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Dr NOUHOUM IDRISSA GUINDO : « On ne devient jamais grand par l’âge ou titre pour chanter l’hymne de son pays. »

Présentez-vous à nos lecteurs.

Je suis Dr Nouhoum Guindo, Président de l’Association Santé Familiale, une organisation de la société Civile dont les missions sont de garantir la Santé de la Famille par la prévention et promouvoir le développement par l’engagement citoyen et la bonne gouvernance.

Pourquoi avez-vous initié l’HYMNE NATIONAL CHALLENGE ?

L’objectif c’est vraiment d’entrainer le réveil de la fibre patriotique à travers l’apprentissage et la méditation sur le contenu de l’HYMNE du MALI qui est un trésor méconnu par la grande majorité des maliens dans nos langues locales à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur. Je dois rappeler que l’hymne du Mali est le fruit d’une loi, qui est la loi 62-72 du 09 Aout 1962. L’objectif de l’HYMNE pour les pères de l’indépendance, c’était de façonner des citoyens engagés pétris de valeurs et de probités morales. Des citoyens debout pour la patrie.

Que faut t il faire pour participer ce concours dénommé  « l’HYMNE NATIONAL CHALLENGE »?

L’hymne National Challenge est un processus qui consiste à utiliser les réseaux sociaux pour enseigner l’Hymne du Mali aux maliens de l’intérieur et comme de la Diaspora dans nos langues locales.

Pour participer, « on envoie **Ne Bala par whatsapp ou je participe au 76 61 06 02. » Une fois cela fait. Nous t’envoyons la documentation nécessaire pour apprendre à assimiler et à faire une vidéo pour envoyer au même numéro. Tu dois poster la vidéo sur ta page Facebook ou Tiktok et nominer à ton tour 10 personnes qui à leurs tours doivent relever le défi. De cette façon on va en crescendo     jusqu’à atteindre 5 à 10.000.000 de maliens qui savent chanter correctement l’HYMNE DU MALI dans nos langues locales.

Quelle est l’évolution de l’HYMNE NATIONAL CHALLENGE?

De nos jours, l’HYMNE NATIONAL CHALLENGE est devenu international. Partout dans le monde et dans tous les continents les maliens y participent. Je profite cette occasion pour remercier, ceux qui ont relevé le défi dans toutes les régions du Mali et partout dans le monde mais aussi exhorter les maliens à s’en approprier, car l’HYMNE NATIONAL CHALLENGE est une opportunité. On ne devient jamais grand par l’âge ou titre pour chanter l’hymne de son pays. C’est un exercice citoyen et patriotique. Que tu sois imam, Docteur, mécanicien, journaliste, ministre, président, député, commerçant, magistrat, pêcheur, éleveur, étudiant, élève, militaire, artiste, cela vous concerne et le Mali vous appelle à apprendre son HYMNE NATIONAL et l’HYMNE NATIONAL CHALLENGE vous donne l’occasion de relever le défi.

H.K.B

 

Dr. Mady Ibrahim Kanté, Etats d’Afrique de l’ouest et stratégie de lutte contre le terrorisme

Titulaire d’un doctorat en sciences politiques de l’Université du Caire en Égypte, où sa thèse portait sur « Le rôle de la CEDEAO dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest », il a aussi soutenu une seconde thèse sur la gouvernance et l’intégration régionale à l’Université panafricaine du Cameroun. Dr. Kanté est enseignant-chercheur à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako, ainsi Instructeur temporaire à l’Ecole de Maintien de la Paix, Alioune Blondin Bèye de Bamako, il enseigne aussi à l’Ecole de guerre du Mali depuis 2021, où il intervient sur la géopolitique, relation internationale et problématique de sécurité.

En tant que Consultant, Dr. Kanté a conduit plusieurs activités de recherche, d’étude pour le Centre d’Etudes stratégiques (Ministère malien des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale) et la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF-Mali), notamment sur « la diplomatie culturelle : quels enjeux pour le Mali », « le Scénario afghan est-il possible au Mali ? », « la problématique de la judiciarisation de la lutte contre le terrorisme et le financement du terrorisme », etc.
Dans cet entretien accordé à Thinking Africa, il revient sur les stratégies de lutte contre le terrorisme …

Dr Badié Hima, Les intellectuels africains, et la lutte pour la démocratie, gouvernance…

Dr Badié Hima, a fait des études doctorales en philosophie morale et politique, précisément sur la théorie critique de l’École de Francfort. Depuis les années 1990, il est impliqué dans les luttes pour les libertés fondamentales en Afrique. A la suite de sa rencontre avec Fabien Eboussi Boulaga, il prend conscience de la contribution majeure de cet intellectuel premier niveau en Afrique.
Il revient dans cet entretien sur les urgences du moment.

