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GEOPOLITIQUE ET TERRORISME : «Le Mouvement taliban financé par les États Unis d’Amérique à l’origine de l’impulsion du terrorisme » dixit l’ancien ministre Seydou Traoré

Définition des talibans, les talibans ou étudiants sont des fondamentalistes islamistes regroupés dans une organisation militaire, politique et religieuse dénommée l’émirat islamique d’Afghanistan, puis, mouvement islamique des talibans. La situation au Mali, relève d’une guerre planétaire réfléchie par les États-Unis d’Amérique pour contrer la Fédération de Russie et la Chine et sauver l’hégémonie du dollar américain.

Origine, Le mouvement taliban a été  financé par les États-Unis d’Amérique selon un « programme afghan » (afghan program), secrètement à travers la CIA. Il consistait à armer les moudjahidines afghans opposés au gouvernement communiste afghan, ce dernier étant soutenu par l’URSS.

L’opération, dont le nom de code semble avoir été « opération cyclone », fut lancée par le président Jimmy Carter le 3 juillet 1979 et ne s’arrêta qu’au 1er janvier 1992 sous l’administration George H. W. Bush.

Modalités de financement ou le « pipeline »

Financement par la CIA,

L’Inter-Services Intelligence (ISI), collaborent avec la CIA mais toute  la logistique et l’entraînement de moudjahidines au Pakistan est fait  par l’ISI, la CIA se contentant d’être le payeur et le superviseur de l’opération, et d’entraîner les instructeurs de l’ISI.

Les armes soviétiques étaient achetées à des pays qui avaient une coopération militaire avec l’URSS et remis aux talibans pour dissimuler toute trace américaine

L’Arabie Saoudite est un autre important contributeur au programme.

L’ISI équipe et forme plus de 100 000 hommes entre 1978 et 1992 avec un budget américain progressif total compris entre 3 et 20 milliards de dollars (budget annuel de 20 à 30 millions de dollars en 1980 pour finir à 630 millions de dollars en 1987).

 

Conséquences

Entre 17 000 et 35 000 musulmans étrangers issus de 43 pays musulmans ont participé à cette guerre.

Le millionnaire Oussama Ben Laden, par la suite fondateur d’Al-Qaïda, est accueilli en 1986 en Afghanistan. Il dirige un bureau de recrutement de combattants pour l’Afghanistan.

 

Le bloc de l’est est affaiblit en 1991

Mais, le programme a été également précurseur de la montée en puissance des talibans, qui perdront le pouvoir temporairement après la seconde guerre d’Afghanistan de 2001.

Le mouvement taliban est victorieux sur l’état islamique d’Afghanistan, en 1996 et y instaure le régime de l’émirat islamique d’Afghanistan de 1996-2001 avec à sa tête le mollah Mohammad Omar.

Le mouvement est défait par l’OTAN en 2001

Quarante-deux années après le programme afghan, les talibans reprennent le contrôle du pays après que Donald Trump ait annoncé l’aboutissement du retrait des troupes américaines confirmé par Joe Biden. Le 30 août 2021, les dernières troupes américaines quittent l’Afghanistan et ont officiellement perdu la guerre d’Afghanistan de 2001.

La défaite de l’OTAN et des États-Unis d’Amérique est actée par la signature de l’accord de Doha au Qatar, entériné par le conseil de sécurité des nations unies, le 10 mars 2020. Cet accord :

Interdit aux États-Unis et à leurs alliés de recourir à la force en Afghanistan, interdit aux usa et a leurs allies de s’immiscer ultérieurement dans les affaires internes du pays impose un calendrier de retrait de leurs troupes.

Impose aux talibans :

– À lutter activement sur le sol afghan contre tout groupe ou individu menaçant la sécurité des États-Unis et de leurs alliés,

– À ne leur fournir ni visa, ni permis de voyager.

À l’évidence, jeunes du mali, vous comprendrez :

La connexion parfois troublante de mouvements terroristes et des puissances impériales sur le continent africain.

L’impossibilité qu’a été l’inculpation et le jugement de Oussama Ben Laden ; il fait qu’il disparaisse !

La difficulté que la communauté dite internationale aura à suivre le Mali dans son accusation contre la France comme soutien au terrorisme dans le sahel.

Le silence de nombre de monarchies du golfe sur les questions du terrorisme dans le monde.

Le silence de nombre de religieux maliens sur les questions du terrorisme et des djihadistes au Mali.

La poursuite des offensives terroristes en Syrie pour affaiblir ce pays et la Fédération de Russie, toujours en guerre en Ukraine et de plus en plus présente au Sahel.

La situation au Mali, relève d’une guerre planétaire réfléchie par les États-Unis d’Amérique pour contrer la Fédération de Russie et la Chine et sauver l’hégémonie du dollar américain. Ne pas le comprendre, c’est exposer notre pays à une soumission encore plus grave que celle issue du partage de l’Afrique à Berlin en 1885.

Je m’adresse aux jeunes, parce que les responsables de la classe politique sont dans une « constipation cérébrale » sans nom !

