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Message du Secrétaire général publié à l’occasion de la Journée internationale de la paix – 21 septembre 2022

La paix est une aspiration noble et essentielle, et constitue le seul chemin vers un monde meilleur et plus juste pour toutes et tous.

Pourtant, en de trop nombreux lieux, dans beaucoup trop de situations, nous ne sommes pas à la hauteur de cette quête de paix.

Cette année, le thème de la Journée internationale de la paix – « Mettre fin au racisme, Bâtir la paix » – nous rappelle que, de très diverses manières, le racisme empoisonne les cœurs et les esprits et fragilise la paix à laquelle nous aspirons toutes et tous.

Le racisme arrache aux personnes leurs droits et leur dignité. Il exacerbe les inégalités et la méfiance. Et il éloigne les gens les uns des autres à un moment où nous devons être unis, comme une seule famille humaine, afin de réparer notre monde fracturé.

Au lieu de lutter les uns contre les autres, nous devrions agir pour défaire nos véritables ennemis : le racisme, la pauvreté, les inégalités, les conflits, la crise climatique et la pandémie de COVID-19.

Nous devrions démanteler les structures qui alimentent le racisme et promouvoir les mouvements de défense des droits humains partout dans le monde.

Et nous devrions étouffer les dangereux discours de haine en réclamant, à l’unisson et sans fléchir, la vérité, l’entente et le respect mutuel.

En cette journée importante – l’occasion d’observer 24 heures de cessez-le-feu et de non-violence – nous demandons une nouvelle fois à toutes et tous de ne pas se contenter de faire taire les armes.

Nous invitons chaque personne à renouveler les liens de solidarité qui nous unissent en tant qu’êtres humains et à retrousser les manches et construire un avenir meilleur et plus pacifique.

Le PM-I ABDOULAYE MAÏGA SUR L’ORTM : Le Mali a toutes les preuves pour confondre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU

Dans une interview diffusée dans la soirée du vendredi dernier (9 septembre 2022) à la télévision nationale (ORTM), le Premier ministre par intérim (PM-I) a fait  le point des différents chantiers ouverts pour la réussite de la transition en cours. Et il a assuré que les autorités de la Transition ont toutes les preuves des accusations portées contre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Convaincre ceux qui ont encore des doutes sur le bien fondé des actions engagées pour la réussite de la transition en cours dans notre pays ! C’est à ce jeu que s’est prêté vendredi dernier le Premier ministre par intérim, Colonel Abdoulaye Maïga sur l’ORTM. Et pendant 45 minutes, il a joué à l’apaisement et au rassemblement en rappelant à tous que «il n’y a pas d’opposants à la transition».

Et il a fait le point des avancées sur les chantiers de la refondation et abordé les questions sensibles sans langue de bois. Cela va de l’amélioration de la situation sécuritaire à la cherté de la vie à cause en partie de la hausse du prix des denrées de première nécessité en passant par les réformes politiques et institutionnelles ; la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) ; le chronogramme de la transition… «Ce n’est pas facile …Des efforts sont en cours pour lutter contre l’augmentation anarchique des prix», a informé le Colonel Abdoulaye Maïga en évoquant le contexte de conjoncture générale au niveau mondial.

Se prononçant sur les questions régionales et internationales, notamment la plainte du Mali à l’ONU contre la France, le PM-I a été très clair : «il n’y a aucune volonté de rupture avec la communauté internationale». Toutefois, même si notre pays ne veut pas vivre en autarcie, il se devait de fixer les principes de sa coopération désormais basée sur  le respect de la souveraineté du Mali, celui des choix de partenaires du Mali et des intérêts vitaux du peuple malien.

«Nous espérons que le Conseil de sécurité de l’ONU examinera la plainte du Mali…», a-t-il souhaité. Et cela d’autant plus que «le monde doit découvrir comment la France se comporte au Mali… Nous présenterons des preuves sur comment elle fournit des renseignements et des armes à des groupes terroristes», a précisé le Colonel Maïga assurant disposer de toutes les preuves de cette accusation.

D’une manière générale, cette première sortie médiatique du Colonel Abdoulaye Maïga comme Premier ministre par intérim a été une réussite. Et cela d’autant plus qu’il a déjoué le piège d’outrepasser son statut d’intérimaire. La preuve d’une grande humilité de sa part !

