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RÉHABILITATION DE LA PLACE DE L’INDÉPENDANCE DE GOUNDAM: 250 millions pour la réalisation du projet

C’est à l’initiative de  l’entreprise  Oumou vision que le lancement du projet d’aménagement de la place de l’indépendance de Goundam (SPAD)  a été fait le  22 septembre 2022 au grand Hôtel  de Bamako  en présence  de plusieurs ressortissants  de la ville.

Cette  cérémonie  a été  placée  sous l’égide  de  l’ancien  ministre,  Oumar Ibrahim Toure  qui avait à ses côtés   le    directeur général du bureau  d’études  techniques et d’architecture,  Abdorahamane Ag Hantafaye,  Mohamed Ali  Ibrahim Cissé,  Mahamoud Ben Katra, Baba Moulaye Haidra,  tous anciens ministres.

Coïncidence   certes, mais historique.  Ce lancement  qui  consacre aussi  la pose de la première  pierre  de  la réfection de ces  infrastructures  de Goundam  intervient à un moment  où le  Mali célèbre  son   62e anniversaire,  date  commémorative de l’accession de son indépendance.  Pour  rappel,   ce   joyau  est composé   d’une tribune,  d’un monument  et d’une salle polyvalente   dont   l’aménagement de la place  est sous forme  d’une peau de bête,  jadis utilisé  comme  tapis de prière.    Mieux encore,    cet espace est fait d’une esplanade  de 1 600 m2,  toute chose  qui servira entre autres   des  lieux  de   rencontres,  des joggings, des salles de spectacles   et des espaces verts.    Pour   l’architecte  Abdorahamane Ag Hantafaye,    la première phase du projet  d’aménagement de la place de l’indépendance de Goundam s’étendra jusqu’au  mois  de  mars 2023 avec une bagatelle estimée  à  150 millions de francs CFA  et celle  de la seconde s’élève à hauteur  de  100 millions  de nos  francs.   Avant  de laisser entendre que  ces réalisations  d’infrastructures   sont  financées  par les partenaires  techniques et financiers  et  des  contributeurs  locaux,   tous natifs  de Goundam dans la  région  de Tombouctou.

                                                                                                                                Yacouba COULIBALY

Le G5 SAHEL : Les chefs d’État-major réclament le retour du Mali

Les chefs d’Etat-major du G5 Sahel estiment que le Mali reste l’épicentre du terrorisme au Sahel et demandent le retour de Bamako dans le G5.
Comment lutter contre le terrorisme dans le Sahel après le retrait du Mali du G5 Sahel ? C’était la question au cœur de deux jours de réunion des chefs d’Etat-major des pays membres de ce G5 à Niamey au Niger, du 20 au 22 septembre 2022. La réunion avait lieu entre le Burkina-Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad.

La situation reste préoccupante et pourrait ne pas s’améliorer, estiment les chefs d’Etat-major. Et si la situation est très compliquée, c’est notamment parce que le Mali reste l’épicentre du terrorisme au Sahel selon les chefs d’Etat-major. Le problème, le pays s’est retiré de toutes les instances du G5 Sahel et la force Barkhane a quitté le pays.
Face à la dégradation de la situation, les chefs d’Etat-major lancent donc un appel au Mali afin qu’il regagne sa place au sein du G5 Sahel. « C’est vrai le retrait du Mali est un handicap pour toutes les articulations de la force conjointe du G5 sahel, mais nous continuons la lutte, et nous sommes soudés », déclare Daoud Yahaya Brahim, ministre de la Défense du Tchad et président en exercice de la conférence des ministres.
Un retour du Mali au sein du G5 Sahel est capital selon les ministres. Car c’est précisément la présence des terroristes au Mali qui alimente l’insécurité aussi au Burkina Faso et au Niger selon eux. La situation dans la zone dite des trois frontières, à cheval sur le Burkina Faso et le Niger, inquiète particulièrement.
Face à l’urgence l’expert en sécurité au Sahel, Abass Abdoulmoumouni, préconise même l’implication de l’Algérie. « Même avec le Mali, le G5 Sahel ne peut valablement faire face au terrorisme sans l’Algérie qui est un autre poids assez important qu’il faut intégrer aujourd’hui dans la dynamique de lutte contre le terrorisme au Sahel et qui va impliquer absolument le départ de la France totalement du Sahel », estime-t-il. Une question qui n’est pas nouvelle, des appels à l’Algérie ayant déjà été lancés dans le passé.
Un autre défi auquel le G5 Sahel est confronté aussi et qui plombe la lutte contre le terrorisme : celui de son financement. Les ministres de la Défense ont appelé les Nations unies et les autres partenaires à débloquer des fonds pour poursuivre la lutte efficacement.

