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La Démocratie en Marche ou en Panne en Afrique ?

A l’occasion du 15 septembre 2022, Journée internationale de la Démocratie, l’analyste politique et géostratégique, Madina Tall et l’enseignant-chercheur, Youba Nimaga ont produit cette réflexion.

L’intervalle 1990 – 2022 représente les 32 années de la démocratie en Afrique entre succès de la démocratie procédurale et illusion de la démocratisation à l’épreuve d’un lifting démocratique en quête de repères entre coups d’États militaires, coups d’États constitutionnels, processus électoraux contestés et désordre international.

L’on se rappelle les promesses du discours de la Baule en 1990 où François Mitterand caricaturait l’instauration de la démocratie en Afrique: «Lorsque je dis démocratie {…}, j’ai naturellement un schéma tout prêt: système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure: voilà le schéma dont nous disposons»  à la condition de l’aide et au soutien des pays du Nord.

Madina Tall, Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense.

Depuis lors, l’état de la démocratie en Afrique semble n’évoluer que sur 3 piliers: l’acceptation solennelle de l’universalité des principes et règles démocratiques, l’édification de l’État de droit ainsi que l’organisation des élections.

En effet, les résultats de la démocratisation effective sur le continent sont véritablement hypothéqués, réversibles voire même régressifs étant en omission, compromission et insoumission avec l’État de droit. A telle enseigne qu’on se pose la question de savoir si en Afrique, la démocratie est vécue ou subie par les Peuples. Ces derniers, qui ne se reconnaissent pas très souvent en ce modèle et demeurent confrontés à une démocratisation à géométrie variable selon les circonstances politiques et les intérêts stratégiques.

S’il est vrai que certains résument la démocratisation aux processus électoraux, il convient de rappeler que l’organisation des quelque 630 élections présidentielles et législatives sur le continent depuis 1990 n’ont pas été sous silence de contestations, de manipulations et de tensions sociales. Il s’en suit des gestions de pouvoirs autocratiques avec une gouvernance approximative et des gouvernants dont la personnalité est souvent en concurrence avec l’État. Alors que la démocratisation n’est pas seulement politique, elle est aussi et surtout économique, sociale, culturelle, morale.

De plus en plus, dans certains pays, la démocratie est étrangère au quotidien des peuples du fait de la perversion de sa mise en oeuvre et de la bonne gouvernance. De ce constat, on assiste à la naissance de deux tendances: la normalisation de l’anti-démocratie et la répulsion du concept de démocratie.

Un «y’en a marre» qui pourrait du moins se justifier, car en dépit de l’instauration de la démocratie en Afrique de l’Ouest, ni paix durable, ni stabilité politique encore moins sécurité n’ont été au rendez-vous.

Youba Nimaga, Enseignant – Chercheur à la Faculté de Droit public de l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako

On ne saurait faire fi des efforts considérables de certains États pour sauvegarder les acquis et oeuvrer pour une meilleure démocratie dans leurs États tant ceux – ci se démarquent par la stabilité économique, politique, la justice forte, la réduction du taux de pauvreté, la liberté d’expression, de presse, etc.

Toutefois, des régressions voire des ralentissements sont observables dans certains pays en matière de développement ou encore de gouvernance.

Alors que Roland Dumas affirmait que: «{…} Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement», ce qui résume l’esprit du discours de la Baule, plusieurs questions jalonnent autour de la démocratie en Afrique.

La négation de la démocratie suppose-t-elle le sous-développement? A contrario, son application est-elle un critère de développement?

Les États africains sont certes modernes mais souffrent de nombreux écueils internes et externes, qui fragilisent la démocratie ou font fi de certains de ces principes.

Il est irréfutable que les valeurs de la démocratie soient universelles dans les États ayant adopté cette forme de gouvernement, d’ailleurs, elle est la plus épousée à travers le monde.

Néanmoins, la cohabitation État-Démocratie n’est pas sans reproche car elle devra s’adapter et se réinventer en tenant compte de la diversité.

