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LE PREMIER MINISTRE DEVANT LE CNT : Pourquoi Choguel n’échappera pas à Diaw

A l’occasion de la rentrée parlementaire du Conseil national de transition (CNT) au compte de la session d’avril, le président de l’organe législatif de la transition, le colonel Malick Diaw, est sorti de sa réserve naturelle vis-à-vis du Premier ministre, en lui mettant la pression d’une prochaine interpellation qui pourrait lui sonner le tocsin.  Jusqu’où Malick Diaw pourrait-il aller avec un Choguel Maïga, pilonné de tous les côtés ?

Longtemps critiqué pour son suivisme et son immobilisme face à une certaine léthargie de l’action gouvernementale, le  président du Conseil National de Transition,le colonel Diaw, a fait parler de lui, en tapant du poing sur la table. Une sorte d’alerte poignante à l’endroit du Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga qui a jusqu’ici bénéficié d’une certaine béatitude de l’organe législatif.

C’était à la faveur de la deuxième session ordinaire d’avril du CNT, qui couvrira une période de 90 jours et qui aura à examiner, en l’état actuel du tableau des saisines, près d’une trentaine projets et propositions de loi, à l’issue de laquellele maître du perchoir a haussé le ton en fixant les règles d’une interpellation parlementaire qui tiendra toutes ses promesses.

Dans le feu de l’action, comme l’a laissé entendre, dans son discours inaugural de session, le colonel Malick Diaw a visé le Premier ministre dans les actes majeurs de gouvernement, comme on pouvait s’y attendre, à l’image du bilan de la transition, de l’état d’avancement du chronogramme pour le retour à un ordre constitutionnel.

On le voit, il s’agit des dossiers chauds, sur lesquels le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, devra répondre et sur lesquels on sait qu’il a beaucoup trainé les pieds.

Il est donc plus clair que celui qui a jusqu’ici brillé par la guéguerre féroce qu’il a menée contre la Cedeao et la France, et qui constitue aujourd’hui ses seuls faits d’armes, devra faire montre de perspicacité et de pragmatisme pour convaincre un président du CNT, le colonel Malick Diaw, qui semble se décider à voir plus de vivacité dans l’action gouvernementale. « Je voudrais m’adresser solennellement au Premierministre pour luidirequ’indépendamment des évaluations périodiquesfaites du PAG, les Maliens veulent savoir exactement l’étatd’avancement du processus de transition ainsi que le chronogramme
détaillé. Cela est d’autant plus important que c’est au peuple que revientla paternité des conclusions des ANR notamment celles devant aboutirà un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Les échanges en cours avecla Cedeao ne devraient en aucune manière constituer un facteur deblocage de notre processus de refondation. Sur cette question, le Premier ministre, vous serez certainement invité à passerdevant le CNT, conformément à sa mission de contrôle de l’actiongouvernementale, pour des échanges plus approfondis dans un brefdélai».

Voilà les mots du président du CNT sont pesés et le ton tranché sur ce qu’il attend effectivement du Premier ministre et de son gouvernement. Sur ces entrefaites, beaucoup d’observateurs attentifs de la scène nationale estiment qu’il s’agira pour le Premier ministre d’un test politique majeur au cours duquel il devra sortir de son train-train habituel, fait d’invectives et de discours va-t’en guerre contre tels ou tels partenaires, pour donner des appréciations claires et nettes sur les résultats effectivement engrangés.

Ce qui en réalité, comme le constatent pas mal de citoyens, n’est pas le point fort du Premier ministre qui n’a pas, sur son actif, des actes concrets de gestion, en dehors des scandales de gestion qui se sont multipliés sur son parcours et qui ont forcément écorné son aura.

On le voit, celui qui a pompé l’air, à sa nomination à la Primature, en annonçant à la face du monde qu’il est porteur, pour le nouveau Mali, d’une nouvelle gouvernance de rupture, est devenu très tôt le Premier ministre des scandales.

S’il doit s’expliquer, devant les membres du CNT, sur tous ces dénis de gestion, on le voit clairement vite rattrapé par ses propres frasques. Et à entendre parler un maître de perchoir, déterminé à assumer tout son rôle de veille sur l’action gouvernementale, on voit alors un Premier ministre en mal de sensation politique face à un organe législatif de la transition, contre qui il avait asséné les pires critiques.

