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Le PM-I ABDOULAYE MAÏGA SUR L’ORTM : Le Mali a toutes les preuves pour confondre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU

Dans une interview diffusée dans la soirée du vendredi dernier (9 septembre 2022) à la télévision nationale (ORTM), le Premier ministre par intérim (PM-I) a fait  le point des différents chantiers ouverts pour la réussite de la transition en cours. Et il a assuré que les autorités de la Transition ont toutes les preuves des accusations portées contre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Convaincre ceux qui ont encore des doutes sur le bien fondé des actions engagées pour la réussite de la transition en cours dans notre pays ! C’est à ce jeu que s’est prêté vendredi dernier le Premier ministre par intérim, Colonel Abdoulaye Maïga sur l’ORTM. Et pendant 45 minutes, il a joué à l’apaisement et au rassemblement en rappelant à tous que «il n’y a pas d’opposants à la transition».

Et il a fait le point des avancées sur les chantiers de la refondation et abordé les questions sensibles sans langue de bois. Cela va de l’amélioration de la situation sécuritaire à la cherté de la vie à cause en partie de la hausse du prix des denrées de première nécessité en passant par les réformes politiques et institutionnelles ; la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) ; le chronogramme de la transition… «Ce n’est pas facile …Des efforts sont en cours pour lutter contre l’augmentation anarchique des prix», a informé le Colonel Abdoulaye Maïga en évoquant le contexte de conjoncture générale au niveau mondial.

Se prononçant sur les questions régionales et internationales, notamment la plainte du Mali à l’ONU contre la France, le PM-I a été très clair : «il n’y a aucune volonté de rupture avec la communauté internationale». Toutefois, même si notre pays ne veut pas vivre en autarcie, il se devait de fixer les principes de sa coopération désormais basée sur  le respect de la souveraineté du Mali, celui des choix de partenaires du Mali et des intérêts vitaux du peuple malien.

«Nous espérons que le Conseil de sécurité de l’ONU examinera la plainte du Mali…», a-t-il souhaité. Et cela d’autant plus que «le monde doit découvrir comment la France se comporte au Mali… Nous présenterons des preuves sur comment elle fournit des renseignements et des armes à des groupes terroristes», a précisé le Colonel Maïga assurant disposer de toutes les preuves de cette accusation.

D’une manière générale, cette première sortie médiatique du Colonel Abdoulaye Maïga comme Premier ministre par intérim a été une réussite. Et cela d’autant plus qu’il a déjoué le piège d’outrepasser son statut d’intérimaire. La preuve d’une grande humilité de sa part !

Moussa Bolly

Edito : Le PM Abdoulaye Maiga peu convaincant

La première grande sortie du nouveau PM ou du moins du Premier Ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga a laissé beaucoup de maliens dubitatifs quant à sa volonté de rompre avec son prédécesseur qui a pêché non seulement à Rassembler les maliens autour des objectifs de la transition, mais aussi a été à la base de l’isolement dont le Mali est victime aujourd’hui. Le PM par intérim  n’a pas convaincu sur un certain nombre de sujets et ne semble pas non plus avoir la volonté de se démarquer de son prédécesseur Choguel K Maiga. D’abord sur la question de nos relations avec les Etats de la CEDEAO, de l’UA et de l’Occident, le Premier ministre par intérim n’a fait que le remake de ce que son prédécesseur a toujours affirmé, à savoir le respect de la souveraineté du Mali et les aspirations profondes du peuple. Il dit n’est pas accepter qu’on impose des choses qu’eux-mêmes n’accepteront pas. Au lieu de sortir de la posture guerrière en essayant de se réconcilier avec tout le monde afin d’atteindre les objectifs, il est resté trop collé à des considérations qui ne font pas avancer le Mali. S’agissant des réformes en cours après avoir appelé au rassemblement il a mis le pied dans le plat en parlant de la composition de l’AIGE. Le premier ministre ne trouve que le raccourci en affirmant que ceux qui ont été choisis sont des maliens comme tout le monde et qu’ils ont la compétence car ils ont répondu à un certain nombre de critères. Que le PM comprenne que personne n’a remis en cause ni leur compétence encore moins leur Malianité, ce dont il s’agit c’est la manière avec laquelle ils ont été choisis, à savoir à la suite d’un tirage au sort  dans un pays qui a plus de 20 ans de pratique démocratique

Ce qui a surtout  été déploré c’est la manière dont ils ont été choisis et surtout les formations politiques dont ils sont issus et qui ne sont pas représentatifs de la classe politique. Sur la crise sociale avec ses conséquences de vie chère, le premier ministre n’a point rassuré. Il est resté dans les généralités, à savoir que l’Etat subventionne pour que les prix des denrées de première nécessité soient à la portée des ménages et surtout des mesures coercitives en faisant intervenir les forces de l’ordre pour stopper la surenchère. Ces mesures ont toujours existé, mais elles n’ont jamais donné les résultats escomptés, car certains  commerçants véreux les piétinent en longueur de journée avec la complicité des cadres hauts placés de l’administration. Ces mesures sont anciennes au Mali et elles n’ont jamais été efficaces. Sur la sécurité, le PM par intérim se veut optimiste car pour lui la peur a changé de camp et que l’ennemi est en débandade. Le PM pense que  cette mission est celle des forces de défense et de sécurité, qui, certes paient un lourd tribut, mais sont déterminées à combattre les terroristes pour qu’il y ait la paix et la sécurité. Pour le Colonel Abdoulaye Maiga aucun sacrifice n’est de trop pour défendre sa patrie. Sur la durée de la transition, le PM par intérim semble être déterminé à respecter cet engagement pris vis-à-vis de la communauté internationale, par l’organisation d’élections libres transparentes et crédibles afin de doter le pays d’institutions légitimes. Comme son prédécesseur  le PM Abdoulaye Maiga ne porte pas de gant pour fustiger le comportement de la France  qui serait à l’origine de la situation dans laquelle le Mali se trouve depuis plus de 10 ans.

