Archives du mot-clé Réconciliation

QUETE DE JUSTICE DE BOUARE FILY SISSOKO : Quel sens donné à la réconciliation prônée par Assimi Goïta ?

La réconciliation des cœurs et des esprits, pompeusement célébrée la semaine dernière par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, rime-t-elle avec la soif de justice de Mme Bouaré Fily Sissoko qui veut prouver son innocence, à travers l’ouverture de son procès qu’elle appelle d’ailleurs de ses vœux ? Leurre ou réalité ? C’est bien au chef de l’Etat de donner un sens concret à la réconciliation nationale clamée sur tous les toits,  en donnant un signal fort à la quête de justice de cette justiciable malienne…  

Jeudi dernier, la semaine de la réconciliation nationale a été lancée, au CICB, en grande pompe, par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. C’était en présence du gotha national, dans une ambiance carnavalesque.

Un peu plus loin de là,  quelques jours auparavant, dans l’enceinte de la prison pour femmes de Bollé, Mme Bouaré Fily Sissoko, ex-ministre de l’Economie et des Finances du temps d’IBK, incarcérée depuis plus d’un an, s’était, elle, adressée au même chef d’Etat, en lui exprimant, dans un cri du cœur, son désir de voir le dossier lui concernant s’ouvrir au cours d’un procès équitable.

Juste l’occasion pour elle de démontrer en face du monde qu’elle ne se reproche rien dans ce dossier judiciaire. Un dossier pour lequel d’ailleurs elle a toujours clamé son innocence.

Incontestablement, l’écho psychologique, fort prenant, qui s’attache à la quête de justice de cette mère de famille n’aspirant qu’à  laver l’affront causé à son honneur, en tant que gestionnaire de biens publics, ne manquera pas d’avoir une répercussion sur la réconciliation des cœurs et des esprits, prônée par les autorités nationales.

Ce n’est pas un hasard que l’ex-ministre de l’Economie et des Finances s’est adressée au président de la transition pour lui exprimer sa quête de justice sur des prétendus faits, pour lesquels elle est poursuivie et emprisonnée, depuis plus d’un an, dans le cadre de l’achat de l’avion présidentiel.
Eh bien ! Celle qui a toujours clamé son innocence, et qui n’attend que la tenue d’un procès équitable, pour le démontrer, sait bien qu’en tant que président de la transition, décidément premier magistrat du pays, le colonel Assimi Goïta, tout aussi interpellé sur cette question liée à la dignité humaine, est en quelque sorte, en bon lieu, comme une forteresse imprenable contre le désespoir d’un justiciable, avide de sa dignité retrouvée.

Quel effet la réconciliation des cœurs et des esprits, telle que proclamée par le président Assimi Goïta, peut-il avoir sur la conscience publique, indépendamment du clivage politique et idéologique, si la soif de justice de cette mère de famille, exprimée dans un tel contexte de déchirure sociale, devait restée lettre morte ?

Point de débat doctrinaire là-dessus : il n’y a pas de véritable réconciliation nationale sans justice assumée.

On le voit plus nettement, ce que Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de la  république, demande au Président Goïta, chef de l’Etat, à travers sa lettre à lui adressée, il y a quelques jours, pour demander justice, relève du domaine sacré du respect de la dignité humaine. Un principe sacro-saint qui orne la réconciliation des cœurs et des esprits

Voilà donc pourquoi il devient un leurre monumental sur la réconciliation nationale, annoncée en fanfare par les autorités nationales, et qui se traduit, à travers le pays, par des actes de dévotion et des actions humanitaires de toutes sortes, si elle est muette face à la quête de justice de cette mère de famille, traumatisée par son état d’innocence qu’elle n’arrive pas à assumer, en dépit des années de procédure.

Cette procédure judiciaire, à l’issue de laquelle elle veut à tout prix prouver son innocence, a d’ailleurs déjà fait une victime. En effet, l’ancien Premier ministre d’IBK, Soumeylou Boubèye Maïga, arrêté et emprisonné, en même temps qu’elle, dans ce dossier à rebondissement, est mort en détention, dans des circonstances troubles, pendant qu’il continuait également de réclamer justice.

