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Edito : Les autorités de la transition se trompent-elles de priorités ?

A 17 mois de la fin de la transition et face à l’immensité, voir la complexité des défis à relever, les autorités de la transition malienne, au lieu de s’atteler à la résolution des différentes préoccupations, ne trouveront rien d’autre que de multiplier les fronts, en reléguant au second plan les priorités. Il y a d’abord la plainte contre la France au Conseil de sécurité des Nations Unies, ensuite une crise politico-diplomatique avec la Côte d’Ivoire au sujet des 49-3 soldats, qualifiés de mercenaires et qui sont inculpés et mis aux arrêts. Et pour ne rien arranger une mise en garde a été faite à la CEDEAO au cas où l‘organisation sous régionale se laisserait manipulée par le Président ivoirien Alassane Ouattara. Comme si ces fronts ne suffisaient pas, les partisans des autorités de la transition demandent le départ de la MINUSMA du Mali. Comment un pays qui cherche sa voie et qui est embourbé dans une crise multidimensionnelle gravissime peut-il se brouiller avec ses voisins immédiats et avec presque tout le monde ? Comment une transition dont la durée est connue et qui aurait d’énormes tâches à accomplir pourrait-elle se donner le luxe d’éparpiller ses efforts en reléguant au second plan les trois grandes priorités de l’heure, à savoir la lutte contre l’insécurité, l’amélioration des conditions de vie des maliens et enfin les réformes politiques et institutionnelles permettant d’organiser des élections inclusives, transparentes et crédibles pour un retour à l’ordre constitutionnel.

En tout cas si tant est que les autorités de la transition ont la volonté de rendre le pouvoir à un Président démocratiquement élu en mars 2024, elles doivent éteindre certains fronts pour ne s’occuper que de ces trois priorités qui sont largement costaud pour le peu de temps qui reste. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le premier front le plus brûlant aujourd’hui est celui de l’insécurité. Si nous devrions reconnaitre certaines prouesses importantes de l’armée sur les terroristes que d’aucuns qualifient de véritable montée en puissance des FAMa, force est de constater que le front sécuritaire est loin d’être apaisé, pour ne pas dire qu’il s’exacerbe au nord et au centre avec des crimes odieux commis par les terroristes. Le second front le plus brûlant est incontestablement le front social. De mémoire d’homme les prix des denrées de première nécessité n’ont jamais connu une telle hausse au Mali. Tout est très cher au Mali s’esclaffe une ménagère. A-t-on besoin de rappeler que la crise sociale est la mère de toutes les autres crises ? Les autorités doivent prendre à bras le corps cette épineuse question sociale afin de soulager la misère d’une très grande frange du peuple malien qui broie aujourd’hui du noir. Le troisième front est celui des réformes institutionnelles et constitutionnelles.

Ces réformes ont véritablement du plomb dans l’aile, car l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, AIGE qui aurait dû être l’organe miroir devant attirer les autres, a été mal conçue et ne présage pas d’un lendemain tranquille après les élections. Donc la crise pré et postélectorale est loin d’être écartée. Que dire de la rédaction non consensuelle d’une nouvelle Constitution ? La classe politique bien que discréditée, n’aura pas d’autre choix que de se mobiliser pour constituer une sorte de rempart, voire une sentinelle vigilante contre les fossoyeurs des précieux acquis démocratiques. Du collectif d’anciens députés, au cadre de concertation des partis politiques en passant par Espoir Djiguiya Koura, la dolosive classe politique semble désormais être vent débout et veut se vêtir du manteau de la résistance contre cette velléité de falsification et de réécriture de l’histoire récente du Mali. L’on peut affirmer sans risque de se tromper que les jours voire les semaines à venir seront palpitants pour les autorités de la transition. Donc qu’elles se tournent vers les 3 grandes priorités.

Youssouf Sissoko

Edito : Le PM Abdoulaye Maiga peu convaincant

La première grande sortie du nouveau PM ou du moins du Premier Ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga a laissé beaucoup de maliens dubitatifs quant à sa volonté de rompre avec son prédécesseur qui a pêché non seulement à Rassembler les maliens autour des objectifs de la transition, mais aussi a été à la base de l’isolement dont le Mali est victime aujourd’hui. Le PM par intérim  n’a pas convaincu sur un certain nombre de sujets et ne semble pas non plus avoir la volonté de se démarquer de son prédécesseur Choguel K Maiga. D’abord sur la question de nos relations avec les Etats de la CEDEAO, de l’UA et de l’Occident, le Premier ministre par intérim n’a fait que le remake de ce que son prédécesseur a toujours affirmé, à savoir le respect de la souveraineté du Mali et les aspirations profondes du peuple. Il dit n’est pas accepter qu’on impose des choses qu’eux-mêmes n’accepteront pas. Au lieu de sortir de la posture guerrière en essayant de se réconcilier avec tout le monde afin d’atteindre les objectifs, il est resté trop collé à des considérations qui ne font pas avancer le Mali. S’agissant des réformes en cours après avoir appelé au rassemblement il a mis le pied dans le plat en parlant de la composition de l’AIGE. Le premier ministre ne trouve que le raccourci en affirmant que ceux qui ont été choisis sont des maliens comme tout le monde et qu’ils ont la compétence car ils ont répondu à un certain nombre de critères. Que le PM comprenne que personne n’a remis en cause ni leur compétence encore moins leur Malianité, ce dont il s’agit c’est la manière avec laquelle ils ont été choisis, à savoir à la suite d’un tirage au sort  dans un pays qui a plus de 20 ans de pratique démocratique

