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FOCUS ASSEP – Maison de la Presse : contre la mauvaise gestion, l’État doit sévir

La colère est montée d’un cran lorsque le bureau légitime dirigé par Ousmane Dao a osé poser le problème de la gestion de l’aide publique allouée à la presse par l’État. Depuis ce jour-là, certains confrères sentant leur mort sont entrés en contestation contre ledit bureau. Aujourd’hui, les plus hautes autorités sont interpellées pour ouvrir des enquêtes contre nos confrères indélicats. Près de 291 millions de F CFA détournés. Depuis l’élection de Dramane Aliou Koné, à la présidence de l’Association des éditeurs de la presse privée (ASSEP) et à la présidence de la Maison de la presse, ce fut le festival de brigands. Son passage à la présidence des deux (02) faitières fut des plus calamiteux.

Dramane Aliou Koné, affectueusement appelé par ses intimes DAK, s’est bougrement enrichi sur le dos de ses confrères. De peur d’être rattrapé par la justice, DAK, membre du Conseil national de la transition (CNT), serait en fuite à Abidjan.Quant à l’actuel président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, il refuserait de partager la somme à sa disposition en laissant entendre que l’État ne donne que des miettes à la presse. De grâce, les confrères ont besoin de ces miettes. Dans le cas contraire, l’État doit montrer ses muscles dans ce dossier brûlant de l’heure. Avec ces affaires sales, la presse est aujourd’hui une honte.

ASSEP: des agitateurs pour se sauver et protéger leurs Complices

Ils sont nombreux dans le soi-disant bureau dit provisoire de l’Association des éditeurs de la presse privée (ASSEP) à trainer des casseroles. Il s’agit de cet agitateur qui a abandonné en plein vol la lutte contre les délinquants fonciers de la Cité de la presse au motif qu’un de ses parents a gracieusement bénéficié d’une parcelle de la part du président Dramane Aliou Koné. Il a-t-il intérêt à ce que la lumière soit faite sur l’affaire des parcelles de la Cité de la presse ?

À vous de juger.Un autre a fait disparaître entre le siège de Orange-Mali et celui de la Maison de la presse une tonne de sucre offerte (mois de ramadan) par cette société de téléphonie mobile aux journalistes. Il a aussi détourné le bœuf offert à la presse à la veille d’une fête de Ramadan. Peut-on faire confiance à ce dernier qui a trahi Dieu et ses confrères ?Cet autre agitateur transforme une des chambres en magasin durant le mois de ramadan pour stocker les vivres donnés par la Fondation d’un homme pieux à la presse. Un autre agitateur a détourné les fonds d’une grande boîte du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales alloués à la presse. Il a fait signer un contrat à une société agro-industrielle près de 20 millions de F CFA au nom de l’ASSEP. Et par la suite, il a détourné cet argent. Allez-y faire un tour sur la route de Sénou, non loin de l’Office National des Produits Pétroliers (ONAP). La liste est loin d’être exhaustive.

Le Sénégal, pays des hommes éclairés

L’enseignement a fait du Sénégal un pays des hommes éclairés .Ce pays a toujours occupé une situation privilégiée dans l’organisation de l’enseignement en Afrique. Parce qu’il était le plus ancien territoire français d’Afrique noire, c’est lui qui fut le plus rapidement doté d’écoles. Faidherbe ouvrit la première d’entre elles dès 1817 et organisa l’instruction, tant missionnaire que laïque. Il fonda aussi «l’école des otages» plus tard rebaptisée en école «des fils de chefs» où n’était admise que l’aristocratie traditionnelle.Au début de notre siècle, le Gouverneur William Merleau-Ponty créa le lycée Faidherbe de Saint-Louis (1910) et une École normale à Gorée, école qui devait, par la suite, former la plupart des dirigeants de l’Afrique d’expression française. Plus tard, un autre lycée fut ouvert à Dakar et, en 1950, un Institut de hautes études (IHE) qui était rattaché aux Universités de Paris et de Bordeaux et qui préparait au doctorat en médecine à la Licence en Droit ainsi qu’à quelques certificats de Lettres et de Sciences.En 1957 enfin, une Université française destinée aux étudiants de l’Afrique occidentale française était inaugurée à Dakar. Le Sénégal comptait à l’époque le plus grand nombre d’intellectuels en Afrique noire. En 1960, le taux de scolarisation était d’environ 28%Enseignement au Mali.

En 1960, le taux de scolarisation (calcul UNESCO) était encore très faible: 10%, et l’analphabétisme atteignait 95% de la population totale. La même année, le Mali disposait en moyenne quarante et un (41) maîtres pour 100 000 habitants. L’alphabétisation était à ses débuts à la fin de la colonisation.En 1960, 10% seulement des enfants maliens étaient scolarisés alors que la proportion était à la même époque de 35% pour l’ensemble du Sénégal, avec des pointes de 80% à Dakar et de 90% à Saint Louis.

Les mêmes différences apparaissent au plan de la santé. L’enseignement est à la traîne au Mali: 350 636 élèves dans les classes fondamentales, en 1978 (75 000 en 1962), 7800 classes, en 1978 (1 500 en 1962), 3 752 étudiants, en 1977 (104 en 1964), 35 000 adultes alphabétisés en langues nationales, répartis dans plus de 1 300 centres, témoignent de l’énorme effort de scolarisation entrepris, depuis 1962. Cet effort qui devait être fait par l’État est malheureusement anéanti par la privatisation de l’enseignement.

Sénégal en 1916: les ressortissants des communes de Dakar, Saint-Louis, Rufisque et Gorée avaient la citoyenneté française

La Loi du 28 septembre 1916 apportait donc une exception à ce principe en attribuant la citoyenneté française aux natifs des quatre (04) communes de plein exercice du Sénégal. Saint-Louis, Dakar, Gorée et Rufisque. Peu d’Africains bénéficiaient à cette époque du privilège de la citoyenneté française intégrale. En vertu d’une loi du 24 avril 1833, les habitants des colonies françaises étaient des «sujets français» privés des droits politiques et de la plupart des libertés publiques.