A ce jour, en tout cas, pour l’instant, du côté de l’Etat, aucune action décisive n’est inscrite pour apporter la lumière sur les circonstances occultes de ce décès tragique et brutal.

Pourtant, avant le décès de cette ancienne personnalité de l’Etat, son état de santé s’était nettement dégradé, au point de l’admettre dans une clinique de soins de la place.  Les médecins, appelés à son chevet par l’Etat lui-même, ont appelé, en urgence, sans y parvenir, son évacuation sanitaire, en destination d’un tableau technique plus adapté.

Ne serait-ce que pour renforcer la confiance entre la justice et la population, il importe bien qu’au nom de la réconciliation nationale, proclamée à grands renforts de discours convenus, justice  soit faite, pour cette mère de famille qui n’a aucune colère, ni rancœur à le demander, en toute humilité, au premier magistrat du pays.

Oumar KONATE

ACCORD POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION : Alghabass Ag Intalla menace de reprendre les armes si la République ne se soumet pas à ses désirs

Fidèle à une tradition de chantage utilisée en stratégie de défense d’intérêts particuliers, les leaders de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont encore fait parler d’eux en marge des travaux de la 6e session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (CSA). Élu à la tête de cette coordination controversée depuis le 17 juillet 2022, Alghabass Ag Intalla a indirectement menacé de reprendre les armes si le gouvernement n’agit pas dans le sens de leurs intérêts. Et curieusement, personne n’a réagi à cette menace non voilée au moment où les autorités ont pris des décisions importantes en faveur des excombattants.

Si le gouvernement du Mali ne veut plus de l’Accord pour la paix et s’il pense qu’il y a mieux que cet accord, qu’il nous le dise très clairement. De notre côté, nous sommes prêts à s’adonner à l’exercice qu’il aurait choisi…» ! Une déclaration attribuée à Alghabass Ag Intalla, président en exer cice de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en marge de la 6e session de haut niveau du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconcilia tion au Mali (CSA) tenue à Bamako le 2 septembre 2022.

Autrement, ils sont prêts à la paix comme à la guerre en fonction de la satisfac tion de leurs exigences aux dépens de la nation. Ainsi, Alghabass Ag Intalla n’exclut pas implicitement de reprendre les armes pour assouvir ses désirs funestes. Une crainte qui ne fait plus peur aux Maliens. Et cela d’abord pour deux raisons essentielles. Primo, parce que le Malien lambda n’est plus dupe du double jeu des responsables des excombattants qui n’ont jamais véritablement déposé les armes. Secundo, la rebellion est devenue un fonds de commerce pour cette poignée de kidalois qui se prélassent dans le luxe de la capitale alors que les populations au nom des quelles ils prétendent se battre broient souvent du noir.

Des sacrifices toujours minimisés par les leaders de l’exrébellionEn dépit des efforts du gouvernement et les concessions faites lors de la réunion de niveau décisionnel tenue à Bamako du 1er au 5 août 2022 par ce dernier, Alghabass Ag In talla et compagnie continuent de douter encore de sa bonne foi.

Le gouvernement ne veut pas de l’APR, il a pourtant concédé l’intégration (en deux phases) au sein des structures de l’État malien, y compris les Forces de défense et de sécurité (FDS), de 26 000 excombattants ˇ la mise en place d’une Commission ad hoc pour formuler des propositions concrètes et réalistes sur la gestion au cas par cas de la situation des cadres des Mouvements signataires, y compris en relation avec la question relative à la chaîne de commandement. Et il est question de leur accorder un quota de 15 % à l’Ecole nationale d’administration (ENA), une intégration directe.

Les autorités du pays ne veulent pas de cet accord, mais elles cautionnent 16 projets de développement déjà validés et dont la Convention de financement a été signée entre le ministère de l’Économie et des Finances et les représentants des collectivités territoriales en novembre 2021. Le gouvernement est opposé à la mise en œuvre de l’APR, mais le ministre de la Réconciliation a reçu, le 18 août dernier, les représentants de la CMA, de la Plateforme et des Mouvements de l’Inclusivité avec la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution.

