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RUPTURE AVEC MACRON, TAPIS ROUGE A POUTINE : à quand les retombées économiques et financières de la coopération avec la Russie ?

Conformément à la géopolitique mondiale, le Mali en faisant le choix de la Russie, a sans nul doute accepté de tourner le dos à l’occident, tant sur le plan économique que financier. Avec un discours au relent  patriotique, mais teinté de populisme, les autorités de la transition ont su embobiner une frange importante de la population. Elles ont fait croire à tort ou à raison que tous les malheurs du pays sont du fait de la mauvaise politique de l’occident avec la France en tête. Deux ans après l’euphorie de la nouvelle alliance Maliano- Russe les attentes sont loin d’être comblées sur le plan économique et financier, car les maliens broient du noir quand leur partenaire russe renfloue sa caisse de la vente du pétrole, du gaz, du blé, de l’engrais. Le Mali n’a-t-il pas eu tort de se brouiller avec tout le monde au seul profit de la Russie, la 11e puissance économique du monde ? A quand les retombées économiques et financières de notre coopération avec la Russie au grand bonheur du peuple malien ?

Le Mali, depuis la rupture constitutionnelle consécutive au coup d’Etat du 18 Août 2020, cherche toujours sa voie, celle qui lui permettrait de lutter contre le terrorisme, mais aussi d’amorcer son développement socioéconomique. C’est pourquoi les nouvelles autorités du pays de Soundiata Keita ont fait le choix de la Russie, après avoir fait le bilan de la collaboration du Mali avec les partenaires occidentaux, qui pendant 9 ans ne semblent pas arriver à bout du terrorisme. Les autorités maliennes leur auraient même reproché leur complicité, voir duplicité avec l’ennemi. Les discours des nouveaux maîtres du Mali ont eu un écho au sein de la population obsédée par la crise sécuritaire. Elle a fait sien le choix opéré par les autorités pourvu qu’il permette d’endiguer le fléau du terrorisme et surtout créer les conditions pour que les populations puissent vaguer librement à leurs occupations et de mener leurs activités génératrices de revenu. Deux ans après l’avènement de la junte militaire au pouvoir les fruits ont-ils respecté la promesse des fleurs ? Si sur le plan militaire, en termes d’acquisition des matériels de guerre, et même de montée en puissance des FAMa, des avancées notoires semblent être faites, mais  sur le plan économique et financier le peuple souffre énormément et ses aspirations sont en train de se transformer en grande illusion

Le Mali n’a-t-il pas eu tort de se brouiller avec l’Occident au seul profit de la Russie, la 11e puissance économique du monde ?

Si sur le plan militaire il y a une certaine satisfaction, car la capacité opérationnelle des FAMa a  été renforcée, ce qui a permis aux forces de défense et de sécurité de faire des prouesses sur le terrain. Hormis cet aspect les autres domaines n’ont pas connu d’amélioration. L’économie du pays est en véritable hibernation, les finances sont en hypothermie avancée, car tous les ressorts sont sur le point de se casser ou de tomber, au même moment notre partenaire Russe fait beaucoup de profit malgré la guerre contre l’Ukraine. Les langues commencent à se délier au Mali pour dénoncer le manque de solidarité de la Russie ne serait-ce qu’en subventionnant l’engrain et le blé qui sont des denrées importantes dans la production et la consommation alimentaire. A ce rythme la famine frappera forcement à la porte du Mali car malgré la bonne pluviométrie les intrants agricoles ont fait énormément défaut. Comme pour dire que la rupture  avec  l’occident n’aura non seulement pas été bien pensée, mais aussi causera plus de conséquences, en tout cas sur le plan économique et financier. Les maliens  ont commencé déjà à sentir le lourd poids de cette rupture  avec une vie chère jamais connu depuis l’indépendance.

A quand les retombées économiques et financières de notre coopération avec la Russie au grand bonheur du peuple malien ?

En effet, les autorités de la transition malienne avait fait de notre coopération avec la Russie une question d’honneur et surtout la voie du seigneur tout trouvée. Sans être pessimiste, des questions légitimes méritent d’être posées, parmi lesquelles à quand les retombées financières et économiques du choix de la  Russie ? Cette question vaut son pesant d’or quand on sait que la guerre que Poutine est en train de mener contre l’Ukraine n’a nullement secoué les bases de l’économie russe, qui continue d’ailleurs à faire des profits. Pourquoi alors le Mali qui est censé être sa grande porte d’entrée en Afrique ne bénéficie-t-il pas des retombées ne serait-ce qu’en denrées de première nécessité telles que le Blé, les engrains, le pétrole, le gaz et surtout de la liquidité afin que les autorités maliennes puissent faire face aux besoins cruciaux de leurs populations. Aujourd’hui ne nous voilons pas la face nombreux sont les maliens qui commencent à critiquer le choix de la Russie et semblent envoyer un message clair aux autorités pour qu’elles fassent en sorte que les  nombreuses attentes soient comblées. Et si tant est que la Russie veut nous faire oublier l’Occident, elle doit mettre le paquet comme du temps de la guerre froide, dans le cas contraire elle exposerait les autorités maliennes à la vindicte populaire, car rien, ni personne ne résisterait devant la famine.

