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FINANCES : Le Mali bien côté sur le marché sous-régional malgré la crise

Le gouvernement du Mali (à travers le ministère de l’Economie et des Finances) a marqué les esprits d’emblée en réglant les intérêts pour plus de 60 milliards de  F Cfa dès la levée des sanctions imposées par la Cédéao et l’Uémoa.

Et notre pays vient de réussir la prouesse de lever 277 milliards F Cfa sur le marché de l’Uémoa avec une bonne participation des investisseurs des 8 pays de l’union. En effet, pour rembourser 220 milliards d’échéances tombées pendant l’embargo, le trésor malien avait sollicité les investisseurs pour 270 milliards. Et il a obtenu une réaction favorable à hauteur de 102 %, soit 277 milliards F Cfa. Ce qui dénote que le Mali bénéficie d’une bonne côte sur le marché sous-régional malgré la crise.

Par ailleurs, selon un communiqué publié vendredi dernier (12 août 2022) par le ministère de l’Economie et des Finances, le Mali a «réglé l’intégralité des impayés» de sa dette auprès des investisseurs et partenaires, soient plus de 216 milliards de francs Cfa.

BUDGET : Les finances publiques affectées par le ralentissement des activités économiques suite aux sanctions de la CEDEAO

Le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga a présidé mardi dernier (9 août 2022) une réunion du conseil de cabinet consacrée à l’examen de l’avant-projet de loi portant modification de la Loi N° 2021-071 du 23 décembre 2021 portant loi des finances pour l’exercice 2022. Une modification imposée en partie par la crise ukrainienne et les «sanctions illégales et injustes» prises par la Cédéao et l’Uémoa contre notre pays. Et cela alors que nous étions déjà confrontés à la double crise sécuritaire et sanitaire liée au Covid-19. Cela a eu «un impact négatif sur l’économie nationale en provoquant un ralentissement des activités économiques et, par extension, une diminution des recettes de l’État».

Ainsi, le projet de loi des finances 2022 rectifié porte-t-il les recettes à 1 982 440 000 000 F Cfa contre 2 130 721 000 000) F Cfa dans la loi des finances initiale, soit une diminution de 148 281 000 000 F Cfa. Quant aux dépenses, elles s’élèvent à 2 647 028 000 000 F Cfa contre 2 748 285 000 000 de F Cfa dans la loi des finances initiale, soit une diminution de 101 257 000 000 F Cfa.

LA BANQUE MONDIALE ET LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT FERMENT LE REBINET AU MALI : Quels impacts pour son économie déjà agonisante ?

Rien ne va plus au Mali croupissant sous des lourdes sanctions le pays de Soundiata Keita traverse aujourd’hui l’une des crises les plus graves depuis son indépendance. Si la crise sécuritaire ne date pas de l’après coup d’Etat, il est incontestable que l’économie malienne est entrée en récession en 2020 à cause non seulement de la pandémie, de la faible performance agricole ainsi que de la crise sociopolitique. Elle connaît aujourd’hui un changement négatif voir plus chaotique avec la suspension des décaissements de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD). Cette nouvelle avait été annoncée par le ministre de l’Economie et des finances, Alhousseiny Sanou, le 14 avril 2022. Les raisons avancées par le ministre Sanou est sans nul doute l’accumulation des échéances au titre du service de la dette publique pendant plus de 45 jours à cause du gel des avoirs du Mali  à la BCEAO empêchant toutes transactions bancaires avec l’extérieur.

Dans une correspondance adressée aux coordinateurs des projets financés par les deux institutions. Cette décision qui est la suite logique des sanctions infligées au Mali par la CEDEAO et l’UEMOA impactera négativement le quotidien des maliens et surtout  l’Économie du pays et ses Finances. Cette nouvelle serait celle qui aura un impact sur le plan socioéconomique surtout dans pays asphyxié. Pour rappel, le Mali est déjà sur le banc de suspendus voire des exclus dans beaucoup d’institution comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA) ou encore l’organisation de la Francophonie. Toutes ces institutions et organisations exigent un retour à l’ordre constitutionnel. Cette lourde sentence de la banque mondiale est-elle prononcée voire faite à dessein pour parachever   l’économie malienne déjà en agoni ?

Cependant, la Banque mondiale s’occupe du développement dans notre pays avec des engagements financiers de plus de 2 milliards de dollars US, soit approximativement mille milliards de francs CFA représentant la moitié du budget de l’Etat. Cette enveloppe couvre 31 opérations en cours d’exécution dans des secteurs comme l’éducation, la santé, l’agriculture, l’énergie, les transports, les infrastructures.

Quant à la BAD, elle intervient dans 25 opérations pour 488 milliards de francs CFA touchant le transport routier, l’agriculture, la gouvernance, l’énergie, l’industrie, l’eau, l’assainissement. A-t-on besoin de rappeler que de son adhésion   à cette banque en 1964 à ce jour, que  ce sont 118 projets qu’elle a financés  au Mali pour un montant de 1500 milliards de francs CFA.

En effet, Ces montants sont les chiffres globaux que ces institutions financières ont dépensés au Mali comme pour dire que le trou abyssal qu’elles laisseront sera difficile à être comblé  pour ne pas dire qu’elles sont  irremplaçables surtout dans le contexte actuel marqué par une crise multidimensionnelle. Autrement dit la suspension des décaissements des deux institutions financières que sont la BM et la BAD met un coup d’arrêt  à tous les projets de développement du Mali et surtout  le bien-être de ses populations

Cette décision de la Banque mondiale renvoie le Mali et les institutions régionales dos à dos en s’appuyant sur les mesures économiques et financières à l’encontre du Mali pour suspendre ses décaissements. La décision de l’institution financière peut créer un effet « boule de neige » auprès des autres bailleurs comme (FMI, Banque africaine de développement, etc.) et des partenaires bilatéraux, notamment les investisseurs dans les secteurs minier et agricole.

Si l’inflation est devenue un phénomène mondial à cause de la guerre Russo- Ukrainienne et qui a sérieusement impacté l’économie mondiale, les sanctions cumulées de la CEDEAO et de l’UEMOA plus maintenant celle de la banque mondiale, asphyxieront l’économie malienne. Elles auront également pour conséquences la flambée des prix surtout dans le domaine du   transport, des matières premières, des pièces de rechange, et surtout des denrées de première nécessité. Comme pour dire que des entreprises maliennes iront en faillite, et mettront la clé sous le paillasson, si ce n’est déjà le cas pour un grand nombre d’entre elles. Une autre conséquence serait le chômage de masse des, jeunes et même des adultes ayant perdu leurs emplois et ils seront des potentiels candidats et des proies faciles au recrutement des terroristes cette situation est à prendre au sérieux.

Qu’il soit dit en passant cette situation n’arrange personne à commencer par l’Etat lui-même qui ne sera confronté à d’énormes difficultés comme entre autres la diminution drastique de ses ressources douanières et fiscales et à son inaccessibilité au marché financier sous régional pas d’emprunts auprès de la BOAD , de la BIDC et pas d’émissions de bons du trésor. L’on se rappelle que depuis le coup d’Etat du 18 Août 202., beaucoup de bailleurs bilatéraux ont arrêté d’intervenir au Mali.

En somme, la situation financière du Mali est très critique. Le Mali a besoin aujourd’hui que les sanctions étouffantes des deux organisations ouest-africaines contre lui soient levées, sans plus tarder. Les autorités de la transition doivent agir dans ce sens. Ce n’est plus un choix pour elles mais une obligation pressante.

Assitan DIAKITE