INTERVIEW avec le Géographe Environnementaliste, Sambala SIDIBE membre du Comité Exécutif de l’Adéma PASJ

Journal Alternance : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Sambala Sidibé :  Je suis Sambala SIDIBE, Géographe Environnementaliste, membre du Comité Exécutif de l’Adéma PASJ (dernier congrès d’octobre 2021), secrétaire général adjoint de la section VI-Bamako et secrétaire Général de la sous-section de Dianéguela. Au plan professionnel, je suis à l’Agence Nationale Pour l’Emploi (Chef de Département Formation Promotion de l’Emploi).

Actualité oblige, quelle est votre lecture de la crise que traverse le Mali ?

D’une manière générale, chaque Nation ou Pays, dans son évolution connait des moments de crise, le Mali vit actuellement son moment. Il y a 20 ans ce sont les pays comme le Liberia, la Siéra Léone, la Côte d’Ivoire qui étaient au centre des crises.

Ma lecture de la crise actuelle du Mali se résume à une faillite collective aggravée par la crise Libyenne. En effet, le dysfonctionnement ou les entraves à nos valeurs et  principes démocratiques et sociétales ont conduit le Mali dans cet état. L’illustration de cette situation est le nombre de coup d’Etat, soit 4 en 60 ans d’Indépendance (1 coup d’état chaque 15 ans).

La faillite du Mali se constate à tous les niveaux, l’émiettement de la classe politique (plus de 200 partis),  de la société civile (au tant d’association que de famille ou responsables religieux , syndicaux etc …) bref, le Mali apparait comme s’il n’y a aucun dénominateur commun entre les citoyens : tout est désuni ! L’Internet et les réseaux sont venus en rajouter.

Les fléaux dont souffrent le Mali à savoir la corruption, le népotisme, le favoritisme (etc. ) ont gangréné tous les secteurs. A ces contre valeurs, il faut ajouter le non-respect de la parole donnée, l’ingratitude, toutes choses que nos aînés, il y a seulement 20 ans, considéraient comme des crimes de lèse-majesté.

Il faut inverser cette tendance en définissant le type de société que nous voulons et quelle cellule familiale à bâtir en adaptant nos valeurs sociétales aux exigences de notre temps. Il est clair que la roue du développement ou de la modernité doit tourner dont il faut s’adapter ou se faire entrainer.

Les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA prises à l’encontre du Mali sont-elles légales Quelles peuvent être ses conséquences sur l’économie malienne ?

L’adhésion du Mali à la CEDEAO et à l’UEMOA s’inscrit dans le cadre du respect des dispositions de notre Constitution qui stipule que « …le Mali est prêt à renoncer une partie de sa souveraineté pour l’intégration Africaine ». Ces organisations ont, d’ailleurs, été créées sous l’égide du Mali qui a beaucoup contribué à l’amélioration des textes dont le fameux texte additionnel portant sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Je rappelle que la CEDEAO et l’UEMOA ont par le passé pris des sanctions contre certains pays ; le Niger (sous la présidence de Alpha O.KONARE), la Côte d’Ivoire en 2010 (sous la présidence de ATT).

Pour ce qui concerne le Mali, c’est la deuxième fois, en 2012 et cette fois ci en -2021-2022. La légalité de ces sanctions est sans ambiguïté dès lors qu’il s’agit du respect des règles et principes de nos organisations communes. Cependant, pour ce qui concerne l’UEMOA, la logique aurait prévalu de prendre les décisions dans un état membre.

Les conséquences de ces sanctions, sans être économiste ou financier, vont entrainer le ralentissement de l’activité économique, le dysfonctionnement dans les marchés et la spéculation.

Je profite de votre interview pour inviter les autorités de la transition à privilégier le dialogue, la concertation pour trouver une issue heureuse à cette crise avec nos organisations sous régionales.

Après le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina peut-on dire que la spirale de coups d’États en Afrique de l’ouest est la conséquence de la mal gouvernance et d’une démocratie mal enseignée ?