Les dirigeants de cette organisation n’arrivent pas à combler le vide laissé par la mort du président tchadien Idriss Déby, qui à plonger l’organisation dans un coma cérébral.

Le 15 mai 2022, le Mali décide de lui pratiquer l’euthanasie avec l’annonce de son retrait. Bamako dénonce une « instrumentalisation ».

Pour cause, la prise de la présidence de l’organisation par le Mali qui n’arrivait toujours pas. Alors que le 15 février 2021 lors de la 7ème conférence des chefs d’États du G5 Sahel, tenue à N’Djaména, à l’issue de laquelle il a été convenu de tenir la Conférence suivante à Bamako.

Cette rencontre, prévue en février 2022, devrait consacrer le début de la présidence malienne de l’organisation régionale. Plusieurs mois après la date indiquée pour la tenue de la conférence à Bamako et début de la présidence du Mali. Bamako a alors adressé une correspondance à N’Djamena, qui assure encore la présidence (tournante) du G5 Sahel, pour rappeler la nécessité de préparer la passation. Bamako a alors joint l’acte à la parole, en annonçant son retrait du G5 Sahel dans un communiqué lu à la télévision nationale, dénonçant une « instrumentalisation » de l’organisation.

En matière de sécurité, le Mali fera désormais cavalier seul après son retrait du G5 Sahel, l’organisation sous régionale censée lutter contre le terrorisme au Sahel. Bamako reproche à ses partenaires de ne pas respecter le pacte qui les lie.

Créé en 2014 dans le but de fédérer les actions de lutte contre le terrorisme dans les cinq pays qu’il regroupe, à savoir le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad.

 

M. Yattara

CÉLÉBRATION DE LA FÊTE DE L’INDÉPENDANCE : Le cas de Kidal a-t-il été négocié ?

Bien que la commémoration   de l’indépendance   a été fêtée   à  travers  tout   le  pays.    Le   cas  de Kidal suscite  en  effet,   beaucoup  d’interrogations,   car,   jusqu’à  présent l’armée nationale y  compris   les  autres institutions de l’État   n’y sont  pas   effectives.  Tout compte fait,  la paix ne se négocie pas dans le mensonge  et  sans  arrière-pensée  politique,   Kidal doit rentrer dans le giron Malien et ce, malgré le prix à payer  pour  la sauvegarde de l’intégrité territoriale.

La  célébration de la fête de l’indépendance  est du moins,  un moment  de souvenance,  de reconnaissance  et  d’hommages  envers    les pères fondateurs de la nation  pour d’énormes  exploits  réalisés  par eux, donc la jeune  génération doit s’en  inspirer.   En effet,  une cérémonie  sobre  certes,   mais pleine de signification d’autant plus qu’il s’agirait d’un témoignage  des faits  ayant marqué l’histoire contemporaine du pays.    Sur fond de crise,  ce   62e   anniversaire de l’accession de l’indépendance du Mali  a   été  globalement  accueilli  dans une ferveur  populaire.    Par ailleurs,   bien que  la préservation de l’intégrité territoriale   est  aujourd’hui  un leitmotiv des autorités de la transition, mais    le  doute  plane toujours   autour de sa conception  actuelle   en raison de la célébration timide  de   cette  fête nationale à Kidal.  Une localité  où la  question  de  la  rébellion  y  est  historique.  La  plus récente  a été  sanglante  dans le rang des militaires  suite à  une fusion entre   des ex rebelles du MNLA   et   des  groupes  terroristes  de  Iyad AGhali.   Pour rappel,  le premier président Modibo Keita   avait  célébré en 1964,  la fête nationale  de l’indépendance du pays à Kidal  et,    se faisant,   des drapeaux   étaient  hissés  dans  les devantures des bâtiments  publics  et privés,  accompagnés  par  des parades  militaires    enthousiastes.   Une  façon de  montrer non seulement   le   caractère  d’indivisibilité   du  pays, mais aussi et surtout,   une expression  de la montée  en puissance  de  l’armée  capable  d’exercer  son  autorité sur  toute  l’étendue du territoire national.   Depuis lors,  aucun  de ses   prédécesseurs   ne lui a   jusque-là emboîté le pas,   encore moins   le président actuel  Assimi Goïta.   Dont  la position   de  son gouvernement  est   critiquée    par  rapport  à ses plans  de sortie de crise. Pour beaucoup d’observateurs la transition est en train de  favoriser les  ex rebelles du MNLA visiblement affaiblis après le retrait  de l’armée  française du  Mali.    En effet pour couper court à ces allégations de complaisance et de favoritisme,  les   tenants  du  pouvoir   devraient    clarifier  cette longue   absence de l’armée régulière à  Kidal  à moins que  des   thuriféraires  de la transition  répondraient  avec une  insolence narquoise  « le  drapeau y  flotte « , d’autant que ceci  ne garantit  pas  forcément   tant qu’il  n’y est pas  un retour  définitif  de l’administration publique, symbole  de l’État, ou au moins l’armée   nationale.    Enfin,   la  préservation   de  la  souveraineté  nationale  ne devrait  nullement  pas  être  un vain mot  au point  de vouloir   saper des réalités  de l’heure.     Et les  autorités  de  la  transition   gagneraient plus  la  confiance du   peuple   si  elles   mettaient  un terme  à  la  situation  de  la  8e   région,  qui constitue  désormais,   un abcès de tensions  de toutes sortes.