Source : L’inter de Bamako

Rencontre d’information et d’appropriation du cadre stratégique de la refondation de l’État à l’attention des journalistes et des acteurs des média, de ce samedi 1er octobre 2022 à la Maison de la Presse

La Rencontre d’information et d’appropriation du cadre stratégique de la refondation de l’État à l’attention des journalistes et des acteurs des média, de ce samedi 1er octobre 2022 à la Maison de la Presse a enregistré la participation de:
– Ibrahim Ikassa Maïga ,ministre de la Refondation de l’ Etat, chargé des relations avec les Institutions
– Fatoumata Sékou Dicko. Ministre délégué auprès du premier ministre, chargé des Réformes politique et Institutionnelles.
– Bandiougou Dante, président Maison de la presse du Mali.

TROP DE JOURS FÉRIES AU MALI : Quand l’État contribue à l’avilissement du secteur privé

Le Mali Koura tant  vanté par ses concepteurs semble être sur les traces du Mali Koro où la gouvernance loin d’être vertueuse est simplement chaotique, car décriée aujourd’hui, à cause de certaines pratiques. En effet, ces pratiques tant dénoncées sous l’ancien régime ont refait surface aux grands désarrois du vaillant peuple qui a pourtant cru un moment au changement promis par les autorités de la transition. Le 22 septembre étant la date anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance ne devrait pas être un prétexte pour décréter presqu’une semaine fériée au détriment d’une écrasante majorité des maliens qui vivent au jour le jour et particulièrement  du secteur privé qui traverse aujourd’hui des moments très pénibles, à cause des facteurs endogènes et exogènes. Pourquoi tant de jours chômés dans un pays sous développé comme le Mali ? Le Gouvernement ne devrait-il pas tenir compte des intérêts de non-salariés avant de décréter le vendredi  férié ? Et si les entreprises tenaient compte de ces nombreux jours décrétés fériés par l’Etat  tant pour le paiement de leurs employés que pour le fisc ? Une large concertation s’impose désormais avant de prendre une quelconque décision qui impacterait négativement les conditions de vie des maliens.

La précarisation des entreprises, surtout privées pourrait expliquer en grande partie l’amoindrissement du taux d’investissement au Mali. En plus de l’environnement marqué par une insécurité grandissante, l’Etat ne fait pas assez pour garantir les intérêts des entrepreneurs. Nous ne cesserons jamais de rappeler que Gouverner c’est non seulement prévoir, mais aussi et surtout tenir compte de l’intérêt général. Le Gouvernement de la transition en décrétant le vendredi jour chômé et payé, a certes appliqué à la lettre une disposition légale en République du Mali, mais il aurait dû avoir le flair de se dire qu’en décrétant ce jour comme étant férié on aurait perdu 4 jours sur 7 de la semaine. Donc presqu’une semaine sans travailler dans un pays où plus de 80 % de la population courent derrière le quotidien. Le Mali subit de plein fouet l’impact de la crise donc  la plus part des entreprises sont désormais menacées dans leur existence.  Plus de la moitié de la population vit dans l’informel et plus de 80 %  n’émargent pas sur le budget de l’Etat. Ils sont soit dans le secteur privé ou bien dans le secteur informel. Donc un jour chômé équivaudrait à un manque à gagner d’une semaine, à fortiori une semaine fériée.

Le Gouvernement de la transition, en suivant les pas de l’ancien régime, est non seulement en train de s’éloigner des objectifs de la révolution, qui sont entre autres une gouvernance vertueuse en rupture totale avec celle qui a conduit le Mali dans une crise profonde, ensuite la relance de l’économie et la création des richesses pour la création d’emplois. Mais aujourd’hui le constat est tout autre, le Mali est en train d’être tiré vers le bas et avec lui  l’économie du pays, qui serait en pleine récession, à cause non seulement de la crise mondiale liée à la guerre Russo-Ukrainienne, mais aussi et surtout  à la crise multidimensionnelle que vit le Mali depuis belle lurette. A cela il faut ajouter une méconnaissance et un manque de vision économique des autorités actuelles qui relèguent au second plan la relance économique qui devrait passer par une véritable promotion du secteur privé

En effet, le secteur privé étant le principal agitateur économique est aujourd’hui le premier à ressentir le poids de ces crises. A celles-ci il faudrait ajouter le manque de vision des autorités et surtout leur manque d’anticipation. L’Etat protecteur semble céder la place à l’Etat démolisseur au Mali, car le rôle régalien de tout Etat est la protection, la préservation et la sécurisation des intérêts des citoyens. Comment dans un monde globalisé et mondialisé on peut ne pas accorder de l’importance au secteur privé ? La libre entreprise étant l’un des fondements de la démocratie, elle doit également être le crédo de toute gouvernance qui se veut vertueuse.  En effet le bien privé est sacré et l’Etat à un rôle protecteur donc il ne doit pas  piétiner les valeurs qui le fondent. Tout acte d’un gouvernement doit tenir compte de l’impact sur les outils économiques du pays. Les jours chômés sont de manque à gagner principalement pour le trésor public, mais aussi pour les entreprises. Les sources de financement de l’Etat sont les taxes, impôts et douanes qui sont principalement payés par les entreprises.

Il est grand temps de prendre en compte les désidératas des entreprises et surtout écouter les investisseurs, à défaut les entreprises doivent prendre leurs responsabilités en formant un front unifié et en se mobilisant  pour être un rempart afin de  sauver le secteur privé. L’Etat devrait être guidé par cette philosophie plus on travaille plus  le trésor public s’enrichit et avec lui les entreprises.  C’est à ce seul prix que l’Etat aura la possibilité d’investir dans les équipements communautaires, écoles, hôpitaux, équipements urbains et même militaires. Il demeure impensable que c’est au moment où on affirme Urbi et Orbi notre souveraineté qui ne rien d’autre que la tendance à s’affranchir de la tutelle de l’autre, que l’Etat avilit les entreprises censées données un contenu réel à ce concept souvent galvaudé par certains. La souveraineté ne s’acquiert qu’au bout du travail et pour en imposer aux autres il faut travailler au lieu de discourir.