Comme l’a rappelé Shimon Peres: «La démocratie ne consiste plus à s’engager à ce que tous soient égaux, mais à ce que chacun puisse être différent, tout en étant traité également. Elle n’est plus la revendication de la libre expression, mais de l’auto-expression pour ne pas sombrer dans le trou noir de la globalité».

 

Les auteurs

Madina Tall, Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine, Porte – Parole du Parlement Francophone des Jeunes (PFJ) Facebook: Tall Madina Officiel / Tall Madina

Youba Nimaga, Enseignant – Chercheur à la Faculté de Droit public de l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako ainsi que Chargé de dossiers au Secrétariat technique du Comité national des actions du G5 Sahel au Mali.  Facebook: Youba Nimaga

 

SOURCE: wakatsera.com

DÉFICIT DE LEADERSHIP : Une démocratie abâtardie par l’opportunisme politique

Comment réconcilier les Africains, les Maliens notamment, avec la politique ? Cette équation est actuellement au cœur du débat, notamment dans des pays comme le nôtre où une transition politique est en cours. Pour Cheick Boucadry Traoré, fondateur et leader de Convergence africaine pour le renouveau (CARE), il faut que nos populations comprennent que l’incompétence et la maladresse des politiques face aux problèmes de société ont des conséquences fatales sur elles et menacent nos pays dans leur existence. C’est la voie indiquée dans cette tribune.

Le manque de scolarisation et la mauvaise éducation ont des effets négatifs sur la population et le pays. Les politiciens, de nos jours, sont mal éduqués et mal informés sur non seulement leur propre pays, mais aussi sur les affaires d’un monde en plein bouleversements géopolitiques. Par conséquent, ils prennent toujours des décisions mal réfléchies qui peuvent être des menaces imminentes pour la sécurité de nos nations et de sérieux dangers pour leur survie. Leur déficit d’acquis de base entrave grandement le développement social et économique de nos pays.

Le discrédit moral dont souffre le système politique fait que les plus compétents et mieux informés ne croient plus à la politique parce que la politique n’est plus digne d’être crue. Ce discrédit est massif et général, étant donné que nos populations constatent une corruption massive, répandue et omniprésente à tous les niveaux politiques et administratifs.

Tout cela montre l’effet massif qu’exerce ce sentiment de discrédit sur la croyance en l’utilité du vote, un des fondements principaux des régimes démocratiques. La scène politique est alors occupée par une nouvelle génération de politiciens incompétents non-sophistiqués et opportunistes qui croient fermement que l’accès au pouvoir peut être une source d’enrichissement enviable. Et la corruption a permis à beaucoup de ces nouveaux politiques de s’enrichir davantage que leurs prédécesseurs et ils animent aujourd’hui l’option d’être candidat à la magistrature suprême avec les biens mal acquis pour soutenir financièrement leurs candidatures.

Or, le constat le plus écœurant est que les millions de citoyens ne pèsent pas lourds face à leurs intérêts et l’affirmation de leur ego. La stabilité du pays et le bien-être des populations sont les moindres de leur souci sauf lorsqu’ils peuvent fournir un prétexte pour détruire tout ce qui n’est pas suffisamment favorable à leurs intérêts.

Démocratie abâtardie quand tu nous tiens !

Nos nations ont sûrement besoin de dirigeants forts et compétents avec une vision. Cette nouvelle génération de politiciens superficiels qui vont et viennent sont incapables de traiter les problèmes de nos pays et ils ne peuvent sûrement pas penser stratégiquement et planifier à long terme. Nos populations et le reste du monde constatent chaque jour la bêtise et l’ignorance dans leur prise de décision. C’est pourquoi nos pays vivent au gré des crises. Il va sans dire qu’il est parfois difficile de penser que l’on puisse espérer quoi que ce soit de positif venant d’eux.

Nos citoyens ont plus que jamais besoin de politiques intègres et dignes de confiance capables de trouver des solutions aux crises profondes qui touchent nos pays. Et ils veulent sûrement des leaders compétents qui soient prévisibles, solides et transparents. Malheureusement, les actions et décisions prises récemment par ces types d’hommes politiques n’ont fait que plonger davantage nos pays dans le chaos.