La démocratie est une valeur universelle que chaque peuple applique en tenant compte de ses valeurs et de son environnement socio-politique. Notre société, de tous les temps, applique le dialogue et la concertation comme mode de gestion du pouvoir du niveau village jusqu’au sommet. Chaque fois que ces ressorts prennent un coup, il y a crise dans la société.

Les coups d’état survenus dans nos pays (Mali, Guinée et Burkina) illustrent une insuffisance dans la gestion démocratique de nos Etats. La Gouvernance, il s’agit en fait de la Bonne Gouvernance, est le respect des règles et principes de gestion dans la transparence et la redevabilité. C’est aussi, la capacité de nos gouvernants à transcender les problèmes politiques en dehors de tout clivage partisan. Cependant les 3 cas de coups d’état ne sont pas similaires. Pour le Mali, c’est la mauvaise gestion des élections, notamment les résultats des législatives de 2020 par la Cour Constitutionnelle ; la Guinée, c’est le mandat de trop de Alpha CONDE alors que le Burkina Faso est victime de l’insécurité que le Président du Faso n’est pas parvenu à trouver une solution.

Dans tous les cas, je pense que « l’Harmattan Sahélien » des coups d’état ne peut pas se prospérer, l’échec du cas de la Guinée Bissau est illustratif même si le contexte sous régional et régional se caractérise pour une grande propagande et une confusion généralisée et entretenue.

Il est de la responsabilité des Démocrates et Républicains de l’Afrique (partis politiques, société civile y compris les syndicats) de trouver une ou des solutions aux maux et problèmes de l’Afrique.

Votre parti a tenu son congrès ordinaire, un bureau du Comité Exécutif a été élu est-ce le retour de l’unité et de la cohésion ?

L’Adéma Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adéma PASJ) est un acteur majeur de la scène politique national, voir sous régional et international ; bref la voix de l’Adéma PASJ porte plus haut. Pour aller à son 6e congrès ordinaire, le Comité Exécutif d’alors a lancé le processus de renouvellement des structures ou organes du parti. Il est vrai que ce processus ne s’est pas passé sans problème dans certaines sections comme par exemple en commune VI du District de Bamako.

Le congrès, qui s‘est tenue les 16, 17 et 18 octobre 2021, a élu un Comité Exécutif de 89 membres avec à sa tête, le camarade Président Marimantia DIARRA. Ce congrès s’est tenu dans un climat apaisé, sans grande tension grâce à la maturité des différents courants qui animent le parti. J’ai noté un fort rajeunissement de la Direction du parti, plus de 60% des membres sont des jeunes qui sont encadrés par les anciens du parti qui ont fait montre de leurs expériences politiques dans le parti.

De par sa composition, de la qualité des camarades membres actuels du CE (Comité Exécutif) et surtout le mode de gouvernance instauré, l’unité et la cohésion du parti se trouvent confortées.

Ce qui est évident, la gestion du parti a changé et les militants, militantes de l’Adéma PASJ sont de plus en plus confiants. Cette image du parti contribue à conforter la démocratie au Mali.

Notre vision est « œuvrer par l’Adéma PASJ pour construire le Mali démocratique et prospère ».

L‘ADEMA aura-t-il son candidat à la prochaine présidentielle ou accompagnera-t-il comme d’habitude ?

L’Adéma Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adéma PASJ), en tant que parti politique, a pour objectif principal la conquête et l’exercice du pouvoir. A titre de rappel, l’Adéma PASJ a soutenu son « propre candidat » en 1992, 1997 (Alpha Oumar KONARE), 2002 (Soumaila CISSE) et 2013 (Dramane DEMBELE).

Par contre en 2007(Amadou Toumani TOURE) et 2018 (Ibrahim Boubacar KEITA), paix à leurs âmes, l’Adéma PASJ a inscrit son soutien dans le cadre des alliances électorales. Il est vrai que ces soutiens ont entrainé beaucoup de remous dans le parti.

Pour ce qui concerne les Présidentielles à venir, les textes prévoient le choix d’un candidat Adéma PASJ mais ces mêmes textes n’excluent pas une alliance politique et électorale. Au moment où je m’entretiens avec vous, le processus de désignation du candidat de l’Adéma PASJ n’est pas lancé surtout qu’on ne sait pas le calendrier de l’actuelle transition. Cette fois ci, je pense que les cadres du parti vont tirer les leçons des expériences antérieures pour éviter les scénarios de 2002, 2013 et 2018.