Ce qui a surtout  été déploré c’est la manière dont ils ont été choisis et surtout les formations politiques dont ils sont issus et qui ne sont pas représentatifs de la classe politique. Sur la crise sociale avec ses conséquences de vie chère, le premier ministre n’a point rassuré. Il est resté dans les généralités, à savoir que l’Etat subventionne pour que les prix des denrées de première nécessité soient à la portée des ménages et surtout des mesures coercitives en faisant intervenir les forces de l’ordre pour stopper la surenchère. Ces mesures ont toujours existé, mais elles n’ont jamais donné les résultats escomptés, car certains  commerçants véreux les piétinent en longueur de journée avec la complicité des cadres hauts placés de l’administration. Ces mesures sont anciennes au Mali et elles n’ont jamais été efficaces. Sur la sécurité, le PM par intérim se veut optimiste car pour lui la peur a changé de camp et que l’ennemi est en débandade. Le PM pense que  cette mission est celle des forces de défense et de sécurité, qui, certes paient un lourd tribut, mais sont déterminées à combattre les terroristes pour qu’il y ait la paix et la sécurité. Pour le Colonel Abdoulaye Maiga aucun sacrifice n’est de trop pour défendre sa patrie. Sur la durée de la transition, le PM par intérim semble être déterminé à respecter cet engagement pris vis-à-vis de la communauté internationale, par l’organisation d’élections libres transparentes et crédibles afin de doter le pays d’institutions légitimes. Comme son prédécesseur  le PM Abdoulaye Maiga ne porte pas de gant pour fustiger le comportement de la France  qui serait à l’origine de la situation dans laquelle le Mali se trouve depuis plus de 10 ans.

En somme, ce qui est attendu du PM c’est une totale rupture avec son prédécesseur qui a mis le Mali dans une situation d’isolement total ce qui a provoqué cette crise d’une gravité jamais connue au Mali. Malgré cette sortie qui a laissé plus d’un malien sur sa faim on peut toujours continuer à  faire confiance au PM par intérim,  en attendant qu’il soit confirmé, car il ne met en œuvre que le Plan d’Action Gouvernemental voté par le CNT dont Choguel K Maiga était le Maître d’ouvrage. Après sa confirmation, ce qui est le souhait de beaucoup de maliens, il doit se démarquer de certaines prises de position, qui sont à la fois populistes et suicidaires pour le Mali.

Youssouf Sissoko

Edito : Ouverture des classes sur fond d’amateurisme et de renoncement

Alors que l’année scolaire 2021- 2022 s’est déroulée dans un climat apaisé grâce au sens élevé du devoir citoyen des enseignants et à l’esprit patriotique des syndicats,  qui ont sursoit à leurs revendications légitimes pour soutenir les autorités dans leur difficile, mais noble quête de souveraineté, de dignité et d’honneur, nous voici démarrer celle de 2022- 2023 sur fond de divergence entre les autorités et  les syndicats, d’une part et entre le gouvernement et les parents d’élèves, d’autre part, au sujet de la date de rentrée fixée au 16 septembre 2022, avant qu’il ne cède sous la pression, en la fixant au 3 octobre 2022. La question que tout bon citoyen se pose est celle de savoir qu’est ce qui fait courir le gouvernement dans tous les sens alors même que les conditions ne sont pas réunies et qu’il n’y aurait pas de feu à la demeure. L’amateurisme et le  populisme quand tu nous tiens. Le gouvernement veut faire croire aux maliens que son souci majeur est la bonne reprise de l’année scolaire. A-t-il consulté tous les acteurs de l’école avant de fixer la date de la rentrée ?  Les conditions matérielles, financières et humaines sont-elles réellement réunies pour une ouverture de classes  avant le mois d’octobre ? La météo a-t-elle annoncé la fin de l’hivernage avant le 16 septembre ? C’est certainement en répondant à ces questions qu’il s’est résolu à reporter au 3 octobre 2022.

