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INTERPELLATION DU PM AU CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION : Le Parlement transitoire malien entre responsabilité, médiocrité et opportunisme

Alors qu’on s’achemine vers la proposition d’un nouveau chronogramme de prolongation de la transition, après les 18 mois consommés, le Conseil National de transition s’est finalement réveillé en interpellant le chef du gouvernement afin qu’il s’explique devant la représentation nationale, sur l’état de mise en œuvre de son Plan d’Action Gouvernemental, PAG. Au cours de cet exercice hautement démocratique et républicain l’opinion nationale voir internationale a pu faire le distinguo entre les membres du CNT qui sont dignes de représenter le peuple malien, ceux qui sont présents à l’hémicycle par copinage sans le mériter et les opportunistes sans foi ni loi mus seulement par leurs intérêts sordides. Cette interpellation, faudrait le rappeler, a fini par convaincre les plus naïfs de l’incompétence, voire du manque de vision  du gouvernement à mener le bateau  des réformes à bon port afin d’aboutir au Mali Koura. Toutes les questions ont été bottées en touche et le PM s’était fourvoyé dans un art oratoire d’auto satisfaction. Pourquoi le CNT a-t-il attendu plus de 10 mois, alors que le pays souffre énormément, pour interpeller le chef du gouvernement ? Au regard de la piètre prestation du parlement transitoire faut-il désespérer de ce CNT ?

Après dix mois de discours enflammés, vindicatifs et populistes, le gouvernement dirigé par Choguel Kokala Maïga est désormais  dos au mur face aux différentes crises gravissimes qui secouent notre pays. Pour que le bateau de la transition ne chavire pas collectivement, le Conseil National de Transition s’est démarqué ou du moins s’est assumé en jouant sa partition, pour l’histoire. Il a interpelé le jeudi 21 avril 2022 le chef du gouvernement, Choguel K Maïga pour qu’il vienne dresser le bilan de 10 mois de gestion du gouvernement. La tribune du CNT, en tant qu’organe législatif de la transition est l’endroit approprié pour cela. Ses membres n’auraient aucune congratulation pour avoir eu l’initiative d’interpeller le PM, bien au contraire ils sont blâmables pour leur lenteur, surtout au moment où une frange importante des maliens crie leur ras-le-bol face aux sanctions qui pèsent lourdement sur la population.

Tard vaut mieux que jamais, dit-on, la belle initiative du CNT a été saluée par des nombreux observateurs qui estiment qu’une évaluation du chemin parcouru était devenue une nécessité pour la suite de la transition, car elle permettra de connaitre les erreurs et de les corriger. Cette interpellation était d’une importance capitale pour le peuple qui, à court d’informations sur les sujets brulants de l’heure, veut avoir des éléments d’appréciations relatifs aux choix politiques faits par les autorités et surtout leurs conséquences sur le quotidien des maliens. Le peuple se sentant abandonné par ses représentants, veut également connaitre qui sont ceux qui le représentent au CNT.

Il est clairement établi aujourd’hui qu’au sein du CNT il y a trois catégories de membres : il y a ceux qui y sont par mérites et qui sont à la fois conscients de leurs missions et capables de prendre leur responsabilité quel que soit la situation. Les honorables qui appartiennent à cette catégorie ne sont pas nombreux, mais ils peuvent donner du fil à retordre à n’importe quel ministre et premier ministre. Dans cette catégorie on peut citer entre autres Nouhoum Sarr, Amadou Maïga, Racky Talla Diarra, Sambou Diadié Fofana, Moussa Ag Acharatoumane ; pour ne citer que ceux-ci. Ces honorables comme d’autres qu’on pourrait oublier, ont joué pleinement leur rôle en posant les bonnes questions au PM et certains vont jusqu’à lui proposer d’accepter de se sacrifier en abandonnant le poste de PM après un bilan largement en deçà des attentes.

La deuxième catégorie des membres du CNT, est celle des médiocres. Ils ne sont bon à rien, n’apportent aucune valeur ajoutée, complaisants, et robotisés, ils ne sont prêts qu’à applaudir le prince du jour et à crier haro sur tous ceux qui ont une opinion contraire à celle du prince du jour. La plupart des membres du CNT relevant de cette catégorie, sont nommés sur la base de leurs relations avec ceux qui ont le dernier mot. Ils ne sont à l’hémicycle  juste pour des perdiemes de session et des indemnités de parlementaires.