Vous êtes chef de département formation Promotion de l’Emploi (DFPE) à l’ANPE, pouvez-vous dresser un bilan des actions que vous avez menées ?

L’Agence Nationale Pour l’Emploi est une des plus anciennes structures dédiée à l’emploi. Elle est issue de L’Office Territoriale de la Main d’œuvre qui a été créée en 1954. L’ANPE a pour objectif de contribuer à la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi du Mali. Elle intervient dans les domaines de l’intermédiation, de l’auto emploi ou l’entreprenariat, du perfectionnement-reconversion, entre autres.

Il est vrai que je suis à l’ANPE et responsable du Département en charge de la formation, de la promotion de l’emploi, il ne me revient pas de dresser un bilan des actions ici, mais ce qui est sûr, l’équipe du département dont j‘ai la responsabilité de diriger contribue à l’atteinte des résultats de l’ANPE et cela à la satisfaction de la Direction Générale.

Quel est votre mot de la fin ?

Je voudrais, tout d’abord vous remercier pour cette opportunité de m’adresser aux lecteurs de votre Journal Alternance, voir au-delà, pour partager mes idées ou mon point de vue sur les sujets que nous venons d’évoquer et qui sont d’intérêt national.

L’occasion est opportune pour appeler aux forces politiques, sociales et religieuses à un sursaut national autour du minimum consensuel dans l’intérêt général de notre pays qui est un bien commun à nous tous. Ce minimum consensuel doit se faire dans un dialogue franc, sincère et constructif et de façon inclusive.

Je souhaite, de tout cœur, que les autorités de la transition contribuent à la réalisation de ce minimum consensuel et œuvrer au dialogue et à la négociation pour faire le Mali, rien que le Mali.

Bonne lecture et heureuse année 2022. Vivement la paix et la concorde au Mali dans une Afrique solidaire. Je vous remercie.

Propos recueillis par Youssouf Sissoko

Oumar MC Koné, chef de la Mare : « La refondation de l’Etat est basée prioritairement sur la sécurité »

Dans une interview accordée à Azalaï Express, le patron de la Mission d’appui à la refondation de l’Etat (Mare), Oumar MC Koné, est revenu sur les grands axes de la refondation que le Mali s’apprête à amorcer avant le retour à l’ordre constitutionnel. Lors de cet échange, il met l’accent sur l’aspect sécuritaire.

Azalaï Express : Quels sont les rapports de la Mare avec le ministère en charge de la Refondation de l’Etat ?

La Mission d’appui à la refondation de l’Etat (Mare) est un instrument institutionnel placé auprès du ministre de la Refondation. Nous sommes spécifiquement chargés d’élaborer tous les avant-projets touchant le fonctionnement des institutions. La Mare est le bras institutionnel du ministre de la Refondation. En plus de cette mission, nous devrions réfléchir, proposer et élaborer des études sur tous les secteurs consolidant la refondation de l’Etat. La troisième tâche est spécifique que le ministre nous demanderait de faire.

Qu’est-ce que la refondation de l’Etat ?

Actuellement, il y a eu une appropriation nationale du terme de la refondation. Mais dans certains cas, des gens nous interpellent toujours. Mais au fait, qu’est-ce qu’il y a dans la refondation ? La refondation est basée sur un axe de rupture avec la mauvaise gouvernance qui se manifeste le plus souvent par la corruption, le clientélisme, le népotisme, etc. qui ont gangrené notre administration. C’est la rupture avec les mauvaises habitudes et ensuite, trouver des nouveaux équilibres à travers les réformes politiques et institutionnelles. Et aussi en travaillant sur le comportement du citoyen malien. Il faudrait que le comportement du citoyen malien change pour quitter le champ de l’incivisme et prendre les préoccupations nationales en main. Et aussi, cette refondation va se faire à travers des pratiques endogènes. C’est-à-dire des valeurs qui ont bien marché chez nous en Afrique, mais que nous avons laissées tomber, sans justification. Et c’est des bonnes valeurs qu’il faudrait ramener dans nos textes, puisque nous avons cette culture. Exemple : au niveau de la sécurité, quand vous allez dans nos villages, vous ne verrez aucune institution de sécurité de l’Etat. Et pourtant, ça fonctionne bien. Quand vous venez, on vous dit d’aller saluer le chef du village qui vous demande votre nom, votre origine, l’objet de la visite et la durée de votre séjour. Il est en train de faire presque une enquête policière. C’est cette notion qui ressort dans les recommandations des ANR (Assises nationales de la refondation) de mettre en place un « Haut conseil des autorités traditionnelles religieuses et coutumières ». Donc, c’est une réappropriation d’une de nos valeurs endogènes. Le cousinage à plaisanterie « le Sinankouya » en est aussi un exemple. La refondation est une reprise de la fondation. Si on ne le fait pas, la maison va s’écrouler. Ça commence dès maintenant et va se quantifier au bout d’une génération.