Il est temps que nos populations comprennent que l’incompétence et la maladresse de ces politiques face aux problèmes de société ont quotidiennement des conséquences fatales sur elles et menacent nos pays dans leur existence. Il est aussi grand temps qu’elles fassent comprendre à ces politiques que leur responsabilité fondamentale est de servir le peuple, répondre aux besoins des citoyens, assurer leur sécurité, préserver leurs droits et surtout défendre leurs valeurs.

Cheick Boucadry Traoré

Leader politique

NB : La titraille est de la rédaction

GOUAGNON COULIBALY LE 3IEME PRESIDENT ELU DE L’URD : Après sa légitimité, sa légalité vient d’être confirmée par la justice

Le feuilleton juridico-politique de l’Union pour la République et la Démocratie, URD est sur le point de connaitre son épilogue, après la décision du tribunal de la commune V qui vient de valider l’élection de l’Honorable Gouagnon Coulibaly comme Président légal du parti de la poignée des mains. Il ne manquait que cette légalité à Monsieur Coulibaly après son plébiscite par les militants du parti de Soumaila Cissé lors du congrès extraordinaire tenu le 16 janvier 2022. Gouagnon Coulibaly est Sans nul doute le troisième Président élu à la tête de l’URD après Younoussi Touré et Soumaila Cissé. La décision du tribunal de la commune V du District de Bamako a non seulement donné raison au peuple URD qui a massivement voté pour l’honorable Gouagnon Coulibaly, mais aussi et surtout devrait clore ce chapitre pour passer à autre chose. La tendance Salikou Sanogo va-t-elle entendre de cette oreille ? La minorité va-t-elle continuer à prendre en otage la grande majorité en démocratie ? Son pourvoi en appel n’est-il pas juste pour amuser la galerie ?

C’est par une décision du tribunal de la Commune V, rendu public le 4 avril 2022, que l’honorable Gouagnon Coulibaly a été confirmé Président de l’URD. L’ordre a été alors intimé au ¨Président par intérim de céder sa place à celui qui a été élu par les militants de l’URD à la suite d’un congrès extraordinaire et cela dans les 72 heures qui ont suivi la décision. Au lieu de s’avouer vaincu et de remettre la clef, après cette double défaite, à savoir la tenue du congrès contre leur volonté et cette décision de justice, Salikou et ses partisans ont opté pour la politique de l’Autriche en faisant appel de cette décision à la Cour d’appel aux fins d’examiner à fond leur requête en annulation du congrès extraordinaire. La sagesse aurait dû gagner le septuagénaire en renonçant à toute procédure judiciaire dès lors où il a été désavoué par sa propre base qui est Sikasso et par le peuple URD dans son écrasante majorité, qui a porté au perchoir de l’URD M. Coulibaly avec  54 sections sur 55  présentes au congrès. Le Pr Salikou Sanogo puis que c’est de lui qu’il s’agit n’est-il pas l’otage d’un clan aux prétentions machiavéliques ?  Au crépuscule de sa carrière politique le Pr Salikou Sanogo connu pour son intégrité morale aurait dû refuser toute compromission pour sortir par la grande porte de l’histoire politique de notre pays.

Quel que soit l’issue de ce feuilleton juridico- politique le Professeur émérite aura laissé des plumes et verra son image écornée alors que le connaissant il n’aurait aucune ambition pouvant compromettre sa retraite politique. Quant aux partisans va-t’en guerre de Salikou Sanogo, ils doivent comprendre que la démocratie est la dictature de la majorité et en bons démocrates ils devraient renoncer à ce combat juridique à partir du moment où ils ont perdu la bataille politique en ne parvenant pas à empêcher la tenue du congrès. Le hic de la tendance de Salikou Sanogo est qu’elle ne pourrait réclamer le contrôle de l’entièreté d’aucune section, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Comment peut-on gagner un combat politique quand on ne jouit pas d’une popularité, celle qui confère une grande légitimité ? Tout porte à croire que la tendance Salikou Sanogo a perdu non seulement cette bataille, mais aussi la guerre car elle n’a le soutien ferme et entier d’aucune structure à la base du parti

En définitive, Gouagnon Coulibaly peut désormais commencer à savourer sa victoire en adoptant une posture de chef et en élaborant dès maintenant sa stratégie d’animation et de rassemblement des cadres et militants du parti autour des idéaux défendus par Soumaila Cissé jusqu’à son rappel à Dieu le 25 décembre 2020. Il revient à Gouagnon Coulibaly de prouver qu’il peut bien remplir l’abyssal trou très profond laissé par le charismatique président Soumaila Cissé. Il doit rassembler les militants et cadres au-delà de l’URD.

