité…
J’en reviens donc inéluctablement au fer de lance constitutif de toute société, marchant sur ses deux jambes : l’éducation, parce que nous demeurons, quoiqu’on en pense, les gardiennes des valeurs universelles qui fondent le vivre ensemble nécessaire à l’évolution humaine. Je propose un changement de paradigme vers une société trans-moderne où les visions, les compétences et les intuitions féminines seraient prises en compte dans une communion des genres, où l’éducation transmise servirait à lutter contre les pratiques corruptives et discriminatoires qui ont gangrené notre société et encore notre époque.
Le temps n’est plus à la réparation, mais bien à la refondation. La refondation de toute société commence par une refondation humaine. Une remise à plat des mentalités et des pratiques s’impose à nous parce que le changement souhaité ne se décrète pas. Il se réfléchit, s’anticipe, se prépare. Il nécessite une adhésion pleine et entière avec une pleine prise de conscience des changements quotidiens que cela suscite. Un proverbe soninké nous rappelle «que c’est de la terre molle que jaillissent les plus belles poteries». En d’autres termes, miser sur l’éducation de nos enfants dès leur plus jeune âge constitue le gage d’une meilleure société fondée sur la préservation du bien commun, dans une logique de sérieux, de probité et de pragmatisme.
Mais attention, le compromis demandé ne saurait être une compromission. En effet, il s’agit bien là, pour nous, d’apporter une contribution à la gouvernance compétente dans cette transformation voulue et attendue du Mali et plus généralement du monde, car les choix que nous faisons actuellement seront déterminants et conditionneront nos existences. S’il était encore besoin de rappeler certains exemples de réussite lorsque la femme est pleinement associée à la gestion d’un pays, je ne citerai ici que le Rwanda, dont le parlement est constitué à 60 % de femmes et dont la croissance économique ne cesse d’augmenter depuis cette implication féminine exemplaire aux affaires du pays.
Je conclurai donc mon propos par ce proverbe brésilien qui dit que «l’homme ressemble à tout le monde et que la femme ne ressemble à personne». Apportons donc cette singularité qui est nôtre au service d’un objectif commun, car en définitif on ne perd que les batailles que l’on ne mène pas !
Aminata Konaté-Boune
Cadre de l’Education nationale française
Personne ressource de la Diaspora malienne de France
Chevalier de l’Ordre National du Mali
L’ŒIL DE LE MATIN : Fixer un cap pour la refondation et se remettre au travail sans attendre
Malgré que la cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaines (UEMOA) ait suspendu la veille les sanctions économiques prises contre le Mali le 9 janvier 2022, les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont décidé de les maintenir à l’issus de la parodie de sommet organisé le vendredi 25 mars à Accra au Ghana. Les prétextes évoqués sont, entre autres, l’absence de consensus sur le chronogramme de la transition et surtout le fait que le Colonel Assimi Goïta ait décliné leur invitation.
En effet, selon le communiqué final qui a sanctionné la rencontre, la Cédéao a regretté «la non disponibilité du président Assimi Goïta pour honorer physiquement l’invitation qui lui a été faite de participer au sommet afin de rechercher une solution à la situation actuelle». C’est essentiellement pourquoi les sanctions ont été maintenues contre notre pays. Et pourtant le président de la Transition leur a assuré non seulement sa disponibilité à intervenir par visioconférence, il avait décidé d’envoyer dans la capitale Ghanéenne une délégation de haut niveau conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Celle-ci a été, à la dernière minute, empêchée d’y participer sous prétexte que le format (huis clos) était réservé aux seuls chefs d’Etat. Et pourtant, à part le Ghana, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Niger et le Sénégal, tous les autres pays étaient représentés soit par des vice-présidents, des ministres, des conseillers spéciaux… Le Libéria et la Sierra Leone ont été même représentés par leurs ambassadeurs.
Ce qui est une autre preuve de leur mauvaise foi. Le huit clos ne peut pas tout expliquer. Ce qui donne, une fois de plus, raison à ceux qui pensent que nous sommes en train d’accorder trop d’importance à la Cédéao qui a visiblement d’autres agendas que le retour à l’ordre constitutionnel dans notre pays.