Quels sont les grands axes de cette refondation ?

C’est un long parcours. Ça commence dès maintenant et finira dans 25 à 30 ans. Les grands axes, prioritairement, c’est basé sur la sécurité. Parce qu’un pays sans sécurité ne peut rien faire. C’est de consolider notre outil de sécurité. Remettre notre « armée nationale » pour dire que rien ne va se décider à l’extérieur. Ce sont les Maliens qui vont dire : ‘’Nous avons besoin de tel type d’armement pour notre armée pour améliorer son fonctionnement’’. Le deuxième axe, c’est bien entendu les réformes politiques et institutionnelles. Parce que notre constitution, certains ne veulent pas qu’on en parle, mais a atteint ses limites. Par exemple, avec le mouvement populaire du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) qui a demandé de déchoir l’ancien président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Il faudrait, dans la nouvelle constitution, qu’il y ait un mécanisme pour déchoir un président de la République qui ne fait pas son travail. Que le président de la République prête serment sur sa croyance religieuse. Le musulman sur le « Coran », le chrétien sur la « Bible », etc. Aussi, enlever certaines fortes dispositions dans ses prérogatives, notamment la sélection des membres de la Cour constitutionnelle. Mettre une barrière franche entre l’Assemblée nationale et l’Exécutif. Par ce qu’on dit que la République est basée sur ces trois pieds, soit l’Exécutif, le Parlement et le Judiciaire. Que la justice soit juste et transparente. Que le Malien lambda se sente protégé par sa justice. Ensuite, une gouvernance vertueuse. Cela se traduirait dans la stabilité sociale. Dans cette stabilité sociale, il faut revoir les salaires. Cela va aussi jouer sur les conflits sociaux, notamment les grèves. Il faut respecter les droits de chacun. Il faut harmoniser les salaires et donner un bon salaire, surtout aux Maliens. Revaloriser par exemple les corps comme l’enseignement. Parce que l’enseignement est fondamental dans le fonctionnement et le développement d’un pays. Donner une bonne formation aux enseignants afin qu’ils puissent donner une bonne formation aux élèves et étudiants. On a initié dans le projet de loi électorale qui va se faire sur appel d’offres. Faire un appel d’offres pour les grands postes de l’Etat. Le dernier axe qui correspond plus ou moins au PAG (Programme d’action gouvernemental), c’est quand on a une stabilité de faire les bonnes élections. Et d’ailleurs, l’installation de l’AIG (Autorité indépendante de gestion des élections au Mali) est sur ce plan. Et l’AIG sera décentralisée. La direction nationale à Bamako, avec ses grandes directions. Mais dans chaque région, cercle, commune et dans les zones de résidence des Maliens établis à l’extérieur.  Ce sont les axes forts de la refondation qui touchent tous les secteurs, notamment l’agriculture, la santé, l’éducation, l’urbanisme, la géostratégie. Il faudrait que le Malien décide avec qui il veut installer une coopération. Souvent, on dit dans les textes de diversifier notre coopération militaire. C’est-à-dire qu’aucun pays ne prenne le Mali comme sa chapelle ou sa mosquée. Le Mali sera libre d’orienter sa politique de sécurité comme il veut. Donc, il faut avoir cette indépendance. Mais aussi de façon large, c’est de faciliter aussi dans la géostratégie une diplomatie gagnant-gagnant tournée sur le développement du Mali. Et puis, ne plus accepter le diktat de 20% sur la production d’or. Il faudra que le malien sache qu’il est le troisième producteur d’or dans le monde. Mais aussi nous allons favoriser ce laxisme. Que le Malien n’ait plus de complexe. Nous avons été dans les mêmes écoles que ces Occidentaux et d’ailleurs même, nous leur avons damé le pion. Donc, maintenant le Malien n’a aucun complexe de revendiquer sa position dans la stratégie nationale et internationale. Donc, nous serons libres dans nos coopérations, libres de trouver notre voie de développement, libres de choisir nos amis au niveau de la coopération militaire. C’est des axes forts que le Mali doit consolider et sans complexe.