Youssouf Sissoko

EXERCICE DEMOCRATIQUE DU POUVOIR : Des acteurs tirent sur «GMT» pour camoufler l’échec de la démocratie à combler les attentes suscitées par son avènement

L’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) a organisé samedi dernier (2 avril 2022) un panel de haut niveau sur les 31 ans de démocratie au Mali. Une très bonne initiative. Il est en effet réconfortant de constater que les acteurs du mouvement démocratique -très divisés ces dernières années par le partage du gâteau, pardon, par la conquête et l’exercice du pouvoir- peuvent encore se retrouver autour du bébé enfanté par leur lutte. Et cela même si certains orateurs sont visiblement passés à côté du sujet en continuant à déverser leur colère voire leur haine sur feu le Général Moussa Traoré (décédé le 15 septembre 2020 à Bamako à 84 ans après avoir dirigé le Mali du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991). Visiblement, même mort, le Général continue encore de hanter certains démocrates.

«26 mars 91-26 mars 2022, 31 ans d’exercice démocratique : Où en sommes-nous ?» ! Tel était le thème principal du panel de haut niveau organisé samedi dernier (2 avril 2022) au CICB par le Comité exécutif de l’Adéma-Pasj. Un thème débattu par les principaux acteurs du mouvement démocratique de mars 1991 (Djiguiba Kéita dit PPR, Me Mountaga Tall, Pr. Ali Nouhoum Diallo, Pr. Tiémoko Sangaré, Pr. Bintou Sanankoua, Hadi Niangadou, Modibo Sidibé, Boubacar Alpha Bah dit Bill, Oumar Ibrahim Touré, Fatoumata Konté Doumbia, Pr. Salikou Sanogo; Dr Soumana Sacko, Adama Samassékou, Me Hamidou Diabaté, Tiébilé Dramé, Dr. Oumar Mariko, Mme Sy Kadiatou Sow, Dr. Chérif Cissé, Pr. Moustapha Dicko, Adama Tiémoko Diarra …). Une très bonne initiative avec un thème dont l’énoncé avait suscité beaucoup d’espoir. Sans tomber dans le procès (on voit mal ces acteurs organiser leur propre procès), on espérait un bilan sans complaisance des 31 ans d’exercice démocratique dans notre pays.

«Au lendemain du 26 mars, le pays comptait en tout 48 partis politiques dont seulement 10 avaient des élus. Aujourd’hui, on dénombre plus de 230 partis politiques dont seulement 20 peuvent se faire représenter à l’Assemblée nationale. Cela doit amener à se poser la question sur la pertinence de la classe politique», a pour sa part souligné Adama Tiémoko Diarra, cadre de l’Adéma-Pasj. Pour la battante Mme Sy Kadiatou Sow, cette prolifération des partis politiques est compréhensible dans la mesure où, a-t-elle indiqué, «la politique est considérée par le Malien lambda comme l’ascension sociale la plus rapide…».

Malheureusement, on n’a noté l’absence de la lucidité affichée par Me Tall et de la maturité politique de Mme Sy dans certaines interventions qui ont totalement tourné au règlement de comptes avec le régime de feu le Général Moussa Traoré. Et pourtant, selon le président de l’Adéma, M. Marimantia Diarra, l’objectif du panel était de donner la parole aux anciens du mouvement démocratique de mars 1991 afin qu’ils puissent jeter un regard critique sur ces 31 ans d’exercice démocratique au Mali, notamment évaluer les acquis, noter les insuffisances et dresse les perspectives. Mais, pour les Dr Soumana Sako et Oumar Mariko, ce fut une belle opportunité de régler les comptes.