Et puisque nous savons aujourd’hui que cette organisation sous-régionale est manipulée par la France (avec Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Mohamed Bazoum du Niger et Nana Akufo-Addo du Ghana à la manœuvre) et que les sanctions qui nous sont imposées sont illégales, entendons sur les 24 mois et mettons-nous à la tâche ! Comme l’a conseillé un jeune leader politique, il est temps que «nos autorités rassemblent les Maliens sur les 24 mois et engagent le processus de reprise en main de notre pays. La Cédéao se conformera si nous sommes unis sur des objectifs réels et limpides». Il faut faire valider ce délai et notifier cette décision à l’ensemble de nos partenaires comme acte souverain du peuple malien. Ceux qui veulent nous aider sont les bienvenus. Et tant pis pour ceux qui croient aimer plus le Mali que les Maliens.
Le président Assimi Goïta doit convoquer l’ensemble des forces vives de la Nation pour leur notifier ce délai avec un agenda concret, avec un Plan de mise en œuvre et d’évaluation. Et même s’il faut pour cela mettre en place un comité de veille ou un comité de sages pour veiller scrupuleusement à la transparence du processus qui doit conduire aux différentes réformes envisagées pendant ces deux ans.
Nous avons perdu 18 mois à se chamailler et à ne rien faire ! Il est temps de se remettre au travail sur le chantier du Mali Kura. L’urgence c’est vraiment de retrousser nos manches et nous remettre au travail pour les 24 mois avec la ferme ambition de prouver que ce n’est pas un agenda fantaisiste ou de la mégalomanie, mais une impérieuse nécessité pour éviter tout retour à la case-départ. La priorité doit être maintenant accordée aux actions réelles de développement du pays.
Moussa Bolly
ATTRIBUTION DES LOGEMENTS SOCIAUX PAR LE GOUVERNEMENT DE LA REFONDATION : La première grosse bourde de la Transition malienne
Le Mali Koura est-il en train de devenir un leurre ou un slogan creux ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres après l’attribution frauduleuse et népotique des logements dit sociaux. Jamais une attribution n’a suscité autant d’émois et de révolte que celle faite sous l’ère du Mali Koura, au point qu’on s’interroge aujourd’hui si le combat pour la refondation du Mali n’est pas seulement un slogan politique. Le Président de la Transition, premier responsable devant le peuple malien et devant l’histoire a su agir en annulant la procédure d’attribution et en dissolvant la fameuse commission chargée de recueillir les dossiers et d’octroyer les logements, conformément aux critères préétablis pour la circonstance, aux maliens de l’intérieur et de la diaspora. Cet acte du Président Assimi Goïta a été certes salué, mais il a laissé beaucoup de maliens sur leur faim, car il devrait être suivi de sanctions contre les auteurs et les commanditaires. Les enquêtes ouvertes vont-elles permettre de situer les responsabilités et par conséquent de sévir ? Cette grosse bourde ne va-t-elle pas entamer la crédibilité de la transition et donner des ailes à ses opposants ?
Sous d’autres cieux, les premières sanctions devraient tomber dès que l’on a constaté la véracité des faits. Autrement dit dès que le Président de la Transition s’est rendu compte que l’attribution des logements sociaux n’a pas été faite dans les règles de l’art, au nom du Mali Koura, les premiers responsables devraient être limogés et traduits, séance tenante, devant la justice. Au lieu de cela, on se contente tout simplement de la dissolution de la commission d’attribution et de l’annulation de la liste des bénéficiaires. Les membres de la commission d’attribution et certains bénéficiaires ne sont que des agneaux sacrificiels, les véritables coupables se promènent tranquillement comme si de rien n’était.