Yacouba  COULIBALY

TROP DE JOURS FÉRIES AU MALI : Quand l’État contribue à l’avilissement du secteur privé

Le Mali Koura tant  vanté par ses concepteurs semble être sur les traces du Mali Koro où la gouvernance loin d’être vertueuse est simplement chaotique, car décriée aujourd’hui, à cause de certaines pratiques. En effet, ces pratiques tant dénoncées sous l’ancien régime ont refait surface aux grands désarrois du vaillant peuple qui a pourtant cru un moment au changement promis par les autorités de la transition. Le 22 septembre étant la date anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance ne devrait pas être un prétexte pour décréter presqu’une semaine fériée au détriment d’une écrasante majorité des maliens qui vivent au jour le jour et particulièrement  du secteur privé qui traverse aujourd’hui des moments très pénibles, à cause des facteurs endogènes et exogènes. Pourquoi tant de jours chômés dans un pays sous développé comme le Mali ? Le Gouvernement ne devrait-il pas tenir compte des intérêts de non-salariés avant de décréter le vendredi  férié ? Et si les entreprises tenaient compte de ces nombreux jours décrétés fériés par l’Etat  tant pour le paiement de leurs employés que pour le fisc ? Une large concertation s’impose désormais avant de prendre une quelconque décision qui impacterait négativement les conditions de vie des maliens.

La précarisation des entreprises, surtout privées pourrait expliquer en grande partie l’amoindrissement du taux d’investissement au Mali. En plus de l’environnement marqué par une insécurité grandissante, l’Etat ne fait pas assez pour garantir les intérêts des entrepreneurs. Nous ne cesserons jamais de rappeler que Gouverner c’est non seulement prévoir, mais aussi et surtout tenir compte de l’intérêt général. Le Gouvernement de la transition en décrétant le vendredi jour chômé et payé, a certes appliqué à la lettre une disposition légale en République du Mali, mais il aurait dû avoir le flair de se dire qu’en décrétant ce jour comme étant férié on aurait perdu 4 jours sur 7 de la semaine. Donc presqu’une semaine sans travailler dans un pays où plus de 80 % de la population courent derrière le quotidien. Le Mali subit de plein fouet l’impact de la crise donc  la plus part des entreprises sont désormais menacées dans leur existence.  Plus de la moitié de la population vit dans l’informel et plus de 80 %  n’émargent pas sur le budget de l’Etat. Ils sont soit dans le secteur privé ou bien dans le secteur informel. Donc un jour chômé équivaudrait à un manque à gagner d’une semaine, à fortiori une semaine fériée.

