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Biographie de Noumoussa Soumaoro dit Moussa Kanté, ou encore Vieux Kanté [1974 – 2005]

Vieux Kanté est né en 1974 dans la région de Sikasso, dans le sud-est du Mali. Il est né aveugle, mais ceci ne l’empêche pas de jouer le djembé avec les autres petits garçons de son village natal. A l’âge d’onze ans, pendant que ses frères partent aux champs, Vieux, seul à la maison, s’exerce sur le kamale n’goni de ses frères. Il s’apprend de jouer des chansons qu’il entendait à la radio ou pendant des cérémonies [2]. Le kamalé n’goni n’est un instrument relativement récent, développé dans les années 1960 sur la base du n’goni des chasseurs, le donzon (ou donso) n’goni, mais dépourvu de leur lien avec les confréries plus ou moins secrètes des chasseurs. Le kamalé n’goni est devenu très populaire parmi les jeunes aux villages de cette partie du Mali.

En 1987, Vieux décide de se rendre à Bamako, où il fait des rencontres et découvre une diversité de styles musicaux, tels que je jazz et le blues, mais aussi de l’improvisation. Il se met à adapter son n’goni en y ajoutant 2 cordes pour en faire huit par la suite, puis 10 cordes en 1997 et finalement il aura un n’goni à 12 cordes vers 2000. Il pouvait ainsi augmenter la gamme tonale de son instrument, mais c’est son talent qui l’a permis de jouer la totalité des notes de jazz. Selon certaines sources [2] [3], Vieux Kante était invité aux Pays-Bas avec le concours d’un patron d’hôtel hollandais à Bamako, et il y aura l’occasion de jouer avec le saxophoniste Hans Dulfer, le trompettiste américain de jazz Lester Bowie, et avec le groupe de jazz fusion Fra Fra Sound en 1997, participant à l’enregistrement de leur album « Mali Jazz – Collaboration Musique d’Afrique ».

Vieux Kanté (picture © Banning Eyre)

De retour à Bamako, il rencontre le musicien, arrangeur et ingénieur de son français Vincent Dorléans, et ensemble, ils enregistrent quelques chansons avec un équipement vétuste. Ces enregistrements n’étaient pas exploitables à cause des mauvaises conditions et équipements, et des pics de saturation. Ce n’est que 11 ans plus tard avec des nouveaux outils de traitement audio que Dorléans reprend les enregistrements et les traite pour en faire un disque pour son label Sans Commentaire.

En 2005, Vieux Kanté enregistre une première cassette, qui était peu distribuée à l’époque. En 2016, cette cassette a été rééditée par Stern’s Music sous le titre « The Young Man’s Harp ». Malgré une certaine notoriété à Bamako et dans le Wassoulou, Vieux habitait dans un quartier reculé de la capitale, sans eau ni électricité, et sans téléphone et il n’avait pas la possibilité de trouver un publique plus large, encore moins international. De ce fait, il aurait peut-être raté des invitations, il parait même que d’autres musiciens se servent du nom de Vieux Kanté afin de décrocher un spectacle. Vieux Kanté tire sa révérence après une crise de paludisme en 2005.

• Musiciens dans « Sans commentaire »:
Vieux Kanté voix, kamalen n’goni
• Musiciens dans « The Young Man’s Harp »:
Vieux Kanté voix, kamalen n’goni
Kabadjan Diakité voix

 

Né : Noumoussa Soumaoro, dit Moussa Kanté, 1974, à Niesmala ; † 2005 (paludisme)
Style : musique kamalen n’goni

Discographie

Titre
Année
Maison de disques
Remarques
The Young Man’s Harp
2016
Sterns Music STCD1127

Sans commentaire
2013
Sans Commentaire

Sources

[1] http://www.sans-commentaire.net/
[2] sternsmusic.blogspot
[3] offonplay.wordpress.com

Page ajoutée en octobre 2016

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Participation des femmes au scrutin législatif 2013 : Un trio d’Amazones déterminées à changer le paysage politique

Les élections législatives du 24 novembre 2013 ont connu une   participation très encourageante des femmes. Le cas le plus édifiant étant la présentation de listes électorales uniquement composées de femmes dans  certaines circonscriptions. A titre d’exemple on peut citer celle présentée dans la commune II du District de Bamako et une autre à Djenné. Il s’agit d’une première dans l’histoire politique du Mali.

Rappelons qu’à la veille des législatives, le ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant avait réuni les cadres des partis politiques, afin de les exhorter assurer une présence accrue et un meilleur positionnement des femmes sur les listes électorales. Un vœu qui n’a malheureusement pas été entièrement exaucé, au vu des résultats du premier tour des législatives. Nous avons rencontré un trio d’Amazones candidates malheureuses en Commune II.