En somme, ce qui est attendu du PM c’est une totale rupture avec son prédécesseur qui a mis le Mali dans une situation d’isolement total ce qui a provoqué cette crise d’une gravité jamais connue au Mali. Malgré cette sortie qui a laissé plus d’un malien sur sa faim on peut toujours continuer à  faire confiance au PM par intérim,  en attendant qu’il soit confirmé, car il ne met en œuvre que le Plan d’Action Gouvernemental voté par le CNT dont Choguel K Maiga était le Maître d’ouvrage. Après sa confirmation, ce qui est le souhait de beaucoup de maliens, il doit se démarquer de certaines prises de position, qui sont à la fois populistes et suicidaires pour le Mali.

Youssouf Sissoko

ABDOULAYE MAIGA SUCCEDE A CHOGUEL K MAIGA A LA PRIMATURE : Le colonel va-t-il rompre avec la méthode de l’homme politique ?

Réputé être un homme de valeur, le Colonel Abdoulaye Maiga qui assure aujourd’hui l’intérim du premier ministre Choguel Kokala Maiga, a été un bon ministre de l’administration territoriale, d’où une certaine unanimité après que le choix ait été porté sur lui pour assumer les hautes charges de la primature. C’est ce préjugé favorable qui doit       normalement être sa boussole pour mener à bien sa mission à la primature surtout quand il sera confirmé. Il doit totalement rompre avec la politique à la fois populiste et divisionniste de son prédécesseur afin de rassembler tous les maliens et de réconcilier le Mali avec tous ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Si tant est qu’il a su séduire même les opposants à la transition étant ministre de l’administration territoriale et de la décentration, il ne doit alors pas avoir de problèmes à gérer avec doigter et intelligence la primature afin qu’il laisse une bonne image à la postérité. Le Colonel Abdoulaye Maiga aurait-il les mains libres pour trouver un large consensus et mener à bien les réformes institutionnelles et constitutionnelles ? L’ombre de son prédécesseur ne va-t-il pas planer sur lui ?

Au Mali les défis sont immenses et les solutions proposées jusque-là sont en deçà des grandes attentes auxquelles les maliens aspirent. Des discours au relent populiste ont été tenus, des ruptures, au nom d’une souveraineté, ont été faites, une nouvelle alliance a été tissée avec la Russie, mais les problèmes majeurs restent entiers et sans solutions pérennes. Pendant 2 ans le Mali aura tenté de s’affranchir de ses voisins de la CEDEAO, de rompre avec la communauté internationale, au prétexte que ces deux entités sont esclaves de la France que les autorités maliennes ont voué aux gémonies. Tout ça pour simplement dérouler le tapis rouge devant la Russie, qui, il faut le reconnaitre, a fait beaucoup sur le plan de la dotation en équipements militaires des FAMa, mais les autres domaines tels que l’économie et les finances  restent déserts comme le sahel. C’est dans ce contexte très tendu que le Colonel Abdoulaye Maiga a été désigné pour assurer l’intérim du PM Choguel K Maiga. Si le choix n’est pas fortuit à cause de la valeur de l’homme, le nouveau PM est attendu sur plusieurs fronts, donc son salut ne pourrait venir que de sa grande capacité à transcender les clivages politiques et syndicaux et à rompre avec la politique va-t’en guerre et populiste de son prédécesseur.

Le Colonel Abdoulaye  Maiga aurait-il les mains libres ?

La réponse est sans nul doute oui, car le Mali est à la recherche d’un second souffle et qu’après les discours, une place de choix doit être maintenant  accordée aux actions. Donc si le Président de la Transition et tous les autres dirigeants veulent sortir par la grande porte de l’histoire, ils doivent soutenir les efforts du PM Abdoulaye Maiga  afin de rompre non seulement avec le passé récent fait d’exclusions, de règlement de comptes et d’auto promotion au détriment de l’essentiel, mais aussi de s’atteler aux réformes institutionnelles, constitutionnelles et politiques permettant au Mali de sortir définitivement du cercle vicieux des pays ayant battu le record en rupture constitutionnelle, bref en coups d’Etat à n’en pas finir. Pour ce faire le PM par intérim doit tendre la main à toutes les forces vives de la nation, à tous les maliens de quelques obédiences sociales ou religieuses qu’ils soient, afin de réaliser un large consensus autour des projets de réformes dans le souci de leur donner la légitimité nécessaire pour qu’elles résistent au temps et aux contingences politiques.

L’ombre de Choguel K Maiga  ne va-t-il pas planer sur le Colonel Abdoulaye Maiga ?

