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M5-RFP : divorce sur fond de règlement de comptes entre Choguel et ses compagnons de lutte d’hier

Mme Sy Kadidiatou Sow, Modibo Sidibé, Mohamed Aly Bathily, Konimba Sidibé, Cheick Oumar Sissoko… La liste des personnalités (démissionnaires ou exclus du M5-Rfp) ayant pris part à l’officialisation (mercredi 3 août 2022) du nouveau Comité stratégique du  «M5-Mali Kura» est loin d’être exhaustive. Se sentant abandonnés en «plein vol» par leur camarade de lutte depuis qu’il a accédé à la Primature, ils ont lancé mercredi dernier un nouveau Comité stratégique. Leur ambition est de réconcilier le mouvement avec les vraies valeurs de la refondation pour parvenir au changement qui était la principale motivation de leur lutte contre le régime de feu Ibrahim Boubacar Kéita entre juin et le 18 août 2020.

«La lutte du M5-RFP a été détournée au profit de l’instauration du culte du Premier ministre Choguel Kokala Maïga», a accusé Me Mohamed Aly Bathily, chargé de lire le réquisitoire. Il n’a pas manqué de rappeler que la lutte  initiale du M5-RFP visait à «refonder le Mali, loin du simulacre de démocratie et des pratiques de corruption, de trafic d’influence, de détournement des fonds et des biens publics avec leur cortège de mensonges d’Etat couverts par l’impunité totale et absolue».

A Choguel, ils reprochent d’avoir privilégié «la division en clans de ses propres membres» au lieu de s’engager dans un débat constructif. «On assista à la transformation du Comité stratégique du M5-Rdp initial. Certains de ses membres, appelés au gouvernement et dans les cabinets ministériels, se sont coupés de leurs bases où, pendant neuf mois, ils n’y ont pas mis les pieds, notamment pour y faire le compte-rendu des travaux de cette instance», ont également déploré ces personnalités influentes du mouvement. D’où leur décision de mettre en place un nouveau Comité stratégique véritablement dédié au «Mali Kura».

Cette nouvelle instance, présidée par Konimba Sidibé, sera désormais «le creuset de tous les espoirs du changement attendu par le  peuple malien». Le «M5-Mali Kura», selon ses initiateurs, entend «pleinement jouer et revendiquer son rôle d’acteur de la refondation du Mali, à travers la structuration et la conduite de politiques publiques»,

«La  rectification de la transition voulue par le Premier ministre a échoué. Finalement, elle semble être devenue la rectification du Comité stratégique lui-même», a souligné l’ancien ministre de la Justice, Me Mohamed Aly Bathily, appelant à un «sursaut patriotique» pour que le mouvement renoue avec les vraies valeurs de la refondation du Mali.

«Elle sera une force politique majeure dans la gouvernance de l’après-transition afin que le nouveau Mali, fondé sur une gouvernance vertueuse, de justice et de solidarité soit une réalité», a précisé Konimba Sidibé porté à la tête du Comité stratégique. Et d’ajouter, «la transition ne saurait se limiter à la seule organisation des élections».

Pour les leaders du «M5-Mali Kura», le mouvement ne peut plus se contenter d’être «une caisse de résonance, au service du destin personnel de son président». Il doit plutôt retrouver les valeurs unificatrices de la lutte contre le régime de feu IBK afin de se positionner comme un acteur majeur d’une transition de rupture avec les mauvaises pratiques en favorisant ainsi la refondation tant souhaitée au Mali.

On peut dire que la rupture est aujourd’hui consommée entre le Premier ministre Choguel Maïga et ses anciens camarades de lutte !

Moussa Bolly

LE MOUVEMENT INSURRECTIONNEL DU 5 JUIN EN LAMBEAUX : Cheick O Sissoko, Mohamed A Bathily, Modibo Sidibé, Mme Sy, Konimba Sidibé et Aliou Sankaré ont mis la tête de Choguel à prix

