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LIBERTE DE LA PRESSE : le Mali régresse de 12 places, selon RSF

La situation de la liberté d’expression, et particulièrement celle de la presse est alarmante. Dans son dernier classement rendu public à la faveur de la Journée internationale de la liberté de la presse, l’organisation internationale, Reporter sans frontières (RSF) annonce une dégringolade du Mali de la 99ème à la 111ème sur 188 pays classés.

“La dégradation de la situation sécuritaire, conjuguée au durcissement des autorités de la transition arrivées au pouvoir en 2020, compromet la sécurité et l’accès des journalistes aux informations ”, déplore RSF sur son site internet. Selon l’organisation internationale, le paysage médiatique malien a connu des grandes mutations. C’est ainsi que, rapporte-il, la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré, en 1991, a entraîné une véritable explosion du nombre de médias. RSF précise que le pays compte aujourd’hui plus de 120 journaux, au moins 500 radios et plusieurs dizaines de chaînes de télévision, y compris régionales.

L’organisation internationale dénonce le contexte politique du pays qu’elle trouve défavorable pour la pratique du journalisme. RSF s’explique : “Les journalistes sont particulièrement fragilisés par la situation politique et le durcissement des militaires au pouvoir, qui se sont attirés les foudres de l’opposition et des principaux partenaires du pays en refusant d’organiser des élections selon le calendrier initialement prévu. Les pressions pour un ‘’traitement patriotique” de l’information se multiplient, et les médias publics sont inféodés à leur autorité de tutelle. Le nouveau processus d’accréditation pour les journalistes étrangers est particulièrement intrusif et attentatoire au secret des sources. Il pourrait être utilisé pour restreindre l’accès au Mali ou surveiller l’activité des reporters. Début 2022, un journaliste français s’est fait expulsé moins de 24 heures après son arrivée.”

Parlant du cadre légal, RSF note au moins une avancée avec le processus visant à réviser le cadre légal obsolète dans lequel évoluent les journalistes. Il informe que les professionnels du secteur attendent notamment de nouvelles lois pour mettre fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse, institutionnaliser l’aide publique, et améliorer l’accès à l’information et l’identification des journalistes et médias professionnels.

Pour la commémoration de cette journée mondiale, RSF n’a pas occulté la situation économique des médias maliens. Pour lui, les journalistes et les médias maliens vivent dans une grande précarité. Ce qui les rend vulnérables aux influences et à la corruption. Ces difficultés, pense RSF, ont été accrues par la baisse des recettes publicitaires due à la crise sanitaire et l’arrêt total, ces trois dernières années, de l’aide publique à la presse.

S’agissant du contexte socioculturel, RSF admet que les conflits intercommunautaires, l’extrémisme et la présence de groupes armés empêchent le libre exercice du journalisme, notamment dans le Nord et le Centre du Mali. Elle soutient que les attaques envers la presse basées sur des critères de genre, de classe ou d’ethnie existent. Conséquence: ces contraintes socioculturelles sont génératrices d’autocensure.

Sur un autre plan et non des moindres, la sécurité, RSF souligne que travailler en dehors de la capitale est désormais extrêmement risqué pour les journalistes, comme en atteste l’enlèvement du reporter français Olivier Dubois à Gao, le 8 avril 2021. Elle ajoute que dans les régions, l’insécurité et la présence de groupes armés mettent les journalistes sous pression, même si, reconnaît-elle, les menaces physiques sont plutôt rares.

Pour sûr, cette régression du Mali dans le classement RSF 2022 est un signal fort que le pays tend vers une situation déplorée il y a 3 décennies.

Dieu veille!

Jean JACQUES