Si comparaison n’est pas raison, il est tout à fait normal de se référer à certaines Nations qui ont prospéré. Ces Nations dites développées ne sont pas passées par mille chemins c’est par  le travail qu’elles ont atteint le sommet, les Etats Unis, la Chine, le Japon, la France. Donc le gouvernement malien doit réunir les conditions d’une véritable relance de l’économie, car  Personne ne viendra faire notre pays à notre place. Le respect d’une nation ne se mesure-t-il pas  à l’aune des progrès qu’elle a pu réaliser dans divers domaines ? Incontestablement oui,  donc seul le travail paie.

Le Gouvernement ne devrait-il pas tenir compte des intérêts de non-salariés de l’Etat avant de décréter le vendredi  férié ?

Indéniablement en décrétant le vendredi férié parce que c’est un jour tempo entre deux fériés on aura travaillé que le lundi et le Mardi, car depuis mercredi les travailleurs débraillent ou tout au moins dégarnissent leurs lieux de travail ce qui est un énorme manque à gagner et pour les entreprises et pour les citoyens évoluant dans l’informel, c’est pourquoi il sied désormais pour le gouvernement de tenir compte de toutes les couches socioprofessionnelles avant de décréter un jour férié fut-il conforme à la législation. Car comme dirait l’autre, il y a la loi, mais il y a l’esprit de la loi. Il est temps de sortir de la diversion et éviter les multiples jours chômés pour se référer à des pays émergeants comme la chine, qui a travaillé pour être ce qu’elle est aujourd’hui. Les pays du soleil levant comme la chine et le Japon ont bâti leurs sociétés, leurs pays en travaillant. Les dirigeants africains en général et ceux du Mali en particulier doivent s’inspirer de l’exemple de ces deux pays, en ayant la culture du travail.

N’y a-t-il pas nécessité pour les entreprises maliennes de se regrouper pour défendre leurs intérêts ?

Le Gouvernement en se comportant ainsi, annihile non seulement tous les efforts que les entreprises fournissent pour créer des richesses, d’emplois et contribuer au développement du pays,  mais aussi foule aux pieds la protection sociale des employés, car aucune entreprise ne peut faire face aux charges sociales et professionnelles, dans ces conditions d’instabilité et d’incongruité. Que dire du fisc qui est la part de l’Etat ? Les entreprises seront dans l’impossibilité de s’acquitter de leurs devoirs, car elles  ne font pas de profits. Donc il y a nécessité pour les entrepreneurs de constituer un front pour non seulement défendre leurs intérêts, mais aussi et surtout pour obliger souvent l’Etat à tenir compte de leurs préoccupations.

En somme, les nombreux jours fériés ont des répercussions négatives sur les entreprises. C’est pour cette raison et d’autres qu’elles souffrent énormément. Si d’aucunes sont chancelantes, d’autres mettent tout simplement la clé sous le paillasson. Quid des investisseurs ou autres partenaires qui souhaitent faire des affaires au Mali. Ils auront tout simplement peur, car le climat des affaires est loin d’être assaini et les conditions d’un véritable développement du secteur privé ne sont pas réunies.

Mamadou Sinsy Coulibaly,
Président du Groupe Kledu

CEDEAO : Trois chefs d’Etat en mission sécrète à Bamako

Le colonel Assimi Goïta recevra des chefs d’Etat qui ne sont pas acquis à sa cause. Officiellement, ils viennent plaider pour la cause des 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako. Mais au-delà de cette raison, c’est l’Amérique qui prend le relais de la France qui est en perte de vitesse et de crédibilité en Afrique de l’Ouest, plus précisément au Mali. Et ce changement de stratégie passe par le Mali dont les autorités ne sont plus en odeur de sainteté auprès du pays de l’Oncle Sam.

Dans ce contexte, la journée de demain mardi sera décisive, des chefs d’Etat se rendant au Mali ayant déjà écouté les directives de la Maison Blanche. Le Mali est visé par une loi américaine dont le but est de combattre les autorités rebelles. Avant de passer à son plan punitif contre la transition malienne, Washington dépêche à Bamako demain mardi une délégation de trois chefs d’Etat ouest-africains. Il s’agit de Nana Akufo Ado de la République du Ghana, de Macky Sall du Sénégal et de Faure Gnasimbé du Togo. Tous les trois chefs d’Etat avaient pris part à un sommet tenu à New York la semaine dernière sur le Mali et la Guinée Conakry.

En réalité, on est face à un deal entre la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et les Etats-Unis qui ont pris une loi pour contrer l’influence russe en Afrique. Comment comprendre la tenue d’un sommet de la Cedeao hors du continent africain en dehors du lobbying américain ?

La « loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique » (Countering Malign Russian Activities in Africa Act) a été adoptée par 415 voix pour et 9 contre par les représentants du Senat américain en avril dernier, au moment où le Mali et la Russie renforçaient leurs relations commerciales et diplomatiques.

Les États-Unis souhaitent “demander des comptes aux gouvernements africains et à leurs responsables qui sont complices de l’aide à l’influence et aux activités malveillantes (de la Russie). Les chefs d’Etat ouest-africains qui se rendent à Bamako sont en mission des Etats-Unis, puisque la loi adoptée permet d’évaluer régulièrement l’ampleur et la portée de l’influence et des activités de la Fédération de Russie en Afrique qui compromettent les objectifs et les intérêts des États-Unis.

Elle permet également de déterminer comment traiter et contrer efficacement cette influence et ces activités. Le projet prévoit également de tenir pour responsables la Fédération de Russie et les gouvernements africains […] qui sont complices. La Cedeao est ainsi la porte d’entrée des Etats-Unis au Mali, même si ce dernier est suspendu de la communauté.

L’épouvantail des sanctions

Avant la rencontre de la Cedeao à New York, tout le monde redoutait un durcissement du cas malien. En effet, le 15 septembre, le pouvoir de transition a prolongé le bras de fer diplomatique et verbal avec la Côte d’Ivoire sur le sort de 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako, en mettant en garde à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, à laquelle la Côte d’Ivoire demande de l’aide.