Moussa Bolly

Message du secrétaire général des Nations-Unies à l’occasion de la journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques

L’éducation est un droit humain fondamental et tient un rôle décisif dans la réalisation de la paix et du développement durable.

Malheureusement, ce droit continue d’être attaqué, en particulier dans les zones touchées par des conflits. En 2020 et 2021, la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques a dénombré plus de 5 000 cas dans lesquels des écoles et des universités avaient été la cible d’attaques ou utilisées à des fins militaires. Plus de 9 000 étudiants et éducateurs ont été tués, enlevés, arrêtés arbitrairement ou blessés. Il s’agissait pour la majorité de femmes et de filles.

Ces attaques empêchent des millions d’apprenants vulnérables d’accéder à l’éducation et exacerbent les risques de violences sexuelles et de recrutement d’enfants par des groupes armés. Il faut que cela cesse immédiatement. Les salles de classe doivent rester des lieux de paix et d’apprentissage.

Je me félicite des mesures prises par de nombreux pays pour protéger les établissements d’enseignement et celles et ceux qui en ont besoin, et je demande instamment à tous les États Membres d’approuver et de mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Les obligations découlant du droit international et du droit international humanitaire doivent être respectées. Il faut continuer de recenser les attaques, enquêter sur toutes celles qui sont commises et amener leurs auteurs à en répondre.

En cette Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques et en vue du Sommet sur la transformation de l’éducation qui se tiendra prochainement, œuvrons ensemble pour garantir à toutes et à tous un accès à une éducation sûre.

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Mali VS France : le clash à l’ONU aura bien lieu

En effet, Paris n’étant pas capable d’affronter ce dossier d’accusation qui s’avère être en béton armé s’emploie toute fois à éviter de rallonger la chaine des précédents fâcheux pour sa diplomatie internationale. Pour le moment, le flou persiste dans cette affaire grâce notamment au silence douteux de l’accusé.

C’est une première dans l’histoire des nations unies une ancienne colonie de la France l’interpelle face au monde entier à travers le conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) sur la base d’accusations extrêmement graves. Le Mali est le pionnier dans la manifestation de plusieurs symptômes qui caractérisent la débâcle de la métropole dans ses anciens pré-carrés. L’affaire est surréaliste. Après plusieurs mois de tension entre les deux pays, le clou du spectacle s’avère être cette accusation de violation de la souveraineté du Mali et de soutien direct aux mouvements terroristes contre ce pays. Sans s’attarder sur le dossier d’accusation, nous laissons le soin au CSNU ; nous préférons analyser brièvement des faits incroyables survenus publiquement depuis que ces accusations sont rendues publiques. Aux lendemains de la saisine de l’ONU, l’Etat Français, avec en tête son chef E. Macron, pourtant prompt à défendre son pays face à toutes accusations, a brillé par son silence. L’occasion n’a pourtant pas manqué pour lancer des piques. Il annonçait récemment la fin de l’abondance pour les Français et il y a 2 jours il flirtait à Tebboune en Algérie. La réplique classique est venue d’un militaire de la force barkhane qui, sans apporter de démentis convaincants, nous a plutôt servi la même soupe froide de l’écœurement et la victimisation « C’est une insulte… ou des français sont tombés pour sauver le Mali ». Pour ceux qui s’attendaient à des démentis sur la base de preuves à la hauteur de celles que le Mali a brandi, la déception fut totale. Pour le moment, trois questions tournent sur les lèvres : 1-Pourquoi la France fait tout pour empêcher cette réunion ? 2- Pourquoi le Mali n’a pas reçu jusqu’à présent, une réponse à sa demande ? 3- Pourquoi les alliés du Mali n’ont pas communiqué sur le dossier ?

