Archives du mot-clé front

Front SOCIAL : l’UNTM accuse Choguel de gouvernance “calamiteuse”

Est-ce la fin de la trêve entre les autorités de la transition et les partenaires sociaux ? Rien n’est moins sûr après la sortie de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), la plus grande centrale syndicale du pays.

“L’Untm est brimée sous votre propre impulsion au sein du M5-RFP…’’, dénonce la centrale syndicale dans une correspondance en date du 6 mai adressée au Premier ministre. Selon les termes du document, pendant les rencontres du M5-RFP auxquelles le PM a assistées, il a été demandé aux départements de faire la promotion des syndicalistes et de leurs organisations qui auraient participé à la lutte pour le changement. “C’était le signal contre notre centrale partout”, indique l’Untm. Dans sa lettre, la faîtière affirme être plus méritante que beaucoup de protagonistes qui auraient agi dans l’ombre du M5-RFP. Et qu’elle continue de se battre pour l’intérêt des travailleurs et n’attend rien d’autre, contrairement à ce qu’elle qualifie de “spécialistes de calculs politiques”. Plus loin, l’Untm accuse le PM et ses amis du gouvernement de refuser de satisfaire ses doléances, dont la relecture du décret n°2011-05/P-RM du 10 février 2011 qui serait à l’avantage des citoyens victimes; le rétablissement dans leurs droits des responsables syndicaux licenciés de Syama, Bramali et autres services ; la non révision des codes portant création des bureaux de placement privés ; la non ouverture des discussions entre le Patronat et l’Untm pour l’octroi des augmentations de salaires que le privé n’a pu satisfaire ni en 2014, ni en 2019, ni en 2021; le non-respect de l’intégralité des domaines de l’Ortm et de l’IER.

Pour le signataire du document, le PM et ses amis ont manqué de ‘’patriotisme’’ en ne travaillant pas bénévolement et continuent de prolonger une gouvernance ‘’calamiteuse”. Aussi, l’Untm menace-t-elle le PM de rentrer dans le jeu politique national car, dit-il, cela n’est pas interdit au syndicalisme. La lettre indique que l’Untm avait décidé de faire une trêve avec l’Etat parce qu’elle soutient le président de la transition. Et ce, à condition que les doléances soient apurées au fur et à mesure. Mais, tout vraisemblablement, le PM et ses amis du gouvernement refusent de suivre. Pour l’Untm, la ligne rouge est la tentative du PM de proliférer ‘’le négationnisme”” de la révolution de mars 1991.

Hamadoun MAIGA

Le C.N.T ouvre un nouveau front anti Choguel : le PM survivra-t-il à tous ces raids politiques ?

Après le cadre des partis politiques pour une transition réussie, le Comité stratégique du M5 RFP, l’imam Mahmoud Dicko, c’est au tour du Conseil National de Transition, CNT d’ouvrir les hostilités contre le Premier ministre Choguel Kokala Maïga. C’est lors de l’ouverture de la session du mois d’Avril 2022 que le Président du CNT, dans son discours, a jeté un regard critique sur le bilan du gouvernement et s’apprêterait dans les jours à venir à interpeller le PM au tour de l’état d’avancement du Plan d’Action Gouvernementale, PAG. Tous les grands observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que cette interpellation risque d’être la plus houleuse et sonnerait la fin de l’état de grâce jusque- là accordé au PM par l’institution parlementaire de la transition. Ne faut-il pas craindre un divorce entre les deux institutions lors de cette interpellation ? le PM Choguel pourra-t-il survivre à tous ces assauts répétés de ses détracteurs ? Que doit faire le Président de la Transition le Colonel Assimi Goïta si le bilan venait à être vu d’un mauvais œil par le CNT ?