En effet, après l’annonce de la date de rentrée des classes par le ministère de l’Education, via son secrétaire général, la vigoureuse réaction de certains syndicats comme le SNEC et d’une importante frange des parents d’élèves, ne s’est pas fait attendre. Ces deux acteurs majeurs de l’école malienne, après avoir exprimé leur incompréhension, voire leur indignation, se sont dits opposer à la date du 16 septembre, qu’il soit dit en passant, cette date  tombe sur un vendredi, la fin de la semaine.  Les raisons avancées par les syndicats et les parents d’élèves sont multiples et variées. Elles sont entre autres la saison pluvieuse entrainant la non disponibilité des salles de classes dans certaines zones et parfois des élèves ; qui sont des soutiens de taille à leurs parents, pour des travaux champêtres. A cela s’ajoutent  l’enclavement de certaines zones difficile d’accès en saison de pluies et de l’état calamiteux des voies d’accès. Une autre raison pourrait être le manque de ressources financières pour les fonctionnaires qui ne seront pas payés avant la reprise des classes et surtout   l’indisponibilité des céréales qui servent de monnaie d’échange pour certains parents d’élèves pour se procurer des fournitures scolaires, cahiers, stylos, tenue et même frais d’écolages de leurs progénitures. A la question de savoir si les conditions matérielles, financières, voire humaines sont réunies pour la rentrée des classes le 16 septembre 2022, la réponse est tout simplement non. C’est d’autant plus Non qu’il faudrait même s’interroger sur l’idée, voire l’ambition  qui se cachait derrière un tel projet qui n’arrangerait  ni les apprenants, ni les enseignants, ni les parents d’élèves encore moins l’Etat, dont le premier souci devrait être la préservation de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale.

Il nous est même revenu de constater  que les candidats admis au DEF, au CAP et au  BT ne sont pas orientés. Comment peut-on commencer l’année scolaire au niveau secondaire général et professionnel sans les 60 % des effectifs. Il  n’est jamais trop tard pour corriger une aussi grande bévue comme celle de la date  de la rentrée scolaire. Finalement la bonne mouche aurait piqué les autorités pour fixer la date au 3 octobre au grand bonheur des élèves, parents d’élèves et enseignants. Sinon la première date ne pouvait relever que  de l’amateurisme et du populisme. Donc Mme la ministre a fait  marche arrière en reportant sine die la rentrée au 3 octobre. Car en défiant les syndicats comme l’aurait  fait son homologue de la fonction publique et du dialogue social avec l’UNTM, elle exposerait les élèves, les parents d’élèves  et susciterait au sein des syndicats des enseignants une levée de bois vert ce qui compromettrait dangereusement l’année scolaire 2022- 2023.

Youssouf Sissoko

Edito : interpellation au CNT, Choguel a-t-il abandonné Assimi en plein vol ?

Devant le Conseil National de Transition, CNT, pour le grand oral sur son bilan à la tête du gouvernement, le Premier Ministre Choguel K Maïga, l’anti français et l’anti occidental était véritablement méconnaissable au CICB le jeudi 21 Avril 2022. Comme une sorte de prémonition sur son départ de la primature, il cherche aujourd’hui à se réconcilier avec ceux-là même qu’il a traité de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure, à savoir la France, la MINUSMA, la CEDEOA, l’UEMOA. En bon homme politique il semble préparé son avenir et ne pas se laisser emporter par le vent du populisme et d’un patriotisme étriqué. Pour tout grand observateur ce changement de paradigme de la part du PM Choguel K. Maïga est le signe avant-coureur d’un divorce imminent entre lui et le Président de la Transition Assimi Goïta.  Pour ne pas être   persona non grata sur la scène internationale, il tente de se réconcilier avec la communauté internationale au grand dam du Colonel Président de la Transition, Assimi Goïta. Comme dans le Prince de Machiavel, en politique il n’y a pas de sentiment tout est question d’opportunité, le PM Choguel n’a d’autre choix que de se blanchir en enfonçant le jeune Colonel inexpérimenté et jusqu’auboutiste.

Sinon comment comprendre que c’est au moment où la rue ne désemplit pas de manifestants pour demander fondamentalement quatre choses, à savoir le retrait du Mali de la CEDEAO, la création d’une monnaie en tournant dos à l’UEMOA, le non renouvellement du mandat de la MINUSMA et enfin la rupture totale avec la France, que le PM Choguel K Maïga défend devant le CNT toutes ces organisations pourtant bannies par ses partisans. En effet, c’est contre toute attente que le PM a rejeté toutes les propositions faites par des manifestations pourtant sorties à l’appel du gouvernement et du CNT. Pour lui pas question de quitter la CEDEAO encore moins d’envisager la création d’une quelconque monnaie et d’ailleurs sur ce dernier sujet il pense qu’il est nécessaire de tirer toutes les leçons de l’échec du Franc malien. Quand au renouvellement du mandat de la MINUISMA, il se dit très favorable à cela et ne souhaite même pas qu’il y ait un grand chamboulement a-t-il laissé entendre. Pour ce qui concerne la France, le PM est d’accord pour une renégociation autour de l’accord de défense. Au regard de tout ce qui précède, le PM n’a-t-il pas lâché le Colonel Assimi Goïta, président de la transition en plein vol ? N’est-il pas en train de préparer son après primature ? Conscient qu’il ne connaitra jamais la paix et la tranquillité après les actes qu’il a posés étant premier ministre, Choguel K Maïga est aujourd’hui en campagne de séduction ou de réconciliation avec ses anciens suppliciers comme la France et les organisations sous régionales. La prochaine étape serait certainement la classe politique malienne et la société civile, qui sont  totalement en froid avec lui. Sachant bien que la vengeance est un plat qui se mange à froid, le PM Choguel qui n’est d’ailleurs pas blanc comme neige pourrait avoir des ennuis judiciaires à moyen et à long terme.