Certains estiment que les autorités actuelles ne sont pas légitimes pour mener cette refondation. Qu’est-ce que vous pouvez leur répondre ?

Ceux qui disent cela se trompent. On acquiert la légitimité par le peuple et celui-ci a demandé que ces autorités conduisent cette transition. Je me demande comment un autre citoyen d’un autre pays peut qualifier ces autorités d’illégitimes. Nous, on dira que ce monsieur est illégitime de qualifier nos autorités d’illégitimes. Personne au Mali n’a mandaté ce dernier pour traiter nos autorités d’illégitimes. Et pour, certains Maliens qui partagent le même avis, nous connaissons leur position. Mais objectivement, la majorité des Maliens fait confiance à cette Transition. Partant de là, elles ont cette légitimité, allusion faite au rassemblement du 14 janvier dernier. Certains se cachent derrière le concept d’élections qui n’a pas de sens. Les élections, c’est un processus pour consolider la démocratie. Mais les élections à elles seules ne suffisent pas à faire la démocratie. Et d’ailleurs, cela me fait sourire chaque fois qu’on veut pousser les autorités à faire des élections précipitées, alors qu’en 2013, nous avons vu ce que cela a donné.

Réalisée par:
Abdrahamane Baba Kouyaté et Lamine Bagayogo

 

MAMADOU TOGOLA, COORDINATEUR DU MOUVEMENT IBK KANU : «Assimi n’a dit à personne qu’il veut rester au pouvoir pour cinq ans»

Près d’une année et demie après la chute de son régime par un soulèvement populaire, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est décédé ce dimanche 16 janvier à l’âge de 76 ans. Mamadou Togola, Coordinateur du Mouvement IBK-Kanu, principal soutien à la candidature d’IBK lors de son deuxième mandat, implore pour lui le pardon du peuple et réitère le soutien de son mouvement à la Transition. C’est dans une interview accordée à Azalaï Express. Lisez plutôt !

Azalaï Express : Quel sentiment vous anime après le décès de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, au nom de qui vous aviez créé votre mouvement ?

Mamadou Togola : La mort est la fin de toute chose. Nul n’y échappera. IBK a gouverné ce pays pendant 7 ans. Durant son règne, il a pu réaliser plein de choses, mais beaucoup de choses restaient à faire. Il a aussi échoué sur certains plans. Mettons tout cela sur le compte de la volonté divine. Le Mali est un pays de pardon et de solidarité. Quel que soit le problème, les Maliens peuvent y remédier. La preuve : ceux qui étaient contre le président Ibrahim Boubacar Keïta sont aujourd’hui venus présenter leurs condoléances à la famille. C’est pourquoi nous demandons à tous les Maliens de pardonner le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta afin que son âme repose en paix.

Que dites-vous à ceux qui ont causé la chute du régime d’IBK ?

Même le Prophète Mohamed (Salla’Allah Alayhi wa sallam) en son temps n’était pas aimé par tous, à fortiori le président d’un pays. Si nous savions qu’IBK allait finir son deuxième mandat de cette façon, nous n’allions pas soutenir sa candidature. Aujourd’hui, beaucoup de gens ont regretté de s’opposer à lui lorsqu’il était au pouvoir. L’un des défauts des Maliens, c’est de s’opposer à quelqu’un sans chercher à comprendre la réalité, l’intention de la personne. Les Maliens doivent mettre ce comportement de côté et mettre le Mali au-dessus de tout. Œuvrons pour la paix, le vivre ensemble et la cohésion sociale entre les Maliens. S’il n’y a pas d’entente entre nous, les citoyens maliens, nous  ne réussirons jamais à réaliser le meilleur pour le pays. C’est exactement à ces mêmes problèmes que la Transition est aujourd’hui confrontée. Parce que les Maliens ne s’écoutent pas. Cependant, il est impératif pour les Maliens de s’unir et de soutenir les autorités vu l’emprise dans laquelle le pays est tombé. Le cas du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, il avait dit beaucoup de choses au régime d’IBK. Mais puisqu’il est au pouvoir aujourd’hui, il est primordial que nous le soutenions pour l’intérêt du pays, afin de faire sortir le Mali de cette crise. Depuis le vivant d’Ibrahim Boubacar Keïta, nous n’avons jamais méprisé quelqu’un parce qu’il est opposant au pouvoir d’IBK. Car, le défunt président nous a toujours conseillés de mettre l’intérêt du Mali au dessus de tous. Pour IBK, celui qui fait du mal au Mali, ce dernier veut du mal de lui-même, IBK.  Et cela prouve son amour inconditionnel pour le pays. Mais si Dieu a décidé de mettre fin à son pouvoir ainsi, personne ne peut changer son destin. « L’enfant peut tomber des mains de celui qui le porte ».