Rien ne va plus entre les leaders du Mouvement du 5 juin, Rassemblement des Forces Patriotiques, M5RFP. Ils sont à hue et à dia pour le contrôle du précieux appareil politique qu’est le M5 RFP. Regroupés au sein d’un groupe qu’on peut appeler groupe de six, l’ancien premier ministre Modibo Sidibé et les anciens ministres, Mohamed Ali Bathily, Mme Sy Kadiatou Sow, Konimba Sidibé et Cheick Oumar Sissoko et Aliou Sankaré ont décidé de rompre le silence et ils sont déterminés à donner un nouveau souffle au M5 pour qu’il redevienne ce, pourquoi il a été créé, à savoir redonner espoir au peuple martyr du Mali. C’est pourquoi ils ont adressé une lettre au Premier ministre et Président du Comité stratégique, Choguel Kokala Maïga afin qu’il leur cède la tête du Comité Stratégique, CS pour plus de visibilité et de lisibilité. Les désormais dissidents du Mouvement du 5 juin pensent que Choguel K Maïga fait non seulement un cumul de fonctions, mais aussi et surtout est en déphasage total avec les idéaux du M5, qui, loin d’être une échelle politique pour qui que soit, est un véritable outil au service du peuple pour la défense exclusive de ses intérêts. Va-t-on véritablement vers un clash entre le groupe des six et le PM Choguel ? Cette guerre de leadership ne fragiliserait- elle pas le PM qui est désormais attaqué de toutes parts ?

Décidément le premier ministre Choguel K Maiga est dans des beaux draps et fait face à des tirs croisés venant de partout. Hier c’était avec les partis et mouvements politiques regroupés au sein d’un Cadre pour la réussite de la transition. Pour rappel ce cadre reproche au PM sa méthode clivante et sa faible capacité à rassemblement les maliens autour de la transition. Aujourd’hui c’est au sein de son propre mouvement, le M5 RFP dont il est d’ailleurs le président du Comité stratégique, qu’il y a fissure, car six cadres d’entre eux ont décidé d’engager une lutte acharnée contre lui, parce qu’ils trouvent qu’il a dévié et que les objectifs que le Mouvement s’était assigné ne pourront pas se réaliser tant que Choguel est à la tête du Comité stratégique du dit mouvement. C’est dans une correspondance en date du 7 mars 2022 que Modibo Sidibé et ses cinq camarades ont dénoncé sans porter de gants la rampante voie dans laquelle le M5 RFP est engagé : « Après sept mois de gestion par un gouvernement dirigé par Choguel K. Maïga, Président du Comité Stratégique du M5-RFP, il existe peu d’indices permettant de croire que le pays est solidairement engagé sur la voie de l’atteinte de notre objectif commun qu’est la refondation de la gouvernance du Mali ». Pour ne rien arranger, les signataires de la lettre pensent qu’« en plus, nombreux sont nos compatriotes qui sont inquiets aujourd’hui quant aux suites que pourraient avoir la prise de la décision de prorogation de la transition par les autorités ». En tant qu’acteurs majeurs de la chute du régime IBK et au regard des légitimes revendications du peuple, le M5 RFP ne saurait s’accommoder de certaines pratiques, selon les auteurs de la missive et n’entendent surtout pas suivre la tête baissée pour être comptable d’une situation dont ils n’ont véritablement pas pris part. Donc  ils entendent non seulement corriger le tir, mais aussi et surtout jouer leur partition  pour eux : « cette situation interpelle fortement les dirigeants du M5-RFP qui doivent absolument faire une première évaluation de la gouvernance de transition, en tirer les leçons, agir pour éviter tout dérapage et rendre la refondation possible « C’est préoccupé par la situation de notre pays et celle du M5-RFP que nous souhaitons l’ouverture d’un débat spécial au sein du Comité Stratégique afin de circonscrire les périls qui nous guettent », Pour ne pas donner l’impression qu’ils s’acharnent contre le PM, les six dissidents ont pris soin d’énumérer un certain nombre de points de revendication, à savoir : « que  le M5-RFP remette sur la table la question du Conseil National de Transition (CNT). Pour Modibo Sidibé et ses cinq camardes « à ce jour, la position officielle du M5-RFP est que cette institution est illégale et illégitime ». Sur la base de ce constat, ils ont rappelé que le M5-RFP avait introduit devant la Cour Suprême une requête aux fins d’annulation du décret pris pour la nomination de ses membres. « Pourquoi ce dossier n’a-t-il connu aucune évolution après neuf mois de gestion du gouvernement par le Président du M5-RFP alors que ‘’Diligenter les actions pour l’annulation des décrets relatifs au CNT’’ est une action inscrite dans la feuille de route du MS-RFP pour la transition.