Après le passage du PM devant le CNT, le Colonel Assimi Goïta devrait tirer toutes les leçons du revirement à 180 degrés du PM et comprendre qu’en politique le jusqu’auboutisme ne paie pas et généralement il n’aboutit qu’au désastre. Aujourd’hui, à analyser de près, l’isolement diplomatique du Mali sur la scène internationale, les sanctions des organisations sous régionales et régionales, la brouille diplomatique avec l’occident ne faciliteront jamais l’atteinte des objectifs. Et rendra la réalisation du Mali Koura utopique.

Youssouf Sissoko

Éditorial : Le Mali, pays des crises et des scandales

Crise politique, crise sécuritaire, crise énergétique, crise économique et financière, crise de confiance, crise de gouvernance, la liste est loin d’être exhaustive. A ces crises gravissimes se sont ajoutés des scandales tant dans le recrutement à la police nationale que dans l’attribution des logements sociaux. Le Mali Koura annoncé Urbi et Orbi n’est-il pas en passe de devenir une grosse illusion tant les attentes ont été déçues et le grand espoir d’un Mali vertueux à vau-l’eau. Les autorités sont-elles conscientes du risque d’implosion si rien n’est fait dans un bref délai pour soulager la souffrance de la population, qui commence déjà à crier son ras le bol ? Du 9 janvier 2022, date du sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la CEDEAO, au cours duquel le Mali a été lourdement sanctionné, jusqu’à nos jours les lignes n’ont pas bougé. Chaque partie reste campée sur sa position exacerbant la crise. Pour rappel la pomme de discorde entre le gouvernement malien et l’organisation sous régionale est le délai de la transition. Si pour la CEDEAO après les 18 mois consommés sans grandes réformes politiques ni institutionnelles, encore moins constitutionnelle, alors il ne serait pas opportun de prolonger encore longtemps et que pour les réformes annoncées 12 à 16 mois suffisent pour les réaliser et organiser des élections transparentes démocratiques et inclusives. Cette proposition de la CEDEAO n’a pas eu un écho favorable du côté de l’Etat malien qui a à son tour fait une contreproposition allant jusqu’à 5 ans pour, dit-il, parachever les gigantesques chantiers ouverts ou qui sont sur le point de l’être. Le Gouvernement malien défend mordicus ce délai qui ne pourrait être réduit que d’un an seulement, parce qu’il serait la proposition voir l’une des recommandations phares des Assises Nationales de la Refondation, ANR, souverainement organisées par le peuple. Face à ces deux positions irréconciliables, à quel camp pourrait-on attribuer le blocage pour un compromis au grand bonheur du peuple malien ?

La réponse est sans nul doute les autorités maliennes, qui non seulement ont été mal inspirées, mais aussi et surtout n’ont pas tenu compte des souffrances du peuple qui subit les affres des sanctions.  Mais face à la grogne sociale, aux différents scandales à répétition tout semble indiqué que le réveil sera brutal pour nos autorités si elles continuent à jouer la politique de l’autruche. Elles ont l’obligation de trouver dans un bref délai une issue favorable avec la CEDEAO afin que les sanctions soient progressivement levées. Car, il faut le reconnaitre, ces sanctions ont des lourdes répercussions sur le quotidien des maliens qui dans leur écrasante majorité, broient aujourd’hui du noir. La situation devient intenable. En effet, excepté la montée en puissance de l’armée, les autres domaines de la vie du pays sont quasiment inertes. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir comment nos autorités pourraient se plaire dans cette situation chaotique que vit le Mali au point de donner l’impression que tout va pour le mieux du monde ? Ainsi du délestage couplé à la canicule du mois d’avril et rendant la vie difficile aux citoyens ; en passant par le manque de ressources financières le verre est déjà à moitié plein. Que dire de la crise sociale qui touche pratiquement tous les ménages avec certaines denrées de première nécessité qui deviennent de l’or, car réservées aux privilégiés et aux plus fortunés. A cette crise sociale aigue se sont ajoutées la crise politique et celle de la gouvernance. Désormais la classe politique est fracturée tout comme la société civile, rendant les réformes quasi impossibles qui finiront par être renvoyées aux calendes grecques. La crise de gouvernance avec des scandales à répétitions, car après celui des logements sociaux, le recrutement des élèves sous-officiers au sein de la police a défrayé la chronique. Aujourd’hui le Mali Koura scandé à grands renforts médiatiques a cessé d’être une lueur d’espoir, pour devenir simplement un leurre et un slogan creux.