La liste des concessions faites aux excombattants ces derniers temps n’est pas exhaustive. Mais, leurs leaders sont insatiables et profitent de chaque événement important pour procéder à l’intimidation, au chantage afin de mettre tous les atouts de leurs côtés. Cela avait déjà commencé avec la signature de l’APR. A la dernière minute, les leaders de la CMA avaient sorti des griefs fantaisistes. Ainsi, si l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été signé le 15 mai 2015 par le gouvernement, la Plateforme et la médiation internationale, il n’a été paraphé que plus d’un mois plus tard (20 juin 2015) par les exgroupes armés de la CMA.

Ainsi, pour Alghabass Ag Intalla et compagnie, la présence du ministre algérien des Affaires étrangères (Chef de fil de la Médiation internationale au Mali), M. Ramtane Lamamra, était l’occasion rêvée pour faire monter les enchères. D’ailleurs, ce dernier a échangé avec les exgroupes armés en prélude de cette 6e session de haut niveau du CSA. Cette stratégie d’intimidation et de chantage est donc une seconde nature chez les dirigeants de la CMA. Mais, il est surprenant que cette attitude n’ait pas été dénoncée et condamnée par les participants à la 6e session de haut niveau du Comité de Suivi de l’Accord (CSA). En tout cas, cela ne ressort nulle part dans le communiqué final que nous avons reçu. Tout comme nous n’avons vu ni entendu une condamnation du gouvernement qui ne cesse de faire des concessions au risque d’avoir l’opinion nationale sur le dos. La classe politique n’a pas non plus relevé cet affront à la République.

NABY

Communiqué de la sixième session de haut niveau du comité de suivi de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger

Le Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger (CSA) a tenu sa sixième session de haut niveau à Bamako, le 2 septembre 2022, sous la présidence de M. Ramtane LAMAMRA, Ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Étranger de la République algérienne démocratique et populaire, Chef de file de la Médiation internationale, en présence des parties signataires maliennes et des membres de la Médiation internationale.

Dans son allocution d’ouverture, le Ministre Ramtane LAMAMRA, en sa qualité de Chef de file de la Médiation internationale, a salué la participation de tous les membres du CSA, soulignant le contexte encourageant et prometteur dans lequel intervient la réunion. Il a ajouté que celle-ci offrait de nouvelles opportunités de prise en charge de toutes les attentes légitimes des parties signataires dans le cadre d’une mise en œuvre diligente et effective des dispositions fondamentales de l’Accord.

La rencontre a été l’occasion pour les participants de faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger et de s’accorder sur les prochaines étapes du processus, notamment à la lumière des recommandations de la réunion de niveau décisionnel tenue à Bamako du 1er au 5 août 2022.

Les participants ont souligné l’importance de la rencontre, qui constitue un signal fort de la volonté des parties à s’engager dans une nouvelle dynamique en vue de parachever la mise en œuvre de l’Accord. Ils ont noté que la présente session est intervenue dans un contexte d’ensemble marqué par des avancées tangibles dans la conduite de la Transition.

Les participants se sont félicités des résultats positifs de la réunion de niveau décisionnel, relevant en particulier l’accord sur l’intégration, en deux phases, au sein des structures de l’État malien, y compris les forces de défense et de sécurité, de 26 000 ex-combattants ; et la mise en place d’une Commission ad hoc pour formuler des propositions concrètes et réalistes sur la gestion au cas par cas de la situation des cadres des Mouvements signataires, y compris en relation avec la question relative à la chaîne de commandement.

Soulignant l’importance cruciale que revêt le maintien de la dynamique amorcée par la réunion de niveau décisionnel, les participants ont encouragé les parties maliennes à finaliser dans les délais les plus brefs qui soient les termes de référence de la Commission ad hoc mentionnée plus haut et d’en démarrer les travaux. Les membres de la Médiation internationale ont exprimé leur disponibilité à appuyer, en tant que de besoin, les travaux de la Commission.

Les participants ont également relevé avec satisfaction les consultations en cours sur la rédaction d’une nouvelle constitution, notamment les échanges entre la Commission chargée de cette responsabilité et les Mouvements signataires. Ils ont souligné l’opportunité ainsi offerte de prendre en compte les aspects pertinents de l’Accord dont la mise en œuvre participe également de l’entreprise de refondation de l’État malien telle qu’articulée lors des Assises nationales de la refondation.