La transition affirme que l’affaire des militaires ivoiriens emprisonnés au Mali est purement judiciaire et bilatérale et met en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes pour se soustraire à leur responsabilité vis-à-vis du Mali. Cette mise en garde a été faite par le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, dans un communiqué lu à la télévision nationale. Pour rappel, la médiation engagée par le Togo est l’unique cadre de règlement du dossier et le Mali n’est nullement concerné par cette procédure devant l’instance communautaire. La transition accuse le gouvernement ivoirien d’être animé par une volonté d’adversité et d’avoir transformé un dossier judiciaire en une crise diplomatique.

En réalité, les relations entre le Mali et l’Etat ivoirien se sont dégradées depuis que des colonels ont pris par la force, en août 2020, la tête de ce pays confronté depuis 2012 à des attaques djihadistes et plongé dans une profonde crise sécuritaire et politique. Elles se sont encore détériorées avec l’interpellation de 49 soldats ivoiriens à leur arrivée à Bamako, le 10 juillet. Mais trois soldates ont récemment été libérées. Les 49 soldats devaient, selon Abidjan et l’ONU, participer à la sécurité du contingent allemand des casques bleus au Mali. Bamako les considère comme des « mercenaires ».

Madou COULOU

Ministère de la Refondation de l’Etat : Les agents outillés en technique de communication institutionnelle

Le Projet d’Appui à la Gouvernance Economique et à la Promotion du Genre (PAGE-PG),  a tenu la semaine dernière au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), une série de formation à l’intention des cadres supérieurs du ministère de la refondation de l’Etat sur la technique de communication institutionnelle. Cette rencontre qui se déroulera sur trois jours du mercredi 27 au vendredi 29 juillet 2022, était présidée par le secrétaire général du département Abraham Bengaly, c’étai en présence du coordinateur du projet PAGE-PG Sory Bamba.

Il faut d’abord préciser que dans un monde professionnel en constante évolution, il est nécessaire pour l’administration publique de permettre à ses agent de s’épanouir et de valoriser leurs acquis. C’est le ministère de la refondation de l’Etat par le biais du projet PAGE-PG a initié cet atelier de formation financée par la Banque Africaine de Développement(BAD). L’objectif de cette formation est de renforcer les capacités des agents du département en matière de communication institutionnelle en temps de crise.

Le secrétaire général du département a indiqué qu’aujourd’hui, il est plus que nécessaire, d’initier les agents de l’administration en techniques de communication institutionnelle surtout au regard du contexte de crise multiforme que traverse notre pays, depuis 2012 et exacerbée par des fausses informations, rumeurs, commentaires et même déclaration tous azimuts. Cette session de formation, a-t-il ajouté est d’autant plus opportune qu’elle apporte réponse aux défis liés à la bonne et saine communication sur le chantier de la refondation ainsi que les missions, les activités et les réalisations du ministère de la refondation de l’Etat. Il a saisi l’occasion pour annoncé que, le conseil des ministres a adopté récemment le cadre stratégique de la refondation de l’Etat et son plan d’action pour la période 2022-2026 dont la mise en œuvre sera soutenue par une stratégie de communication mieux adaptée au cadre institutionnel et à l’environnement sociopolitique. Abraham Bengaly a aussi souligné  qu’au regard de l’importance de la thématique et du besoin réel d’être mieux outillés pour faire face aux défis en matière de communication, il exhorte les participants à suivre avec le plus grand intérêt les modules qui leurs seront dispensés par les experts.

Alou B. DOUMBIA

AGEROUTE : La 28ème Session Ordinaire du Conseil d’Administration met la lumière sur l’état d’exécution de l’exercice 2022 à mi-parcours et réitère la poursuite des travaux programmés

Le jeudi 30 juin 2022, L’AGEROUTE a tenu la 28ème Session Ordinaire de son conseil d’administration sous la présidence de l’ex ministre des Transports et du Désenclavement, Madame Traoré Seynabou Diop.

Après la traditionnelle vérification des mandants, la 28ème Session Ordinaire du Conseil d’Administration de L’AGEROUTE a débuté avec l’appréciation des activités à la date du 31 décembre 2021 ; l’évaluation à mi-parcours des activités projetées pour 2022.

Ainsi, la Présidente Traoré Seynabou Diop a félicité l’ensemble du personnel de l’AGEROUTE par rapport à l’impact positif de ses décisions et les délibérations sur les activités déjà menées. Elle a apprécié les efforts consentis et les résultats obtenus par rapport aux missions assignées à l’agence.

À ses dires, l’exercice 2022 à mi-parcours a été marqué par la poursuite des travaux programmés et la mise en œuvre de nouveaux programmes. Il s’agit notamment : du programme d’entretien des routes d’intérêt national exercice 2021 des régions de : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et du District de Bamako avec un montant de 8.828.928.036 F CFA soit un taux de réalisation de 97% au 31 mai 2022. Le programme des travaux spéciaux ont un taux d’avancement de 99% au 31 mai 2022.

Les programmes des travaux d’entretien des routes classées et non classées, régionales, locales et communales des régions sont : Kayes 92% ; Koulikoro 87% ; Sikasso 99% ; Ségou 99% ; Mopti 99% et dans le District de Bamako 92% à la date du 31 mai 2022. Elle renchérit que les travaux dans les régions de Tombouctou ; Gao, Ménaka ; Taoudéni et Kidal sont presque terminés à la date du 31 mai 2022. Le programme des travaux d’urgence d’entretien de certains axes routiers du District sont exécutés à hauteur de 73% au 31 mai 2022.

Quant aux autres programmes des conventions antérieures, ils sont presque terminés, a dit Mme la PCA Mme Seynabou Diop. La présidente Diop a vivement remercié Mme le Ministre des Transports et des Infrastructures Routières, Dembélé Madina Sissoko pour son implication personnelle pour l’obtention de ses crédits.

En outre, Mme Diop l’a donné l’assurance, de l’engament de l’AGEROUTE à travailler d’arrache-pied pour que le réseau routier malien soit à hauteur de souhait. Le Budget rectifié de l’AGEROUTE a été validé à l’unanimité des administrateurs présents.

