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RÉVISION DE LA CHARTE DE LA TRANSITION : Inscrire la rectification et la prolongation dans un cadre légal

La session extraordinaire du conseil des ministres du vendredi 4 février 2022 a convoqué le Conseil national de transition (CNT) pour plancher sur des dossiers urgents.

Ainsi, sur le rapport du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et institutionnelles, ce conseil a adopté un projet de loi portant révision de la Charte de la Transition du 12 septembre 2020. Celle-ci prévoit comme organes de la Transition : le président, le Conseil national et le gouvernement de la Transition. Et son article 22 fixe la durée de la cette période transitoire à 18 mois à partir du 15 septembre 2020 comme retenu par la Cédéao. Malheureusement, la rectification amorcée le 24 mai 2021 a annihilé les efforts déjà consentis pour le respect de cet engagement.

Selon le communiqué du conseil des ministres, la première partie de la Transition (9 mois) n’a pas connu «d’avancées majeures» dans la mise en œuvre des objectifs contenus dans la Charte de la Transition. Et le gouvernement actuel explique cette situation par des difficultés de gouvernance ayant conduit à une lenteur dans la mise en œuvre des réformes liées, notamment à la défense, à la sécurité et à la refondation de l’Etat ; la gestion du front social et des urgences de défense et de sécurité…

Ainsi, malgré «la volonté claire et affichée» des plus hautes autorités de la Transition de respecter le délai, acté par l’adoption du Plan d’action du gouvernement, la durée initiale «se révèle intenable au regard des réformes indispensables initialement retenues et confirmées par les recommandations des Assises nationales de la refondation».

Le projet de loi adopté vendredi dernier (5 février 2022) permettra de «procéder aux ajustements nécessaires» en vue d’une mise en œuvre efficiente des objectifs de la Transition.

Les modifications apportées portent, entre autres, sur la suppression du poste de vice-président pour éviter les duplications des missions et permettre au ministre chargé de la Défense et au ministre chargé de la Sécurité de recouvrer et d’exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles ; celle du nombre de membres du gouvernement pour une meilleure gouvernance politique et sociale objective et efficiente ; l’augmentation du nombre de membres du Conseil national de Transition pour renforcer davantage l’inclusivité autour du projet de refondation de l’Etat ; et l’adaptation de la durée de la Transition aux recommandations des Assises nationales de la refondation dans le but de mener des réformes indispensables au retour à l’ordre constitutionnel.

Il faut aussi rappeler que ce poste de vice-président a été taillé sur mesure pour combler la junte qui venait de prendre le pouvoir. Et cela parce que la Cédéao et la Communauté internationale ne voulaient d’un militaire à la tête de la transition. Ce qu’elles n’ont pas pu empêcher par la suite car depuis la rectification amorcée le 24 mai 2021 (avec l’éviction de Bah N’Daw et Moctar Ouane), le Colonel Assimi Goïta a prise les rênes de la transition malienne. Ce qui fait que ce poste, non pourvu depuis, n’avait plus d’utilité.

Et ceux qui avaient souhaité, dans un souci d’apaisement du climat politique, avaient proposé au président Goïta de confier la vice-présidence à Dr Choguel Kokalla Maïga afin de pouvoir nommé un Premier ministre politiquement neutre à la tête d’un gouvernement d’union nationale ou de large ouverture, vont maintenant déchanter avec cette suppression si elle est adoptée par le CNT. Ce qui ne suscite aucun doute pour de nombreux analystes politiques.

Naby

PROLONGATION DE CINQ ANS PROPOSEE PAR LES AUTORITES A LA CEDEAO : L’Opposition malienne se trompe-t-elle de combat ?