En revenant aux faits, il est inadmissible que ceux qui ont combattu IBK pour des pratiques aux antipodes de la morale et de l’orthodoxie, puissent être les premiers à faire du IBK sans IBK. Les membres du M5 RFP, le Mouvement de contestation qui est arrivé à bout du régime IBK, donne tout sauf une leçon d’exemplarité et de bonne gouvernance. Ceux parmi ses membres qui ont leurs noms sur la liste et qui occupent des postes de responsabilité ou bien qui sont à l’abris du besoin, ont simplement trahi l’esprit du combat. Des membres du cabinet du premier ministre, à ceux des cabinets ministériels en passant par des cadres du M5 RFP le mouvement à tout simplement trahi son serment celui qu’il a prêté devant le peuple ) la place de l’indépendance. Ce qui est encore aberrant c’est le fait pour certains d’avoir leurs noms sur la liste des maliens de la diaspora. Cet acte constitue en soi une fraude, un faux et usage de faux et une corruption. Que dire des enfants du premier ministre et ceux des grands barons du M5 RFP et du gouvernement ? C’est tout simplement un très mauvais message qu’on envoie aux maliens. Est-ce cela le Mali Koura tant chanté, tant vanté ? Cette bourde n’est-elle pas annonciatrice d’un lendemain compromettant pour la transition ? Le ¨Président Assimi Goita va-t-il finalement se décider à nettoyer les écuries d’Augias ? Il revient au Président Assimi, si tant est qu’il n’a pas d’autres agendas que celui du Mali, de rectifier le tir en ne se limitant pas seulement à des petites actions tape- à l’œil, mais en sévissant véritablement contre les responsables et leurs commanditaires. Pour rappel le Président Rwandais, Paul Kagamé a limogé un de ses ministres en plein Conseil des Ministres pour n’avoir pas justifié l’utilisation qu’il a faite d’un petit montant que même un planton pourrait payer. La question que l’on se pose est celle de savoir si l’éléphant du Mali Koura annoncé, en grands renforts médiatiques et discursifs, ne va pas arriver avec ses deux pieds cassés.
En somme, la balle est dans le camp du Président de la transition Assimi Goïta, lui qui a prêté serment devant Dieu et le peuple malien de respecter et de faire respecter la loi. Le Colonel qui est rentré par la grande porte de l’histoire va-t-il décevoir comme certains de ses prédécesseurs ?
Youssouf Sissoko
ASSISES NATIONALES DE LA REFONDATION : Mission accomplie pour les organisateurs !
Oumar MC Koné, chef de la Mare : « La refondation de l’Etat est basée prioritairement sur la sécurité »
Dans une interview accordée à Azalaï Express, le patron de la Mission d’appui à la refondation de l’Etat (Mare), Oumar MC Koné, est revenu sur les grands axes de la refondation que le Mali s’apprête à amorcer avant le retour à l’ordre constitutionnel. Lors de cet échange, il met l’accent sur l’aspect sécuritaire.
Azalaï Express : Quels sont les rapports de la Mare avec le ministère en charge de la Refondation de l’Etat ?
La Mission d’appui à la refondation de l’Etat (Mare) est un instrument institutionnel placé auprès du ministre de la Refondation. Nous sommes spécifiquement chargés d’élaborer tous les avant-projets touchant le fonctionnement des institutions. La Mare est le bras institutionnel du ministre de la Refondation. En plus de cette mission, nous devrions réfléchir, proposer et élaborer des études sur tous les secteurs consolidant la refondation de l’Etat. La troisième tâche est spécifique que le ministre nous demanderait de faire.
Qu’est-ce que la refondation de l’Etat ?