En définitive, n’ayant pas obtenu la démission de Choguel à la tête du Comité stratégique du M5RFP, Modibo Sidibé et ses camarades demandent purement et simplement sa démission du poste de premier ministre pour donner une chance de réussite à la transition, car pour eux Choguel ne peut plus porter le projet de changement. Le PM a désormais des nouveaux adversaires, donc sa chance d’être reconduit à la tête de la primature s’amenuit, pour ne pas dire que ses jours semblent compter à la grande bâtisse de la cité administrative, autrement dit à la primature.

Youssouf Sissoko

Cheick Oumar Sissoko : « Le PM veut nous discréditer et nous diviser »

Les membres du comité stratégique du M5-RFP ne sont plus en odeur de sainteté avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Ce dernier est accusé de vouloir les discréditer aux yeux de l’opinion. C’est du moins l’avis de Cheick Oumar Sissoko, président du mouvement EMK. Dans une interview accordée à Azalaï Express, il ne cache pas le désamour entre eux et Choguel Maïga. Lisez plutôt !

Azalaï Express : l’actuel Premier ministre a récemment affirmé que les mouvements de lutte avaient envoyé des enfants dans la rue contre le régime de Moussa Traoré en 1991. Qu’en pensez-vous ?

En 1991, nous n’avons pas envoyé les enfants. L’Aeem est sortie le 22 mars contre le régime dictatorial de Moussa Traoré. Et la veille, elle était venue nous voir au Centre islamique, où j’animais une conférence, pour nous dire : demain nous sortons parce qu’aujourd’hui le gouvernement est dans la duplicité. Chose que le PM contredit, parce qu’il dit que les mouvements de lutte ont demandé aux jeunes de ne pas signer le protocole d’accord. C’est un mensonge encore une fois.

Il s’en prend encore une fois au mouvement démocratique dont moi, Mountaga Tall, Konimba Sidibé, Mme Sy Kadiatou Sow, qui sommes des membres du Comité stratégique du M5-RFP. Mais enfin !

L’Aeem est venue nous expliquer la situation. La sortie, c’était pour étaler la duplicité du gouvernement. On a décidé de les accompagner, mais ils n’ont pas voulu parce qu’ils ont donné comme argument que le régime dira que nous sommes avec eux, alors que ce n’était pas le cas. Alors, l’Aeem nous a remis une lettre d’invitation pour qu’on se retrouve le samedi 23 à la Bourse du travail. Elle voulait nous expliquer le contenu qu’elle donnait à cette duplicité. C’est clair. Donc, ils (les élèves et étudiants, Ndlr) n’étaient pas sortis pour autre chose. Cette lettre, je l’ai exhibée parce que moi j’étais volontaire pour témoigner contre Moussa Traoré. Est-ce que c’est le moment et pourquoi le PM fait cela contre les membres du Comité stratégique ? C’est non seulement pour nous discréditer aux yeux de l’opinion nationale, mais en même temps pour nous diviser. Et ce n’est pas la seule fois. Il a défendu Moussa Traoré à mainte reprise en disant que ces trois dernières décennies, c’est le mouvement démocratique qui a cassé l’économie du pays. Il oublie que lui il était ministre.

 

Depuis le 9 janvier,  le Mali est sous sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa. Sanctions considérées par plusieurs observateurs comme illégales, illégitimes et injustifiées. Quel est votre avis sur la question ?