La petite télépathie que ses discours populistes ont suscité et qui crée une certaine symbiose entre Choguel et une frange du peuple ne va pas s’estomper de sitôt, donc ses partisans ne verront que du noir partout et les actions posées par l’actuel PM seront battues en brèche, mais avec la persévérance le peuple finira par se rendre compte qu’il a été floué par l’ancien PM et que derrière ses discours il y a qu’un vaste désert. La tâche du PM par intérim sera ardue car son prédécesseur a réussi à mettre le Mali dos à dos avec ses voisins de la CEDEAO, avec l’occident, qui comprend l’UE, les Etats Unis, avec l’UA. Bref il a condamné le Mali à vivre en autarcie dans un monde interdépendant. Ses partisans trouveront une excuse en disant que Choguel n’a été qu’un exécutant et que le maitre d’ouvrage n’était que le Colonel Assimi Goïta, Président de la transition.

En somme, la balle est dans le camp du nouveau PM qui aura certes du pain sur la planche, mais que sa mission est loin d’être au-dessus de sa capacité.

Youssouf Sissoko

GOUVERNEMENT : le rassemblement des Maliens doit être au cœur des actions de la Primature, selon des partis politiques

Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’administration territoriale, est nommé Premier ministre par intérim, depuis dimanche 21 août 2022. Suite à cette décision du président, des partis politiques ont rappelé qu’ils veulent « une primature qui puisse contribuer à rassembler les Maliens ».

Colonel Maïga remplace ainsi Choguel Kokala Maïga qui est en « repos forcé », selon le gouvernement.Mais« que le 1er ministre soit Choguel Kokala Maïga ou Abdoulaye Maïga, nous demandons une primature qui puisse contribuer à rassembler les Maliens, au regard de la situation socio-politique du pays », déclare lecadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie.

L’un des porte-paroles du Cadre, Ibrahima Taméga, soutient aussi que Abdoulaye Maiga pourrait être ce rassembleur. « C’est ce que nous avons constaté chez le ministre de l’administration territoriale à travers le cadre de concertation qu’il a mis en place entre son département et la classe politique », a-t-il affirmé.

Le président du mouvement citoyen pour l’alternance, le travail et la transparence (MC-ATT), Jeamille Bittar, pense qu’il va de soi qu’un Premier ministre intérimaire soit désigné quand il y a vacance de poste. Il estime que « leprésident de la transition a dû comprendre qu’il fallait quelqu’un qui soit dans les rouages de l’administration, qui maîtrise l’administration et qui a des contacts avec la classe politique ». « Abdoulaye Maïga est un homme avertit, il doit assurer la permanence mais également pouvoir faire avancer les dossiers importants », ajoute Jeamille Bittar.

Il faut rappeler que Colonel Abdoulaye Maïga continue de diriger le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation.

Source : Studio Tamani

M5-RFP : divorce sur fond de règlement de comptes entre Choguel et ses compagnons de lutte d’hier

Mme Sy Kadidiatou Sow, Modibo Sidibé, Mohamed Aly Bathily, Konimba Sidibé, Cheick Oumar Sissoko… La liste des personnalités (démissionnaires ou exclus du M5-Rfp) ayant pris part à l’officialisation (mercredi 3 août 2022) du nouveau Comité stratégique du  «M5-Mali Kura» est loin d’être exhaustive. Se sentant abandonnés en «plein vol» par leur camarade de lutte depuis qu’il a accédé à la Primature, ils ont lancé mercredi dernier un nouveau Comité stratégique. Leur ambition est de réconcilier le mouvement avec les vraies valeurs de la refondation pour parvenir au changement qui était la principale motivation de leur lutte contre le régime de feu Ibrahim Boubacar Kéita entre juin et le 18 août 2020.

«La lutte du M5-RFP a été détournée au profit de l’instauration du culte du Premier ministre Choguel Kokala Maïga», a accusé Me Mohamed Aly Bathily, chargé de lire le réquisitoire. Il n’a pas manqué de rappeler que la lutte  initiale du M5-RFP visait à «refonder le Mali, loin du simulacre de démocratie et des pratiques de corruption, de trafic d’influence, de détournement des fonds et des biens publics avec leur cortège de mensonges d’Etat couverts par l’impunité totale et absolue».

A Choguel, ils reprochent d’avoir privilégié «la division en clans de ses propres membres» au lieu de s’engager dans un débat constructif. «On assista à la transformation du Comité stratégique du M5-Rdp initial. Certains de ses membres, appelés au gouvernement et dans les cabinets ministériels, se sont coupés de leurs bases où, pendant neuf mois, ils n’y ont pas mis les pieds, notamment pour y faire le compte-rendu des travaux de cette instance», ont également déploré ces personnalités influentes du mouvement. D’où leur décision de mettre en place un nouveau Comité stratégique véritablement dédié au «Mali Kura».

Cette nouvelle instance, présidée par Konimba Sidibé, sera désormais «le creuset de tous les espoirs du changement attendu par le  peuple malien». Le «M5-Mali Kura», selon ses initiateurs, entend «pleinement jouer et revendiquer son rôle d’acteur de la refondation du Mali, à travers la structuration et la conduite de politiques publiques»,

«La  rectification de la transition voulue par le Premier ministre a échoué. Finalement, elle semble être devenue la rectification du Comité stratégique lui-même», a souligné l’ancien ministre de la Justice, Me Mohamed Aly Bathily, appelant à un «sursaut patriotique» pour que le mouvement renoue avec les vraies valeurs de la refondation du Mali.

