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Disfonctionnement dans l’approvisionnement du Mali en engrais : Les fournisseurs d’intrants agricoles et le ministre Modibo Keïta à couteaux tirés

Le 3 septembre 2022, le Président du collectif des fournisseurs d’intrants agricoles du Mali (CFIAM), Youssouf Coulibaly, a fait une déclaration suite aux propos du Ministre du développement rural, Modibo Keïta, concernant les disfonctionnements dans l’approvisionnement du pays en engrais cette année. Dans ses propos diffusés en début septembre 2022 à la télévision nationale, le Ministre Keïta précise que « les opérateurs économiques, sachant que le prix de l’engrais est très élevé sur le marché international, ont posé quelques conditions : qu’il faudrait que l’Etat paye leur arriérés de 2020 et de 2021 ; d’exiger à l’Etat d’acheter au comptant ; et de vendre le sac d’engrais à au moins 55 000 FCFA le sac de 50 Kg ». Il n’en fallait pas plus pour faire réagir le Président du collectif des fournisseurs d’intrants agricoles du Mali (CFIAM), Youssouf Coulibaly, qui dit que « «Le prix du sac d’engrais à 55 000 FCFA, ce n’est arrivé nulle part au Mali au titre de la campagne…C’est à juste titre que les fournisseurs réclament leur paiement pour des services faits qui datent de 2 à 3 ans. Les arriérés réclamés sont antérieures à 2020… »

Le torchon brûle entre les fournisseurs d’intrants agricoles et le Ministre Modibo Keïta. Pour preuve, le Ministre a tenu des propos par rapport à la situation de l’engrais au Mali que le collectif des fournisseurs d’intrants agricoles du Mali (CFIAM) n’est pas prêt à gober. «Nous avons suivi avec un grand étonnement, l’intervention du ministre lors du journal télévisé. Le ministre a fait 4 affirmations justifiant le disfonctionnement connu dans l’approvisionnement en engrais cette année. Il a affirmé que les fournisseurs ont exigé un prix de vente de 55 000 FCFA par sac d’engrais. Il a affirmé que les fournisseurs ont manifesté un désintérêt sur la quantité subventionnée. Il a également affirmé que les fournisseurs ont exigé la régularisation des arriérés de paiement. Il a aussi affirmé que les fournisseurs ont exigé d’être payés en cash pour les approvisionnements de la nouvelle campagne. Je voudrais rétablir les faits. Ce que le Ministre a affirmé ne correspond pas à ce que nous avons vécu sur le terrain dans le cadre des approvisionnements de cette année », a-t-il dit. Youssouf Coulibaly trouve que ce ne sont pas les fournisseurs qui ont manifesté le désintérêt. « Habituellement, en termes de volume, la quantité subventionnée en engrais minéraux porte sur environs 90% des volumes d’intrants distribués aux producteurs. Cette année, le Ministre a converti les engrais minéraux en engrais organiques, soit 91% dédiés à la fertilisation organique et seulement 9% aux engrais minéraux. Comment s’étonner que les fournisseurs, habituellement, travaillent sur les engrais minéraux, constituent des stocks importants d’engrais alors qu’en face, il n’y a que 9% de volumes exprimés contrairement aux autres années. S’il y a désintérêt, je peux affirmer que ce désintérêt est venu plutôt dans un premier temps du Ministère », a-t-il dit. Avant d’ajouter ceci : « Pour ce qui concerne le prix du sac d’engrais à 55 000 FCFA, ce n’est arrivé nulle part au Mali au titre de la campagne. Nous savons que cette année, il ya des prix repères qui ont été retenus. Ces prix repères ont peut-être légèrement majoré. Je peux affirmer que les engrais complexes que nous appelons le M.P.K ont été vendus à 37 500 FCFA le plus cher. L’urée est passée de 32 000 FCFA à 35 000 FCFA le plus cher. Le D.A.P qui avait été fixé à 42 000 FCFA, n’a pas été très utilisé et le peu qui a été utilisé oscille entre 40 000 et 42 000 FCFA ».

Concernant le paiement au comptant des fournisseurs, Youssouf Coulibaly n’a pas fait assez de commentaire. « Le Ministre a dit que les fournisseurs ont exigé d’être payés en cash, cela ne nécessite pas que nous fassions des commentaires, nous savions pertinemment qu’il n’y a aucun mécanisme permettant à l’Etat d’accéder à cette requête. Ce n’est pas ce qui est arrivé. Je me refuse de commenter cette affirmation », a déclaré le président du CFIAM.