Par ailleurs, dans ce silence gênant de l’hexagone, il nous est revenu que tous ses efforts sont déployés au sein de l’ONU pour que cette réunion d’urgence demandée par le Mali n’ait jamais lieu. En effet, Paris n’étant pas capable d’affronter ce dossier d’accusation qui s’avère être en béton armé s’emploie toute fois à éviter de rallonger la chaine des précédents fâcheux pour sa diplomatie internationale. Pour le moment, le flou persiste dans cette affaire grâce notamment au silence douteux de l’accusé. L’occasion de féliciter l’Elysée pour avoir pu retenir le fougueux président de se l’ouvrir au risque de tout foutre en l’air. Mais l’envoie de Macky Sall pour calmer les ardeurs de Bamako a lamentablement échoué. Malgré le suspens et le jeu de la montre fait par certains acteurs dans cette affaire, le Mali n’entend pas du tout lâcher l’affaire. Le Ministre des affaires étrangères A. Diop s’est entretenu la semaine passée avec l’Ambassadeur de la Chine au Mali sur cette question. L’affaire retient toute l’attention de l’opinion nationale malienne et panafricaine. Pendant ce temps, Paris évite les sorties publiques et met à profit toutes ses ressources diplomatiques de haut niveau. Pour le moment les pays de l’européenne lui aurait assuré leurs soutiens. C’est peut-être pour témoigner de ce fait que la Ministre allemande des affaires étrangères s’est fait de nouveau remarquer par une autre de ces bêtises qu’elle seule maîtrise le ton « L’Allemagne ne va pas laisser le Mali à la Russie ». Par l’Allemagne, il faut entendre : l’union européenne en soutien à la France pour l’aider à préserver sa propriété privée, le Mali. Le réveil euro-occidental sera brutal.

Martine Laroche-Joubert journaliste

Mali : risque de contagion djihadiste en Afrique de l’Ouest, selon un expert de l’ONU

Alors que la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel central continue de se dégrader, un Expert indépendant onusien s’est inquiété, mardi, du débordement de la menace djihadiste sur la partie septentrionale des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest.

La situation sécuritaire est en train de s’aggraver dans cette partie occidentale de l’Afrique, une menace qui touche également des pays qui ne partagent des frontières avec le Mali, a mis en garde Alioune Tine, Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali.

Bénin, Togo, Côte d’Ivoire… la violence djihadiste qui ravage depuis des années la région du Sahel Central déborde toujours plus vers les pays côtiers du Golfe de Guinée.

S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, l’Expert indépendant a indiqué que « la situation sécuritaire est en train de s’aggraver dans la région », relevant que « ce n’est pas par hasard non plus ». « Le Bénin commence à être attaqué, le Togo, mais aussi le nord du Ghana. Au Sénégal aussi, on en parle aussi du côté de Kayes », a détaillé M. Tine.

Une déstabilisation au Mali ne se limitera pas aux frontières géographiques du pays ou de la région du Sahel

L’un des indicateurs les plus préoccupants est le fait que la violence se répand si rapidement au Mali qu’elle met « en péril la survie même de l’État ». « Étant donné la position stratégique du Mali, c’est l’avenir de toute la région du Sahel et au-delà qui est en jeu », souligne l’expert dans son rapport.

Comme l’expérience l’a montré ailleurs, les conséquences d’une déstabilisation au Mali ne se limiteront pas aux frontières géographiques du pays ou de la région du Sahel, a poursuivi M. Tine. Dans ces conditions, « la communauté internationale, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devraient donc penser à des solutions appropriées pour faire face à la situation sécuritaire.

« Il me semble qu’aujourd’hui il y a quelque chose à faire sur la question de la sécurité dans sous-région (ouest-africaine) », a insisté l’Expert indépendant onusien.

Cette détérioration continue et inquiétante de la situation exige de la communauté internationale de repenser, en coopération avec le Mali et tous les acteurs concernés par la crise malienne, des réponses aux défis auxquels fait face Bamako en matière de sécurité et de politique. Il s’agit ainsi d’adopter des « mesures plus appropriées » pour aider les autorités maliennes à « rétablir la sécurité sur toute l’étendue du territoire malien ».

Agir de sorte que le basculement géostratégique contribue à la stabilité

« Je recommande aux partenaires du Mali d’agir de sorte que le basculement géopolitique et géostratégique en cours ne puisse contribuer à l’aggravation des tensions politiques et de l’insécurité, mais contribue au renforcement de la paix, de la stabilité et de la sécurité au Mali », a fait valoir M. Tine, exhortant également la CEDEAO à lever les sanctions contre le Mali.

Pour l’expert, les réponses actuelles à l’insécurité au Mali ne sont plus adaptées, notamment pour garantir la sécurité des personnes civiles et leurs droits fondamentaux, qui doivent constituer la colonne vertébrale des stratégies mises en œuvre au Mali et au Sahel en matière de sécurité. « Force est de reconnaître la nécessité de trouver des solutions de substitution plus adaptées, dans un climat de dialogue avec toutes les parties prenantes et de sérénité pour renforcer l’amélioration de la sécurité et éviter tout isolement qui pourrait avoir des effets pervers sur la crise malienne ».