Les participants ont rappelé l’urgence de procéder au lancement des seize (16) projets de développement déjà validés et dont la Convention de financement a été signé entre le ministère de l’Économie et des Finances et les représentants des collectivités territoriales en novembre 2021. La matérialisation de ces projets permettra aux populations de bénéficier des dividendes tant attendus du processus de paix.

Les participants se sont réjouis de la désignation de quinze femmes devant siéger au sein des mécanismes de suivi de la mise en œuvre de l’Accord (trois supplémentaires au CSA et douze au sein des sous-Comités), et ce conformément aux recommandations de la 5ème session de haut niveau tenue à Kidal.

Les participants ont tous reconnu la nécessité du fonctionnement effectif et régulier du CSA et de ses structures subsidiaires, notamment les sous-Comités, conformément aux dispositions pertinentes de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

Les participants ont salué les recommandations du Séminaire organisé le 16 et 17 février 2022 par l’Observateur indépendant sur l’examen de ses observations et recommandations, en vue de faciliter l’appropriation desdites recommandations par les parties signataires.

Les participants ont lancé un appel pressant à tous les membres de la communauté internationale pour qu’ils renforcent leur appui politique, technique et financier à la mise en œuvre des actions prioritaires susmentionnées en vue de parachever la mise en œuvre de l’Accord.

Bamako, le 2 septembre 2022

ACCORD POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION : le processus de mise en œuvre avec la prochaine intégration de 26 mille ex-combattants

L’intégration dans l’armée de 26 000 ex-combattants sur 2 ans ! Telle est la principale décision de la réunion de niveau décisionnel des parties à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR) sur certains aspects de sa mise en œuvre. Le processus de mise en œuvre est ainsi relancé. Même si la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’éternelle insatisfaite, aurait souhaité plus.

Le gouvernement malien va intégrer 26 mille ex-combattants en deux phases, a indiqué vendredi dernier (5 août 2022) le communiqué final qui a sanctionné la réunion de niveau décisionnel des parties à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR) sur certains aspects de sa mise en œuvre.

Comme la cérémonie d’ouverture, la clôture a été aussi présidée par le Premier ministre de transition malien, Dr Choguel Kokalla Maïga. En plus des parties signataires, cette rencontre a enregistré la présence de la Médiation internationale et de la communauté internationale autour du Comité de suivi de l’accord (CSA).

Au terme de cette rencontre de 5 jours (1er-5 août) les participants ont ainsi demandé l’intégration de 26 000 ex-combattants en deux phases de 13 000. La première est répartie selon le quota ayant déjà fait l’objet d’un consensus entre les parties et la seconde sur une période de deux ans (2023-2024).

Ils ont également recommandé la création et l’opérationnalisation d’une commission ad hoc pour conduire les travaux de reformulation des propositions pour la gestion au cas par cas des hauts cadres civils et militaires des mouvements signataires de l’APR. «Le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaires pour diligenter les réformes politiques et institutionnelles non liées à la réforme constitutionnelle», a indiqué le communiqué final de la rencontre.

A l’issue de cette rencontre, a souligné le communiqué, le gouvernement et les mouvements signataires ont réaffirmé leur «pleine détermination» et leur «ferme engagement» à poursuivre les échanges et l’ensemble des actions nécessaires à la «stabilisation du Mali, à la restauration et à la consolidation d’une paix durable» au bénéfice du peuple malien. Mais, selon des indiscrétions, la CMA aurait déploré que «la question de la chaîne de commandement dans cette future armée n’ait pas encore réglée».

Mais comme l’a déclaré le Colonel-major Ismaël Wagué (ministre de la Réconciliation nationale, de la Paix et de la Cohésion sociale), en paraphrasant le légendaire et l’emblématique Nelson Mandela, «la réconciliation est un processus spirituel qui nécessite plus qu’un simple cadre juridique. Cela doit se produire dans le cœur et l’esprit des gens».