Mais, l’illégalité de ces sanctions est une réalité quand on regarde même le Protocole de gestion de la bonne gouvernance de la Démocratie dans la sous-région, le texte même de la Cedeao. Nulle part il n’est question de ces sanctions. Au regard de ce protocole, on en vient à voir que la Cedeao des chefs d’Etat a fermé les yeux sur la mauvaise gouvernance au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire sur le non-respect des règles démocratiques inscrites dans nos constitutions. Le cas du Mali où il n’y avait  pas, comme le dit la Constitution, le respect des institutions, la justice. L’Assemblée nationale, la présidence de la République, le gouvernement ; tout cela était entre les mains d’une seule personne. La Cedeao a constaté en 2018 que les élections n’avaient pas été régulières. Elle avait elle-même demandé aux partis politiques de sursoir à leurs exigences. Elle estimait de ne plus faire d’élections sans qu’on revoit les procédures d’élections transparentes, avec les textes y afférents. On a semblé oublier tout cela pour nous dire qu’il y a une ligne rouge. Ça c’est encore plus grave que ces sanctions d’ailleurs. Parce que la ligne rouge, c’était  qu’on ne puisse pas demander à un président démocratiquement élu de démissionner. Qu’il fallait le laisser aller jusqu’à terme de son mandat. Ce qui voulait dire qu’on nous demande d’accepter que la Cedeao refuse de voir qu’un président tue, viole la constitution, dilapide avec oligarchie le denier public, refuse de sauvegarder la patrie.  Donc, un président peut être  dans de telle situation et on ne doit pas le toucher. C’est grave ! Le protocole permettait de prendre des sanctions contre le Mali, son gouvernement, son président, mais cela n’a pas été fait.

La Cedeao que nous voulons aujourd’hui doit pouvoir travailler à défendre tous les pays. Et à ne pas permettre le développement de telle situation. Nous sommes en guerre, il y a la Covid-19. La guerre amène la misère, les massacres, vous ne faites rien par rapport à cela.

Dans une rencontre avec la Cedeao, je leur ai dit : aujourd’hui, c’est le Mali, le Niger et le Burkina Faso, demain les pays côtiers vont être attaqués. Parce que prendre en charge les pays sahéliens parce qu’ils ont des ressources immenses, ils auront besoin des relations internationales des pays côtiers.

En 2012, Alassane Ouattara avait pris des sanctions contre le Mali avant même la réunion de la Cedeao. Il avait bloqué nos camions au port 5 jours avant la réunion. Tout cela pour vous dire qu’il faut se préparer à toutes les éventualités ; il faut se parer pour une guerre prolongée. C’est pourquoi nous avons demandé dans notre document la diversification des partenaires. A l’inverse, ceux qui sont venus depuis 2013 ont montré leur manque de soucis pour le Mali.

Moi, je n’étais pas d’accord qu’on ferme nos frontières avec les pays membres de la Cedeao parce que le Mali appartient à tous les Africains. Je pense que dans toutes les constitutions nous avons fait noter que le Mali est prêt à renoncer à sa souveraineté pour réaliser l’Unité  africaine. Donc, c’était une leçon de morale.

 

C’est la durée de la transition, le chronogramme qui constitue le principal blocage. Que proposez-vous ?

Le dialogue doit continuer. Avec ce dialogue je pense que c’est l’affirmation de notre souveraineté qui est évidente aujourd’hui. La solidarité des Maliens. C’est pourquoi il faut arrêter de diviser les Maliens pour que nous nous regroupions tous autour des autorités de la transition. Même si les autorités de la transition ne s’expriment réellement pas sur leur programme politique.

Donc, cinq (5) ans,  c’est excessif. Mais elles auraient dû donner un programme cohérent qui aurait fait l’objet d’une discussion avec la Cedeao. Cela veut dire que même si les autorités avaient proposé un chronogramme de 2 ans, la Cedeao allait prendre des sanctions. Elle était prête à ça. Parce que le Mali n’est pas allé imposer mais plutôt proposé.

Toutefois, je propose aux autorités maliennes de ne pas sortir de la Cedeao pour l’esprit panafricain. Mais de préparer les voies de recours pour sortir de l’Uemoa et de bâtir notre propre monnaie.

L’Etat malien a demandé le retrait des éléments des forces spéciales danoises de la mission européenne Takuba. Dès lors le ton s’est durci entre les autorités maliennes et celles françaises. Votre appréciation de la situation ?

La diplomatie malienne est en train de prendre du poil de la bête. Elle est en train de s’affirmer dans le sens de la défense de notre souveraineté et de l’intérêt du Mali. L’affaire du contingent danois, du vol de l’aéronef français et la demande de révision de l’accord de coopération de défense avec la France, le choix d’autres partenaires sont des illustrations. Le dernier (choix d’autres partenaires) a permis d’avoir du matériel militaire que nous payons bien sûr. D’avoir des renseignements aériens sans lesquels il n’est pas possible de faire face aux attaques. C’est ce qui manquait franchement au Mali.