«Elle sera une force politique majeure dans la gouvernance de l’après-transition afin que le nouveau Mali, fondé sur une gouvernance vertueuse, de justice et de solidarité soit une réalité», a précisé Konimba Sidibé porté à la tête du Comité stratégique. Et d’ajouter, «la transition ne saurait se limiter à la seule organisation des élections».

Pour les leaders du «M5-Mali Kura», le mouvement ne peut plus se contenter d’être «une caisse de résonance, au service du destin personnel de son président». Il doit plutôt retrouver les valeurs unificatrices de la lutte contre le régime de feu IBK afin de se positionner comme un acteur majeur d’une transition de rupture avec les mauvaises pratiques en favorisant ainsi la refondation tant souhaitée au Mali.

On peut dire que la rupture est aujourd’hui consommée entre le Premier ministre Choguel Maïga et ses anciens camarades de lutte !

Moussa Bolly

CHOGUEL KOKALLA MAÏGA : Chronique d’une fin annoncée à la Primature

C’est un doux euphémisme de dire que l’étau se resserre autour de l’actuel Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, qui apparait aujourd’hui comme un homme, traqué de tous les côtés, de plus en plus délaissé, y compris dans ses propres entrailles, et qui ne semble plus tenir son fauteuil qu’à un filqui peut rompre à tout moment.

Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la transition, n’est plus cet homme adulé au début de sa prise de fonction à la tête de l’Exécutif central, qui faisait la bamboula auprès d’un public acquis à sa cause, surtout lorsqu’il entonnait à souhaitles promesses d’une « gouvernance de rupture ».

Ce moment idyllique, où l’homme se faisait passer comme le ténor d’un renouveau pour le pays et où il avait droit de cité, est révolu. Et pour cause ? Choguel Kokalla Maïga est en ce moment au creux de la vague, bousculé qu’il est par de nombreux acteurs nationaux, à commencer par ses propres camarades du bon vieux temps de la contestation populaire sur le boulevard de l’indépendance, qui ne lui voient aujourd’hui quedésastre et faillite au cœur des affaires publiques.

Les remontrances politiques se multiplient et s’accumulent contre lui : après récemment la charge de l’Untm, pourtant soutien déterminé de la transition, qui lui a adressé une vive réplique, suite à des manquements graves sur le respect des promesses non tenues, c’est désormais l’Adema, un autre allié de poids de la transition, qui est sorti de ses réserves pour demander carrément la démission de cet homme à la Primature.

Dans la même veine, le cadre des partis politiques et de regroupement de partis politiques pour une transition réussie avait sonné la fronde sur le Premier ministre, en lui demandant de quitter ses fonctions pour s’être pris au piège d’un déni républicain à lui reproché dans l’exercice de ses fonctions.

En fait, du haut de ses prérogatives primatoriales, Choguel Kokalla Maïga, comme à ses habitudes, n’a  pas hésité à rencontrer une frange des acteurs politiques nationaux, étiquetés comme ses soutiens politiques déclarés, en leur enjoignant de se mettre en ordre de bataille en vue de remporter les prochaines joutes politiques qui s’approchent à grands pas dans le pays.

Dans un pays démocratique comme le nôtre, un tel travail partisan et fort suspecté de connivence de la part d’un Premier ministre au service de l’intérêt public, et donc complètement insoupçonné de népotisme politique, n’est pas un jeu politique anodin.

Les partisans de l’homme ont beau crier pour défendre leur champion, au prétexte qu’aucune loi de la République ne lui interdit d’exprimer ses choix politiques, il est clair que le Premier ministre, dès lors qu’il a rencontré des partisans dans un cadre des plus officiels au niveau de la Primature, ce haut lieu du pouvoir central, pour un ordre du jour spécifiquement privé, s’est rendu coupable du déni républicain. Une faute politique impardonnable dans un contexte démocratique.

Voilà alors qu’aux yeux de nombreux acteurs nationaux, le Premier ministre actuel a perdu toute crédibilité républicaine de continuer à assumer les hautes charges officielles qui lui confèrent le fauteuil primatorial, synonyme de droiture, à la fois morale et intellectuelle, vis-à-vis des citoyens du pays, indépendamment du clivage idéologique etsociologique.

De ce fait, dit-on, il doit en payer les conséquences politiques. C’est bien pourquoi en ce moment très tendu pour lui, le Premier ministre de la transition fait l’objet de vives critiques ; les unes aussi tranchantes que les autres, lui demandant désormais de quitter son fauteuil, car n’ayant plus la légalité formelle, vu ses accointances politiques assumées à l’endroit de ses propres partisans, de conduire l’action publique au grand bénéfice des Maliens.

On le sait, l’homme était au cœur d’une vive polémique parmi ses propres camarades de la contestation populaire du boulevard de l’indépendance, où des voix plus fermes, et non des moindres, s’étaient faites entendre dire qu’il s’était déjà disqualifié à agir comme étant le porte-parole du mouvement de contestation, en optant pour le clivage pour écarter, dit-on, les empêcheurs de tourner en rond.

La plupart des ténors du M5-RFP avaient tout simplement pris leur distance vis-à-vis du Premier ministre Choguel Maïga, avec lequel ils n’entendaient plus jamais continuer une quelconque collaboration politique. Au motif qu’il s’était évertué à diviser le M5-RFP et à procéder à une épuration politique qui ne disait pas son nom.