Dans son allocution de clôture, le Premier ministre a salué «la disponibilité, la flexibilité, l’engagement et l’esprit de compromis» dont les participants ont fait montre et qui ont permis d’aboutir aux résultats encourageants. «Le gouvernement de Transition, sous le leadership du président Assimi Goïta, ne ménagera aucun effort pour mettre en œuvre sa part d’engagement de ce qui a été convenu», a promis Choguel Kokalla Maïga.

Issu du processus de négociations à Alger (Algérie), l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali a été signé entre le gouvernement malien et des mouvements rebelles basés dans le nord du pays en mai et juin 2015. Très contesté par de nombreux intellectuels, une grande partie de la société civile, cet accord est confronté à de nombreux obstacles politiques par rapport à sa mise en œuvre.

Avant d’être renversé par les militaires le 18 août 2020, l’ex-président feu Ibrahim Boubacar Kéita avait souhaité la relecture de certaines dispositions afin de faciliter cette mise en œuvre.

Naby

MISE EN PLACE DU CADRE STRATEGIQUE PERMANENT POUR LA RECONCILIATION : Deux grilles de lecture entre le Gouvernement et les Mouvements armés

Le ministre de la Réconciliation nationale, de la Paix et de la Cohésion sociale, le colonel-major Ismaël Wagué était à Gao pour relancer le dialogue avec les groupes armés du nord du Mali, le vendredi, 18 mars 2022. L’objectif de ce déplacement était  d’expliquer les points de blocage dans la finalisation du nouveau Cadre stratégique permanent pour la réconciliation (CSPR). Cette réunion censée relancer le dialogue interrompu depuis le coup d’Etat a fini par être un moment de désaccord, car deux grilles de lecture semblent se dégager. L’une est pour une application intelligente de l’accord en y extrant tous les points à polémique et l’autre est favorable à une application intégrale sans changement. Cette situation provoque une levée des boucliers chez les ex-rebelles indépendantistes de l’Azawad qui font désormais planer l’ombre d’une reprise des armes.

Au regard de la tension qui est perceptible, faut-il désormais craindre la reprise des hostilités des mouvements séparatistes au Nord ?

Tous les ingrédients semblent désormais réunis pour une reprise des hostilités entre l’Etat malien et les rebelles séparatistes du nord. La lenteur constatée dans la mise en œuvre de l’accord en est pour beaucoup dans l’irritation des ex rebelles. Pour rappel les anciens rebelles indépendantistes ont tiré la sonnette d’alarme et ont regretté le retard pris dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Ils disent craindre  les soubresauts que cela pourra engendrer, si rien n’est fait dans les plus brefs délais. Quant à l’Etat malien il dit être attentif au cri de cœur des nombreux concitoyens qui trouvent que l’accord est un plan machiavélique de partition du Mali donc qui mérite d’être relu. A cela s’ajoute la nouvelle coopération entre le Mali et la Russie qui est, à n’en pas douter le rejet de celle avec l’Occident taxé par les nouvelles autorités de complaisance avec les ennemis de l’unité et de la cohésion du Mali.  Les ex-rebelles semblent être mécontents de cette nouvelle donne qui est l’arrivée  des russes et le départ de leurs alliés traditionnels que sont la France et ses amis. Tout porte à croire que cette nouvelle donne va susciter une nouvelle réaction de la part des ex-rebelles.

Pour rappel  les 26 et 27 février 2022, les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger se sont réunis dans la région de Tombouctou pour des concertations régionales  au même moment le drapeau de l’Azawad flottait et  des officiers du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avec des acclamations d’une centaine d’hommes derrière des pick-up, pointaient leurs armes automatiques vers le ciel. Est-ce une provocation ou une démonstration de force ? Les jours ou semaines à venir nous le diront. Mais d’ores et déjà la tension semble montée d’un cran et des bruits de bottes sont perceptibles. Les autorités de la transition vont-elles éviter la reprise des hostilités en ayant un compromis avec les ex rebelles ?

En attendant la finalisation de la nouvelle structure et ses corollaires  le Gouvernement n’est lié en rien à l’actuel CSP, ni ne  le reconnaît pas encore moins le soutenir.