Toujours hantés par feu le Général Moussa Traoré

Le président de Sadi a déversé sa bile sur le M5-RFP et les jeunes officiers qui ont pris le pouvoir le 18 août 2020 et qui continueraient à perpétuer les pratiques combattues par le mouvement démocratique sous le régime de «GMT» (Général Moussa Traoré». Sauf que le M5-RFP est aussi constitué en grande majorité d’acteurs du mouvement démocratique. Il n’y a alors rien de surprenant, comme l’a si bien reconnu Dr Mariko, que le M5-RFP ait été «frappé par la même maladie que celle de la lutte de 1991, c’est-à-dire que les réclamations du peuple ont été volées par les opportunistes» !

Pour le second, Dr Soumana Sako (ancien ministre des Finances du Général Moussa Traoré et Premier ministre de Transition  du 2 avril 1991 au 9 juin 1992), presque tous les maux que les Maliens reprochent aujourd’hui à la démocratie sont de la faute du régime du défunt Général. D’après lui, c’est Moussa Traoré qui a par exemple détruit l’armée malienne et au moment de l’avènement de la démocratie, il n’y avait même pas d’Etat et il fallait tout reconstruire.

Objectivement, peut-on et doit-on reprocher à feu Moussa Traoré d’être l’auteur de l’affaiblissement de notre outil de défense si l’on sait que pendant son règne l’armée malienne était l’une des plus craintes sur le continent ? Le concept comme «bâtir l’armée de nos besoins» et celui de «pays-frontières» sont de l’ère démocratique, notamment du règne du président Alpha Oumar Konaré. Avec les démocrates au pouvoir, la peur des putsches militaires a pris le dessus sur la raison : comment consolider notre outil de défense en se disant que celui qui veut la paix prépare la guerre ?

Nous pensons que Dr Sako s’est laissé aveuglé par ses ressentiments à l’égard du régime déchu le 26 mars 1991. Il ne s’agissait pas d’un énième procès du défunt président, mais de procéder à une analyse sincère et objective du processus démocratique. Qu’est-ce qui a fonctionné ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Pourquoi ? Comment rectifier le tir ? Voilà des questions qui devaient orienter les débats.

Un «Dictateur» pourtant dans l’estime de beaucoup de Malien aujourd’hui !

Il est clair qu’on ne peut pas évoquer l’avènement de la démocratie au Mali et passer sous silence le régime de feu le Général Moussa Traoré, notamment la répression de janvier à mars 1991 dont on lui a imputé l’entière responsabilité. Mais, de là à continuer à s’acharner sur lui en évoquant les tares reprochées à la démocratie, il faut vraiment être hanté par le souvenir du «dictateur» que beaucoup de Maliens regrettent pourtant aujourd’hui.

C’est parce que la démocratie était censée nous faire oublier les pratiques dénoncées sous son régime que nous sommes sortis massivement en janvier et mars 1991 pour la revendiquer au prix de nos vies. Elle était supposée mettre fin à la mauvaise gouvernance, à la corruption, à la délinquance financière, à la gabegie, au népotisme, au favoritisme… Hélas, la démocratie a plutôt accentué toutes ses pratiques parce que les nos supposés démocrates ont détourné l’exercice du pouvoir démocratique de son objectif principal : prendre en charge les préoccupations du peuple en privilégiant l’intérêt général ! C’est cet échec à combler ses aspirations légitimes qui a engendré le dépit que les Maliens ont ces dernières années pour leur classe politique. Et il est utopique de vouloir réconcilier les Maliens avec la politique sans une analyse objective des raisons de l’échec permettant à chaque acteur du mouvement démocratique de reconnaître et d’assumer sa part de responsabilité en s’engageant à en tirer tous les enseignements afin de contribuer à la redynamisation du processus démocratique !

Bravo quand même au CE de l’Adéma-Pasj pour cette belle initiative à perpétuer à tout prix parce que de ce genre de débats va un jour jaillir la lumière pour nous guider sur la voie du vrai exercice démocratique du pouvoir au bénéfice du peuple, de la nation !

Moussa Bolly

L’ancien Premier-ministre SOUMEYLOU BOUBEYE MAÏGA a tiré sa révérence : Faut-il célébrer un héros ou un martyr ?