A l’évidence, les hostilités politiques ne s’affaiblissent pas à l’encontre du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui est aujourd’hui un homme isolé, au sens propre du terme, et qui voit de plus en plus sa marge de manœuvre se réduire considérablement.

Ces appels à la démission, de plus en plus nombreux et retentissants, et qui prennent des proportionspour le moins piquantes, car dépassant de loin le milieu de ses détracteurs politiques naturels, finiront-ils par le fragiliser auprès du colonel Assimi Goïta, seul à lui accorder ou non un sursis ?

On le saura bientôt….

Oumar KONATE

POLITIQUE : Que mijote Choguel sur le dos des associations ?

En regardant de près l’historique des audiences du Premier ministre Choguel   Kokalla Maïga, on s’aperçoit qu’il prépare quelque chose. Tout laisse croire que le chef du gouvernement qui est contesté par beaucoup de Maliens est dans la manœuvre pour prendre en otage l’opinion nationale en se cachant derrière le soutien de groupes associatifs et politiques. Il a reçu le mercredi 13 juillet 2022 une délégation de la Coordination pour la paix, l’entraide et le développement qui regroupe à ce jour 21 associations.

Cette association est sortie de nulle part, puisqueinconnue de tout le monde jusqu’à la semaine dernière. Dirigée par l’ancien ministre Adama Samassékou, la coordination se veut l’interface entre les populations et les autorités de la Transition. Elle se dit interpellée par la situation du pays, pour le moins préoccupante. Elle affirme avoir alerté plusieurs fois sur la détérioration de la situation et entend aujourd’hui passer aux actes en accompagnant les populations et surtout l’Etat dans ses missions.

Le ministre Samassékou a, au nom de la Coordination, salué les efforts des autorités qu’il qualifie de « processus de 2e indépendance du Mali », avant d’inviter les plus hautes autorités à l’Assemblée générale de lancement prévue pour le 11 septembre. Cette Coordination entend rassembler pour créer une société civile des terroirs.

Le Premier ministre a salué leur démarche, surtout qu’elle s’inscrit parfaitement dans le cadre des orientations du Président de la Transition, à savoir l’Union sacrée. Cette caractéristique de la Coordination est unique, a souligné Choguel Kokalla Maïga. Le chef du gouvernement a transmis à ses hôtes, au nom du Président de la Transition, toute la reconnaissance des autorités au peuple pour sa résilience lors de l’embargo injuste qui avait été imposé à notre pays.

Et Choguel Kokalla Maïga d’ajouter que le centre de gravité de la transition reste le peuple ; voilà pourquoi les aspirations des populations comme la sécurisation la lutte contre la corruption et l’impunité, les réformes politiques et institutionnelles seront poursuivies afin de refonder un Mali stable et souverain.

Par ailleurs, le Premier ministre a reçu, jeudi 14 juillet 2022, le Comité stratégique du M5-RFP, élargi aux femmes, aux jeunes, et une délégation venue de Sikasso. Choguel a tenu à informer les membres de la situation survenue le 10 juillet 2022,relative à l’arrestation de 49 militaires ivoiriens. Selon ses communicants, le Premier ministre se veut clair sur la question. Le Mali veut la paix avec tous les pays du monde, en particulier ses voisins. Pour autant, a-t-il ajouté, les orientations du Président de la Transition dans cette affaire sont tout aussi claires et le colonel Assimi Goïta l’a fait savoir à tous ses interlocuteurs : notre souveraineté n’est pas négociable.

Il est clair que le Premier ministre cherche à communiquer sur les crises pour avoir des faveurs dans l’opinion. « Il s’agit ici pour vous de comprendre ce qui s’est réellement passé. Nous n’entendons plus fermer les yeux sur des pratiques aussi vieilles soient-elles, qui ne reposent pas sur des principes légaux, approuvés par le gouvernement du Mali, a estimé le Premier ministre. Notre sécurité est notre priorité ».

Choguel veut avoir le soutien politique qu’il n’a pas eu avec les principaux partis politiques. Le Premier ministre a ainsi reçu jeudi 14 juillet, à la Primature, une délégation du regroupement de partis politiques dit « non alignés », conduite par un certain Boubacar Diallo. Ces acteurs sont venus témoigner et apporter leur soutien aux autorités de la Transition pour les résultats déjà obtenus, selon les témoignages.

Ce regroupement qui compte plus d’une vingtaine de partis politiques sollicite par ailleurs son implication dans la gestion de la Transition, convaincu qu’il est de la justesse des missions poursuivies par les autorités. Le chef du gouvernement a annoncé l’ouverture d’une nouvelle page du processus et a invité les acteurs qu’il considère comme une partie des forces acquises au changement à œuvrer pour le grand rassemblement de toutes les forces du changement, afin de rendre le processus irréversible.

Le Premier ministre a également reçu, le jeudi 14 juillet 2022, une délégation du Pôle politique du consensus (PPC), conduite par son président JeamilleBittar. Ce dernier est connu pour ses prises de position en faveur de la transition, surtout pour défendre le Premier ministre. Bittar a rassuré le chef du gouvernement quant au soutien de son mouvement. « Nous sommes comptables de la gestion de cette Transition; même si nous ne sommes pas directement impliqués dans la gestion des affaires publiques », a-t-il déclaré. Le Président du PPC a affirmé qu’il faut revoir la situation du Mali quant à sa place dans les organisations et même au niveau de la Francophonie, car beaucoup d’États rejoignent le Commonwealth.