 

Assitan DIAKITE

JUSTICE TRANSITIONNELLE AU MALI : Une agence prend le relai de la Cvjr

A la suite de multiples travaux réalisés pour faire la lumière sur les violations graves des droits de l’Homme commises dans le passé, la Commission vérité, justice et réconciliation (Cvjr) entame la phase réparation des victimes. La nouvelle est tombée ce jeudi 3 mars 2022 à la faveur d’une conférence de presse animée par le président de la Cvjr, Ousmane Oumarou Sidibé.

Après une série de démarches, la Commission vérité, justice et réconciliation (Cvjr) a fait des consultations auprès des victimes et certains acteurs en matière de réparation. Ces actions ont abouti à l’élaboration d’un document de politique nationale de réparation dont « la mise en œuvre permettra de mettre des victimes dans leurs droits », explique le président de la Cvjr Ousmane Oumarou Sidibé.

Pour lui, déjà, le gouvernement, à travers un conseil des ministres, a approuvé la politique nationale de réparation en faveur des victimes des crises au Mali depuis 1960, et son plan d’action 2021-2025. Ce, par le décret 2021-0591 du 10 septembre 2021. Ce texte doit faire l’objet de débat et d’adoption au sein du Conseil national de Transition (CNT).

Dans son exposé, le président de la Cvjr a fait savoir que cette politique de réparation concerne 25 000 victimes à travers le Mali. Elle est assurée à travers une combinaison de différentes mesures, notamment pécuniaire, non-pécuniaire, matérielle et symbole, individuelle et collective.

Une précision de taille : ne figurent pas dans cette liste « les victimes des crises ayant bénéficié de réparation particulière à travers des accords particuliers et dont les droits sont atteints », révèle-t-il.

Aussi, une agence nationale de gestion de réparation, qui n’a aucune accointance avec la Cvjr, prendra le relai. Selon le conférencier, conformément à ses missions, la Commission a aussi élaboré le projet de loi portant création de l’Agence nationale de réparations en faveur des victimes depuis 1960 et son décret d’application. « Il y aura un transfert de compétence (documents). Cette structure succèdera à la Cvjr. Ce qui mettra un terme à notre mandat », a-t-il souligné.

Ayant pour thème : « La politique de réparation en faveur des victimes des crises maliennes », cette rencontre avec les hommes a permis au président Ousmane Oumarou Sidibé de rappeler que l’objectif principal de la politique nationale de la réparation est de contribuer à construction d’un Mali juste, pacifique, uni et réconcilié à travers la restauration de la dignité des victimes . Et cela, en prenant en compte une réparation adéquate des préjudices causés aux victimes, tout en accordant une attention particulière aux femmes, enfants et aux autres personnes en situation précaire.

Abdrahamane Baba Kouyaté

PAIX ET SECURITE : un accord trouvé entre le gouvernement et le CSP à Rome

Les groupes armés réunis au sein du Cadre stratégique permanent (CSP)  et le ministre de la Réconciliation nationale, le Colonel Ismaël Wagué, ont signé un accord mercredi soir  (2 février 2022). Et cela après plusieurs jours de suspense sur la participation du ministre à ces discussions organisées à Rome (Italie) sur invitation d’une association italienne. Intitulé «Accord de principe de Rome», ce document est censé mettre un terme à une brouille qui remonte au mois d’octobre. Le ministre malien de la Réconciliation nationale avait alors critiqué les initiatives prises par le CSP qui rassemble les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015. Les autorités de transition voyaient d’un mauvais œil ce cadre créé quelques mois plus tôt à Rome, sous les auspices de l’association «Ara Pacis», réputée proche de l’État et des renseignements italiens et qui œuvre également à la lutte contre l’immigration illégale.

Pour rappel, il y a quatre mois, le colonel Wagué avait demandé que le CSP mette un terme à ses visites aux dirigeants des pays voisins. Indignés, les groupes armés avaient unanimement exigé sa démission.  Le document signé mercredi dernier définit, selon le ministère de la Réconciliation nationale, les «bases de la collaboration entre l’État Malien et le CSP», structure dorénavant placée «sous le leadership du gouvernement». Une manière donc, pour les autorités de transition de ne pas perdre la main sur ses initiatives.