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L’HISTOIRE DE SIKASSO : Les familles Traoré s’organisent en collectif pour écrire une version plus réaliste

Pour avoir une version propre à eux de leur histoire, les familles Traoré de Sikasso se sont organisées en collectif. Elles ont ainsi organisé une rencontre au Mémorial Modibo Kéita samedi dernier (6 août 2022) en vue de cette réécriture de l’histoire des Traoré du Kénédougou.

L’actuelle version de l’histoire de Sikasso, écrite par les Occidentaux, présente plusieurs insuffisances voire des omissions du fait que ceux-ci l’ont écrite selon leur vision et leurs aprioris. Pour ainsi avoir une version plus réaliste partagée de tous, les familles Traoré de Sikasso ont initié un collectif. Une rencontre dans ce sens d’ailleurs a eu lieu le samedi dernier au Mémorial Modibo Kéita en présence de chercheurs et traditionalistes du Mandé, dont relève Sikasso. Pour reconstituer l’histoire des Traoré, les initiateurs entendent s’inspirer de la mémoire confinée des traditionalistes en essayant de combler les trous de la narration occidentale qui ne parle que de Tiéba et de Babemba, respectivement 21e et 22e rois, alors que plusieurs autres souverains sont passé avant eux.

A travers cette initiative, les familles Traoré de Sikasso veulent s’approprier leur histoire en vue de laisser un héritage fort aux nouvelles générations. «Nous voulons que ça soit nous-mêmes qui écrivons notre histoire. Nous allons mettre à disposition ce qui a été récolté», a explique le chercheur Adama Traoré. Cette reconstitution de l’histoire de Sikasso est autant plus importante qu’elle permettra aussi le développement de la ville et de la région, car on ne peut se projeter que lorsqu’on se connaît.

«Nous nous sommes retrouvés pour refaire l’histoire (familles Traoré) de Sikasso en vue de laisser quelque chose de valable à nos enfants qui ne connaissent rien de notre culture», a défendu Mme Coulibaly Fanta Traoré initiatrice du projet. Selon elle, l’histoire des familles Traoré de Sikasso peut beaucoup servir à faire la paix entre le Mali et les pays voisins, notamment avec la Côte d’Ivoire en froid avec notre pays suite à l’affaire de 49 militaires ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako.

Des réseaux ont été ainsi créés pour récolter plus de données et permettre aux Traoré de se retrouver. Les initiateurs ont d’ailleurs lancé un appel à tous les Traoré pour la réalisation de ce projet.

Rappelons que les familles Traoré de Sikasso sont au nombre de quatre (Tiéba, Babemba, Bembandjini et Saba Tiémoko). Elles sont reparties entre le Mali la Coté d’Ivoire, le Burkina Faso. Une partie réside également au Tchad.

Oumar Alpha

ESPOIR MALI KOURA (EMK): Une histoire de révolution racontée par Tahirou Bah, ancien membre de la commission de communication du mouvement

Beaucoup de gens s’agitent aujourd’hui sur la surface du combat et de la lutte que le M5-RFP a menée pendant l’année 2020, mais peu de personnes connaissent ses réalités historiques. Tahirou Bah nous révèle sa part de vérité sur la question en quelques lignes.

Lisez pour comprendre…

Au dire de Tahirou Bah, c’est une poignée d’hommes, après une réflexion approfondie sur la situation politique, sociale du pays qui se sont retrouvés pour amorcer la lutte avec loyauté et sincérité dans le seul but de sauver le pays de l’abîme…

Et ces hommes n’avaient aucun intérêt personnel lorsqu’ils ont décidé que plus jamais rien ne sera comme avant. Ils se sont donnés corps et âme pour que le Mali Koura puisse voir le jour. Presqu’inconnus du grand public, ces hommes se sont donnés pour mission de réunir toutes les énergies patriotiques pour que le Mali puisse se relever d’une gestion chaotique de plus de sept ans de gestion du pouvoir par le régime d’IBK.

Il rappellera ainsi, une citation de Nelson Mandela, qui disait : « contraient à la pensée populaire, l’histoire n’est pas écrite souvent par ses acteurs les plus célèbres ».