 

Seydou Traoré, ancien ministre Mali

CHANGEMENT RADICAL DU CURSEUR DIPLOMATIQUE DU MALI : A l’Est toute !

Un léger parfum de guerre froide flotte en ce moment dans le monde. Outre l’Ukraine qui est devenue un enjeu géopolitique majeure entre la Russie et l’Occident, le Mali lui, aurait fait le choix résolu de l’ex URSS. Et pour cause, Barkhane accélère son départ du pays, et la présence de Wagner ne fait plus aucun doute sans oublier le fait que la ligne militaire Bamako-Moscou s’est rarement aussi bien portée. Le pays est-il pour autant épargné d’un scénario à l’Ukraine ? A-t-il fait le bon choix de couper les liens aussi radicalement avec la France sur le plan militaire ? Dans tous les cas, comme on le dit, le thé est prêt ! Il faut le boire, qu’il soit chaud bouillant ou très peu sucré.

Après un tel « coup d’éclat » largement salué par la masse populaire, les autorités de la Transition devront assumer. Le départ de Barkhane acté, elles semblent avoir comme plan de largement miser sur la Russie, alliée de première heure du Mali du président Modibo Keita. Quoi de plus normal, diront certains, puisque nombre des officiers au pouvoir ont été formés au pays de Vladimir Poutine. Toutefois, il n’est pas exclu que la Russie leur ait donnée de fortes garanties quant à la sécurisation du pays. Ce qui justifierait l’audace avec laquelle les autorités de la Transition critiquent la France.

Egalement, le Mali serait devenu un pion de choix sur l’échiquier international au profit de la Russie. Elle qui, durant la période contemporaine, n’a eu de cesse de s’opposer à l’influence occidentale à travers le monde. L’aubaine était trop belle pour Poutine pour ne pas en profiter. Ainsi, il ouvre un boulevard d’opportunités pour son pays dans la région du Sahel. Des opportunités qui pourraient même déboucher sur des terrains autres que militaire.

Du côté de la France, la pilule est dure à avaler puisqu’elle voit s’échapper un terrain d’une si grande importance sur le plan géostratégique au profit du grand rival de l’Est. Avait-elle entretenu le spectre de l’enlisement de la lutte contre le terrorisme dans le dessein inavoué de jouir grassement des immenses richesses du grand nord malien ? Peut-être avait-elle pensé que le Mali, et au-delà le Sahel, était un acquis géostratégique ?

Le Mali est-il en train de bousculer dans le bloc de l’Est ?

Il y a la Russie qui fait son grand retour militaire au Mali, mais il est aussi fort probable qu’un autre grand pays opposant à l’Occident, puisse profiter de la situation afin de gagner encore plus de parts de marchés sur le terrain. Il s’agit de la Chine qui est déjà fortement implantée sur le continent, et qui pourrait saisir l’occasion inouïe de ravir des business qui, de longues dates, étaient des marchés acquis par des intérêts français. Cette dernière n’étant plus désirée.

Le départ de Barkhane dépasse largement donc le seul cadre militaire. Sur le plan géopolitique, il pourrait être le début d’une reconfiguration de l’échiquier politique mondial notamment dans la zone du Sahel.

Se mettre à hauteur du défi

Evidemment, l’idéal est que l’appareil sécuritaire malien soit à la hauteur du défi qu’il doit relever. Il ne faudrait point s’endormir sur ses lauriers pensant que l’autre ferait le job à la place du titulaire du travail, fut-il mieux armé. Les bonnes intentions entre Etats n’existent point et il est plus que probable que la note de la présence de sociétés privés russes sur le sol malien soit salée. D’ores et déjà, il semblerait que leur présence soit limitée dans le temps, ce qui est une bonne chose. Cependant, les craintes qu’il y ait des victimes collatérales sur le terrain sont légitimes. Un Etat, fut-il si démuni face au péril terroriste ne doit sous-traiter sa sécurité avec des mercenaires. Par contre, par le biais d’accord militaire bilatérale, ceci est de son plein droit. Et là encore, les retombées seraient juteuses pour la Russie. Toutefois, elles seraient surtout politiques et diplomatiques. Pour la Russie de Vladimir Poutine, voir les occidentaux contrariés sur le plan international est extrêmement jouissif.

Pour le reste, il est à espérer que les autorités de la Transition aient fait le bon choix et qu’il soit la résultante d’une politique étrangère murement réfléchie. Cela, afin d’éviter au pays une autre catastrophe. Que la Russie ne lâche point également le pays en plein vol qu’à Dieu ne plaise, une fois qu’elle aurait eu ce qu’elle chercherait. Plutôt, qu’elle tire la leçon de l’échec retentissant de la présence militaire française au Mali et dans la zone. Qu’elle évite de se tirer une balle dans le pied en flirtant avec une quasi duplicité et qu’elle prenne le parti intégral du peuple malien. Pour le reste, ça peut se négocier. Quant à la France, elle paie là les conséquences d’une stratégie diplomatique et militaire totalement incompréhensible et surtout, en totale inadéquation avec le statut d’un pays qu’elle espère toujours être durant longtemps, une des grandes super puissances mondiales.

 

Ahmed M. Thiam