Actuellement, il y a eu une appropriation nationale du terme de la refondation. Mais dans certains cas, des gens nous interpellent toujours. Mais au fait, qu’est-ce qu’il y a dans la refondation ? La refondation est basée sur un axe de rupture avec la mauvaise gouvernance qui se manifeste le plus souvent par la corruption, le clientélisme, le népotisme, etc. qui ont gangrené notre administration. C’est la rupture avec les mauvaises habitudes et ensuite, trouver des nouveaux équilibres à travers les réformes politiques et institutionnelles. Et aussi en travaillant sur le comportement du citoyen malien. Il faudrait que le comportement du citoyen malien change pour quitter le champ de l’incivisme et prendre les préoccupations nationales en main. Et aussi, cette refondation va se faire à travers des pratiques endogènes. C’est-à-dire des valeurs qui ont bien marché chez nous en Afrique, mais que nous avons laissées tomber, sans justification. Et c’est des bonnes valeurs qu’il faudrait ramener dans nos textes, puisque nous avons cette culture. Exemple : au niveau de la sécurité, quand vous allez dans nos villages, vous ne verrez aucune institution de sécurité de l’Etat. Et pourtant, ça fonctionne bien. Quand vous venez, on vous dit d’aller saluer le chef du village qui vous demande votre nom, votre origine, l’objet de la visite et la durée de votre séjour. Il est en train de faire presque une enquête policière. C’est cette notion qui ressort dans les recommandations des ANR (Assises nationales de la refondation) de mettre en place un « Haut conseil des autorités traditionnelles religieuses et coutumières ». Donc, c’est une réappropriation d’une de nos valeurs endogènes. Le cousinage à plaisanterie « le Sinankouya » en est aussi un exemple. La refondation est une reprise de la fondation. Si on ne le fait pas, la maison va s’écrouler. Ça commence dès maintenant et va se quantifier au bout d’une génération.
Quels sont les grands axes de cette refondation ?
C’est un long parcours. Ça commence dès maintenant et finira dans 25 à 30 ans. Les grands axes, prioritairement, c’est basé sur la sécurité. Parce qu’un pays sans sécurité ne peut rien faire. C’est de consolider notre outil de sécurité. Remettre notre « armée nationale » pour dire que rien ne va se décider à l’extérieur. Ce sont les Maliens qui vont dire : ‘’Nous avons besoin de tel type d’armement pour notre armée pour améliorer son fonctionnement’’. Le deuxième axe, c’est bien entendu les réformes politiques et institutionnelles. Parce que notre constitution, certains ne veulent pas qu’on en parle, mais a atteint ses limites. Par exemple, avec le mouvement populaire du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) qui a demandé de déchoir l’ancien président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Il faudrait, dans la nouvelle constitution, qu’il y ait un mécanisme pour déchoir un président de la République qui ne fait pas son travail. Que le président de la République prête serment sur sa croyance religieuse. Le musulman sur le « Coran », le chrétien sur la « Bible », etc. Aussi, enlever certaines fortes dispositions dans ses prérogatives, notamment la sélection des membres de la Cour constitutionnelle. Mettre une barrière franche entre l’Assemblée nationale et l’Exécutif. Par ce qu’on dit que la République est basée sur ces trois pieds, soit l’Exécutif, le Parlement et le Judiciaire. Que la justice soit juste et transparente. Que le Malien lambda se sente protégé par sa justice. Ensuite, une gouvernance vertueuse. Cela se traduirait dans la stabilité sociale. Dans cette stabilité sociale, il faut revoir les salaires. Cela va aussi jouer sur les conflits sociaux, notamment les grèves. Il faut respecter les droits de chacun. Il faut harmoniser les salaires et donner un bon salaire, surtout aux Maliens. Revaloriser par exemple les corps comme l’enseignement. Parce que l’enseignement est fondamental dans le fonctionnement et le développement d’un pays. Donner une bonne formation aux enseignants afin qu’ils puissent donner une bonne formation aux élèves et étudiants. On a initié dans le projet de loi électorale qui va se faire sur appel d’offres. Faire un appel d’offres pour les grands postes de l’Etat. Le dernier axe qui correspond plus ou moins au PAG (Programme d’action gouvernemental), c’est