L’homme qui a définitivement déposé les armes a été de tous les combats pour le Mali durant les 40 dernières années. Journaliste de profession, leader politique également,  Soumeylou Boubèye Maïga, SBM a été un acteur majeur dans l’avènement de la démocratie et jusqu’à son dernier souffle il a cru aux idéaux du Mouvement démocratique. Comme tout homme politique de sa trempe, son parcours a été parsemé des véritables prouesses, mais aussi des ratés. Craint par certains pour avoir été responsable des services de renseignements, donc au fait des dossiers les plus sensibles de la République, respecté par d’autres pour avoir servi l’Etat à des hauts niveaux de responsabilité, dont le dernier a été le poste de premier ministre. SBM a été haï par d’autres en lui attribuant une grande part de responsabilité dans la situation chaotique du Mali. Il a été tout simplement un grand commis de l’Etat. Mort en détention sans jugement pour des supposées malversations financières qui ne seront jamais élucidées. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir s’il faut célébrer un héros ou un martyr ?   

C’est à moins d’une semaine de l’historique, de l’emblématique et de la glorieuse date du 26 mars que l’un des grands acteurs du Mouvement démocratique s’en est allé pour toujours. Soumeylou Boubèye Maïga, puis que c’est de lui qu’il s’agit, a rangé le micro, le stylo et son écharpe à l’effigie de l’ASMA -CFP pour le dernier voyage, laissant ses parents, amis, camarades politiques et même le peuple malien inconsolables. Que faut-il retenir de ce leader politique dont le parcours a été fait des hauts et des bas ?  L’on se rappelle de cette silhouette d’un homme amaigri devant le général Moussa Traoré en train de dépeindre la situation sociopolitique du Mali pour ensuite demander une ouverture démocratique. Il n’était pas donner à tous les cadres de l’époque d’avoir une telle témérité, cette silhouette était celle de SBM. Faut-il rappeler que cette conférence de cadres a été sans nul doute le début de l’ascension politique d’un homme qui a ensuite gravi les échelons après le coup d’Etat du 26 mars 1991. Soumeylou Boubèye Maïga a été tour à tour, Chef de cabinet du Président de la transition d’alors, ATT, membre fondateur de l’Alliance pour la Démocratie au Mali Parti Africain pour la Solidarité et la justice, ADEMA / PASJ. Directeur de la Sécurité d’Etat, SE, ministre de la défense sous Alpha Oumar Konaré.

A la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de ce dernier il a voulu être le porte étendard de l’ADEMA, battu lors des primaires par feu Soumaila Cissé, SBM accepta sa défaite et a officiellement soutenu le candidat retenu. Mais il ralliera après les élections, le camp du vainqueur ATT ou du moins courtisa ATT en dehors de l’ADEMA. Insatisfait, SBM s’oppose à son parti en 2007 qui a pris fait et cause pour ATT dès le premier tour. Il créera un mouvement politique dénommé ASMA pour soutenir sa candidature à la présidentielle de 2007. Après les élections, il a été exclu de l’ADEMA pour travail fractionnel et non-respect du mot d’ordre du parti, ce qui précipita la naissance de sa formation politique dénommée ASMA CFP. A deux ans de la fin du mandat d’ATT, SBM s’est réconcilié avec lui et devint même son ministre des Affaires étrangères. Avec lui la diplomatie malienne a fait des prouesses.

A quelques encablures de la fin du mandat, le régime ATT a été renversé par un coup d’Etat le 22 mars 2012 et SBM a en tant que ministre du dernier gouvernement a été arrêté par les putschistes avec à leurs tête le Capitaine Amadou Haya Sanogo. Après plusieurs mois de transition, le candidat Ibrahim Boubacar Keita a été élu Président de la République et son allié depuis le premier tour, qui est SBM fait son entrée dans le premier gouvernement en tant que Ministre de la Défense et des anciens combattants. Il quittera ce poste après la visite du premier ministre Moussa Mara à Kidal dont SBM n’a pas pris part pour des raisons de santé, en tant que ministre de la défense. SBM, surnommé le tigre, a connu un petit moment de flottement avant d’être promu ministre secrétaire général de la présidence, pour ensuite être bombardé premier ministre avec comme mission principale la réélection d’IBK pour un second mandat. Cette mission a été accomplie au prix du sang et de la sueur de l’opposition dont les manifestations ont été matées. Les détracteurs de SBM lui reprocheraient d’avoir tripatouillé les résultats de l’élection présidentielle en faveur d’IBK. La lune de miel avec son mentor ne durera pas longtemps car SBM sera débarqué de la primature après plusieurs jours de manifestations contre lui et à la veille d’une motion de censure de sa propre majorité à l’Assemblée Nationale. Humilié et mis à l’écart, SBM n’a pas attendu longtemps pour voir le régime d’IBK s’effondrer également à la suite d’un coup d’Etat le 18 Août 2020.