Après les Assisses Nationales de la Refondation qui ont rassemblé l’ensemble des couches socioprofessionnelles du Mali et dont les résolutions et les recommandations sont exécutoires, une frange de la classe politique s’insurge contre cette volonté populaire et fait feu de tous bois. Réunis en conférence de presse unitaire au siège du PARENA pour, disent-ils, défendre « les principes démocratiques du pays », Djiguiba Keita et ses compagnons de lutte comme Amadou Koita exigent un retour à l’ordre constitutionnel par la voie d’élections dans les délais les plus courts possibles. L’opposition malienne se trompe-t-elle de combat ? Pourquoi fait-elle de la tenue des élections la seule et principale règle condition pour un retour à l’ordre constitutionnel ? 

Si l’opposition pouvait comprendre que les enjeux vont au-delà de ce qui est apparent, de la durée de cinq ans ou dix ans ou même six mois, mais que c’est le destin de l’Afrique qui se joue au Mali. Cette défiance, ce non catégorique vis ç vis de la puissance coloniale et même de l’occident ne restera pas impuni. L’Opposition malienne prépare déjà le lit pour l’occident qui a besoin aujourd’hui de soutiens locaux pour son machiavélique projet d’isolement, de harcèlement et de pression de tous genres contre le Mali. Elle ouvre les hostilités en montant d’ores et déjà la pression sur les autorités actuelles dont le pêché mignon a été la proposition de cinq ans comme durée de la transition. Cet argument de prolonger de 5 ans la transition suffit-il pour mettre en branle toute une République ? Pour rappel le Mali cherche sa voie depuis le coup d’Etat du 18 Aout 2020, donc une déstabilisation de plus sonnera forcement le glas de son unité, de son intégrité et même de sa souveraineté, car l’ennemi n’est pas loin et il est aux aguets.

 Pourquoi un tel tôlée général après l’annonce du chronogramme par les autorités à la CEDEAO, alors même que c’est une proposition susceptible d’être revue à la baisse ? Il est clair que si le chronogramme proposé par le gouvernement de la transition n’est pas réaliste ou réalisable, qu’on le revoit, c’est normal car une transition n’a pas pour vocation de résoudre tous les problèmes de la Nation, mais elle doit pouvoir poser les jalons d’un Mali dont les fondements résisteront aux soubresauts et autres instabilités permanentes. Donc pour ce faire un temps relativement long est nécessaire pour non seulement pacifier le pays, mais aussi et surtout faire des réformes institutionnelles idoines pour un nouveau Mali. Au lieu d’ouvrir un front il serait plutôt nécessaire qu’un dialogue franc sans apriori et sans condition préalable s’instaure entre la classe politique et les autorités durant cette transition, afin de débattre de toutes les questions même celles qui fâchent.

Une opposition vindicative et à la solde des forces obscures ?

Rien qu’à en juger par les propos virulents tenus par les animateurs de la conférence de presse unitaire dont en voici quelques extraits : « Des gens qui sont venus au pouvoir par la rue et qui veulent s’imposer par la ruse, de dix-huit mois à cinq ans, ça dépasse tout entendement. C’est un pas de recul totalement inadmissible. » « Nous nous rendons compte que ces autorités de la transition n’ont pas été à la hauteur. Donc, il faut que nous nous retrouvions, en tant que Malien, pour décider d’une nouvelle feuille de route, et avoir de nouvelles autorités de la transition qui auront comme seule mission de sécuriser le pays et d’organiser les élections présidentielles et surtout générales pour un retour à l’ordre constitutionnel », Ces propos va-t’en guerre ne sont pas du genre à faciliter un rapprochement des positions qui deviennent de plus en plus antagoniques et irréconcialiables et cela au grand dam du peuple malien, mais au grand bonheur des ennemis de notre pays qui ne misent que sur nos divisions et nos divergences

En définitive, Si tant est que les maliens dans leur écrasante majorité sont convaincus que la seule solution pour une transition réussie reste le consensus, alors les autorités ont désormais le devoir d’élargir les institutions, CNT, gouvernement aux opposants pour permettre à  ce pays millénaire, en conquête de sa nouvelle indépendance, celle qui se fera certainement  dans la douleur, de pouvoir atteindre ses nobles  objectifs.

Youssouf Sissoko