Enfin, Bittar a demandé au Premier ministre le renforcement du contrôle au niveau de l’administration, afin de lutter contre les retards et l’absentéisme.

« Votre mouvement fait partie des principaux acteurs du changement, vous faites partis des soutiens les plus sûrs de la Transition », leur a affirmé le Premier ministre. Choguel Kokalla a rappelé à ses hôtes que le peuple et Dieu sont derrière la Transition. « Nous n’avons peur en tant que dirigeants que du peuple et de Dieu et ils sont derrière cette Transition », a-t- il déclaré.

Oumar KONATE

FORTE TEMPETE A LA PRIMATURE : Assimi pourra-t-il sauver la tête de Choguel ?

Le Premier ministre de la transition, depuis sa visite mal préparée d’Abou Dabi, ne connait pas de répit. Contrarié jusque chez ses propres compagnons du M5-RFP, le chef de gouvernement de la transition, Choguel Kokalla Maïga, qui fait face à une forte contestation politique, voit de plus en plus le ciel s’assombrir sur lui. On se demande aujourd’hui si le président de la transition, toujours réticent à une solution musclée à l’encontre du Premier ministre, pourra le sauver de la forte tempête qui le menace ?

Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la transition, est désormais un homme politique traqué de toutes parts. L’homme, en si peu de temps, est parvenu à cristalliser sur lui toutes les tensions politiques. Qu’elles proviennent des propres entrailles de l’homme, à savoir au sein du M5-RFP, ou qu’elles émanent des profondeurs du marigot politique, les tensions politiques, fortes et violentes les unes que les autres minent le quotidien du maître de la Primature.

La dernière guéguerre en date, qui a vu un Choguel Maïga perdre son contrôle parmi les siens, est survenue ce jeudi, dans l’après-midi, quand le Premier ministre de la transition s’est déplacé dans les garages d’un de ses soutiens du M5-RFP, l’opérateur économique Jeamille Bittar, pour présider une réunion dudit mouvement qui a bien tourné au pugilat.

Sur les vidéos tournées par les hommes de Choguel, on voit le Premier ministre en personne s’expliquer sur un incident dont on a du mal à comprendre qu’il en est lui-même le propre instigateur.

Voici les faits relatés par Choguel Kokalla Maïga lui-même : un homme (dont il semble ignorer l’identité), parvient à se hisser à la réunion du M5-RFP. Une fois interpellé par le Premier ministre en personne, il s’est trouvé que l’intéressé n’était pas membre du comité stratégique dudit mouvement. Séance tenante, il sera expulsé manu militari de la salle par les éléments incontrôlés.

Problème ? L’homme en question, qui s’est fait expulser de la salle, n’était pas en odeur de sainteté avec le Premier ministre dont il ne cessait de critiquer l’approche de gestion, depuis un certain temps. Et puis, l’homme en question est un responsable du M5-RFP qui a participé avec le même Choguel Kokalla Maïga à de nombreuses réunions du comité stratégique sans recevoir aucune récrimination de ce genre de la part de ce dernier.

Dans tous les cas, cet incident de la réunion avortée du M5-RFP dans le QG de Jeamille Bittar a causé une grande effervescence au sein du M5-RFP, où de nombreuses voix, dans de nombreux segments dudit mouvement, ont dénoncé l’attitude du Premier ministre consistant à diviser les siens et à régner dans l’autoritarisme  dans le but de s’assurer du contrôle effectif du M5-RFP.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs responsables du M5-RFP, surtout chez les jeunes, ont réagi brutalement à cette intrusion, jugée dangereuse, de Choguel qui œuvre manu militari à expulser un responsable du mouvement à une réunion parce que ce dernier ne souffle pas dans la même direction que lui et ne se gêne pas à lui faire savoir.

Pour beaucoup de responsables du M5-RFP, le fait que Choguel Kokalla Maïga, en sa qualité de Premier ministre, vient s’imposer à une réunion du M5-RFP, à distribuer les rôles et les cartes, en tenant les commandes, est un fait gravissime qui dénote que l’homme n’a aucune conscience de ses responsabilités officielles dans un contexte national où le pays est confronté à de nombreux défis sécuritaires, diplomatiques et économiques.

Si bien pour cela qu’ils sont aujourd’hui très nombreux, au sein du M5-RFP, à demander sans ambages le départ de la Primature de Choguel Kokalla Maïga ; jugé aujourd’hui par les siens comme le fossoyeur de la stabilité du pays.

Déjà, on le sait, le Premier ministre, depuis un bon moment, a du mal à converger avec ses anciens collaborateurs du M5-RFP, au compte du comité stratégique, dont les plus illustres se sont petit à petit démarqués de la gestion solitaire qu’il mène des préoccupations et attentes de leur mouvement.

Ce n’est plus une tension larvée que Choguel Kokalla Maïga entretient avec certains de ses anciens amis du comité stratégique. Aujourd’hui, c’est la crise qui couve d’autant que plusieurs responsables du comité stratégique, et dont les moindres ont déjà fait entendre leur opposition à la politique de division et de clivage que le Premier ministre mène au sien du mouvement, depuis qu’il détient le portefeuille de la Primature, à travers lequel il pratique une véritable politique d’épuration à l’endroit de certains membres du dit mouvement.