Pensant se faire une nouvelle santé politique avec la junte dont certains ténors seraient ses jeunes, c’était sans compter sur la détermination des hommes forts à nettoyer les écuries d’Augias des anciens dignitaires du régime IBK. SBM, après une émission débat sur une chaine de télé privée où il a défendu que son dossier sur les achats d’équipements militaires a été classé sans suite par la juridiction compétente, se verra convoquer le lendemain au pôle économique et placé sous mandat de dépôt. Admis dans une clinique de Bamako, son état de santé n’a cessé de se dégrader au point que sa famille avait demandé à l’Etat son évacuation, ce dernier refusa et après trois mois d’hospitalisation il rendit l’âme le lundi 21 mars 2022.

En somme, Soumeylou Boubèye Maïga, dont le parcours politique voire professionnel s’est déroulé en dents de scie, fait de hauts et de bas. Il restera tout de même une icone de la politique malienne. Donc c’est en héros que votre journal l’Alternance lui rend hommage.

Youssouf Sissoko

DEMOCRATIE PARTICIPATIVE : Des répertoires des légitimités traditionnelles remis au HCC

Après le ministère de la Refondation de l’Etat, des exemplaires des répertoires des chefs de village, quartier et fraction des régions de Mopti et Tombouctou ont été remis officiellement ce jeudi 3 mars 2022 au Haut conseil des collectivités (HCC). La cérémonie était présidée par Mamadou Satigui Diakité, président de ladite institution, en présence de Dr Abdoulaye Sall, président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie (CRI 2002).

Régis par la loi n°06-023 du 28 juin 2006 en République du Mali,  les chefs de village, quartier et fraction jouent un rôle important au Mali, notamment l’équilibre social. A cet effet, CRI 2002 a élaboré des répertoires afin de les identifier et leur permettre de bien jouer leur rôle dans les localités respectives. contribuer à la réalisation des cas innovants de démocratie participative incluant les autorités traditionnelles, coutumières, religieuses et les autres organisations de promotion de la citoyenneté, du civisme et des savoirs dans un contexte de refondation de l’Etat du Mali dans ses trois (3) éléments constitutifs. A savoir : le pouvoir politique, la population et le territoire. Ledit document pourrait jouer un rôle important dans la refondation de l’Etat initiée par les plus hautes autorités du pays dont les axes principaux sont, entre autres,  la sécurité, la gouvernance, les savoirs.

Le président de la 7e institution de la République, Mamadou Satigui Diakité, à l’entame de ses propos, a rappelé que son institution et CRI 2002 visent les mêmes objectifs. Les deux organisations jouent des rôles de complémentarité au sein des collectivités territoriales, notamment permettre aux légitimités traditionnelles de bien jouer leur rôle dans la cité. Au nom des conseillers nationaux, Il a remercié  CRI 2002 pour cette marque qu’il a qualifiée de haute sympathie et de considération au Haut conseil des collectivités territoriales. « Le document que nous recevons ce matin est précieux, auquel nous accordons la plus grande importance », a conclu Mamadou Satigui Diakité.

Abdrahamane Baba Kouyaté

CAMP DES JEUNES LEADERS DE l’AJCAD : Une aubaine, selon les autorités administratives de Dioïla

Du 26 au 30 janvier 2022, l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (Ajcad) a tenu la 3ème édition du camp des jeunes leaders (21) dans la 12ème région administrative du Mali à Dioïla, dans la cité de Baniko. L’activité était présidée par le Directeur de cabinet du gouverneur de la région, Siriman Kanouté.