Les prévisions de dépenses rectifiées de l’ordre de 41.226.892.535 FCFA sont en baisse par rapport à celle du budget initial 2022 (46.755.803.112 FCFA), une baisse de 5.528.910.577 FCFA soit 11,82%. Le conseil a donné des orientations nécessaires pour permettre à l’Agence de non seulement de consolider les acquis, mais aussi de pouvoir affronter avec sérénité les futurs challenges.

En conclusion, Traoré Seynabou Diop a réitéré son invitation à l’endroit des administrateurs à s’engager dans de bonnes réflexions et d’échanges fructueuses pouvant aboutir à de recommandations concrètes pour l’avancement durable et atteinte des objectifs.

Dognoume Diarra

Mali / France : La tension ne baisse pas

Intimidation, espionnage, subversion. La France s’adonnerait à ces actes répréhensibles sur le territoire malien en toute illégalité. En tant qu’Etat souverain, le gouvernement du Mali l’a rappelée à l’ordre et l’a invitée à inscrire ses actions dans un cadre de respect mutuel.

Dans sa dénonciation, le gouvernement malien ne tergiverse pas. Aux dires du ministre porte-parole du gouvernement, la France mène des activités de violation de son espace aérien. Un agissement auquel elle s’adonnerait depuis le début de l’année. De cette période à la date de la publication d’un communiqué le 26 avril, le gouvernement rapporte 50 cas de violation « délibérés » par des aéronefs étrangers opérés par les Forces françaises souvent de façon déguisée.

Dans leur manœuvre avec ruse, les Forces françaises sont pointées du doigt pour falsification de documents de vol, refus d’obtempérer aux instructions des services de contrôle aérien, atterrissages d’hélicoptères, sans autorisation, dans les localités hors aérodromes, vols d’avions de renseignements et de drones à haute altitude. « L’un des cas les plus récents a été la présence illégale d’un drone des Forces françaises, le 20 avril, au-dessus de la base de Gossi, dont le contrôle a été transféré aux Forces armées maliennes (FAMa), la veille. Ledit drone était présent à partir de 11h45 pour espionner nos vaillantes FAMa », a affirmé avec précision le ministre e l’Administration territoriale et des Collectivités, le colonel Abdoulaye Maïga. Toujours avec le même doigt accusateur, il a indiqué que, outre l’espionnage, les Forces françaises, pourtant sommées de quitter le Mali depuis le 18 février dernier, se sont rendues coupables de subversion en publiant des fausses images montées de toute pièce dans le but d’accuser les FAMa d’être les auteurs de tuerie de civils et dans le but de ternir leur image au moment où elles sont plus que jamais engagées pour la libération du territoire national et la sauvegarde des populations.

Visiblement agacé par de tels agissements, le gouvernement du Mali a manifesté sa condamnation en invitant les Forces françaises à respecter la souveraineté du pays. Par ailleurs, il a réaffirmé sa volonté de promouvoir et de maintenir la coopération avec l’ensemble des Etats du monde dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence.

Alassane Cissouma

REFONDATION DE L’ÉTAT POUR UNE GOUVERNANCE VERTUEUSE : Le schéma du multipartisme intégral remis en cause ?

Le Mali a célébré samedi dernier (26 Mars 2022) le 31e anniversaire de la lutte héroïque du peuple pour l’avènement de la démocratie. Un système politique qui consacre le multipartisme intégral dans notre pays. Si cela est un acquis politique, il est clair que la classe politique est loin d’avoir réussi à combler l’attente des Maliens. Bien au contraire, l’espoir a été vite chassé par le dépit de la chose politique. Ce qui fait que, à l’heure de la refondation, une analyse profonde s’impose afin de redonner à cette activité toute sa vigueur, toute son efficacité à prendre en charge les vraies préoccupations des citoyens.

Faire la politique, c’est créer les conditions de la satisfaction des préoccupations des populations ! C’est ce que pensait en substance le regretté Amadou Toumani Touré dit «ATT», le «Soldat de la démocratie» dont le 31e anniversaire a été célébré samedi dernier, 26 mars 2022. Une célébration qui n’a pas manqué de relancer le débat sur le vrai apport de la classe politique à cette démocratie.

Le multipartisme intégral est sans doute un atout de  l’avènement de ce système politique dans notre pays. En effet, c’est la révolution de mars 1991 qui a favorisé l’essor des partis politiques. La 3e République a créé un environnement politique et économique favorable à leur émergence et ils sont reconnus au Mali comme «des organisations de citoyens réunis par une communauté d’idées et de sentiments, prenant la forme d’un projet de société, pour la réalisation duquel ils participent à la vie politique par des voies démocratiques».

Mais, force est de reconnaître que le divorce est consommé depuis longtemps entre le peuple et sa classe politique qui a rarement réussi à se hisser à hauteur de souhaits. Dans la pratique, elle  s’est révélée comme le talon d’Achille d’une démocratie longtemps citée en référence sur le continent avant de s’effondrer lamentablement comme un château de cartes. Et cela parce que les fondements de l’édifice ont été rongés de l’intérieur par des mauvaises pratiques comme le clientélisme politique, la népotisme, l’injustice, la délinquance financière, la corruption… Les chroniqueurs politiques prouvent ce désamour grandissant entre les Maliens et la politique par deux constats : les putsches militaires applaudis et le taux de participation au processus électoral !

Au Mali, la dernière décennie a été marquée par trois coups d’État. Des coups de force suivis de transitions censées remettre sur les rails une démocratie jadis citée en exemple. Il est aussi clair que les élections ne mobilisent que très peu de citoyens dans notre pays. Indicateur clé de la vitalité d’une démocratie, il est en constante baisse passant de plus de 65 % en 2002 à moins 35 % en 2018. Ainsi, ont indiqué des observateurs, sur les 8 millions d’électeurs inscrits sur les listes, seuls 2,6 millions se sont déplacés aux urnes lors du premier tour des dernières présidentielles.