‘’Aujourd’hui, il est tellement facile de s’arroger la paternité d’espoir Mali Koura-EMK,  mais à partir d’aujourd’hui, en tant que témoins oculaires et acteurs de première heure, nous allons rétablir certains faits historiques qui ont abouti à la création d’espoir Mali Koura et sa lutte héroïque au sein du M5-RFP’’, martèle-t-il. Et de promettre d’autres révélations dans les jours à venir.

Dognoume Diarra

LE 26 MARS REDUIT A UN POINT DE DEPART DANS L’HISTOIRE DU MALI : Les acteurs du Mouvement démocratique ont-ils capitulé ?

31 ans après l’avènement de la démocratie, au prix du sang des martyrs, les principaux artisans se font très discrets pour ne pas dire qu’ils ont simplement capitulé. Face au projet de démolition ou de falsification de notre histoire, les acteurs du Mouvement démocratique n’ont eu d’autres armes que de se taire, ou de contribuer à la réalisation de ce cynique projet.  Leurs divisions, voire dissensions ont non seulement donné des ailes aux détracteurs de la démocratie, mais aussi des idées à la grande muette, qui, à deux reprises, s’est accaparée du pouvoir en mettant entre parenthèses la démocratie. Le 26 Mars est réduit à son seul devoir de mémoire et à un souvenir  pour les martyrs tombés sur le champ de l’honneur. Le bilan de la démocratie est-il si mauvais au point d’en avoir honte et de ne pas pouvoir le défendre envers et contre ses détracteurs ? Me Mountaga Tall, Oumar Mariko, Mme Sy Kadiatou Sow, Tiébilé Dramé, Professeur Ali Nouhoum Diallo, pour ne citer que ces quelques cadres les plus actifs du Mouvement démocratiques, vont-ils léguer à la jeune génération un pan de l’histoire dont le coup a été torpillé ?   

26 Mars 1991, 26 Mars 2022, le Mali démocratique à 31 ans. Que de chemins parcourus, que d’épreuves endurées, que des chantiers édifiés, mais aussi et surtout que des ratés et de déceptions. Le bilan n’est certes guère reluisant, mais le tableau est loin d’être sombre également. En 31 ans de pratique démocratique le Mali a connu deux ,voire trois coup d’Etats tous consécutifs à la mal gouvernance avec ses corollaires de corruption, de népotisme, de gabegie et de laisser aller, voir d’incapacité à redonner espoirs au peuple. Le premier coup de force est intervenu le 22 mars 2012, contre un Président démocratiquement élu ATT. Ce dernier était à quelques mois de la fin de son second et dernier mandat. Comme une malédiction, une mutinerie des hommes en uniformes sans leader attitré, s’est accaparée d’un pouvoir agonisant à bout de souffle, chassant un général du pouvoir. La suite est connue, un désordre indescriptible, des hommes en uniformes se faufilant à travers la ville, saccageant boutiques et magasins et tirant en l’air. Ces spectacles ahurissants dignes des films de Bollywood étaient devenus le lot quotidien des bamakois. Ce coup d’Etat, le plus ignoble a fini par étaler toutes les tares et tous les dysfonctionnements de notre démocratie. Il lui a donné un coup de massue, sans l’asphyxier totalement.

Un an après soit en 2013 des élections, pour le retour à l’ordre constitutionnel, furent organisées et IBK a été élu avec un score nord-coréen. Alors qu’on pensait sortir définitivement de la zone de turbulence et que la démocratie chèrement acquise aurait été sauvée de justesse, c’était sans compter sur la faiblesse, l’incapacité et la fourberie de la classe politique malienne, qui a non seulement récidivé en renouant avec ses pratiques malveillantes, irresponsables et éhontées en gérant le pays de la façon la plus catastrophique et du coup en préparant  le lit à une deuxième immixtion de l’armée sur la scène politique. 8 ans ont suffi pour que la grande muette s’invite encore au banquet des hommes politiques en les mettant tous à l’écart et en s’asseyant à leur place. Le deuxième coup d’Etat est intervenu dans les mêmes conditions, mais certainement dans un contexte totalement différent. Pour la deuxième fois la démocratie malienne vient de subir une autre chirurgie faite par l’armée. Le hic est qu’à chaque coup d’arrêt on jette l’anathème et sur les acteurs et sur la démocratie en tant que mode de gouvernance, affaiblissant ainsi les précieux acquis et faisant croire aux citoyens qu’il y a une autre alternative à la gestion démocratique du pays, qui est l’autoritarisme, la dictature, bref la mise entre parenthèses des principes qui fondent toute démocratie, comme la liberté d’expression. Aujourd’hui la démocratie malienne est réduite à sa simple expression d’où la banalisation du 26 Mars.