S’agissant du paiement des arriérés des fournisseurs, Youssouf Coulibaly a été on ne plus clair. « Quoi de plus normal qu’un fournisseur qui a rendu un service soit dans l’attente de son mandat de paiement 3 à 4 ans et qu’il ne réclame pas. C’est à juste titre que les fournisseurs réclament leur paiement pour des services faits qui datent de 2 à 3 ans. J’ai entendu dans les propos du Ministre que nous, fournisseurs, exigeons le paiement des subventions de 2020 et de 2021. Je peux affirmer sans me tromper qu’en 2020, il n’y a pas eu de subventions. Les arriérés réclamés sont antérieures à 2020 et également des arriérés de la campagne 2021. Globalement, voila les faits rétablis. Il faut savoir que le Mali a connu des difficultés d’approvisionnement, il faut chercher la source. Je peux dire que la source est venue un peu des volumes insignifiants parfois nuls qui ont été attribués à des fournisseurs historiques qui ont été absents du marché cette année », a souligné Youssouf Coulibaly. Selon lui, ceux qui approvisionnent la filière coton sont ceux-là qui continuent à approvisionner le reste du marché. « L’approvisionnement de la filière coton étant le seul marché structuré adossé à des contrats , donc, ceux qui sont adjudicateurs au niveau de la filière coton, en passant commandes, commandent le volume adjugé dans le cadre de ce marché, mais aussi avec un surplus pour approvisionner les autres marchés. Si les fournisseurs historiques sont mal servis à ce niveau, ça impacte logiquement sur les autres approvisionnements. Nous sommes disposés à travailler, à maintenir notre outil de production agricole, à préserver l’outil de production et d’exercer notre métier qui est de commercer dans ce secteur d’activité », a conclu le président du CFIAM.

A .Sogodogo

« Votre Programme d’Actions Gouvernementales, 8 mois après est périmé ! » | Nouhoum SARR n’a pas fait de cadeau au PM Choguel Maiga au CNT

Lors de l’interpellation du Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga, hier, jeudi 21 avril 2022 au Conseil national de transition (CNT), Nouhoum SARR, membre du CNT, a fustigé le Plan d’action du gouvernement adopté le 2 août 2021. Selon Nouhoum SARR, le Plan d’action du gouvernement, 8 mois après son adoption, est périmé. A cet effet, il a indiqué que le moment est venu de rectifier la rectification.

« M. le Premier Ministre, le 02 août 2021, vous avez présenté devant cette Assemblée, votre PAG, 8 mois après, ce plan est périmé et sans surprise pour les plus avisés dans notre pays. Vous n’avez réalisé que 30 %, soit 03 sur 10, une note de renvoi si nous sommes à l’école. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? De quoi avez manqué que la nation n’a pas mis à votre disposition ? », s’interroge-t-il.

Avant de signaler que l’un des axes prioritaires du PAG est l’amélioration de la bonne gouvernance. « Dites nous tout sur le scandale des logements sociaux. Que s’est-il passé à la CANAM ? Que s’est-il passé à la police au point d’amener mon grand frère Daoud (Nldr, ministre de la sécurité), à sortir de sa réserve légendaire et exiger une enquête ? », veut savoir Nouhoum SARR.

Selon lui, la refondation ne se fera pas par des incantations ou des déclarations fracassantes quelquefois ahurissantes ou même avilissantes. « Quelle vision construisez-vous pour la santé, la reprise du chemin de fer, la renaissance de l’école, et l’émergence de notre agriculture ? La période de transition est une période de conception de vision et de retour à la vie normale. Il serait inadmissible qu’à la fin de la transition, on dise à notre peuple que nous avons été incapables de lui offrir un plateau technique à même d’en finir avec les évacuations sanitaires aux frais de l’Etat comme l’a fait le Niger », a-t-il dit.

L’orateur a fait savoir qu’il est évident que le gouvernement regorge d’hommes et de femmes compétents et honnêtes, mais il y a aussi des affairistes qu’il convient de rappeler à l’ordre avant la reddition de comptes. « M. le Premier Ministre, votre gouvernement s’est engagé à confectionner les cartes d’identité biométriques qui feront d’office de carte d’électeur.

Dites-nous les contours de ce nouveau dispositif. Car nous savons que c’est un projet qui attire toute notre attention de par le passé et avait suscité des guéguerres entre deux groupes d’hommes d’affaire maliens.

Nous continuerons à investiguer pour que tout se passe dans les règles de l’art. M. le Premier Ministre, le moment est venu de vous arrêter et de jeter un regard rétrospectif sur vos 10 mois à la tête du Gouvernement.

Êtes-vous fier de votre bilan ? Le moment est venu de rectifier la rectification avant qu’on s’embourbe», a-t-il conclu.

Aguibou Sogodogo