Pis, dans un pays de plus de 20 millions d’habitants, le dernier chef de l’État a été élu avec moins de 1,8 millions de suffrages. Et chaque fois, les rapports des missions d’observation mettent en avant des problèmes logistiques dans la distribution des cartes d’électeur, des difficultés d’identification des bureaux de vote et un niveau élevé de migration interne. Mais, l’une des principales raisons est ce malaise qui s’est installé à cause de l’incapacité des régimes élus de combler les attentes nationales.

 

Se défaire de ses tares pour se réconcilier avec les citoyens

Manque de conviction (nourrir et se battre pour les idées politiques auxquelles on croit fermement et auxquelles on s’identifie), absence de vision politique… sont les tares congénitales de nos chapelles politiques. La conviction et la vision étant l’essence de la politique, vouloir les écarter de son champ ne peut que conduire à la faillite démocratique, au rejet d’un système qui «accouche d’élus sans assise électorale et pose les jalons d’une gouvernance instable où la moindre crise sérieuse peut avoir raison des gouvernants». Ce qui fait d’ailleurs que le manque de représentativité et de légitimé des dirigeants constitue l’une des raisons de la récurrence des coups d’État dans notre pays voire en Afrique.

Aujourd’hui, il est urgent de repenser la politique au Mali. Et en la matière toutes les pistes sont importantes et cela d’autant plus que de vrais changements peuvent partir «d’une petite réflexion, qui peut même paraître farfelue». Faut-il rester dans ce schéma de multipartisme intégral ? Faut-il revoir les conditions de création d’un parti politique ? L’Etat doit-il continuer à verser de l’argent du contribuable à des formations qui n’assument pas pleinement leur rôle dans une démocratie ?

Le débat est ouvert et chacun peut l’enrichir à partir du moment où nous acceptons que la manière avec laquelle la politique est exercée de nos jours ne satisfait personne. A part ceux qui en ont fait un fonds de commerce ou un ascenseur social et économique. «Le consensus du 1er mandat d’ATT a été très fructueux politiquement et économique pour le Mali. La réflexion qui parviendra à l’ériger en système de gestion publique, en lui ôtant tout esprit de partage de gâteau, inventera certainement le système politique malien», pense un jeune leader politique malien très apprécié sur les réseaux pour ses analyses pondérées, pertinentes et non partisanes.

Autrement, il indique une piste à explorer pour sauver le pays avec sa classe politique. Et la vraie solution sera celle qui va nous éloigner du mimétisme, donc inspirée par nos réalités socioculturelles.

Moussa Bolly

ADIEU SOUMEYLOU : La haine a eu raison de notre humanisme, mais n’effacera pas ton brillant parcours au service de l’État

L’une des pires souffrances, c’est sans doute d’être constamment interpellé par sa conscience parce qu’on aurait dû prendre une décision ou qu’on aurait dû défendre une noble cause et qu’on ne l’a pas fait faute de courage, d’audace ou d’objectivité. C’est ce qui risque d’arriver à beaucoup d’entre-nous par rapport au décès de Soumeylou Boubèye Maïga le lundi 21 mars 2021. Ce n’est pas de notre faute ! Certes ! Mais, nous pourrons aussi nous reprocher de nous être pas battus comme il se doit pour qu’il puisse bénéficier des soins appropriés comme il en avait droit.

Le refus d’évacuer Soumeylou Boubèye Maïga ne peut se justifier que par la haine qu’on avait pour sa personne, pour cette figure de la démocratie malienne dont la disparition risque de nous tourmenter pendant très longtemps. C’est ce que nous pouvons retenir, entre autres, des hommages qui lui sont rendus dans le pays et en dehors de nos frontières. Sinon, comme l’a si pertinemment rappelé Jean-Baptiste Placca dans sa chronique «La Semaine de» (RFI) de samedi dernier (26 mars 2022), «rendre justice implique de veiller à ce que le prévenu arrive vivant devant ses juges pour répondre de ce qui lui est reproché, même si certains trouvent commode qu’il ne soit plus là pour s’expliquer» !

Où est aujourd’hui la victoire de cette justice qui a refusé à un présumé innocent le droit aux soins appropriés le condamnant à la mort ? Ces geôliers ont poussé la haine à le traiter comme un vulgaire criminel au point même de faire semblant d’oublier qu’il s’agit quand même d’un grand commis de l’Etat qui a dénié plus de ma moitié de sa vie ce pays qu’il a servir une vive passion et un dévouement rare. Il s’est si dévoué à l’Etat au point de développer une confiance aveugle à son égard. Comme l’a si bien résumé un bloggeur de la Cité des Askia, où SBM a vu le jour le 8 juin 1954,  «en républicain, il a vécu et est mort pour avoir eu foi en les institutions de la République, dont la justice en qui il disait avoir confiance».

Bien sûr que nous sommes tous des morts en sursis… Mais la manière dont on a laissé SBM mourir est très révoltante… et nous interpelle tous. Si leur désir était de le briser pour l’humilier, nous sommes convaincus qu’ils ne doivent pas être comblés aujourd’hui. Et cela d’autant plus qu’il est resté digne, discret et droit dans ses bottes jusqu’à la fin… Ils ont voulu faire de lui un paria et il est mort en martyr. En témoigne de la foule mobilisée aux côtés de la famille depuis l’annonce de son décès et qui l’a conduit à sa dernière demeure. Sans compter tous ces témoignages poignants pour lui rendre hommage.

Si la notion de responsabilité collective est une réalité, nous risquons tous d’avoir la mort du Tigre sur notre conscience. A part sa famille, personne n’a eu le courage de se lever pour dire : ça suffit, faites-le bénéficier de ses droits aux soins appropriés ! Même les condamnés à mort y ont pourtant droit avant l’exécution de leur sentence. A plus forte raison un homme d’Etat jouissant de la présomption d’innocence.

Journalistes, hommes politiques, leaders religieux, organisations des droits humains… Nous nous sommes murés dans un silence coupable, complice. Nous nous sommes laissés dominer par notre peur d’élever la voix pour défendre une cause noble de crainte d’être persécutés, d’être insultés et menacés sur les réseaux sociaux… Les choses se sont passées comme si la classe politique malienne avait cru que Soumeylou était l’agneau sacrificiel de sa rédemption. Et du coup, nous avons laissé la haine triompher de nos valeurs humaines. Une fuite de responsabilité qui explique pourquoi «l’humanisme est en train de disparaître dans ce beau pays qui est le Mali» ; pourquoi la jalousie, la méchanceté et la haine commencent à écraser toutes nos valeurs.