Plus largement, la défaillance des institutions maliennes accentue la menace d’attaques contre les civils par des groupes extrémistes violents et par des individus armés non identifiés dont le modus operandi s’apparente à celui des groupes extrémistes violents. À cet égard, il a indiqué que ces derniers continuent de consolider leur présence et leur contrôle dans les localités de Gao, Ménaka et Tombouctou (au nord du Pays) et de Bandiagara, Douentza, Mopti, San et Ségou (au centre du pays), et d’étendre leurs activités dans les localités de Kita, Koulikoro, Koutiala et Sikasso (au sud du Mali).

Le Mali réitère son engagement à l’Accord de paix issu du processus d’Alger

Les groupes extrémistes violents sont responsables de près de 65% des cas de meurtres, de blessures et d’enlèvements de civils au cours du second semestre 2021. M. Tine s’est également dit gravement préoccupé par les allégations faisant état de violations sérieuses des droits de l’homme et du droit internationale humanitaire par les Forces de défense et de sécurité maliennes. Au regard de la situation préoccupante des droits humains, l’Expert a souligné l’urgence de mettre un terme au cycle infernal de l’impunité.

En tant que pays concerné, le Mali – par la voix de son Ministre de la justice et des droits de l’homme, Garde des sceaux, Mamoudou Kassogue – a dit être pleinement conscient de sa responsabilité première en matière de promotion et de protection des droits de l’homme et a réitéré son engagement à les respecter, malgré les nombreux défis auxquels Bamako est confronté.

S’agissant de la situation dans les régions du centre du Mali, la situation sécuritaire toujours précaire, n’a pas permis le maintien de l’administration judiciaire dans plusieurs localités. Concernant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, Bamako a réitéré l’engagement du gouvernement et des mouvements signataires pour une « mise en œuvre diligente et intelligente », tout en accélérant le processus de désarmement, démobilisation, et réinsertion (DDR).

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.

SOURCE : https://news.un.org/fr/story/2022/03/1117322

Mali : Russie et Chine bloquent à l’ONU un texte soutenant les sanctions de la Cedeao

PRESSION. Proposé par la France, ce texte visait à obtenir une position unie du Conseil à l’égard des militaires à la tête du Mali, dans le sillage de la Cedeao.

La Russie et la Chine ont bloqué mardi, selon des diplomates, l’adoption d’un texte du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant les sanctions décidées par la Cedeao contre la junte au Mali, où une transition vers un pouvoir civil qui durerait cinq ans a été rejetée par la plupart des partenaires du pays.

Proposé par la France, ce texte visait à obtenir une position unie du Conseil à l’égard des militaires à la tête du Mali qui ne prévoient plus d’élections le 27 février, comme ils s’y étaient initialement engagés. Lundi, la Russie avait réclamé de la « compréhension » à l’égard des autorités maliennes, au lendemain des sanctions inédites – fermeture des frontières, mesures économiques et financières lourdes – prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. (Cedeao).

Bras de fer jusqu’au sein de l’ONU

« Nous sommes déçus », a déclaré à des médias l’ambassadeur du Kenya, Martin Kimani, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité suivie de consultations à huis clos par ses 15 membres. Il a précisé que les pays africains dans l’instance (outre le Kenya, le Gabon et le Ghana) avaient jugé le texte proposé « relativement doux ». Selon une source diplomatique, la déclaration se bornait à parler d’un « soutien aux efforts de médiation de la Cedeao ».

Dans une déclaration lue au nom des trois membres africains du Conseil, l’ambassadeur du Kenya a défendu les sanctions de la Cedeao qui visent à faire « accélérer la transition » au Mali et à revenir à un ordre constitutionnel et civil. Ces mesures n’entravent pas l’aide humanitaire à la population malienne, a insisté Martin Kimani.

Lors de la réunion publique du Conseil, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait au préalable rejoint la position de l’Union européenne pour affirmer que Washington refusait une transition au Mali qui durerait cinq ans, comme proposé par la junte, et soutenir clairement les sanctions supplémentaires décidées par la Cedeao. « Nous exhortons le gouvernement de transition à tenir son engagement envers le peuple malien de ramener son pays à la démocratie », a-t-elle affirmé. « Une transition de cinq ans n’est pas dans son intérêt et prolonge la douleur du peuple », a ajouté la diplomate américaine en réclamant des élections « libres, équitables » et « transparentes ».