Ce n’est pas encore le temps de la revanche contre un Choguel Maïga vindicatif et critique vis-à-vis du CNT, mais c’est tout comme, en ce sens que depuis qu’il a été nommé à ce poste, à la faveur de la rectification de la transition, c’est la première fois qu’il devra affronter les foudres des membres du CNT, lesquels savent qu’ils ont eux-aussi besoin de redorer leur blason à l’endroit du citoyen lambda, abusé et fatigué par le conformisme d’un organe législatif qui a eu du mal à s’affranchir de la toute domination de l’exécutif central. Et cela, pendant que le pays connaît les difficultés de toutes sortes.

Si le Premier ministre est déjà averti de l’accueil qui lui sera réservé au CNT, quand sonnera l’heure de son interpellation, pour le reste, le maitre du perchoir, le colonel Malick Diaw, toujours égal à lui-même, est resté droit dans ses bottes pour dénoncer les sanctions illégales et illégitimes qui frappent le Mali par la Cedeao.

De la même manière, le colonel a exprimé toute sa fierté quant à la montée en puissance de l’armée nationale dans la guerre implacable qu’elle mène contre les terroristes.

« Nul doute que la physionomie de la lutte que mènent les Forcesarmées maliennes contre les groupes terroristes a littéralement changédepuis des mois. En effet, nous notons avec satisfaction que les FAMamaintiennent avec constance leur démarche offensive de neutralisation des terroristes et de leurs nids criminogènes. Les nombreux résultatsengrangés sur les différents théâtres d’opération et largement saluéspar nos populations dénotent de la montée fulgurante en puissance denotre Armée. S’y ajoute le retour volontaire de plusieurs milliers deréfugiés dans leurs localités d’origine. C’est l’occasion de renouveler nos vives félicitations et nos encouragements à l’ensemble des forces de défense et de sécurité maliennes dans l’accomplissement de leur mission régalienne et républicaine. C’est aussi l’occasion de leur notifier que le CNT œuvrera toujours aux côtés des plus hautes autorités de la transition pour doter notre pays de forces armées bien formées, bien équipées, motivées, performantes et résolument
engagées dans la défense de la patrie et dans la protection des personnes et de leurs biens», se félicitera-t-il.

Un état d’esprit favorable du colonel Diaw sur la marche victorieuse des FAMa, en dépit des difficultés inhérentes à la lutte contre le terrorisme, et que le Premier ministre Choguel Maïga aura du mal à bénéficier sur le bilan cahin-caha qu’il devra présenter devant le CNT.

Attendons de voir…

Oumar KONATE

EAUX ET FORETS : Pourquoi la nouvelle directrice nationale fait peur !

Nommée le 9 février dernier en qualité de directrice nationale des Eaux et Forêts, Kanouté Fatoumata Koné suscite peur et crainte dans certains milieux. D’où le lynchage médiatique dont elle est victime.

Après une longue et riche carrière couronnée par sa promotion comme directrice nationale, Fatoumata Koné a gravi tous les échelons des services des Eaux et Forêts. Appelée pour redorer le blason de ce service hautement stratégique pour la survie de la faune et de la flore, les plus hautes autorités ont misé sur son expérience et ses qualités d’intégrité et son savoir-faire.

Assainir le service des Eaux et Forêts, réorganiser le service et réorienter les missions pour la protection des biomasses…, elles sont entre autres les tâches assignées à Kanouté Fatoumata Koné. Depuis sa nomination, elle fait l’objet d’attaques injustifiées et inexpliquées. Pourquoi cette nomination fait autant jaser ?

Qui a peur du changement qu’elle n’hésitera pas à apporter ? Autant de questions qui suscitent la curiosité. Pour ceux qui l’ont pratiquée, le choix porté sur cette dame du sérial n’est pas anodin, car la nouvelle directrice générale est créditée d’être un cadre intransigeant sur le principe sacrosaint du travail et du travail bien fait.

Les arguments avancés par ses détracteurs ne tiennent que dans l’esprit de ces derniers. Parce que l’intégrité et la compétence de cette dame n’ont jamais été remises en cause. A titre d’exemple, lors de sa gestion du programme Gedefor, Kanouté Fatoumata Koné n’a pas hésité à se constituer partie civile dans une affaire de détournement de fonds. L’affaire jugée par la Cour d’assises en sa session du 19 janvier 2019 porte sur l’atteinte aux biens publics et complicité, opposant le ministère public à Assitan Keïta et Amadou Guittèye. La Cour a reconnu leur culpabilité et les a condamnés au payement de 51 millions F CFA de dommages et intérêts et le remboursement d’un principal de 144 millions. Fatoumata Koné n’a jamais été inquiétée dans cette affaire ; c’est plutôt elle qui a porté l’affaire devant la justice.