Youssouf Sissoko

Edito : Les FAMA, dernier espoir d’un peuple martyr

Les forces de Défense et de sécurité du Mali, FAMA, font l’objet d’accusations graves d’exactions contre les civils, par la France et ses alliés, après les opérations réussies de Moura dans le cercle de Djenné. Ces gravissimes accusations portées contre l’armée malienne sont-elles faites à dessein pour saper le moral des troupes qui montent véritablement en puissance depuis plus de quatre mois ? La France a-t-elle digéré son humiliation d’être chassée comme un mal propre par une de ses ex colonies ? en attendant la fin des enquêtes chacun peut disserter sur le sujet en sa manière.

On peut affirmer sans risque de se tromper que la France et ses alliés n’ont pas du tout digéré le choix politique fait par les autorités maliennes, lequel choix exclut totalement l’ancienne puissance coloniale et ses alliés occidentaux de la gestion de la crise liée au terrorisme et surtout du débat politique. Ainsi pour se venger et faire en sorte que la transition malienne échoue, ils ont commencé à faire une campagne de diabolisation contre la société privée Russe Wagner. Qu’ils accusent d’être des mercenaires sans foi ni loi. Une campagne médiatique à outrance a été organisée par les médias à la solde de la France. Les accusations d’exactions s’inscrivent en droite ligne de cette dynamique de diabolisation et de dénigrement des FAMA qui malgré tout ont fait en moins de cinq mois ce que les forces étrangères réunies n’ont pas pu en en huit ans. Donc il y a forcément une campagne d’intoxication, de désinformation et de diabolisation de l’armée malienne et leurs partenaires russes. Ces accusations n’ont d’autres objectifs que de saper le moral de troupes. L’ennemi est en débandade totale, la peur a changé de camp, cette montée en puissance fait forcément des jaloux.

A la question de savoir est ce que l’armée malienne est exempte de reproches quant à sa présumée implication dans des exactions des civils, les résultats des enquêtes le prouveront, mais d’ores et déjà la hiérarchie militaire est interpellée. S’il s’avère réel que des brebis galeuses, comme elles en existent partout, ont commis une quelconque exaction elles doivent subir la rigueur de la loi, car le Mali Koura doit être synonyme d’impunité et de fermeté. En attendant les résultats des enquêtes l’armée continuera à avoir le soutien d’une frange importante du peuple qui voit surtout en elle un outil de défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté retrouvée. Aujourd’hui nombreux sont les maliens qui pensent que même si les enquêtes venaient à reconnaitre la responsabilité de l’armée dans des bavures, elle aura toujours le soutien du peuple, car toutes les grandes armées du monde ont commis les mêmes bavures et exactions dans les théâtres des opérations, soit volontairement ou non. C’est le cas de la France au Mali, en Côte d’Ivoire, en Algérie et même en Centre Afrique. Que dire des escadrons de la mort cachés sous le vocable des Blacks Waters, une société privée américaine qui a commis des exactions en Irak et en Afghanistan.

En somme, pour un pays qui a été traumatisé par plus d’une décennie de guerre contre le terrorisme, il est très difficile pour ce pays, qui commence à voir le bout du tunnel, d’accepter qu’on jette en pâture son armée qui lui donne le sourire. Mais il serait bon que nos porteurs d’uniformes méditent cette citation de Rabalais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » donc une moralisation et une observation des principes des droits de l’homme s’impose.

Youssouf Sissoko

L’ŒIL DE LE MATIN : Il ne dépend que de nous pour que le Mali soit un paradis terrestre

Malgré de nombreux soutiens, le lanceur de poids Oumar Dembélé a finalement été expulsé vers le Mali le vendredi 11 mars 2022. Après deux mois passés dans un centre de rétention et malgré une intense mobilisation, ce sportif a été transféré vers notre pays via un charter affrété par l’Etat français. Âgé de 20 ans, il avait quitté le Mali en 2018 et avait réussi à s’intégrer à Nancy grâce à sa passion pour l’athlétisme.

Cela est un autre avertissement de la France de Macron à notre pays. Tous les moyens seront utilisés pour nous humilier, pour essayer de nous convaincre que nous ne sommes rien sans eux. Sinon, au même moment, le gouvernement français a annoncé le 14 mars avoir mobilisé différents acteurs en vue d’accueillir 100 mille réfugiés en provenance d’Ukraine, tout en assurant vouloir en «accueillir davantage». Et 4 600 personnes bénéficieraient déjà d’un logement en France.

Quelles que soient les vraies raisons d’une expulsion, le retour au pays ne doit pas être considéré comme une redescente aux enfers. Il faut voir cela comme un nouvelle opportunité de se refaire, de répartir avec une nouvelle résolution pour réaliser ses ambitions. Une nouvelle détermination à aller de l’avant ! L’engagement, c’est aussi être animé de cette ferme volonté de créer quelque chose d’exceptionnel, de retentissant à partir de rien. C’est en cela que nous méritons de notre pays. Si le Mali est un enfer pour les autres, il revient à chacun de nous de se battre pour en faire un paradis.