quand on a une stabilité de faire les bonnes élections. Et d’ailleurs, l’installation de l’AIG (Autorité indépendante de gestion des élections au Mali) est sur ce plan. Et l’AIG sera décentralisée. La direction nationale à Bamako, avec ses grandes directions. Mais dans chaque région, cercle, commune et dans les zones de résidence des Maliens établis à l’extérieur. Ce sont les axes forts de la refondation qui touchent tous les secteurs, notamment l’agriculture, la santé, l’éducation, l’urbanisme, la géostratégie. Il faudrait que le Malien décide avec qui il veut installer une coopération. Souvent, on dit dans les textes de diversifier notre coopération militaire. C’est-à-dire qu’aucun pays ne prenne le Mali comme sa chapelle ou sa mosquée. Le Mali sera libre d’orienter sa politique de sécurité comme il veut. Donc, il faut avoir cette indépendance. Mais aussi de façon large, c’est de faciliter aussi dans la géostratégie une diplomatie gagnant-gagnant tournée sur le développement du Mali. Et puis, ne plus accepter le diktat de 20% sur la production d’or. Il faudra que le malien sache qu’il est le troisième producteur d’or dans le monde. Mais aussi nous allons favoriser ce laxisme. Que le Malien n’ait plus de complexe. Nous avons été dans les mêmes écoles que ces Occidentaux et d’ailleurs même, nous leur avons damé le pion. Donc, maintenant le Malien n’a aucun complexe de revendiquer sa position dans la stratégie nationale et internationale. Donc, nous serons libres dans nos coopérations, libres de trouver notre voie de développement, libres de choisir nos amis au niveau de la coopération militaire. C’est des axes forts que le Mali doit consolider et sans complexe.
Certains estiment que les autorités actuelles ne sont pas légitimes pour mener cette refondation. Qu’est-ce que vous pouvez leur répondre ?
Ceux qui disent cela se trompent. On acquiert la légitimité par le peuple et celui-ci a demandé que ces autorités conduisent cette transition. Je me demande comment un autre citoyen d’un autre pays peut qualifier ces autorités d’illégitimes. Nous, on dira que ce monsieur est illégitime de qualifier nos autorités d’illégitimes. Personne au Mali n’a mandaté ce dernier pour traiter nos autorités d’illégitimes. Et pour, certains Maliens qui partagent le même avis, nous connaissons leur position. Mais objectivement, la majorité des Maliens fait confiance à cette Transition. Partant de là, elles ont cette légitimité, allusion faite au rassemblement du 14 janvier dernier. Certains se cachent derrière le concept d’élections qui n’a pas de sens. Les élections, c’est un processus pour consolider la démocratie. Mais les élections à elles seules ne suffisent pas à faire la démocratie. Et d’ailleurs, cela me fait sourire chaque fois qu’on veut pousser les autorités à faire des élections précipitées, alors qu’en 2013, nous avons vu ce que cela a donné.
Réalisée par:
Abdrahamane Baba Kouyaté et Lamine Bagayogo
REFONDATION DU MALI : « La transition doit en poser les jalons… », suggère Me Tall
Pour la 23ème année consécutive, Mountaga Tall, le président du Congrès National d’Initiative Démocratique Faso Yiriwa Ton (Cnid Fyt), a présenté ses vœux à la presse malienne. A cette occasion, il a appelé les Maliens à l’union sacrée autour du pays. C’était mercredi 26 janvier, dans la salle de conférence du Conseil national du patronat du Mali (Cnpm).
Pour le Président du parti Cnid-Fyt, cette rencontre est un moment privilégié de communion et de partage avec les hommes, les femmes de media et des réseaux sociaux. Il a ainsi présenté ses vœux de bonheur à la presse. Et de rappeler son engagement à s’investir au nom de son parti pour la formation des journalistes et afin de sortir ces derniers de la précarité. A cet égard, le président du Cnid Fyt a estimé que l’aide publique à la presse, revue à la hausse et mieux encadrée, pourrait être un début de solution. A cela, il a ajouté son soutien quant à la dépénalisation des délits de presse.
En outre, Maître Mountaga Tall a expliqué le combat multiforme des autorités de la Transition pour la sécurité, mais aussi pour le respect strict de l’indépendance, de la souveraineté et de la dignité du Mali. A cet effet, Il a invité la presse malienne à continuer à jouer son rôle ô combien crucial pour l’avenir et le devenir du pays.