Connaissant ses aptitudes professionnelles, les plus hautes autorités attendent d’elle l’engagement de nouvelles réformes du secteur des Eaux et Forêts. Pour cela, elles ont misé sur la touche particulière de cette dame au parcours sans reproche. En effet, Fatoumata Koné est sortie major de sa promotion du cycle d’ingénieur des sciences appliquées, spécialité Eaux et Forêts de l’Institut polytechnique rural de Katibougou, en 1993. Alors, débuta une longue et riche carrière qui l’a amenée à travailler sur beaucoup de sujets, élaborer de nombreux documents dont certains servent de cadre dans les politiques nationales des Eaux et Forêts. Il s’agit notamment de l’élaboration en janvier 1993 du plan d’aménagement de la Forêt d’application de la Faya ; l’étude sur la classification traditionnelle des types de brousse pour le compte de Forest Tree and People Program/FAO en qualité de consultante indépendante ; la réalisation d’une étude en septembre 1993 des systèmes traditionnels de communication dans la zone des monts mandingues. En novembre de la même année, Fatoumata Koné réalise une autre étude cette fois-ci sur femmes et ressources ligneuses. En juin 1994, elle réalise l’enquête préliminaire pour l’élaboration du schéma directeur d’approvisionnement de Bamako en bois énergie ; en janvier 2000, elle fait son entrée dans la fonction publique malienne sur concours et admise  première nationale et mise à la disposition de la direction nationale de la conservation de la nature. Une année après, elle est promue Chef division animation et suivi-évaluation à l’Opération aménagement du Parc national de la boucle du Baoulé et des réserves adjacentes (Opnbb/Dncn). En septembre 2005, elle a été nommée Coordinatrice du programme de partenariat entre la FAO et les Pays-Bas (Fnpp/FAO) « Appui à la politique de décentralisation et de transfert de responsabilités aux collectivités rurales: les implications politiques, institutionnelles et méthodologiques d’une stratégie de gestion intégrée participative des ressources naturelles et de la biodiversité ». Poste qu’elle occupa pendant 3 ans,  avant sa nomination en avril 2009 comme coordinatrice du Programme de gestion décentralisée des forêts « Gedefor » Cofinancement Mali/Suède/Norvège jusqu’en 2014. En janvier 2015, Fatoumata Koné est reconduite comme coordinatrice du Gedefor II ; cofinancement Mali -Suède.

Après la conduite du document cadre de la phase III, elle est nommée en septembre 2019 en qualité de conseillère technique au ministère de l’Environnement de l’Assainissement  et du Développement durable.

Elle restera à ce poste jusqu’en mars 2020, où elle fut nommée directrice générale de l’Agence nationale de la grande muraille verte.

C’est cette somme d’expérience que les plus hautes autorités ont décidé de porter à la tête de la direction des Eaux et Forêts pour veiller sur la faune et la flore, surtout à l’heure du dérèglement climatique qui menace la biosphère mondiale.

Pour sûr, avec elle à la tête des Eaux et Forêts, plus rien ne sera comme avant. C’est donc normal que ceux qui ont bâti leur confort dans le flou et l’informel veuillent lui faire la peau avant même sa prise de fonction.

Dieu veille !

Jean JACQUES

Relations Afrique-France : pourquoi la France fait face à tant de colère en Afrique de l’Ouest

Tout a commencé de façon si positive. Où les choses ont-elles mal tourné ? Pourquoi la France semble-t-elle aujourd’hui si impopulaire en Afrique ?

Le président français Emmanuel Macron augmente l’aide au continent, commence à restituer les objets culturels volés pendant les guerres coloniales et va au-delà des liens intergouvernementaux habituels pour impliquer les jeunes générations et la société civile.

Il maintient les troupes françaises au Sahel pour lutter contre les militants djihadistes qui tuent tant de civils, de policiers et de soldats locaux et soutient le bloc régional de la Cedeao, qui tente de défendre les politiques électorales contre les prises de contrôle militaires.

Cette année, il s’est rendu au Rwanda pour reconnaître publiquement les échecs de la France pendant le génocide de 1994.

Pourtant, son pays est désormais la cible de plaintes et de critiques africaines aigries, à une échelle probablement sans précédent.

Le mois dernier, un convoi de troupes françaises se dirigeant vers le nord pour soutenir la lutte contre les militants islamistes est bloqué à plusieurs reprises par des manifestants alors qu’il traverse le Burkina Faso et le Niger.

En septembre, le Premier ministre malien Choguel Maïga est accueilli par une vague de commentaires sympathiques lorsqu’il profite d’un discours à l’ONU pour accuser la France d' »abandonner son pays en plein vol », après que M. Macron commence à réduire le déploiement de troupes dans le pays.