Nous envions aujourd’hui la France, l’Occident. Cette envie doit nous amener à comprendre qu’ils n’ont pas atteint ce niveau de développement du jour au lendemain. Ils sont passés par là où nous sommes aujourd’hui. A la différence qu’ils ont compris qu’il faut se battre et consentir des sacrifices pour réaliser des progrès pouvant améliorer leurs conditions de vie, rallonger leur espérance de vie, conquérir la terre et l’espace … Il est vrai qu’ils ont pillé (et continuent d’ailleurs à le faire parce que nous sommes incapables de nous y opposer) nos ressources et ont sacrifié beaucoup de valeurs pour y parvenir.

Mais, des femmes, des hommes, des jeunes et des adolescents… se sont battus au point souvent de tout sacrifier pour permettre à leurs communautés, à leur pays de faire allègrement des pas décisifs vers le progrès, vers le bien-être social, économique culturel, sportif…

Nous devons donc être animés de cette ferme conviction d’avoir la capacité de faire autant qu’eux sinon plus pour les dépasser. Je rêve ? Bien sûr ! Parce qu’on parvient toujours à se surprendre, à se surpasser quand on se bat pour réaliser ses rêves. Nous avons chacun en nous cette capacité de faire de notre patrie cet Eden, cet Eldorado tant rêvé par nos jeunes. Et cela par des actes, des comportements responsables et non par la parole. Nous devons nous battre contre nous nous-mêmes et contre toutes ses pratiques qui font que la jeunesse malienne croit que les sacrifices consentis ici pour son épanouissement ne lui bénéficieront jamais, ne peuvent pas lui permettre de s’épanouir et de réaliser ses ambitions. L’injustice, le culte de la médiocrité, l’impunité, la corruption, la délinquance financière… Voilà les ennemis à abattre pour que se dresse enfin ce pays de nos rêves qui accorde une égalité de chance à toutes ses filles, à tous ses fils…

En tout cas, Oumar Dembélé a pour le moment la meilleure réaction possible en se mettant en relation avec la Fédération malienne d’athlétisme (FMA) dès son arrivée. «Je suis entré en contact avec la fédération et j’ai commencé l’entraînement le lendemain de mon arrivée», a expliqué le sportif aguerri au site «lorraineactu.fr» (Nancy). Il revient aussi à la FMA, au ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi qu’au Comité National Olympique et sportif du Mali (CNOSM) de l’aider à réaliser ses ambitions sportives en mettant à sa disposition des conditions idoines de prise en charge et d’entraînement. Il est de notre devoir de l’accompagner pour que ce soit la France qui regrette son acte d’injustice !

Moussa Bolly

Edito : Le PM Choguel affaibli et isolé

Bien qu’étant un leader politique à avoir collaboré avec les deux précédents régimes, à savoir celui d’ATT et le régime d’IBK, le Premier ministre Choguel Kokala Maïga avait réussi un moment à redorer son blason. D’abord il est resté constant tout au long du combat contre le régime IBK. Président du Comité stratégique du M5 RFP, le Mouvement insurrectionnel qui est venu à bout du régime IBK, Choguel K Maïga avait montré au peuple malien un autre visage celui d’un homme qui s’est repenti et qui est engagé pour la cause de son peuple. En effet, l’actuel premier Ministre qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il a quand bien même tenu la dragée haute sans fléchir jusqu’au coup de force du 18 Aout 2020. En froid avec les auteurs du putsch pour leur volteface vis à vis du M5 RFP, Choguel K Maïga a fait feu de tous bois en traitant les militaires d’officiers félons et en rejetant toutes les institutions mise en place par eux, à savoir le CNT, le Gouvernement et même le Président de la transition. Il les a qualifié d’institutions illégales et illégitimes. Il a fallu qu’il soit nommé PM pour reconnaitre de façon tacite leur légalité et leur légitimité.

Ainsi s’ouvre une nouvelle page du parcours de l’un des hommes politiques qui a été le témoin oculaire de toutes les péripéties de la marche vers la démocratie et le progrès du pays pendant les 40 dernières années.  En effet, après sa nomination au poste de premier ministre il a séduit et convaincu plus d’un malien par son discours désormais historique, tenu à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York. Ce discours a été applaudi, non pas pour la richesse de son contenu, mais pour le courage et la détermination de ses auteurs qui sont désormais dans la posture d’affirmer la souveraineté, non pas factice, mais réelle de leur pays. Choguel y a dénoncé les pratiques néocoloniales de la France et surtout son machiavélique projet de partition du Mali. Après ce discours, une longue série des diatribes vexatoires s’en est suivie jusqu’à l’expulsion de l’Ambassadeur français et le retrait des troupes Barkhanes du territoire malien.