Ce n’est nullement exagéré d’affirmer que le Premier ministre Choguel Kokala Maïga est dans des beaux draps. Critiqué de toutes parts pour sa gestion des affaires politiques du pays, il risque d’avoir contre lui un nouveau front si l’on en croit la menace à, peine voilée du Président du CNT, le Colonel Malick Diaw, lors de l’ouverture de la session parlementaire d’avril 2022. Ce front, s’il venait à s’ouvrir, s’ajouterait à trois autres tout aussi virulents les uns comme les autres. Il s’agit du cadre des partis politiques pour une transition réussie. Pour ce regroupement le PM n’est pas celui qu’il faut pour rassembler les maliens autour du Mali et qu’il serait trop clivant pour diriger un gouvernement inclusif afin de mener les réformes qu’il faut pour le Mali. Le cadre va jusqu’à proposer au Président de la transition, la composition d’un gouvernement d’union nationale sans l’actuel premier ministre. Le deuxième front anti Choguel K Maïga est l’œuvre de ses camarades du M5 RFP et de surcroit certaines personnalités du comité stratégique. Six des grandes personnalités qui composent le comité stratégique du M5 RFP se désolidarisent du PM et demandent purement et simplement sa démission de la tête du comité stratégique et même du poste de PM. Cheick Oumar Sissoko, Modibo Sidibé, Konimba Sidibé, Mme Sy Kadiatou Sow, Mohamed Ali Bathily pour ne citer que ceux-ci, s’opposent à une gestion patrimoniale du M5 RFP et pensent que l’actuel PM n’est pas un rassembleur et qu’il ne saurait mener le bateau du gouvernement à bon port. Le troisième front est sans nul doute celui du redoutable imam et ex autorité morale du M5 RFP. Mahmoud Dicko, puis que c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas porté de gant pour fustiger le comportement du PM dans une de ses Koutouba un vendredi. Pour l’imam de Badalabougou certaines personnes excellent dans le mensonge et le non-respect de leurs engagements. Sans le citer nommément, beaucoup ont vu en son portrait-robot la caricature du PM. A tous ceux-ci s’ajoute le front social en pleine ébullition à cause des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA qui ont lourdement impacté le quotidien des maliens surtout en ce mois de carême.

Le PM pourra-t-il survivre face à toutes ces hostilités et aux raids répétés de ses détracteurs ? sa survie politique dépendra désormais de sa capacité à surmonter tous les obstacles qui se dressent devant lui à défaut de cela il partira.

Youssouf Sissoko

Retrait des forces étrangères au Mali : Paris découvre son front à Bamako

La rupture est définitive entre Bamako et Paris. Après l’escalade verbale entre les deux partenaires depuis un certain temps, le mercure a grimpé d’un cran avec la décision  de  retrait des troupes françaises présentes au Mali. Un nouveau cap est franchi et la France joue son va-tout au Sahel.

 Les nerfs d’Emmanuel Macron sont mis à rude épreuve par les autorités de la Transition malienne. Paris semble être dépassé par la proactivité de Bamako à lui répondre au coup pour coup. Comme pour dire à la France que le paternalisme et l’ingérence dans les affaires d’un pays souverain appartiennent à une autre époque. Bamako va jusqu’à renvoyer l’ambassadeur de la France pour des propos jugés « peux diplomatiques », tenus par des officiels français à l’encontre des autorités maliennes. Si les agissements de Paris ressemblent beaucoup à de l’intimidation et du chantage, comme elle en avait l’habitude avec les anciens régimes, c’est sans compter avec la ténacité et la détermination des nouvelles autorités de Bamako. La France, visiblement, est surprise par ce comportement qui donne des idées à plusieurs pays sahéliens. Assimi Goïta passe aux yeux de plusieurs observateurs comme le modèle à suivre et « l’assassin » de la politique française en Afrique. Dans sa stratégie de contrer cette vague de montée du sentiment antifrançais, Paris commet des erreurs et tombe dans la vindicte. Elle mélange les torchons et les serviettes. Sa pression sur les organisations de la sous-région d’asphyxier Bamako en l’isolant et en l’affamant a produit l’effet contraire. Face à cette pression inouïe, Bamako a réveillé la fibre patriotique de son peuple qui fait montre d’une résilience extraordinaire, en tout cas jusqu’à ce jour.

Au sein de l’opinion française, ils sont nombreux les hommes politiques français qui sont d’accord avec Bamako et trouvent que Macron a franchi le Rubicon. Eric Zemmour et Marine Le Pen sont de cet avis. Le premier va jusqu’à rappeler à Macron que le paternalisme français qu’il veut imposer au Mali est dépassé. Et de lui conseiller de respecter l’intelligence africaine parce que les époques ont changé et la France doit s’y faire l’idée de changer de paradigme.

Déjà, la question de perte de l’influence française dans le Sahel s’invite dans la campagne présidentielle française en cours. Macron, affaibli et déboussolé par la résistance de Bamako, va devoir expliquer devant les Français comment il a perdu l’emprise sur le Sahel. En tout cas, il va devoir se justifier s’il veut avoir un second mandat.

En attendant que d’autres pays emboitent le pas à Bamako, la France souffle le chaud et le froid et perd progressivement toute crédibilité aux yeux des peuples africains. Est-ce le début de la fin du néocolonialisme français en Afrique ? Rien n’est moins sûr. Pour l’heure, Bamako tient le bon bout.

Dieu veille !

Harber MAIGA