Youssouf Sissoko

DECIDEMENT, L’HISTOIRE NE SERAIT QUE RECOMMENCEMENT : Le Mali, une fois de plus, exporte la «guerre froide» dans le pré carré français

Si le conflit ukrainien et ses conséquences sur le plan de la géopolitique mondiale rappelle les heures angoissantes de la guerre froide, le positionnement idéologique et diplomatique actuel du Mali, lui, rappelle un autre fait d’histoire célèbre.

Très rapidement après les indépendances, le Mali du président Modibo Keita tourna le regard vers l’Est contrairement aux pays de la zone, se trouvant toujours dans le pré carré français, exception faite de la Guinée de Sékou Ahmed Touré. Le Mali d’alors avait un fort potentiel attractif dû au fait qu’il fut le fer de lance de l’éveil de la conscience africaine à une époque où le joug colonial était oppressant. Le pays était devenu un allié sûr de l’Union soviétique dans la zone. Rappelons que le franc malien était battu en Yougoslavie. Le président Modibo Keita n’hésita pas à tourner royalement le dos à l’ex puissance colonisatrice au moment où d’autres comme le président sénégalais Senghor, conservait une sympathie quasi certaine pour la France. Pour lui, l’indépendance ne saurait être totale que s’il y avait une rupture radicale, à tout point de vue, avec la France.

Cependant, le Mali du président Modibo Keita attirait aussi la Chine, à tel point qu’il y eu à l’époque une certaine rivalité entre le pays de Mao Zedong et l’URSS pour s’accaparer une certaine exclusivité sur le plan économique et diplomatique. Ainsi donc commença l’histoire de la guerre froide en Afrique. Le Mali était résolument « soviétique » même si, il faut le rappeler, France et surtout USA, tentaient de diminuer l’influence rouge dans le pays. La crainte du basculement d’autres pays africains dans le bloc Est était réel.

Aujourd’hui, plus de 60 ans après les luttes africaines pour l’indépendance, l’assertion « chasse gardée française » est toujours présente. Jusqu’à très récemment, le Mali faisait partie de ce pré carré. Mais le basculement idéologique du pays vers la Russie date d’avant le coup d’Etat du 18 aout 2020. La présence militaire française devenait de moins en moins populaire et l’idée d’un retour russe au Mali faisait son chemin. La consécration du Colonel Assimi Goita comme président de la Transition validera la volonté de nombreux maliens de placer le curseur sur l’ex URSS. Un choix d’autant normal que nombres d’officiers maliens proches du cercle dirigeant y ont des affinités puisque y étant été formés.

De ce fait, le conflit ukrainien et ses répercussions trouvent échos au Sahel. Le Mali semble avoir pris fait et cause pour la Russie de Vladimir Poutine, peu importe les conséquences. D’ailleurs, certains voient en la récente suspension des médias français RFI et France 24, un autre signe d’une adhésion quasi complète aux idéaux de l’ex Union Soviétique. Rappelons que cette dernière adopta une loi qui prévoit des peines de prison allant jusqu’à 15 ans de détention pour toute diffusion d’informations visant à discréditer l’armée russe dans le conflit ukrainien. La loi est signée des mains de Vladimir Poutine et punit également tout appel à sanctionner Moscou. Résultat, plusieurs médias occidentaux déposèrent la plume, de peur de représailles. Il s’agit, entre autres, de la BBC pour le Royaume-Uni, de CNN pour les Etats-Unis ou encore de la RAI pour l’Italie.

Par ce jeu de positionnement du Mali, en ce moment, la preuve est établie que la Realpolitik peut être appliquée aussi par un pays du tiers monde si les conditions sont réunies.

Ahmed M. Thiam