Le Gouvernement de la transition, en suivant les pas de l’ancien régime, est non seulement en train de s’éloigner des objectifs de la révolution, qui sont entre autres une gouvernance vertueuse en rupture totale avec celle qui a conduit le Mali dans une crise profonde, ensuite la relance de l’économie et la création des richesses pour la création d’emplois. Mais aujourd’hui le constat est tout autre, le Mali est en train d’être tiré vers le bas et avec lui  l’économie du pays, qui serait en pleine récession, à cause non seulement de la crise mondiale liée à la guerre Russo-Ukrainienne, mais aussi et surtout  à la crise multidimensionnelle que vit le Mali depuis belle lurette. A cela il faut ajouter une méconnaissance et un manque de vision économique des autorités actuelles qui relèguent au second plan la relance économique qui devrait passer par une véritable promotion du secteur privé

En effet, le secteur privé étant le principal agitateur économique est aujourd’hui le premier à ressentir le poids de ces crises. A celles-ci il faudrait ajouter le manque de vision des autorités et surtout leur manque d’anticipation. L’Etat protecteur semble céder la place à l’Etat démolisseur au Mali, car le rôle régalien de tout Etat est la protection, la préservation et la sécurisation des intérêts des citoyens. Comment dans un monde globalisé et mondialisé on peut ne pas accorder de l’importance au secteur privé ? La libre entreprise étant l’un des fondements de la démocratie, elle doit également être le crédo de toute gouvernance qui se veut vertueuse.  En effet le bien privé est sacré et l’Etat à un rôle protecteur donc il ne doit pas  piétiner les valeurs qui le fondent. Tout acte d’un gouvernement doit tenir compte de l’impact sur les outils économiques du pays. Les jours chômés sont de manque à gagner principalement pour le trésor public, mais aussi pour les entreprises. Les sources de financement de l’Etat sont les taxes, impôts et douanes qui sont principalement payés par les entreprises.

Il est grand temps de prendre en compte les désidératas des entreprises et surtout écouter les investisseurs, à défaut les entreprises doivent prendre leurs responsabilités en formant un front unifié et en se mobilisant  pour être un rempart afin de  sauver le secteur privé. L’Etat devrait être guidé par cette philosophie plus on travaille plus  le trésor public s’enrichit et avec lui les entreprises.  C’est à ce seul prix que l’Etat aura la possibilité d’investir dans les équipements communautaires, écoles, hôpitaux, équipements urbains et même militaires. Il demeure impensable que c’est au moment où on affirme Urbi et Orbi notre souveraineté qui ne rien d’autre que la tendance à s’affranchir de la tutelle de l’autre, que l’Etat avilit les entreprises censées données un contenu réel à ce concept souvent galvaudé par certains. La souveraineté ne s’acquiert qu’au bout du travail et pour en imposer aux autres il faut travailler au lieu de discourir.

Si comparaison n’est pas raison, il est tout à fait normal de se référer à certaines Nations qui ont prospéré. Ces Nations dites développées ne sont pas passées par mille chemins c’est par  le travail qu’elles ont atteint le sommet, les Etats Unis, la Chine, le Japon, la France. Donc le gouvernement malien doit réunir les conditions d’une véritable relance de l’économie, car  Personne ne viendra faire notre pays à notre place. Le respect d’une nation ne se mesure-t-il pas  à l’aune des progrès qu’elle a pu réaliser dans divers domaines ? Incontestablement oui,  donc seul le travail paie.

Le Gouvernement ne devrait-il pas tenir compte des intérêts de non-salariés de l’Etat avant de décréter le vendredi  férié ?

Indéniablement en décrétant le vendredi férié parce que c’est un jour tempo entre deux fériés on aura travaillé que le lundi et le Mardi, car depuis mercredi les travailleurs débraillent ou tout au moins dégarnissent leurs lieux de travail ce qui est un énorme manque à gagner et pour les entreprises et pour les citoyens évoluant dans l’informel, c’est pourquoi il sied désormais pour le gouvernement de tenir compte de toutes les couches socioprofessionnelles avant de décréter un jour férié fut-il conforme à la législation. Car comme dirait l’autre, il y a la loi, mais il y a l’esprit de la loi. Il est temps de sortir de la diversion et éviter les multiples jours chômés pour se référer à des pays émergeants comme la chine, qui a travaillé pour être ce qu’elle est aujourd’hui. Les pays du soleil levant comme la chine et le Japon ont bâti leurs sociétés, leurs pays en travaillant. Les dirigeants africains en général et ceux du Mali en particulier doivent s’inspirer de l’exemple de ces deux pays, en ayant la culture du travail.

N’y a-t-il pas nécessité pour les entreprises maliennes de se regrouper pour défendre leurs intérêts ?