Nourrir la passion de l’égalité ne doit pas pousser à franchir la ligne rouge conduisant à la haine

«Quand Jacques Chirac (président de la République française de 1995 à 2007, décédé le 26 septembre 2019) a été victime d’un grave accident de la route, ses adversaires politiques ont produit des communiqués de sympathie. Cela ne signifiait rien sur leurs sentiments, mais reconnaissait symboliquement sa légitimité en tant que responsable politique», rappelait Dominique Schnapper (Directrice d’études à l’EHESS et membre honoraire du Conseil constitutionnel) dans une tribune intitulée : «La démocratie peut-elle survivre à la haine ?»  (Telos, janvier 2020). Et de rappeler que «la jalousie est l’expression pervertie de l’égalité. Les sociétés démocratiques nourrissent la passion de l’égalité. Et la jalousie, quand elle devient féroce, se transforme aisément en haine».

Et de nos jours les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la propagation de cette haine. Pour cette grande intellectuelle française, «la haine fait partie de ces passions tristes qui opposent les uns aux autres. Elle est sans doute inévitable, mais si son expression s’étend dans l’espace public, si elle devient l’un des principaux éléments qui animent la vie sociale et contraignent les décisions politiques, elle devient un danger». Et c’est à ce stade crucial que se retrouve la société malienne.

«La logique de l’ordre démocratique impose à tous les hommes publics, quelles que soient leurs sympathies et leurs antipathies, de manifester leur considération à l’égard de ceux qui leur sont opposés dans le combat politique», a souligné Dominique Schnapper. La vie sociale et politique ne s’inscrit plus dans cette logique au Mali ces dernières décennies. Et cela parce que nous avons sacrifié nos valeurs sur l’autel de la conquête  du pouvoir ; parce que nous croyons beaucoup plus à l’ascension politique, à la fortune qu’à toutes ces valeurs qui faisaient que notre société était très enviée. Quand la conviction s’effrite, la notion de responsabilité vacille.

Des questions qui vont hanter notre conscience

On se tait par intérêt et non par conviction. C’est simple de rendre aujourd’hui hommage au «Tigre». Mais, pour paraphraser une concitoyenne, où étions-nous quand SBM était incarcéré dans des dures conditions pour un homme de son âge et de son rang ? N’avons-nous pas entendu les cris de détresse de sa famille pour son évacuation ? N’avons-nous pas été silencieux dans l’attente d’un procès qui n’aura jamais eu lieu finalement et à qui on a pourtant accordé plus d’importance qu’à sa santé, qu’à sa vie ? Autant de questions qui ne vont plus cesser de nous tarauder l’esprit, de troubler notre sommeil en hantant notre conscience.

Que reste-t-il de cette démocratie quand ceux qui se sont battus pour son avènement et ceux qui sont censés œuvrer à sa consolidation n’ont plus le courage d’afficher leur conviction et d’assumer leur opinion par crainte de répression ou de perdre leurs privilèges ? Comme nous le rappelle si cruellement une sœur, «une chose est sûre, tant que nous Maliens n’aurons pas le courage de contester et de protester pour nos convictions propres, nous serons ce peuple qui n’écrira jamais son histoire, mais qui passera la plume à d’autres pour écrire leur propre histoire. Ceux-ci tremperont leurs plumes dans le sang des Maliens, comme une encre rouge, pour écrire l’histoire la plus ignoble pour nous».

Le Tigre s’en est allé sans abdiquer, sans jamais renier ses convictions et ses opinions. La haine a eu ainsi raison de notre humanisme, mais pas de son nom parce que sa vie fut une belle leçon de dignité.

Moussa Bolly

Oumar MC Koné, chef de la Mare : « La refondation de l’Etat est basée prioritairement sur la sécurité »

Dans une interview accordée à Azalaï Express, le patron de la Mission d’appui à la refondation de l’Etat (Mare), Oumar MC Koné, est revenu sur les grands axes de la refondation que le Mali s’apprête à amorcer avant le retour à l’ordre constitutionnel. Lors de cet échange, il met l’accent sur l’aspect sécuritaire.

Azalaï Express : Quels sont les rapports de la Mare avec le ministère en charge de la Refondation de l’Etat ?

La Mission d’appui à la refondation de l’Etat (Mare) est un instrument institutionnel placé auprès du ministre de la Refondation. Nous sommes spécifiquement chargés d’élaborer tous les avant-projets touchant le fonctionnement des institutions. La Mare est le bras institutionnel du ministre de la Refondation. En plus de cette mission, nous devrions réfléchir, proposer et élaborer des études sur tous les secteurs consolidant la refondation de l’Etat. La troisième tâche est spécifique que le ministre nous demanderait de faire.

Qu’est-ce que la refondation de l’Etat ?

Actuellement, il y a eu une appropriation nationale du terme de la refondation. Mais dans certains cas, des gens nous interpellent toujours. Mais au fait, qu’est-ce qu’il y a dans la refondation ? La refondation est basée sur un axe de rupture avec la mauvaise gouvernance qui se manifeste le plus souvent par la corruption, le clientélisme, le népotisme, etc. qui ont gangrené notre administration. C’est la rupture avec les mauvaises habitudes et ensuite, trouver des nouveaux équilibres à travers les réformes politiques et institutionnelles. Et aussi en travaillant sur le comportement du citoyen malien. Il faudrait que le comportement du citoyen malien change pour quitter le champ de l’incivisme et prendre les préoccupations nationales en main. Et aussi, cette refondation va se faire à travers des pratiques endogènes. C’est-à-dire des valeurs qui ont bien marché chez nous en Afrique, mais que nous avons laissées tomber, sans justification. Et c’est des bonnes valeurs qu’il faudrait ramener dans nos textes, puisque nous avons cette culture. Exemple : au niveau de la sécurité, quand vous allez dans nos villages, vous ne verrez aucune institution de sécurité de l’Etat. Et pourtant, ça fonctionne bien. Quand vous venez, on vous dit d’aller saluer le chef du village qui vous demande votre nom, votre origine, l’objet de la visite et la durée de votre séjour. Il est en train de faire presque une enquête policière. C’est cette notion qui ressort dans les recommandations des ANR (Assises nationales de la refondation) de mettre en place un « Haut conseil des autorités traditionnelles religieuses et coutumières ». Donc, c’est une réappropriation d’une de nos valeurs endogènes. Le cousinage à plaisanterie « le Sinankouya » en est aussi un exemple. La refondation est une reprise de la fondation. Si on ne le fait pas, la maison va s’écrouler. Ça commence dès maintenant et va se quantifier au bout d’une génération.