Le troisième lot est composé d’opportunistes, des gens sans foi ni loi, des situationnistes, prêts à retourner la veste en fonction de leurs intérêts. Ces laudateurs zélés sont prêts à vendre leur âme au diable pour atteindre leurs objectifs sordides. Ce sont eux qui ont encensés le PM malgré le bilan en deçà des attentes, ce sont encore eux qui prennent leur bâton de pèlerin pour sillonner toutes les contrées du Mali en faisant la promotion du président de la transition qui ne serait ni demandeur ni preneur. Ce qui compte pour cette catégorie des membres du CNT c’est juste ce qu’ils pourraient avoir en termes de gain et d’opportunités, mais ils ne sont pas là pour le Mali.

En somme, un pays en crise multidimensionnelle comme le nôtre, doit être la priorité de tous. Car pour sortir de la crise, en plus d’avoir une grande capacité de résilience, il faut également des ressources humaines compétentes, expertes et aptes moralement. Les nations qui ont émergé sont celles qui ont façonné un bon citoyen.

Youssouf Sissoko

Edito : interpellation au CNT, Choguel a-t-il abandonné Assimi en plein vol ?

Devant le Conseil National de Transition, CNT, pour le grand oral sur son bilan à la tête du gouvernement, le Premier Ministre Choguel K Maïga, l’anti français et l’anti occidental était véritablement méconnaissable au CICB le jeudi 21 Avril 2022. Comme une sorte de prémonition sur son départ de la primature, il cherche aujourd’hui à se réconcilier avec ceux-là même qu’il a traité de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure, à savoir la France, la MINUSMA, la CEDEOA, l’UEMOA. En bon homme politique il semble préparé son avenir et ne pas se laisser emporter par le vent du populisme et d’un patriotisme étriqué. Pour tout grand observateur ce changement de paradigme de la part du PM Choguel K. Maïga est le signe avant-coureur d’un divorce imminent entre lui et le Président de la Transition Assimi Goïta.  Pour ne pas être   persona non grata sur la scène internationale, il tente de se réconcilier avec la communauté internationale au grand dam du Colonel Président de la Transition, Assimi Goïta. Comme dans le Prince de Machiavel, en politique il n’y a pas de sentiment tout est question d’opportunité, le PM Choguel n’a d’autre choix que de se blanchir en enfonçant le jeune Colonel inexpérimenté et jusqu’auboutiste.

Sinon comment comprendre que c’est au moment où la rue ne désemplit pas de manifestants pour demander fondamentalement quatre choses, à savoir le retrait du Mali de la CEDEAO, la création d’une monnaie en tournant dos à l’UEMOA, le non renouvellement du mandat de la MINUSMA et enfin la rupture totale avec la France, que le PM Choguel K Maïga défend devant le CNT toutes ces organisations pourtant bannies par ses partisans. En effet, c’est contre toute attente que le PM a rejeté toutes les propositions faites par des manifestations pourtant sorties à l’appel du gouvernement et du CNT. Pour lui pas question de quitter la CEDEAO encore moins d’envisager la création d’une quelconque monnaie et d’ailleurs sur ce dernier sujet il pense qu’il est nécessaire de tirer toutes les leçons de l’échec du Franc malien. Quand au renouvellement du mandat de la MINUISMA, il se dit très favorable à cela et ne souhaite même pas qu’il y ait un grand chamboulement a-t-il laissé entendre. Pour ce qui concerne la France, le PM est d’accord pour une renégociation autour de l’accord de défense. Au regard de tout ce qui précède, le PM n’a-t-il pas lâché le Colonel Assimi Goïta, président de la transition en plein vol ? N’est-il pas en train de préparer son après primature ? Conscient qu’il ne connaitra jamais la paix et la tranquillité après les actes qu’il a posés étant premier ministre, Choguel K Maïga est aujourd’hui en campagne de séduction ou de réconciliation avec ses anciens suppliciers comme la France et les organisations sous régionales. La prochaine étape serait certainement la classe politique malienne et la société civile, qui sont  totalement en froid avec lui. Sachant bien que la vengeance est un plat qui se mange à froid, le PM Choguel qui n’est d’ailleurs pas blanc comme neige pourrait avoir des ennuis judiciaires à moyen et à long terme.

Après le passage du PM devant le CNT, le Colonel Assimi Goïta devrait tirer toutes les leçons du revirement à 180 degrés du PM et comprendre qu’en politique le jusqu’auboutisme ne paie pas et généralement il n’aboutit qu’au désastre. Aujourd’hui, à analyser de près, l’isolement diplomatique du Mali sur la scène internationale, les sanctions des organisations sous régionales et régionales, la brouille diplomatique avec l’occident ne faciliteront jamais l’atteinte des objectifs. Et rendra la réalisation du Mali Koura utopique.

Youssouf Sissoko