Le Gouvernement en se comportant ainsi, annihile non seulement tous les efforts que les entreprises fournissent pour créer des richesses, d’emplois et contribuer au développement du pays,  mais aussi foule aux pieds la protection sociale des employés, car aucune entreprise ne peut faire face aux charges sociales et professionnelles, dans ces conditions d’instabilité et d’incongruité. Que dire du fisc qui est la part de l’Etat ? Les entreprises seront dans l’impossibilité de s’acquitter de leurs devoirs, car elles  ne font pas de profits. Donc il y a nécessité pour les entrepreneurs de constituer un front pour non seulement défendre leurs intérêts, mais aussi et surtout pour obliger souvent l’Etat à tenir compte de leurs préoccupations.

En somme, les nombreux jours fériés ont des répercussions négatives sur les entreprises. C’est pour cette raison et d’autres qu’elles souffrent énormément. Si d’aucunes sont chancelantes, d’autres mettent tout simplement la clé sous le paillasson. Quid des investisseurs ou autres partenaires qui souhaitent faire des affaires au Mali. Ils auront tout simplement peur, car le climat des affaires est loin d’être assaini et les conditions d’un véritable développement du secteur privé ne sont pas réunies.

Mamadou Sinsy Coulibaly,
Président du Groupe Kledu

UNE VÉRITABLE OPPOSITION A LA TRANSITION EST EN GESTATION AU MALI : Lentement, mais sûrement la classe politique se réveille

Rasant le mur après l’avènement de la junte militaire au pouvoir au Mali, le 18 Août 2020, vilipendée par une certaine opinion qui lui attribue la responsable de la crise, la classe politique malienne semble prendre du poil de la bête en se réveillant pour porter le chapeau de l’opposition face à un régime qui se militarise davantage et qui n’est pas prêt à lâcher le moindre bout du pouvoir même à la fin de la transition. La brèche est ouverte par le Collectif des députés de la 6ième législature dont le mandat a été écourté par le coup d’Etat. Ils se sont constitués en mouvement pour défendre leurs droits et de surcroit la démocratie et la République. Avant eux un cadre de concertation des partis politiques pour une transition réussie a fait quelques sorties rebelles sans succès. Après Espoir Djiguiya Koura a pris le relais du cadre pour faire des sorties fracassantes contre la transition. A ceux-ci il faut ajouter l’intervention tonitruante de l’ancien ministre Daba Diawara sur une chaine de TV. Sans porter des gants l’ancien ministre se dit farouchement opposé à la rédaction d’une nouvelle constitution. Est-ce le début de la fin de l’état de grâce pour Assimi Goïta ? Va-t-on assister à la naissance d’une véritable opposition à la transition ? Le manque de leadership au sein de la classe politique ne va-t-il pas être un handicap ?

La classe politique, après avoir fait l’objet des critiques en boucles pendant des mois, semble avoir suffisamment d’armes et de munitions, entendez par là d’arguments pour constituer un front qui s’opposerait à certaines décisions prises par la transition. Elle pourra surfer sur l’insécurité qui va crescendo, sur la vie chère conséquence logique des sanctions de la CEDEAO et de la guerre Russo-Ukrainienne et sur les réformes qui tardent à venir alors que le temps imparti marche à grand pas sans que des actions concrètes ne soient menées. En effet, la classe politique, malgré le discrédit dont elle fait l’objet, a des arguments solides à faire valoir auprès de l’opinion pour dénoncer certains manquements graves aux principes de la démocratie et surtout exiger le respect des engagements pris par les autorités pour un retour à l’ordre constitutionnel. Elle a certes un problème de leadership affirmé, mais comme du temps du M5 RFP elle pourrait avoir plusieurs leaders pour mener à bien le combat pour la démocratie.

Les députés de la 6ième législature dont le mandat a été écourté par le coup d’Etat du 18 Août 2020 ont donné le ton en créant un collectif pour la sauvegarde de la démocratie. Des réunions préparatoires ont été tenues au Mémorial Modibo Keita avant de faire une démonstration de force dans les jours, voire les semaines à venir. Les députés, tout en défendant leurs droits sont dans une posture pour exiger le respect des principes et acquis démocratiques obtenus des dizaines d’années de hautes luttes et dont le couronnement a été le 26 Mars 1991. Ils veulent se faire entendre. Pour donner corps au combat des députés, certains mouvements politiques se disent solidaires à eux et semblent prendre fait et cause pour leur combat. La crise qui sévit au Mali depuis plus de 12 ans a connu une exacerbation depuis l’avènement de la junte militaire au pouvoir. Qu’il soit dit en passant si elle s’est aggravée c’est plus dû aux choix politiques des gouvernants. C’est fort de tous ces constats que la classe politique doit s’affirmer, car elle a véritablement de la matière pour non seulement lutter, mais aussi et surtout se faire une bonne santé et redorer son blason.