Non content d’avoir ses anciens compagnons à dos, qui le trouvent totalement en déphasage avec les idéaux de leur mouvement, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui s’est transformé en un chantre de l’idéologie anti-démocratique, a trouvé les moyens de fédérer autour de lui tous les segments du mouvement démocratique, aujourd’hui divisé et éclaté en mille morceaux.

On dit dans certains milieux qu’il s’est précipité dans une mission à l’extérieur, pour ne pas avoir, ce jour de 26 mars 2022, à s’incliner sur la mémoire des martyrs de la révolution de mars 91.

Dedans, parmi  ses anciens compagnons du M5-RFP, comme à l’extérieur,  dans les profondeurs du marigot politique national, Choguel Kokalla Maïga, en si peu de temps à la Primature, a littéralement détruit le capital de sympathie qui l’a maintenu à ce niveau de responsabilités nationales.

Tout seul, il s’est grillé les ailes, dans de nombreux scandales de gestion qui lui collent à la peau, comme la peste, et dans ses approches cavalières et autoritaires à la Primature, au point de s’aliéner du concours du président de la transition qui jusqu’ici voulait, pour lui, une sortie honorable.

Oumar KONATE

Evaluation de l’action gouvernementale : l’auto-satisfécit de Choguel Kokalla

87% de taux de réalisation du Programme d’action gouvernemental (PAG). C’est qu’annoncé le Premier ministre, la semaine dernière, lors d’une séance d’évaluation qu’il a organisée. Le chef du gouvernement s’est montré fier de son propre bilan au point de le glorifier. Sauf que les Maliens, à ce jour, ne connaissent le moindre secteur où les lignes ont bougé. 

Un bilan élogieux, dirait l’autre, mais… Une véritable prouesse réalisée par l’équipe gouvernementale dirigée par Choguel K. Maïga, serait-on tenté de dire. On serait même tenté de chanter le Janjo pour l’enfant de Tabankort. Si seulement, il y avait la moindre action concrète posée. Les enfants du bon Dieu seraient-ils devenus des canards sauvages aux yeux du PM ? Rien n’est moins sûr, car le saupoudrage et l’auto-satisfécit qui dont il fait montre autour de son fameux bilan crèvent les yeux, même ceux d’un aveugle. Les Maliens n’en revenaient pas lorsqu’ils ont entendu sur les antennes de la boite nationale à images (Ortm) que Choguel et sa clique ont réalisé 87% des actions inscrites dans le PAG. Ils ont dû penser qu’ils ne vivent pas dans le même pays que le PM. Parce que la vieille maraichère de Kambila n’a vu aucune amélioration dans son quotidien. Aujourd’hui plus qu’hier, elle broie du noir et la situation empire avec les sanctions de la communauté internationale. Malgré tout, Choguel Maïga voit la vie en rose. C’est normal, lorsqu’on émarge au budget national pour 75 millions F CFA mensuels à titre  d’indemnités. On peut s’offrir le luxe de se glorifier d’avoir amélioré le sens de la marche de l’Histoire.

Ce changement, il est y parvenu en allant insulter la France à la tribune des Nations unies. Tenir tête aux autorités françaises dans une joute verbale inouïe ayant précipité le départ de leurs troupes du sol malien. Oui, Choguel a bossé en défiant la Cedeao et le reste de la communauté internationale.

Eh oui, il a des hauts faits d’armes pour être parvenu à mettre tous nos malheurs sur le dos des acteurs du mouvement démocratique, créant ainsi des « Maliens de gauche et de droite ».

Le génie du PM est indéniable, mais il est incapable d’assurer trois repas normaux aux villageois de Séninkégny, ou aux populations meurtries de Douentza. Son génie n’a pas pu empêcher les sanctions de la Cedeao, encore moins les délestages intempestives à Bamako et dans les grandes villes. Eh oui, Chogeul est un as. Un vrai d’ailleurs dans la stratégie de ravaler ses convictions en fonction de l’évolution de la situation.

87% de réalisation du PAG ; selon tout esprit averti, devrait ressembler à ça,  que : le front social ne s’est pas tu par esprit de patriotisme, mais par la sagacité et la magnanimité du gouvernement ; le plateau technique s’est amélioré, bien sûr, avec la commande et l’achat de matériels commandés par Diéminatou Sangaré et non l’ancien régime ; l’école se porte à merveille au point où la ministre en charge de ce secteur se félicite d’avoir organisé les meilleurs examens de l’histoire de la République ; l’économie malienne se porte à merveille, avec un taux de croissance qui frôle les deux chiffres ; la dette intérieure est apurée jusqu’au dernier centime ; les caisses de l’Etat sont remplies à raz bord ; le trésor public est très solvable ; tous les déplacés internes et les réfugiés sont rentrés chez eux ; les groupes armés se sont disloqués ; la paix et la cohésion sociale sont de retour ; la diplomatie se porte à merveille ; le Mali rayonne dans le concert des nations, etc.

Au lieu de cela, à part la montée en puissance de l’armée, la République s’est endormie.

Pendant ce temps, Choguel se glorifie, se félicite au point de vouloir se convaincre lui-même qu’il a réalisé une prouesse.