Dans la nuit de lundi à mardi, le département d’État américain avait publié un communiqué avec les mêmes termes, soulignant que les États-Unis partageaient « la grande déception » de la Cedeao face au « manque d’action ou de progrès pour organiser des élections » au Mali. « Nous soutenons la décision de la Cedeao d’imposer des sanctions économiques et financières supplémentaires pour exhorter le gouvernement de transition à tenir son engagement envers le peuple malien de ramener son pays à la démocratie », avait précisé dans son communiqué le porte-parole du département d’État, Ned Price.

La France et les États-Unis, importants partenaires du Mali, ont pris le sillage de la Cedeao. Le président Emmanuel Macron a assuré que la France et l’Union européenne, dont son pays assure la présidence tournante, soutenaient la « position très claire et ferme » de la Cedeao face aux « dérives de la junte ». Les Européens se préparent à renforcer à leur tour leurs sanctions, a-t-il dit.

Les chefs de la diplomatie des 27 États membres de l’UE doivent se retrouver à Brest, dans l’ouest de la France, jeudi et vendredi pour une réunion informelle, où il sera également question des sanctions de la Cedeao. Ils y seront précédés mercredi soir et jeudi matin par leurs homologues de la Défense. L’UE avait approuvé en décembre un cadre juridique lui permettant de « sanctionner ceux qui feraient obstruction à la transition au Mali ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a quant à lui accusé mardi les mercenaires du groupe russe Wagner de « soutenir » la junte au pouvoir au Mali sous le couvert de luttes anti-djihadistes. « Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques », a-t-il ajouté. « Cette junte illégale se proposait de tenir en otage la population malienne » pendant cinq ans, a-t-il poursuivi en référence au report des élections, initialement prévues en février, destinées à ramener les civils au pouvoir.

La junte mobilise la société civile

La junte, elle, tente de rallier les Maliens autour d’un discours patriotique et les appelle à manifester vendredi 14 janvier contre les sanctions infligées par la Cedeao.

Jusqu’à mardi, très peu de voix significatives s’étaient élevées, au Mali même, pour critiquer la junte. Une coalition de partis maliens, le Cadre d’échange, a rompu cette réserve en faisant porter à la junte « la seule et l’unique responsabilité » des sanctions. Les colonels s’étaient engagés en 2020 à rendre les commandes aux civils au bout de dix-huit mois. Ils disent à présent ne pas être en mesure de respecter l’échéance prévue du 27 février 2022 pour organiser des élections. Ils invoquent l’insécurité persistante dans le pays et la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestations, à l’instar des précédentes.

La Cedeao a décrété dimanche la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années. L’effet de ces mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoute à l’incertitude des lendemains dans un pays au cœur de l’instabilité sahélienne.

Sur le continent africain, le voisin algérien, autre allié primordial du Mali, a encouragé les militaires maliens à « une attitude responsable et constructive ». Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, juge « raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme de douze à seize mois », ont dit ses services dans un communiqué.

 

Les sanctions contre le Mali divisent le Conseil de sécurité de l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni et s’est divisé, mardi 11 janvier, sur la situation au Mali et lors de la réunion. Les pays africains et la France auraient voulu rassembler le conseil pour qu’il adopte une position unie à l’égard des militaires au pouvoir au Mali. Et que la communauté internationale se range derrière la Cédéao, qui a imposé de nouvelles sanctions à Bamako, pour protester contre la non tenue des élections comme promis. Mais la Russie et la Chine ont bloqué le projet de déclaration.

Lors de la réunion, le représentant de l’ONU au Mali a briefé le Conseil de sécurité et a rappelé aux 15 membres les circonstances dans lesquelles se sont déroulées les Assises nationales de la refondation et leurs conclusions, l’annonce des autorités de transition à reculer l’élection présidentielle à la fin de 2026, la réaction de la Cédéao et les sanctions annoncées.

Pour lui, l’organisation continuera à œuvrer aux côtés des autorités maliennes, de la Cédéao et de l’UA pour sortir de l’impasse. Après tout, « le soutien à la transition est bien inscrit au mandat de la Minusma », a-t-il rappelé.

Les 1 000 casques bleus tchadiens supplémentaires acceptés par Bamako devraient permettre un peu plus de flexibilité à la force. Mais tant l’ONU, tant les membres du Conseil se sont plaints de la détérioration du climat sécuritaire au Mali, rappelant les 28 casques bleus tombés en 2021, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.