Dans ses propos, il a dénoncé avec rigueur les sanctions prises contre le Mali lors du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, le 9 janvier dernier. Avant d’inviter le peuple malien à faire preuve de résilience et de combativité face aux impacts de ces sanctions qu’il a qualifiées d’injustes, d’inacceptables et de disproportionnées. « Nous demandons la levée de toutes les sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa dont l’effet premier serait d’appauvrir davantage des populations dont certaines chercheraient le salut auprès des marchands d’illusions terroristes qui infestent le Sahel et migrent vers d’autres pays de la sous-région », a exigé Me Tall. Le président du Cnid propose aux autorités maliennes de prôner le dialogue, afin que le Mali retrouve toute sa place dans le concert des nations, dans l’honneur et la dignité.
En outre, le membre du M5-Rfp se réjouit du défi relevé concernant la tenue et la réussite des Assises Nationales de la Refondation (ANR). Et a réclamé l’application des recommandations issues des ANR. « Ce vaste chantier ne s’achèvera ni pendant une transition ni pendant un seul mandat. Pour autant, la Transition doit en poser les jalons essentiels dans les délais qui seront convenus avec nos partenaires. C’est-à-dire que la Transition ne sera pas seulement électorale, elle sera aussi refondatrice », a approuvé Me Tall.
En plus de cela, le leader du Cnid-Fyt appelle à une union sacrée de tous les Maliens autour du Mali et des Forces de défense et de sécurité du pays.
Jiadata MAIGA
ASSISES NATIONALES DE LA REFONDATION : des graines de l’espérance semées pour la renaissance du Mali
Contrairement aux opposants à cette initiative, les Assises nationales de la refondation ne semblent pas avoir été un forum de trop. Les recommandations qui en ont résulté démontrent que les participants ont procédé à un diagnostic encore plus profond et sans complexe ni complaisance des maux de la République et de la nation afin de mieux baliser le chemin de la renaissance (politique, économique, social, culturelle…) du Mali. Même si ceux qui ont opté pour la politique de la chaise vide continuent à s’agiter dans le sens du vent soufflé par la CEDEAO et la communauté internationale.
«Se retrouver dans la vérité et la sincérité autour des problèmes cruciaux qui conditionnent la survie de la nation» ! C’est ainsi que le Colonel Assimi Goïta concevait les Assises nationales de la refondation (ANR). Elles ont été initiées par la prise de conscience de la réalité que «changer le Mali nécessite une transformation fondamentale des mentalités et des comportements». Au finish, en témoignent les recommandations et le rapport général, ces ANR ont permis de baliser avec objectivité et clairvoyance la voie de la renaissance du Mali.
Les recommandations résument essentiellement les aspirations des Maliens sur le devenir de leur pays. Elles sont naturellement relatives aux questions politiques et institutionnelles. Ainsi, les participants ont recommandé la réduction du nombre de partis politiques par l’application de conditions restrictives de création et de financement ; la relecture de la Charte des partis politiques avec une réaffirmation du statut de chef de file de l’Opposition ; la fin du nomadisme politique en cours de mandat ; la révision de la constitution ; la réduction du nombre d’institutions de la République dans la future constitution ; la révision des compétences de la Cour constitutionnelle en matière électorale et l’ouverture de sa saisine aux citoyens ; la mise en place d’un Sénat et d’une Cour des comptes ; la recomposition du Conseil national de la Transition (CNT) conformément à la Charte de la Transition…
Le maintien de la forme de l’Etat unitaire, républicain décentralisé, laïc, démocratique et social ; la relecture de la loi électorale ; la mise en place d’un organe unique indépendant de gestion des élections (OUIGE); l’instauration du mode de scrutin proportionnel pour les législatives ; l’organisation des élections municipales avant les législatives et la présidentielle ; la participation des Maliens établis à l’extérieur aux législatives… sont, entre autres, recommandations faites par les 1 600 participants aux ANR.