Ils sont plus de 1200 jeunes venus de 200 communes d’intervention de l’Ajcad dans 20 régions administratives du Mali à prendre part à cette activité intitulée “Camp des leaders de l’Ajcad”. Financé par l’ambassade de Danemark dans le cadre du Fonds pour le moteur de changement, le camp des leaders de l‘Ajcad est une occasion de brassage culturel et d’apprentissage entre jeunes. Au cours de trois jours d’intenses activités, ces jeunes ont eu la chance d’apprendre et de comprendre des questions liées à la Gouvernance, la Démocratie et la Citoyenneté.  D’où le thème : « la Citoyenneté Active au Service de la Recevabilité Mutuelle ».

Selon le maire de la ville de Dioïla, Yacouba Dowélé Mariko, la redevabilité et la citoyenneté permettent l’épanouissement socioéconomique de toute nation. En mettant l’accent sur cette thématique, “nous pensons que ce camp est déjà bien parti pour laisser des traces dans la ville de Dioïla. Cette ville à l’instar de toutes les collectivités du Mali souffre d’un problème de citoyenneté. Ces quelques jours permettront à notre commune, nos populations, aux responsables sociaux politiques administratifs de la ville de voir rehausser le degré de citoyenneté », rassure l’élu local.

Content de l’engagement et la volonté de soutien de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (Ajcad) à l’endroit des jeunes du Mali, le maire Mariko a laissé entendre : “Cette organisation est porteuse d’espoir pour la jeunesse malienne. Ce camp est un moyen de renforcement de capacités pour la jeunesse malienne. Nous ne cesserons jamais de remercier la directrice exécutive et son association”.

Pour sa part, le Directeur de cabinet du gouverneur de la région de Dioïla, Siriman Kanouté, se réjouit de la tenue d’un tel évènement. “C’est d’abord une aubaine pour nous, une opportunité de faire passer ce message de citoyenneté qui est d’ailleurs sur le thème. Notre pays traverse aujourd’hui des zones d’ombre ; alors nous avons besoin de l’engagement de tout un chacun, de l’union sacrée autour de l’essentiel. Comme je le disais tantôt, ce sont les jeunes qui font l’avenir. Ce cadre de rassemblement est synonyme de l’avènement de paix durable et de vivre ensemble qui caractérise le Mali”, prédit-il.

Comme pour titiller un peu le Directeur de cabinet du gouverneur de Dioïla, la Directrice Exécutive de l’Ajcad, Mme Maïga Adam Dicko, connue pour son franc-parler, lance : ‘’ Ils disent que nous sommes l’avenir, mais nous pensons que nous sommes également le présent ». C’est cette mentalité de jeune responsable engagé pour la cause du pays que l’Ajcad souhaite inculquer dans l’esprit de la jeunesse malienne. A en croire Adam Dicko, “l’Ajcad travaille avec toutes les couches sociales pour que les jeunes puissent être associés dans la prise de décision de notre pays”. Elle ajoute que “le Mali traverse des moments de turbulence. Nous ne voulons plus être des spectateurs ; nous sommes des acteurs. Nous n’allons plus nous considérer comme des victimes, mais nous allons prendre plutôt notre responsabilité”. Un message fort qui rime avec l’expression qu’elle s’empresse d’ajouter, “Il est très facile de demander ces droits, mais il est tout aussi noble de s’acquitter de ses devoirs”, lance-t-elle. Une manière pour la Directrice Exécutive d’inviter les jeunes du Mali à plus de responsabilité.

Au cours de cette 3ème édition du Camp des leaders de l’Ajcad, il était question, entre autres ; du débat sur la Violence Basée sur le Genre (VBB), la tenue d’un panel sur la redevabilité mutuelle, du partage de petite l’astuce, de l’écriture administrative, du Bilan de l’Ajcad, de l’organisation d’une soirée sur la gouvernance du Mali, de l’histoire de la démocratie au Mali et du don de sang pour pallier désormais ce problème dans la région de Dioïla.

 

Abdrahamane Baba Kouyaté