Quels sont les grands axes de cette refondation ?

C’est un long parcours. Ça commence dès maintenant et finira dans 25 à 30 ans. Les grands axes, prioritairement, c’est basé sur la sécurité. Parce qu’un pays sans sécurité ne peut rien faire. C’est de consolider notre outil de sécurité. Remettre notre « armée nationale » pour dire que rien ne va se décider à l’extérieur. Ce sont les Maliens qui vont dire : ‘’Nous avons besoin de tel type d’armement pour notre armée pour améliorer son fonctionnement’’. Le deuxième axe, c’est bien entendu les réformes politiques et institutionnelles. Parce que notre constitution, certains ne veulent pas qu’on en parle, mais a atteint ses limites. Par exemple, avec le mouvement populaire du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) qui a demandé de déchoir l’ancien président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Il faudrait, dans la nouvelle constitution, qu’il y ait un mécanisme pour déchoir un président de la République qui ne fait pas son travail. Que le président de la République prête serment sur sa croyance religieuse. Le musulman sur le « Coran », le chrétien sur la « Bible », etc. Aussi, enlever certaines fortes dispositions dans ses prérogatives, notamment la sélection des membres de la Cour constitutionnelle. Mettre une barrière franche entre l’Assemblée nationale et l’Exécutif. Par ce qu’on dit que la République est basée sur ces trois pieds, soit l’Exécutif, le Parlement et le Judiciaire. Que la justice soit juste et transparente. Que le Malien lambda se sente protégé par sa justice. Ensuite, une gouvernance vertueuse. Cela se traduirait dans la stabilité sociale. Dans cette stabilité sociale, il faut revoir les salaires. Cela va aussi jouer sur les conflits sociaux, notamment les grèves. Il faut respecter les droits de chacun. Il faut harmoniser les salaires et donner un bon salaire, surtout aux Maliens. Revaloriser par exemple les corps comme l’enseignement. Parce que l’enseignement est fondamental dans le fonctionnement et le développement d’un pays. Donner une bonne formation aux enseignants afin qu’ils puissent donner une bonne formation aux élèves et étudiants. On a initié dans le projet de loi électorale qui va se faire sur appel d’offres. Faire un appel d’offres pour les grands postes de l’Etat. Le dernier axe qui correspond plus ou moins au PAG (Programme d’action gouvernemental), c’est quand on a une stabilité de faire les bonnes élections. Et d’ailleurs, l’installation de l’AIG (Autorité indépendante de gestion des élections au Mali) est sur ce plan. Et l’AIG sera décentralisée. La direction nationale à Bamako, avec ses grandes directions. Mais dans chaque région, cercle, commune et dans les zones de résidence des Maliens établis à l’extérieur.  Ce sont les axes forts de la refondation qui touchent tous les secteurs, notamment l’agriculture, la santé, l’éducation, l’urbanisme, la géostratégie. Il faudrait que le Malien décide avec qui il veut installer une coopération. Souvent, on dit dans les textes de diversifier notre coopération militaire. C’est-à-dire qu’aucun pays ne prenne le Mali comme sa chapelle ou sa mosquée. Le Mali sera libre d’orienter sa politique de sécurité comme il veut. Donc, il faut avoir cette indépendance. Mais aussi de façon large, c’est de faciliter aussi dans la géostratégie une diplomatie gagnant-gagnant tournée sur le développement du Mali. Et puis, ne plus accepter le diktat de 20% sur la production d’or. Il faudra que le malien sache qu’il est le troisième producteur d’or dans le monde. Mais aussi nous allons favoriser ce laxisme. Que le Malien n’ait plus de complexe. Nous avons été dans les mêmes écoles que ces Occidentaux et d’ailleurs même, nous leur avons damé le pion. Donc, maintenant le Malien n’a aucun complexe de revendiquer sa position dans la stratégie nationale et internationale. Donc, nous serons libres dans nos coopérations, libres de trouver notre voie de développement, libres de choisir nos amis au niveau de la coopération militaire. C’est des axes forts que le Mali doit consolider et sans complexe.

Certains estiment que les autorités actuelles ne sont pas légitimes pour mener cette refondation. Qu’est-ce que vous pouvez leur répondre ?

Ceux qui disent cela se trompent. On acquiert la légitimité par le peuple et celui-ci a demandé que ces autorités conduisent cette transition. Je me demande comment un autre citoyen d’un autre pays peut qualifier ces autorités d’illégitimes. Nous, on dira que ce monsieur est illégitime de qualifier nos autorités d’illégitimes. Personne au Mali n’a mandaté ce dernier pour traiter nos autorités d’illégitimes. Et pour, certains Maliens qui partagent le même avis, nous connaissons leur position. Mais objectivement, la majorité des Maliens fait confiance à cette Transition. Partant de là, elles ont cette légitimité, allusion faite au rassemblement du 14 janvier dernier. Certains se cachent derrière le concept d’élections qui n’a pas de sens. Les élections, c’est un processus pour consolider la démocratie. Mais les élections à elles seules ne suffisent pas à faire la démocratie. Et d’ailleurs, cela me fait sourire chaque fois qu’on veut pousser les autorités à faire des élections précipitées, alors qu’en 2013, nous avons vu ce que cela a donné.

Réalisée par:
Abdrahamane Baba Kouyaté et Lamine Bagayogo