Youssouf Sissoko

BUDGET : Les finances publiques affectées par le ralentissement des activités économiques suite aux sanctions de la CEDEAO

Le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga a présidé mardi dernier (9 août 2022) une réunion du conseil de cabinet consacrée à l’examen de l’avant-projet de loi portant modification de la Loi N° 2021-071 du 23 décembre 2021 portant loi des finances pour l’exercice 2022. Une modification imposée en partie par la crise ukrainienne et les «sanctions illégales et injustes» prises par la Cédéao et l’Uémoa contre notre pays. Et cela alors que nous étions déjà confrontés à la double crise sécuritaire et sanitaire liée au Covid-19. Cela a eu «un impact négatif sur l’économie nationale en provoquant un ralentissement des activités économiques et, par extension, une diminution des recettes de l’État».

Ainsi, le projet de loi des finances 2022 rectifié porte-t-il les recettes à 1 982 440 000 000 F Cfa contre 2 130 721 000 000) F Cfa dans la loi des finances initiale, soit une diminution de 148 281 000 000 F Cfa. Quant aux dépenses, elles s’élèvent à 2 647 028 000 000 F Cfa contre 2 748 285 000 000 de F Cfa dans la loi des finances initiale, soit une diminution de 101 257 000 000 F Cfa.

RELANCE DU CORRIDOR DAKAR-BAMAKO : Les opérateurs économiques maliens réclament l’annulation de toutes les exonérations sous l’embargo

La salle de conférence du Conseil national du patronat du Mali a servi de cadre à la tenue d’une rencontre d’échange entre la Direction générale du Port autonome de Dakar (Pad) et  ses partenaires des chambres consulaires du Mali. Les deux parties se sont entretenues sur les conditions de relance du Corridor Dakar-Bamako après la crise de l’embargo. C’était ce jeudi 14 juillet 2022.

Après la levée des sanctions contre le Mali, une mission de la Direction générale du Port autonome de Dakar a été déployée à Bamako du 13 au 15 juillet 2022.  Selon le Directeur commercial du port autonome de Dakar, Papa Ibrahim Sow, les échanges ont porté d’une part sur la mise en œuvre des mesures annoncées par le Pad en faveur du transit malien et d’autre part sur le renforcement du partenariat stratégique pour une relance rapide du corridor Dakar-Bamako. En effet, la direction générale du Pad a décidé d’annuler les frais de magasinage de marchandises en transit Mali.  « Cette décision d’annulation des frais de magasinage prend effet à compter du début d’entrée en vigueur de l’embargo  contre le Mali ; le 09 janvier à Accra, jusqu’au 03 juillet date de la levée de celui-ci », a-t-il déterminé. Et de préciser que cela concerne les marchandises conventionnelles.

Cependant, pour  les opérateurs économiques du Mali, cette décision  du Port autonome de Dakar est partielle. Car, elle ne prend  pas en compte les exonérations de magasinages au niveau des partenaires du Port. Aux yeux des opérateurs maliens, il est injuste d’être contraint à payer aux opérateurs des terminaux du Pad des frais de magasinages exorbitants entrainés par la longue durée de l’embargo.

Pour sa part, le Président de la Chambre du commerce et de l’Industrie du Mali, Youssouf Bathily, a décelé par rapport à la décision du Port de Dakar : «  Nous avons écrit au Port de Dakar pour demander d’abandonner tous les magasinages  des  surcharges liées aux marchandises en transit sous l’embargo de janvier à juillet ». A  cet effet, le président de la Ccim a exprimé sa satisfaction  quant à la décision de l’abandon des  frais de magasinage, en plus de l’engagement du remboursement de tous les frais payés durant la période de l’embargo.

En perspective, Youssouf Bathily  a annoncé qu’une mission des chambres consulaires du Mali est prévue à Dakar cette semaine pour rencontrer les partenaires du port, afin de convaincre ces derniers à abandonner les frais de magasinage. « La rencontre portera sur les frais déjà payés et les frais à payer…», a souhaité le Président de la Ccim.