Lors de cette réunion, les ambassadeurs du Conseil ont aussi écouté un exposé de la jeune militante de la société civile malienne Adam Dicko, puis chacun a eu la possibilité de s’exprimer. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont rejeté une transition de cinq ans au Mali et soutenu les sanctions annoncées par la Cédéao.

« Le Mali se retrouve seul face à tous ces terroristes »

De leur côté, la Russie et la Chine ont plaidé pour la non-ingérence au Mali. Le représentant de Bamako a dénoncé lui aussi, dans la lignée de la déclaration du président de la transition Assimi Goïta, les annonces « illégales et illégitimes » de la Cédéao.

Concernant les sanctions fortes imposées par la Cédéao, le représentant russe Vassily Nebenzia a déclaré qu’il « serait irresponsable dans les circonstances actuelles de laisser ce pays s’en remettre à son destin, notamment pour ce qui est de réduire l’aide militaire et socio-économique à ce pays. L’imposition de sanctions contre (le Mali), qui rencontre déjà bien des difficultés, pourrait encore faire dégénérer la situation pour la population civile ».

Il a aussi réagi aux polémiques en cours sur la présence de mercenaires de son pays au Mali. « Sur fond de la modification inattendue de la présence de la France (au Mali), notamment avec la fermeture de plusieurs bases, le Mali se retrouve seul face à tous ces terroristes et, à cet égard, nous estimons que les Maliens ont tout à fait le droit de coopérer avec d’autres partenaires qui sont prêts à coopérer avec ce pays pour renforcer la sécurité », a-t-il déclaré, estimant que « les pays occidentaux veulent avoir le monopole de la fourniture de services » au Mali.

Echec d’une déclaration commune, les A3 « déçus »

L’ambassadeur du Gabon, qui s’est exprimé longuement au nom des trois pays africains, les « A3 », a appelé l’ensemble de la communauté internationale à soutenir la position de la Cédéao, à protester contre une transition prévue pour durer maintenant « cinq années », et de retravailler à un meilleur soutien logistique de la force G5 Sahel.

Mais le Conseil, dont la réunion s’est terminée ce mercredi soir, a échoué à faire un texte commun malgré la déclaration assez « légère », rédigée par la France, qui aurait tout de même permis à la communauté internationale d’envoyer un message clair à Bamako : le texte se bornait à parler d’un « soutien aux efforts de médiation de la Cédéao »,.

La Russie et la Chine, qui prônent pourtant très souvent des « solutions africaines à des problèmes africains », n’ont pas suivi la recommandation du groupe A3 et ont bloqué la déclaration. Gabon, Ghana et Kenya ont alors décidé de faire une déclaration pour leur groupe, et se sont dits « déçus » à l’issue des consultations, alors que les situations humanitaire et sécuritaire se dégradent pour le peuple malien. Ils ont aussi appelé Bamako à trouver une solution pour l’accueil des 1.000 casques bleus tchadiens supplémentaires malgré la soudaine fermeture de frontières.

La France et l’UE soutiennent les sanctions ouest-africaines contre la junte

Le président français a rappelé le soutien de la France à la Cédéao et l’UEMOA lors d’une conférence de presse à l’Élysée avec le président du Conseil européen, Charles Michel. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE vont discuter jeudi et vendredi du soutien à apporter à la Cédéao dans son nouveau bras-de-fer avec la junte malienne.

L’UEMOA et la Cédéao ont donné une position très claire et ferme avec des sanctions inédites pour un pays de la région qui marque la condamnation profonde des dérives de la junte militaire. Nous soutenons cette position de l’UEMOA et de la Cédéao. D’ici à la fin du mois, il y aura une réunion formelle de nos ministres qui se tiendra pour que l’Union européenne et l’ensemble des pays qui la composent puissent accompagner cette décision de sanctions. Nous sommes totalement solidaires de la région et de la position très courageuse et claire qui a été exposée dimanche.

Le président français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse

Par ailleurs, interpellé à l’Assemblée nationale, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, a déclaré : « C’est aux responsables de la junte de prendre leurs responsabilités et de sortir du jusqu’au-boutisme dans lequel ils sont », avant d’ajouter que « l’Union européenne soutient les décisions et j’espère que la junte comprendra notre détermination ».