 

Interview réalisée par Abdrahamane Baba Kouyaté

Cheick Oumar Sissoko, président de l’EMK : « Le M5-RFP ne donne pas un chèque en blanc à la transition »

Alors que beau nombres de Maliens s’interrogent sur le sort du Mouvement M5-RFP qui connaît beaucoup de remous en son sein, dans une interview accordée, Cheick Oumar Sissoko, président de l’EMK non moins membre fondateur du M5, parle de la situation qui prévaut et ses rapports avec l’actuel Premier ministre. Pour lui, ils n’ont jamais donné un blanc seing à la transition. Lisez !

Azalaï Express : M. Le président, comment se porte le M5-RFP ?

Cheick Oumar Sissoko : Tout le monde se pose la question aujourd’hui sur le M5-RFP, nous sommes inquiets. Vous savez sans doute que je suis l’un des signataires de la lettre qui demande tout simplement que  nous nous réunissions autour des problèmes à résoudre pour donner au M5 sa force d’antan, remettre en selle  ses objectifs et participer  au renforcement de la transition dans le cadre du soutien aux autorités de la transition. Nous avons une personnalité qu’il faut maintenir, qui doit évoluer avec le temps, avec les exigences politiques de la transition de notre pays. Parce que nous sommes et nous voulons continuer à être une alternance politique crédible pour que cette transition réussisse et pour préparer l’après-transition. Car nous ne voulons plus retourner à la case départ. Ce pays, depuis le 19 novembre 1968, est régi par un système politique, social et culturel qui ne fait que le plonger dans l’archaïsme économique et social, alors que le Mali a des ressources naturelles et humaines importantes. Et il faut que cela change. Alors, c’est ce besoin que nous avons.

Le document (la lettre) que nous avons envoyé n’était pas destiné aux réseaux sociaux. Nous avons déposé la lettre physique auprès du président par intérim du comité stratégique du M5-RFP, Boubacar Karamoko Traoré. Nous avons été surpris de voir cela sur les réseaux. Donc, nous attendons.

Je ne sais pas si vous avez vu sur les réseaux sociaux les insultes à l’endroit de Me Mountaga Tall. Ils ne sont pas à leur première fois. Toute personne qui ose émettre une idée, je ne dis pas une critique, sur la transition, se fait insulter, matraquer par ceux que j’appelle les chiens méchants.

Selon vous, qui sont derrière ces insultes ?

Mais c’est de cela que nous voulons discuter au niveau du comité stratégique ; voir quelles sont les entraves à l’épanouissement du M5, quelles sont les entraves à la plus grande contribution du M5  à  la réussite de la transition ? Le M5 ne donne pas un chèque en blanc à la transition. Quand nous avons désigné le Premier ministre en la personne du président du comité stratégique, nous avons bien dit que nous resterons une veille citoyenne pour apporter notre contribution. Nous avons dit, pour que cela soit, le PM ne peut pas rester le président du comité stratégique. D’abord parce qu’il est aux affaires de l’Etat, il n’aura pas le temps pour travailler à l’organisation et à l’orientation du M5. Ensuite, il ne saura pas être la veille citoyenne. Parce que la veille citoyenne c’est dire quand ça va, on soutient, on applaudit ; quand ça ne va pas, on fait des observations, des critiques.

Aussi, a-t-on fait savoir que tous ceux qui sont dans l’action gouvernementale, comme les ministres, ne peuvent pas être dans le comité stratégique. Ils ont suffisamment à faire pour être là. La preuve : malgré le fait qu’on a aménagé nos réunions (c’était les mercredis, on a décidé de les tenir les jeudis), on voit de temps en temps deux ministres, notamment Bakary Doumbia et Bréhima Kamena. Et le second n’était pas dans le comité stratégique.

Toute la question est là. On craint que si nous continuons comme cela, que notre grande alternative politique, crédible ne disparaisse.

Les gens peuvent penser que c’est la mauvaise foi qui nous guide, mais on a l’habitude de cela.

Dans la lettre qui a circulé sur les réseaux sociaux, vous dénoncez la mainmise du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga sur le M5 et le refus de ce dernier d’organiser les conditions pour changer l’instance dirigeante du mouvement. Y a-t-il eu une réaction de la part du PM ?

Non, il n’y a pas eu de réaction de sa part. On a regretté que la lettre ait été diffusée. La seule réaction a été qu’on se mette à dérailler encore sur les gens, surtout sur les réseaux sociaux.  C’est dommage ; ce n’est pas de la politique.