En effet, la résolution de la crise sécuritaire qui a d’ailleurs été à la base de la popularité des autorités actuelles est loin de connaitre un début de solution. Est-ce dû aux choix faits par les gouvernants actuels ou bien au contexte ? Y-a-t-il une autre alternative ? Le second argument de taille pour la classe politique est la vie chère. Si le Mali a toujours connu ce phénomène, celui de cette année passe de tout commentaire. Jamais les prix des denrées de première nécessité n’ont connu une aussi grande hausse que sous la transition. Si la guerre Russo-Ukrainienne pourrait expliquer en partie cette hausse vertigineuse, les sanctions de la CEDEAO, qui étaient pour autant évitables, expliqueraient en grande partie cette hausse. En plus de ces alibis, la classe politique peut évoquer d’autres sujets et surtout saisir la balle au rebond pour proposer des solutions à toutes ces problématiques. Qu’il s’agisse d’amélioration des conditions de vie des maliens ou de proposition de sortie de crise sécuritaire et institutionnelle.

Le troisième argument et non le moindre est sans nul doute les réformes institutionnelles et constitutionnelles. En retard sur le chronogramme, le gouvernement s’apprête à mettre en place une Autorité dite Indépendante de Gestion des Elections, AIGE qui ne serait ni consensuelle encore moins représentative de la classe politique. N’est-ce pas un autre argument de taille pour une levée de bois vert de la classe politique contre la transition ? Que dire du comité de rédaction de la nouvelle Constitution alors que l’ancienne, bien que perfectible, est loin d’être caduque. Pour rappel cette nouvelle Constitution fait couler beaucoup d’encres et de salives et suscite déjà un tollé général. L’ancien ministre Daba Diawara se dit farouchement opposé à ce projet, à la suite du ministre Diawara d’autres voix se sont élevées pour dénoncer ce projet qui n’est non seulement pas nécessaire surtout pendant un régime d’exception qu’est la transition et certains pensent même qu’elle serait « démocraticide »

En définitive, la classe politique malienne a une occasion idoine de se faire une nouvelle santé et surtout de redorer son image ternie par plusieurs années de gestion faite de hauts et des bas.

Youssouf Sissoko

Edito : Les autorités de la transition se trompent-elles de priorités ?

A 17 mois de la fin de la transition et face à l’immensité, voir la complexité des défis à relever, les autorités de la transition malienne, au lieu de s’atteler à la résolution des différentes préoccupations, ne trouveront rien d’autre que de multiplier les fronts, en reléguant au second plan les priorités. Il y a d’abord la plainte contre la France au Conseil de sécurité des Nations Unies, ensuite une crise politico-diplomatique avec la Côte d’Ivoire au sujet des 49-3 soldats, qualifiés de mercenaires et qui sont inculpés et mis aux arrêts. Et pour ne rien arranger une mise en garde a été faite à la CEDEAO au cas où l‘organisation sous régionale se laisserait manipulée par le Président ivoirien Alassane Ouattara. Comme si ces fronts ne suffisaient pas, les partisans des autorités de la transition demandent le départ de la MINUSMA du Mali. Comment un pays qui cherche sa voie et qui est embourbé dans une crise multidimensionnelle gravissime peut-il se brouiller avec ses voisins immédiats et avec presque tout le monde ? Comment une transition dont la durée est connue et qui aurait d’énormes tâches à accomplir pourrait-elle se donner le luxe d’éparpiller ses efforts en reléguant au second plan les trois grandes priorités de l’heure, à savoir la lutte contre l’insécurité, l’amélioration des conditions de vie des maliens et enfin les réformes politiques et institutionnelles permettant d’organiser des élections inclusives, transparentes et crédibles pour un retour à l’ordre constitutionnel.