Malgré leur défaite, elles se disent déterminées de continuer à faire la politique. » Le Mali a besoin d’une réforme totale de l’éducation en y insérant une instruction civique. Les femmes doivent s’investir davantage dans les activités politiques, afin de cerner les réels problèmes du pays et bannir une fois pour toutes les pagnes, tasses et argent distribués lors des élections.  Il faut qu’elles comprennent qu’on se sert seulement d’elles alors qu’elles peuvent contribuer autrement au développement socio-économique » a reconnu Augustine Sangaré, l’une des candidates malheureuses.

Avant d’ajouter avec regret : » Malheureusement, nous n’avons pas été comprises par la majorité de nos concitoyens de la commune II. Le changement au Mali prendra le temps qu’il faudra, mais nous allons l’accompagner avec  notre parti JAMAA,  telle est notre vision. C’est d’ailleurs, dans ce cadre que notre parti politique a été créé après avoir vécu en association. Ce parti rassemble toutes les compétences, car nous sommes convaincues que c’est en conjuguant nos efforts que nous pouvons construire ce pays. Que l’on soit homme ou femme dans ce parti, les compétences sont égales « .

Parlant de leur motivation, Mme Sangaré explique qu’elle se résume à une prise de conscience après les événements malheureux survenus au Mali. « Il n’est plus question que nous restons en marge du développement de notre nation « .

Pour sa part, Mme Diallo pense que, malgré leur défaite au premier tour des législatives, leur avenir politique est très positive, et qu’au sortir des législatives, elles ont eu beaucoup d’enseignements. « Nous avons perdu, mais l’enseignement retenu est essentiellement basé sur l’incompréhension des enjeux de cette élection par la population. Le choix des représentants du peuple à l’Hémicycle doit être basé sur une présentation de programme électoral bien établi, la moralité des personnes et la confiance. Notre avenir politique ne fait que commencer,  JAMAA ta de be laban « . Pour le second tour, elle affirme » nous sommes en train d’analyser la situation, et nous donnerons le moment venu des consignes de vote« .

Le projet de société des Amazones

Dans leur projet de société, les trois candidates se sont focalisées sur l’environnement, l’économie et l’emploi. Ainsi, elles ont proposé l’adoption de textes dans ce sens. Elles prônent également le retour à une forme de contrôle des prix pour lutter contre la cherté de la vie et pour un encadrement par le législateur des taux d’intérêt appliqués par les structures financières décentralisées en matière de microcrédit. Elles jugent que les taux que ces établissements pratiquent actuellement sont souvent léonins.

La lutte contre la mendicité développée dans notre pays sera soutenue par une loi qui permettra de réprimer les dérives et instaurera un accès gratuit à l’éducation scolaire ou professionnelle aux enfants de la rue. En matière d’environnement, il s’agira de mettre en œuvre les dispositions relatives à la salubrité et à l’assainissement. S’agissant de l’emploi des jeunes, les textes facilitant l’accès aux terres agricoles pour ceux qui désirent s’installer à leur compte en zone Office du Niger seront proposés et soutenus par la liste Jaama à l’Hémicycle.

Ce parti a donc choisi des femmes engagées, dynamiques et courageuses pour solliciter, dimanche dernier, les suffrages de la population de la Commune II du district de Bamako. Elles œuvrent depuis des années au sein d’associations de la société civile bien connues. Ce qui les a conduites à intégrer le milieu de la politique, convaincues qu’elles peuvent promouvoir le changement attendu par nos compatriotes.

Qui sont les Amazones de la Commune II ?

Nous sommes allés à la rencontre des trois porte-drapeaux du parti Jamaa en Commune II, du District pour les législatives. Le trio à la conquête de l’Hémicycle est constitué de professionnelles aguerries dans leurs métiers respectifs. Mme Welle Diallo Hawa Thiermin Traoré est la doyenne de la liste. Elle est éducatrice et directrice du jardin d’enfants » Den Kadi » depuis 8 ans. Née en 1955, elle est mariée et mère de 2 enfants. Elle est la vice-présidente du Réseau national pour l’épanouissement économique et social de la femme et sa coordinatrice en Commune II depuis 2004.

Mme Najim Fatoumata Diarra est quant à elle née en 1965. Mariée et mère de 3 enfants, elle est cadre supérieure de banque. Elle connaît bien le milieu de la micro-finance pour avoir été commissaire aux comptes du réseau de caisse d’épargne et de crédit « Layidou Wari « .

La troisième de la liste se nomme Mme Diallo Augustine Sangaré. Elle est née en 1977, mariée et mère de deux enfants. Après l’obtention de son Diplôme d’études universitaires générales (DEUG) à l’Ecole des hautes études professionnelles (EHEP devenue depuis UIG), et un bref passage à Elf-Mali, elle rejoint le groupe Air France où elle évolue depuis près de treize ans comme agent des services commerciaux.

Clarisse NJIKAM