Dans cette circonstance, l’autorité portuaire du Sénégal s’est engagée à mener des négociations auprès  des opérateurs des terminaux pour un meilleur accompagnement  par rapport à la marchandise malienne.

Adama TRAORE

SANCTIONS ECONOMIQUES CONTRE LE MALI : Le gouvernement supplie les partenaires

De plus en plus, notre économie se trouve impactée par les affres des sanctions économiques illégales et illégitimes qui nous ont été infligées par la Cedeao, appuyée par une importante partie de la communauté internationale. Conscient des difficultés auxquelles nous faisons face, comme une sorte de bataille difficile à gagner,  le  gouvernement a adressé une déclaration à différentes institutions au sujet des sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa. Mais cette déclaration peut aussi être le signe annonciateur d’un bouleversement.

La Cour de justice de l’Uemoa a,  par ordonnance n°06/2022/CJ du 24 mars 2022, ordonné le sursis à exécution des sanctions prononcées par la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Uemoa. A la surprise générale, les acteurs de ces sanctions font fi de cette décision qui permettrait à l’Etat malien de respirer économiquement.  Face à cette situation rocambolesque, dans un communiqué officiel,  le gouvernement a sollicité la clémence des partenaires.

Dans sa déclaration, le gouvernement constate avec regret, qu’en dépit de la double notification qui lui a été faite, par le Mali et par la Cour, la Commission et la Conférence n’ont pas daigné exécuter cette ordonnance qui est d’application immédiate et insusceptible de recours. Ces sanctions violent allègrement les règles communautaires, notamment les dispositions garantissant l’indépendance de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).

En imposant des sanctions financières et économiques, la Cedeao ne disposant pas d’instruments lui permettant de s’assurer de leur exécution, s’est appuyée sur les outils de l’Uemoa. A partir du moment où la décision de l’Uemoa est remise en cause, la Cedeao devrait à son tour suspendre l’exécution des sanctions prononcées. Le gouvernement dénonce avec force cette attitude qui constitue un flagrant déni de justice et tranche avec les exigences de l’Etat de droit, lesquelles imposent le respect des décisions de justice.

Au regard de l’impact humain et social considérable des sanctions sur les populations du Mali mais également sur ceux des pays de la sous-région, et en raison de la décision de la juridiction communautaire ordonnant le sursis à leur exécution, le gouvernement prend à témoin la communauté nationale et internationale face au non-respect par l’Uemoa de ses propres textes et aux dangers que cela constitue pour la crédibilité et la fiabilité de cette institution.

Le gouvernement appelle la Cedeao, l’Union africaine et l’organisation des Nations Unies à s’engager activement, afin que l’Uemoa se conforme à la légalité internationale et aux décisions de son propre organe de contrôle juridictionnel. Les organisations internationales et régionales sont en effet bâties sur le principe de subsidiarité et la sacro-sainte règle du respect des textes auxquels tous les pays ont librement souscrit.

Au lieu de céder à la demande de la communauté internationale, les autorités maliennes se demandent si la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de cette institution de même que les autres organes exécutifs seraient au-dessus du droit communautaire dont ils tirent leur source. Il y a lieu de se demander s’il ne s’agit pas d’une politique de deux poids et deux mesures, motivée par un acharnement visant à asphyxier le peuple Malien. Cette posture est influencée par des agendas et pressions extérieurs à peine voilés pour punir un peuple pour ses choix politiques et obtenir par ces manœuvres un changement de régime.

Le gouvernement de la République du Mali, tout en réaffirmant sa détermination à œuvrer pour un retour à l’ordre constitutionnel normal, réitère sa disponibilité au dialogue et à la concertation en vue de parvenir à un compromis acceptable avec les organisations sous régionales. Un tel compromis doit nécessairement concilier les aspirations des Maliens à la paix, à la sécurité, aux réformes politiques et institutionnelles avec les attentes de la région et de la communauté internationale.

Oumar KONATE

Tengrela – les effets collatéraux des sanctions économiques de la CEDEAO et l’UEMOA à l’encontre du Mali se font sentir

Des camions maliens et sénégalais chargés de tourteaux et de graines de coton pour Bamako et Dakar sont bloqués à la frontière. Les effets collatéraux des sanctions économiques de la CEDEAO et l’UEMOA prises à l’encontre du Mali se font sentir r à Tengrela, une ville du nord ivoirien frontière au –Mali. Précisément au bureau des douanes ivoiriennes de Nigouni. Lors de notre passage le 12 janvier 2022,  ce sont une quinzaines de camions d’immatriculation du Sénégal KL -9638-Cet KL 95 49-C et ceux du Mali BM 2255 MD… chargés  de tonnes tourteaux et de graines de coton à Korhogo avons constaté. selon les conducteurs ils sont  en partance pour Bamako au Mali et pour Dakar au Sénégal.