Parmi les commentateurs progressistes d’Afrique de l’Ouest et les jeunes urbains, il est désormais courant d’entendre des appels à l’abolition du franc CFA – la monnaie régionale utilisée par de nombreux pays francophones et qui est arrimée à l’euro sous la garantie du gouvernement français. Ses détracteurs affirment que cela permet à la France de contrôler les économies des pays qui l’utilisent, tandis que la France affirme que cela garantit la stabilité économique.

Arrogance néocoloniale

Comment expliquer ce paradoxe ? Comment se fait-il qu’un président plus soucieux de l’Afrique que la plupart de ses prédécesseurs récents, et plus conscient aussi de la façon dont le continent change, se heurte à un niveau d’impopularité française qui n’a pas été ressenti depuis des décennies ?

Le style personnel de M. Macron, sûr de lui – les critiques diraient arrogant – est certainement un facteur.

Il a fait sa part de gaffes diplomatiques.

Après la mort de 13 soldats français dans un accident d’hélicoptère au Mali en novembre 2019, il exige que les dirigeants ouest-africains s’envolent vers la France pour un sommet d’urgence, une sortie perçue comme une arrogance néocoloniale, d’autant que le Mali et le Niger avaient subi des pertes militaires récentes bien plus lourdes.

Le président Macron est contraint de rectifier rapidement le tir, en se rendant à Niamey, la capitale du Niger, pour rendre hommage aux militaires nigériens morts et en reportant le sommet à janvier 2020.

Mais les causes du malaise actuel de la France remontent aussi à des décennies avant l’élection de M. Macron en 2017.

« Vous pouvez citer des controverses historiques liées à la colonisation. Beaucoup d’entre nous sont les enfants de parents qui ont connu la période coloniale et ses humiliations », explique l’analyste politique ivoirien Sylvain Nguessan.

Au cours des premières décennies qui ont suivi l’indépendance, la France a entretenu un réseau dense de relations personnelles avec les dirigeants et les élites africains – surnommé « françafrique » – qui a trop souvent glissé vers une protection mutuelle des intérêts particuliers, avec peu de considération pour les droits de l’homme ou la transparence.

Parmi les puissances extérieures, Paris était loin d’être la seule à être de connivence avec des alliés dictatoriaux, mais ses relations étaient particulièrement étroites et indiscutables.

Charisme et changement

L’échec le plus accablant s’est produit au Rwanda en 1994, lorsque la France n’a pas agi alors même que son allié, le régime du président de l’époque, Juvénal Habyarimana, commençait à préparer un génocide.

À partir du milieu des années 1990, plusieurs gouvernements se sont efforcés de réformer l’engagement de la France en Afrique et de donner une plus grande priorité au développement et à la gouvernance démocratique.

Mais l’élan s’est ensuite essoufflé.

Nicolas Sarkozy a commencé son mandat de président en 2007 en faisant remarquer, avec un manque de tact spectaculaire, que « l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire ». Il favorise de vieux alliés tels que la famille Bongo, qui gouverne le Gabon depuis 1967.

Lorsque François Hollande est devenu président en 2012, il n’a eu d’autre choix que de se concentrer sur les questions de sécurité au Sahel – une bande de terre située au sud du Sahara. Il n’a jamais vraiment eu la force politique de relancer les efforts de réforme.

Mais avec l’arrivée au pouvoir de M. Macron, la France a eu un président pleinement conscient de la nécessité d’un changement – et disposant du poids politique et de l’enthousiasme personnel pour s’attaquer à la tâche.

En 2017, il dit à des étudiants dans la capitale burkinabé, Ouagadougou, que la France soutiendrait une réforme du franc CFA si les gouvernements africains le souhaitaient. Il a également invité des personnalités de la société civile, de la jeunesse et de la culture au sommet France-Afrique de cette année à Montpellier, plutôt que la flopée habituelle de présidents.

Le Sahel, une plaie qui saigne

Pourtant, son empressement à parler franchement, à remettre en question les anciennes structures et les idées reçues n’a pas toujours été apprécié, même par ceux qui réclament le changement.

En outre, la situation au Sahel s’est détériorée et est devenue une plaie béante.

La présence militaire française alimente un sentiment de mécontentement de plus en plus répandu en Afrique de l’Ouest.

Malgré un effort militaire massif et soutenu – avec plus de 5 000 soldats déployés et plus de 50 tués – la France n’a pas été en mesure de surmonter de manière décisive la menace des djihadistes, dont les attaques contre les communautés locales et les forces de sécurité se poursuivent.

Les raisons sont complexes, tant militaires que sociales, environnementales et économiques.