Vous êtes l’un des leaders du M5 dont la lutte a été parachevée par les militaires. Après la rectification entre guillemets de la trajectoire de la transition, la Primature vous a été confiée. Est-ce qu’aujourd’hui ce pays marche avec l’idéologie ou encore la voie tracée par le M5-RFP ?

Le M5 a effectivement élaboré un document. C’était des axes de travail : 10 points et 17 mesures. Dans ces 10 points et 17 mesures, ce qui est en train d’être fait et qui nous rassure, c’est la question de sécurité, la question de la guerre. Nous avions en premier point demandé à s’attaquer à cette guerre et à la résoudre. On n’a pas cessé de mettre l’accent là-dessus. Le PM lui-même a fait un document de 32 pages sur la solution de sortie de crise que nous avons intitulé « la mobilisation des Maliens contre la guerre qui nous ont imposé ». Où nous proposons que chaque cercle soit doté d’un bataillon militaire, avec un recrutement de  1500 jeunes. Et nous en avons plus que jamais besoin aujourd’hui, parce qu’il ne faut pas écarter la réaction de la France jusqu’à la tentative de « somalisation » du Mali.

Donc, les 10 points, dans la plupart, restent en détail.

Entretenez-vous de bons rapports avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga ?

Les relations sont bonnes. Nous n’allons pas à l’affrontement, absolument pas.  Nous soutenons la transition ; nous demandons tout simplement que le M5 ait voix au chapitre. Le mouvement ne s’exprime plus que dans l’attente de la décision des autorités pour être une caisse de résonnance. C’est comme un président de parti politique qui monte au pouvoir ; il a une base sociale. Il demande d’applaudir à chaque fois qu’il a des choses qui se passent. Nous disons, nous applaudirons aux choses effectives pour les intérêts du pays, mais nous apporterons notre contribution par nos idées. Et les Maliens savent que nous avons apporté des idées. Nous avons été cette expression politique de mouvement qui s’est enclenché dans le pays.

Vous soutenez la transition, vous êtes donc comptables de tout ce que la transition fait. Est-ce que cela veut dire que vous soutenez les discours du Premier ministre, souvent va-t-en-guerre ? 

Il y a pas eu ce débat au niveau du comité stratégique du M5-RFP, justement parce qu’il y a pas de débat. Puisqu’on refuse toute note discordante, c’est cela qu’on veut.  Mais si vous me demander en tant que EMK, oui nous reconnaissons les autorités. Mais aujourd’hui nous avons besoin de rassembler tout le monde. A quoi cela sert-il de stigmatiser des membres des groupes politiques qui sont dans le M5.

On m’a stigmatisé, quand le Premier ministre dit que Aliou Sangaré du  EMK et moi avions en projet de rééditer ce qui a été fait en 1991, envoyé les enfants à la mort.

Que répondez-vous à cette accusation ? 

Mais écouter, j’étais avec les enfants. C’est eux qui n’ont pas voulu venir. C’est nous qui avions décidé d’aller remettre la lettre de démission au président de la République à son domicile.

Quand on n’est arrivé à terme  et qu’au micro ça a été dit maintenant nous allons à Sébénikoro, je leur ai fait savoir que les jeunes sont en train de partir ; nous ne pouvons pas ne pas y aller.  Ils m’ont répondu qu’on allait faire le débriefing. Je dis, quel débriefing ? On n’a  pas encore fini. Nous avons la responsabilité de ces enfants. Nous ne pouvons pas les laisser aller parce que nous ne savons pas ce qui les attend là-bas. Donc, il faut  aller pour les encadrer. Ils ont refusé. C’est là que j’ai décidé de partir. Donc Moussa Sinko qui a entendu la discussion a décidé de me suivre.

C’est comme ça que je me suis retrouvé côte à côte avec le général Sinko. Et il n’était pas au comité stratégique. C’est après qu’il est venu me remplacer au sein du comité.

Alors, quand Choguel dit que je voulais envoyer les enfants à la mort, alors cela veut dire que je suis téméraire, un suicidaire. Puisque j’envoie les enfants à la mort et je les rejoins. C’est méchant et c’est la division.

Interview réalisée Abdrahamane Baba Kouyaté