Ces mastodontes sont bloqués à la frontière ivoiro malienne après seulement quelques heures de l’entrée en vigueur des sanctions CEDEAO/UEMOA contre le Mali.  Des camions bennes d’immatriculation du Mali chargés de clinker (fabrication du ciment) au port de San Pedro en Côte d’Ivoire et aussi en partance également pour Bamako sont aussi immobilisés.

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2022, une vingtaine de camions bennes chargés également de clinker ont pris d’assaut le  parking de fortune situé  à proximité de l’école primaire catholique de Tengrela.

Avant les sanctions CEDEOA/ UEMOA contre le Mali, ces camions étaient autorisés à traverser les deux frontières en allant au port de San Pedro pour y retourner à Bamako , malgré la fermeture assoupissantes des frontières dû à  la covid 19. Leurs passages donnaient une animation particulière à la ville de Tengrela et les petits commerces se frottaient les mains a témoigné un habitant.

Plus loin, des camions sont parkés dans un parking de fortune en bordure de la route internationale Côte d’Ivoire –Mali et à proximité du bureau des douanes de Nigouni (dernier village ivoirien à la frontière)

Trois groupuscules de chauffeurs et apprentis sont formés ça et là. D’une part des chauffeurs maliens qui transportent le clinker, ils sont assis à même le sol adossés aux pneus de leurs camions. Ensuite les chauffeurs  qui transportent le tourteaux et les graines de coton et d’autres part les chauffeurs sénégalais qui transportent également du tourteaux et des graines de coton chargé à korhogo

Chaque groupe est préoccupé à faire la cuisine avec du bois de chauffe pour le repas de midi et certainement du soir..

Abdoulaye Maïga chauffeur et « le Gnamôgô » ou chef de groupe des chauffeurs de clinker approché, a souligné « nous avons informé nos patrons de la situation qui nous tombe dessus. Donc on attend que la situation soit décantée »

A quelques pas de là se trouve le second groupe de chauffeurs maliens transportant  des tonnes graine de coton et de tourteaux chargés à korhogo pour Bamako « Nous sommes tombés dans affaire de sanctions CEDEAO/UEMOA contre le Mali ; on a appris ça sur la route et la douane ivoirienne nous dit d’attendre jusqu’ nouvel ordre  et depuis on attend .On ne sait pas quand ça va finir. Nos amis sont bloqués à korhogo. On leur dit de rester labas en ville., que nous on est bloqué ici en brousse. Pour le moment ce sont les frais de route qu’on prend pour se débrouiller à manger. Nous même on prépare pour manger en attendant que l’argent des frais de route va finir » ont déclaré Issa Maiga et Amidou Bouaré chauffeurs de camions chargés de graines de coton et de tourteaux. Avant de préciser si le blocus perdure les tourteaux vont se gâter parce que le tourteau n’aime pas la chaleur.

Le troisième groupe est celui des chauffeurs sénégalais qui ont chargé aussi chargés à korhogo pour Dakar..« Nous, on a besoin de laisser passer, nous on est très fatigué, il ya brousse, ya pas sécurité, y a pas manger. L’eau y a pas ici. Nous , on es quitté à korhogo avec graines de coton et tourteaux pour partir au Sénégal. Les camions maliens sont là-bas, les camions sénégalais sont ici » a déclaré Malik Gueye dans un langage qui présente ces difficultés avec la langue de molière mais teintée de l’accent sénégalais. Il est entouré de Ousmane Niagne et Salifou N’diaye tous, des chauffeurs et apprentis. Des agents de douanes approchés ont précisé tout court « les frontières ont fermées ».

En clair les sanctions économiques de la CEDEAO et de l’UEMOA prises à l’encontre du Mali font leurs effets aux frontières ivoiro maliennes.

 Aly O. à Tengrela

L’urgence de refonder la Gouvernance des instruments économiques de Souveraineté du Mali, vue par Modibo MAKALOU

L’économiste Modibo MAKALOU a exposé l’urgence de refonder la Gouvernance des instruments économiques de Souveraineté du Mali, lors de la 15eme édition des MIGRANCES au Centre Amadou Hampaté BA, à Bamako.