Cette seconde phase a permis au Premier Ministre Choguel K Maïga de se faire non seulement une nouvelle santé politique, mais aussi et surtout à être l’un des hommes politiques les plus populaires. Après ces quelques coups d’éclats ; patatras, hormis la montée en puissance des Forces Armées Maliennes ; les choses n’ont guère véritablement bougé. La lutte contre la corruption a été renvoyée aux calendes grecques ; la bonne gouvernance scandée Urbi et Orbi est devenue un slogan creux, l’inclusivité tant souhaitée s’est transformée en véritables dissensions entre les acteurs politiques. Les réformes tant attendues se sont mues en statu quo ante. Comme si tous ceux-ci ne suffisaient pas le peuple subit l’une des crises les plus gravissimes, consécutive aux sanctions imposées par la CEDEAO.  Ainsi, au lieu de parer au plus pressé en cherchant à alléger les souffrances du peuple, le PM continue d’adopter une posture guerrière en entretenant la crise.

C’est cette troisième phase qui risque d’être fatale au PM, qui semble être désormais abandonné par les siens, à savoir les leaders du M5 RFP. Il serait également en froid avec le Président de la transition Assimi Goïta, qui lui reprocherait  sans nul doute cette incapacité à rassembler les forces vives du pays et surtout le manque de stratégies fiables pour convaincre la CEDEAO à lever les sanctions et les partenaires et toute la communauté internationale à soutenir et accompagner la transition malienne. Au regard de ce qui précède,  ne pourrait-on pas affirmer sans risque de se tromper que les jours du PM sont désormais comptés à la primature. Wait and See

Youssouf Sissoko

Edito : Le Mali vivra -t-il désormais en autarcie ?

La France et ses alliés européens ont finalement décidé de plier armes et bagages au Mali pour une destination bien connue. Cette décision fait suite à une brouille diplomatico- politique, entre le Mali, dirigé par une junte militaire, et la France et ses alliés engagés depuis belle lurette dans la lutte contre le terrorisme. Comme il fallait s’y attendre les relations entre Bamako et Paris n’ont cessé de se détériorer depuis l’annonce faite par le premier de collaborer avec d’autres partenaires non occidentaux en l’occurrence la Russie. Crime de lèse-majesté pour Emmanuel Macron, car le Mali, ancienne colonie française, membre du pré carré du même pays et chasse gardée de l’ancêtre des Gaulois, ne pourrait en aucun cas s’affranchir de cette tutelle. Pour la junte et une écrasante majorité des maliens, le Mali de Modibo Keita est décidé à tourner la page peu glorieuse de la domination française et disent être prêts à subir les conséquences de cette nouvelle libération, de cette nouvelle indépendance.

Désormais il y a deux positions irréconciliables, d’une part la France condescendante et orgueilleuse n’étant pas prête à céder d’un iota de sa suprématie diplomatico-financiere sur le Mali et entend jouer son rôle de maitre pour faire reculer le Mali. A l’opposé on a un pays imbu de son passé historique fait de gloire et des hauts faits, un peuple fier, préférant la mort à l’humiliation, à la servitude et déterminé à s’affranchir de son maître, la France.

En analysant lucidement on arrivera à la conclusion que la France est  blâmable, voir critiquable, même condamnable, car présente au Mali depuis 2013, avec d’abord Serval ensuite Barkhane, ses capacités opérationnelles ont été renforcées par la Task Force Takuba, avec l’appui des FAMA, soutenue par le G5 Sahel, et sous l’œil vigilant de la MINUSMA, mais elle n’est jamais parvenue à bout de quelques poignées des djihadistes qui ont semé la chienlit au Mali et dans tout le sahel. Le bilan est tout simplement catastrophique. Nous n’avons assisté, pendant les 8 ans qu’à durer la présence française, qu’à la propension du terrorisme, la naissance des nouveaux foyers de tension intercommunautaires, la mort par centaines de civils et militaires, la mise sous tutelle djihadiste des centaines de villages et la destruction de des champs et cheptels.

Oui  la cause de la France est vraiment indéfendable car les faits parlent d’eux-mêmes et ils sont têtus. Elle a échoué tout comme ses alliés occidentaux et leur succursale qui est la MINUMA, mais ces raisons suffisent-elles pour rompre avec la France et ses alliés occidentaux ? La réponse est tout simplement non, car aucun pays, même les Etats unis, ne peut vivre en autarcie, surtout un pays sans littoral comme le Mali et dont l’économie dépend à plus de 70 % des produits d’importations.

La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les autorités de la transition malienne mesurent les conséquences des actes qu’elles posent et pourquoi insultent-elles l’avenir ? Après avoir  poussé violemment vers la sortie la France et ses alliés qui sont des partenaires privilégiés tant sur le plan économique, financier que  social, aujourd’hui, le Mali vit en autarcie.  En brouille avec tous ses voisins, en l’occurrence les pays de la CEDEAO, il est en guerre ouverte contre la France et ses alliés occidentaux et il subit de plein-fouet les affres des sanctions de l’organisation sous régionale, qui ne demande qu’un chronogramme acceptable et soutenable lui soit présenté, pour un retour à l’ordre constitutionnel, après une rupture due  au coup d’Etat du 18 Aout 2020.