Seulement voilà, les bouts de bois de Dieu en ont assez d’acheter du vent avec lui et ne se font aucune illusion quant à sa bonne foi de nous conduire droit dans le mur.

Dieu veille !

Harber Maïga

TRANSITION AU MALI : Jusqu’où mèneront les errements de la stratégie de communication à outrance de Choguel ?

Avec une parfaite maîtrise de la rhétorique, il ne rate aucune occasion pour haranguer les Maliens en tenant un discours flattant leur ego. Mais, à force de trop tirer sur son ennemi et d’ouvrir de nouveaux fronts, on finit par réduire le cercle de ses admirateurs.

«La démocratie ne peut pas primer sur la vie et la sécurité des citoyens et de leurs biens… On ne peut pas ramener la vie d’une nation à des élections… La priorité du gouvernement est de restaurer la sécurité…» ! Vous avez compris qu’il s’agit ici des flèches lancées par Dr Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la Transition, à ses adversaires politiques dans le pays et aux ennemis du Mali, notamment la Cédéao et la France qui se retrouvent à la même enseigne dans ses sorties médiatiques.

Ces déclarations ont été faites vendredi dernier (4 février 2022) à l’ouverture de la 18e édition du «Festival Ségou art» (Festival sur le Niger). Et comme on pouvait s’y attendre, il a rappelé pour la énième fois que «notre pays est frappé par des sanctions illégales dont le seul objectif est de renverser les institutions et le gouvernement». Mais, à ce rythme, ce ne sont pas la France et la Cédéao qui vont saboter la transition et renverser le gouvernement, mais l’inaction de l’exécutif face aux attentes des Maliens de plus en plus impatients de sentir le changement promis.

Depuis un mois le Mali subit les sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa. Les comptes du pays sont bloqués à la banque centrale (BCEAO) et les frontières avec certains pays voisins sont fermées. Et malgré les déclarations mielleuses de patriotisme des opérateurs économiques, les consommateurs constatent chaque jour la hausse constante des prix. Et ce qui fait encore mal, c’est de constater aussi l’incapacité du gouvernement à tenir ses promesses sur le maintien des prix à un niveau raisonnable. Et comme si cela ne suffisait pas, presque tous les moyens de transfert monétaire sont aujourd’hui bloqués entre le Mali et la plupart de nos pays voisins.

Aujourd’hui, nous sommes fiers de nos dirigeants parce qu’ils se sont assumés en remettant la France à sa place et en imposant désormais le respect de notre souveraineté nationale comme une condition sine qua non du partenariat bilatéral et multilatéral avec le Mali.  Mais, à ce rythme, si le président Goïta ne reprend pas réellement les choses en main pour recadrer son PM, il y a fort à craindre que le réveil soit cauchemardesque pour tout le monde.

Profiter de la brèche ouverte par l’Union africaine pour parvenir à un consensus avec la Cédéao

S’affranchir d’une tutelle ne saurait être une fin en soi. Il faut travailler pour conforter ce nouveau statut pour ne plus s’exposer à une telle domination. Inaugurer des Centres de santé de référence (CsRef), lancer des festivals devenus des tribunes de règlements de comptes avec la France… Ce n’est pas ce que les Maliens attendent aujourd’hui du Premier ministre. Mais, qu’il agisse pour sortir le pays de la crise actuelle !

Et pourtant, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Mahamat Faki, nous avait judicieusement ouvert une brèche par laquelle nos autorités auraient dû s’engouffrer avec une proposition concrète par rapport au chronogramme. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a en effet plaidé pour une prolongation de la transition n’excédant pas 16 mois. Une proposition raisonnable même si nos autorités aspirent à au moins 2 ans. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’avoir un accord avec la Cédéao sur un chronogramme n’excédant pas 16 à 20 mois. Encore fallait-il faire cette proposition.

Et visiblement ce n’est pas le cas parce que le sommet du jeudi dernier (3 février 2022) a justifié le maintien des sanctions prises le 9 janvier 2022 par l’absence de nouvelles propositions de la part du gouvernement malien. Comme beaucoup d’observateurs, nous sommes  convaincus que ce n’est pas par un bras de fer que nous allons obtenir la levée des sanctions. Autant alors arrêter de distraire la galerie et aller à l’essentiel en proposant un nouvel agenda assorti d’un calendrier électoral avec une durée raisonnable afin «d’atténuer les discordes avec la Cédéao».

Maintenant que tous nos partenaires savent ce que les Maliens veulent et qu’ils sont prêts à payer le prix fort pour y parvenir, il est aisé de pouvoir discuter, dialoguer avec eux au lieu de continuer à jeter  l’huile sur le feu par des déclarations incendiaires du Premier ministre Choguel comme stratégie de communication. Il ne faut pas se voiler la face, nous n’avons pas la capacité diplomatique (même si nous pouvons compter sur la Chine et la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU) ni le poids économique suffisant pour tenir tête à la France et la Cédeao. C’est pourquoi il n’est pas judicieux d’ouvrir autant de fronts d’hostilité.

Ce n’est pas en tournant le dos au reste du monde que nous réussirons à redonner au Mali ses lettres de noblesse ! Ce qui ne doit pas être négociable, c’est notre souveraineté et la dignité du peuple malien !

Moussa Bolly