Avec la disparition d’IBK, quel sera donc le nouvel objectif du mouvement ?

Avant même la mort d’IBK, nous  avions prédit qu’il allait mourir un jour, comme tout humain. Et avant lui, d’autres présidents de ce pays sont morts, notamment Modibo Keïta, Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré et plein d’autres personnalités du pays. Nous n’avons pas soutenu IBK à cause de sa personnalité, mais pour son amour pour le pays. De ce fait, renoncer à notre soutien aux autorités après le décès d’IBK serait indigne de notre part et vis-à-vis de notre devoir pour la patrie. Ainsi, pour vous dire : nous sommes prêts à soutenir  tout ce qui va dans l’intérêt du pays, pour promouvoir le développement et la paix dans le Mali.

Quel jugement portez-vous sur la Transition ?

Pour moi, c’est l’union qui fait la force. Il est indispensable pour les Maliens de soutenir la Transition. Assimi Goïta, seul, ne peut pas sortir ce pays de la crise sans le soutien total de tous les fils du pays. Le président Assimi a, lui-même, dit aux jeunes : « Si j’échoue, c’est toute la jeunesse malienne qui a échoué ». Donc, nous n’avons pas droit à l’erreur. L’une des grosses erreurs du défunt président a été les élections. Pour éviter de telle situation, les Maliens ont l’obligation de soutenir la Transition pour pouvoir organiser des élections crédibles et transparentes. Autrement dit, l’échec de la Transition sera considéré comme l’œuvre de tous les Maliens. En plus, il faut comprendre qu’avec les militaires, on peut conquérir le reste du territoire occupé par les terroristes et les bandits armés et sécuriser tout le pays.

Le bras de fer avec la Cedeao est-il la solution ?

Le président de la Transition Assimi Goïta a toujours dit que ses portes sont ouvertes au dialogue avec la Cedeao. En effet, le problème c’est les Maliens eux-mêmes qui sont souvent absurdes et rendent les choses plus compliquées. Le président Goïta a, lui-même, affirmé que des coups d’État répétitifs ne mènent pas du bonheur. Cela détruit le pays. En plus, les sanctions de la Cedeao n’ont pas commencé par le Mali. Étant membre fondateur de la Cedeao, lorsqu’Amadou Toumani Touré était au pouvoir, le Mali avait également, dans le cadre de la Cedeao, pris des sanctions contre d’autres pays, notamment la Sierra Leone et le Libéria. Donc, comprenons que le Cedeao n’est pas notre ennemi. Même s’il est vrai que les choses tournent en notre défaveur. Elle doit savoir que le chronogramme de 5 ans demandé par les autorités de Transition est une base de négociation. C’est à elle de juger bon où trop. Assimi n’a dit à personne qu’il fera 5 ans au pouvoir. Par conséquent, les sanctions prises ne sont pas contre le président, mais contre tout le peuple. Face à de telles sanctions les Maliens doivent s’unir aux côtés des autorités pour sortir le pays de la crise. Depuis 2012, le pays est dans  cette crise. La vie devient de plus en plus chère, le taux du chômage des jeunes augmente.  Souvent le peuple accuse les autorités sur du faux, alors que c’est le peuple lui-même qui manque de civisme et ne joue pas son rôle. Nous sommes tous touchés par les sanctions de la Cedeao. Nous demandons aux autorités d’élaborer un chronogramme convenable qui nous permettra de sortir de ces sanctions. Ceux qui croient qu’on n’a pas besoin de la Cedeao aujourd’hui ne savent pas qu’ils sont en train de commettre une grave erreur. J’appelle tous les Maliens à l’union sacrée. Nous prions que les autorités et la Cedeao se mettent d’accord sur un chronogramme pour mettre fin à cette crise. Ces militaires peuvent faire ce qu’un président démocratiquement élu n’arriverait pas à réaliser, notamment la sécurité et le retour de la paix.

Jiadata MAIGA