La seule coopération militaire avec la Russie ne saurait expliquer cette attitude des autorités qui font feu de tout de bois sans mesurer les conséquences de leurs actes. Sachons alors raison garder.

Youssouf Sissoko

L’ŒIL DE LE MATIN : L’Afrique à Addis-Abeba toute honte bue

Du 5 au 6 février 2022, les chefs d’États et de gouvernements de l’Union africaine se sont réunis à Addis-Abeba pour le 35e sommet du nom. Les dirigeants du continent n’ont eu aucun problème et surtout aucune gêne à fouler le sol de la capitale éthiopienne qu’ils avaient pourtant abandonné assiégée entre novembre et décembre 2021 par des rebelles tigréens menaçant de donner l’assaut à chaque instant.

En effet, il y a un peu plus de deux mois, les rebelles du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) menaçaient Addis-Abeba après avoir pris le contrôle de Dessie et de Kombolcha, situées sur une autoroute reliant la capitale au nord du pays et à Djibouti. Ils affirmaient avoir atteint Shewa Robit, à 220 kilomètres au nord-est d’Addis-Abeba. Une situation qui avait amené de nombreux pays à évacuer leurs ressortissants.

La prise de la capitale éthiopienne était, selon les rebelles, «une question de mois, si ce n’est de semaines». Ils n’avaient sans doute pas misé sur le courage du Premier ministre Abiy Ahmed qui a pris la situation en main en se positionnant sur le front. En quelques jours, l’étau s’est  desserré autour d’Addis. Enchaînant victoire sur victoire et galvanisée par la présence du PM au commandement opérationnel, l’armée régulière a vite repris du poil de la bête en poussant les rebelles dans leurs derniers retranchements.

Avec cette victoire militaire sur le terrain, la tenue du 35e sommet de l’UA dans cette capitale est aussi un succès diplomatique pour Abiy Ahmed qui a tout mis en œuvre pour réunir les chefs d’Etat du continent chez lui. En plus d’avoir accueilli ce sommet en «présentiel» (et non un sommet virtuel comme souhaité par certains), il a même réussi à peser sur l’ordre du jour. Ainsi, à part António Guterres (le Secrétaire général de l’ONU), aucun intervenant n’a implicitement fait référence à la «guerre civile éthiopienne» dont le Tigré subit aujourd’hui les conséquences économiques, politiques et surtout humanitaires.

Ce n’est qu’un secret de polichinelle que cette offensive tigréenne avait été planifiée ailleurs pour freiner l’Ethiopie dans son élan de puissance émergente. En effet ce pays, en quelques années, est devenu une référence dans le monde à cause de sa croissance économique presque insolente. Et cela parce que, à la différence de la majeure partie des pays africains, l’Ethiopie a fait du transfert des technologies la base de sa coopération, de son partenariat avec des pays comme la Chine. L’habillement, le thé, les fleurs… Le pays a su rapidement valoriser son potentiel humain et ses richesses pour soutenir les progrès réalisés grâce à l’autre fleuron de son économie : Ethiopians !

Une compagnie aérienne dont la gestion et les performances financières sont enviées dans le monde. Que n’a-t-on pas fait dans le monde, dans les pays développés notamment, pour casser les ailes de cette compagnie ? Toutes les stratégies de bloquer l’émergence de l’Ethiopie ayant échoué, il fallait trouver un autre moyen de l’isoler en réveillant par exemple les vieux démons de la guerre civile en armant lourdement les rebelles tigréens. L’échec de cette tentative de déstabilisation a été encore plus cuisant.

Dans son discours d’ouverture du 35e sommet de l’UA, le Premier ministre éthiopien n’a d’ailleurs pas manqué de pointer du doigt ce qu’il a dénoncé comme «les efforts de la communauté internationale destinés à créer une atmosphère de peur et d’empêcher les voyageurs de se rendre en Ethiopie». Il faisait allusion logiquement aux nombreux ordres de rapatriement des ambassades donnés en novembre, au moment de l’avancée des rebelles tigréens. «Ces efforts ont échoué», s’est-il réjoui. Et, comme l’a affirmé un observateur de l’UA, «la venue des chefs d’Etat africains, est l’occasion parfaite pour lui de réaffirmer la stabilité de l’Éthiopie».

A l’aise dans la condamnation des putschs, les dirigeants du continent n’avaient pourtant pas levé le petit doigt pour secourir ce pays qui abrite le siège de l’organisation panafricaine. Ils ont tourné le dos au pays hôte de l’unité africaine livré à son sort. L’Ethiopie ne doit son salut qu’au courage et à la bravoure de son Premier ministre monté sur la ligne de front pour conduire la contre-offensive de l’armée régulière éthiopienne.

Une belle leçon pour les autres pays africains qui continuent toujours de miser sur des principes biaisés ou de faux alliés pour leur sécurité et sur l’aide au développement pour poser les jalons de leur émergence socio-économique. Toute honte bue,  les chefs d’États et de gouvernements de l’UA ont donc séjourné Addis qui leur a réservé son traditionnel accueil chaleureux !

 

Moussa Bolly