Pourtant, une part importante de l’opinion publique locale estime que la France, en tant que puissance militaire occidentale de haute technologie, aurait dû être en mesure de « régler » le problème et devrait maintenant se retirer si elle ne peut le faire.

Ces sentiments semblent avoir motivé les manifestants qui ont bloqué le convoi de l’armée française.

Et cela vient après des causes antérieures de ressentiment, comme le souligne M. Nguessan : « les discours de Sarkozy à Dakar, de Macron à Ouagadougou ; la guerre en Côte d’Ivoire ; les résultats décourageants de la campagne contre le terrorisme ».

« Les questions liées à la monnaie, à la dette, au soutien aux dictateurs locaux et aux mots mal choisis. »

Mais des facteurs sociaux et communautaires sous-jacents façonnent également l’attitude de certains.

Un officier supérieur du Sahel affirme qu’il considère les Français comme des alliés des anciens rebelles séparatistes touaregs dans le nord du Mali – une allégation farouchement et de manière argumentée, démentie à Paris.

Des complexités similaires entourent le soutien de la France à l’organisme régional d’Afrique de l’Ouest, la Cedeao, qui tente actuellement de faire pression sur les putschistes du Mali et de la Guinée pour qu’ils ramènent rapidement leurs pays à un régime constitutionnel civil.

Un nombre croissant de jeunes considèrent le bloc régional comme un club de présidents sortants, trop lent à critiquer les dirigeants civils qui manipulent les règles démocratiques et peu disposé à reconnaître la force du soutien populaire aux dirigeants militaires qui promettent des réformes.

Ainsi, en soutenant la Cedeao en tant qu’institution africaine légitime de gestion des crises, la France finit par être perçue comme un soutien de la vieille garde de l’establishment.

Paul Melly est consultant auprès du Programme Afrique du groupe de réflexion Chatham House à Londres.

SOURCE : https://www.bbc.com/afrique/region-59548555

Pourquoi Mark Zuckerberg met du scotch sur la webcam et le micro de son Mac

 
Paranoïaque ? Non, prudent. Mark Zuckerberg obstrue les yeux et les oreilles de son Macbook avec des morceaux d’adhésifs, pour éviter d’être la cible d’espionnages.
 
Pour célébrer le dépassement des 500 millions d’utilisateurs d’Instagram, Mark Zuckerberg a publié une photo qui le montre brandissant un cadre en carton censé représenter l’interface du service de photographie, avec 500 millions de likes. Mais le plus intéressant dans la photo est ailleurs, comme l’ont noté plusieurs internautes :

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En regardant bien la photo, on remarque en effet que Zuckerberg a adopté une mesure de sécurité low-tech pour éviter d’être espionné depuis son Mac : du scotch. Le fondateur et dirigeant de Facebook a collé des morceaux d’adhésif par dessus la webcam de son Macbook, et au niveau du microphone, pour éviter que même en cas de piratage, le son et l’image environnants puissent être captés et enregistrés par des pirates.

Trop parano ? Non !

Cela peut sembler absurde, mais c’est une mesure de précaution élémentaire, probablement conseillée par la direction en charge de la sécurité de Facebook, sur tous les ordinateurs portables susceptibles d’être attaqués. En 2013, des chercheurs en sécurité informatique de l’université John Hopkins, aux Etats-Unis, avaient démontré qu’il était possible de prendre le contrôle des webcams des Mac, ce qui est aussi chose fréquente sur les PC. La firme Symantec avait même alerté, la même année, sur ce qu’elle désignait comme des « creepwares

« Certaines personnes mettent un morceau d’adhésif sur la webcam de leur portable, peut-être vous-mêmes le faites. Sont-elles trop prudentes, paranoïaques, un peu étranges ? (…) Beaucoup d’entre nous ont entendu des histoires de gens qui étaient espionnés sur leur ordinateur (…). Mais ces histoires sont-elles vraies et les précautions prises par des gens en apparence paranoïaques sont elles justifiées ? Malheureusement la réponse est oui », écrivait alors Symantec. L’éditeur a même publié une vidéo de prévention :

Dans le cas de Mark Zuckerberg, ce ne sont probablement pas des vidéos embarrassantes qui l’inquiètent, mais plutôt l’espionnage industriel — qu’il soit réalisé par des concurrents ou par des puissances étatiques étrangères qui voudraient espionner Facebook pour le compte de leurs propres champions nationaux.

Si les webcams d’Apple ont été piratables en 2013, rien n’assure qu’elles ne puissent plus être piratées aujourd’hui, ou qu’elles ne pourront pas l’être demain.