Peu importe la durée de la transition, pourvu que les prochaines élections soient crédibles et transparentes
N’empêche que pour de nombreux observateurs, la question de la durée de la transition n’a pas été clairement tranchée, même si les participants ont majoritairement reconnu l’impossibilité du respect de délai initial de la transition qui est de 18 mois à partir du 15 septembre 2020. Les propositions vont d’une prolongation de 6 mois à 5 ans afin «d’organiser les élections crédibles». Les participants ont notamment estimé qu’il fallait donner du temps aux autorités pour réaliser les réformes institutionnelles structurantes afin de créer les conditions d’élections crédibles, équitables et transparentes. On retient surtout des débats en ateliers et en plénière que les Maliens tiennent à la démocratie et souhaitent «une rupture avec les pratiques anciennes à travers des réformes».
Il a été aussi formulé des recommandations pertinentes sur les questions de défense, de la sécurité, de la souveraineté, de la lutte contre le terrorisme, la géostratégie et la géopolitique. Les participants ont souhaité la poursuite de la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire par la mise en place d’un système informatique pour assurer la maîtrise des effectifs et des moyens mis à la disposition des Forces de défense et de sécurité ; la poursuite de l’équipement des Forces armées maliennes (FAMa) ; l’accroissement de la formation spécialisée de nos forces de défense et de sécurité (FDS) en fonction des menaces asymétriques ; l’implantation de nouveaux camps aux effectifs conséquents en fonction de la nouvelle carte sécuritaire et stratégique du pays et surtout de la géographie des menaces ; le développement de nouveaux partenariats militaires avec des puissances militaires pour mieux défendre la souveraineté du Mali ; la dissolution de toutes les milices pour reverser leur effectif dans l’armée régulière ; le recrutement dans tous les villages situés dans les zones d’insécurité ; l’instauration du service militaire obligatoire à partir de 20 ans ; le déploiement des officiers supérieurs sur le terrain et non dans les ministères ; la construction de logements sociaux pour les militaires…
Une justice indépendante pour un Mali Kura
Le respect de l’indépendance de la justice par une séparation réelle des pouvoirs ; sa dépolitisation et la mise en place de juges des libertés et de la détention sont, entre autres, recommandations formulées pour le renouveau de la justice. Pour ce qui est de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, les participants ont demandé de regrouper des services de contrôle judiciaire (OCLEI, Vérificateur général, Contrôle général des services publics…) en une seule structure ; de rendre imprescriptibles les infractions en matière de délinquance financière et d’œuvrer à l’effectivité de la médiation pénale pour désengorger les maisons d’arrêt.
Par rapport aux médias, l’une des recommandations est la règlementation du secteur en fonction des nouveaux canaux de communication, tout en préservant la liberté d’expression. Les participants ont aussi vivement recommandé l’accélération du rapatriement de nos œuvres d’art et la redéfinition de nos valeurs culturelles en fonction de la Charte de Kouroukan Fouga ou «Charte du Manden».
La croissance économique, selon eux, nécessite également la mise en place d’un plan d’investissement pour la transformation agroindustrielle de toutes nos matières premières et des produits agricoles, en particulier. Pour un développement durable, les délégués ont demandé de faire du secteur agricole, une priorité nationale. Ils ont aussi recommandé la construction d’une raffinerie nationale pour contrôler la production d’or du Mali ainsi que l’audit de tous les permis miniers.
Le rapport général compile les recommandations phares, mais «toutes les propositions faites constitueront une base de données qui sera mise à la disposition du Comité de suivi et d’évaluation», a informé Zeïni Moulaye, président du Panel des hautes personnalités des ANR. «Ce comité pourra y puiser au besoin, durant les 25 années que prendra le processus de refondation», a-t-il indiqué.
Dans son discours de clôture, le Colonel Assimi Goïta a déclaré que ce «30 décembre 2021 restera gravé dans les mémoires» car «les préoccupations soulevées traduisent la suffisance du désir de changement des Maliens». C’est pourquoi il a aussi invité ceux qui n’ont pas pris part aux ANR à se joindre à un Mali nouveau.
Naby
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