En tout cas si tant est que les autorités de la transition ont la volonté de rendre le pouvoir à un Président démocratiquement élu en mars 2024, elles doivent éteindre certains fronts pour ne s’occuper que de ces trois priorités qui sont largement costaud pour le peu de temps qui reste. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le premier front le plus brûlant aujourd’hui est celui de l’insécurité. Si nous devrions reconnaitre certaines prouesses importantes de l’armée sur les terroristes que d’aucuns qualifient de véritable montée en puissance des FAMa, force est de constater que le front sécuritaire est loin d’être apaisé, pour ne pas dire qu’il s’exacerbe au nord et au centre avec des crimes odieux commis par les terroristes. Le second front le plus brûlant est incontestablement le front social. De mémoire d’homme les prix des denrées de première nécessité n’ont jamais connu une telle hausse au Mali. Tout est très cher au Mali s’esclaffe une ménagère. A-t-on besoin de rappeler que la crise sociale est la mère de toutes les autres crises ? Les autorités doivent prendre à bras le corps cette épineuse question sociale afin de soulager la misère d’une très grande frange du peuple malien qui broie aujourd’hui du noir. Le troisième front est celui des réformes institutionnelles et constitutionnelles.

Ces réformes ont véritablement du plomb dans l’aile, car l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, AIGE qui aurait dû être l’organe miroir devant attirer les autres, a été mal conçue et ne présage pas d’un lendemain tranquille après les élections. Donc la crise pré et postélectorale est loin d’être écartée. Que dire de la rédaction non consensuelle d’une nouvelle Constitution ? La classe politique bien que discréditée, n’aura pas d’autre choix que de se mobiliser pour constituer une sorte de rempart, voire une sentinelle vigilante contre les fossoyeurs des précieux acquis démocratiques. Du collectif d’anciens députés, au cadre de concertation des partis politiques en passant par Espoir Djiguiya Koura, la dolosive classe politique semble désormais être vent débout et veut se vêtir du manteau de la résistance contre cette velléité de falsification et de réécriture de l’histoire récente du Mali. L’on peut affirmer sans risque de se tromper que les jours voire les semaines à venir seront palpitants pour les autorités de la transition. Donc qu’elles se tournent vers les 3 grandes priorités.

Youssouf Sissoko

LA GUINEE DE MAMADY DOUMBOUYA DANS LA LIGNE DE MIRE : Les faucons de la CEDEAO décident de « sanctions progressives »

À l’issue d’une réunion à New York jeudi soir, les chefs d’États d’Afrique de l’Ouest ont décidé de prendre des « sanctions progressives » contre le pouvoir militaire en Guinée. Ils ont également réclamé la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali.
Les dirigeants des États ouest-africains réunis en sommet extraordinaire, jeudi 22 septembre à New York, ont décidé de prendre des « sanctions progressives » la Guinée face à l’inflexibilité des militaires pour une date de retour des civils au pouvoir.
« rappel pour consultations par les Etats membres de la CEDEAO de leurs ambassadeurs accrédités auprès de la République de Guinée » et de « la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO ».
Selon un document résumant cette réunion de chefs d’État, « il a été arrêté la prise de sanctions progressives sur des individus et contre les autorités en place.
« Très rapidement, le président en exercice de la CEDEAO et le président de la commission de la CEDEAO vont établir une liste de personnes à sanctionner et, de manière graduelle, appliquer ces sanctions », selon ce texte confirmé par plusieurs participants.
Tous les dirigeants ouest-africains réunis à New York à l’exception du Mali, de la Guinée et du Burkina dirigés par des militaires et suspendus, ont également réclamé la libération de 46 militaires ivoiriens détenus au Mali, ce qui avait déclenché une grave querelle entre les deux pays.
Convoqué à l’initiative de la présidence bissau-guinéenne, en fin de compte, le sommet extraordinaire de la CEDEAO va être l’événement africain de cette Assemblée générale de l’ONU. Il a été voulu avec insistance par la présidence bissau-guinéenne.
À l’agenda, selon le président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo : « le réexamen de la situation en Guinée et au Mali », source de tensions entre l’organisation régionale et les deux capitales.
Ce sommet a été l’occasion pour l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi, médiateur de la CEDEAO, de briefer les chefs d’État sur sa récente mission à Conakry, fin août : celui-ci a listé les points d’accord et de désaccord avec les autorités de la transition guinéenne et faire des recommandations à Conakry et aux États membres.
Le désaccord majeur porte sur la durée de la transition. Pour le président Embalo, les 24 mois convenus ne sont « pas négociables ».

Au même moment, le Président guinéen est en visite au Mali
Cette visite du colonel Mamady Doumbouya, le premier hors des frontières depuis que lui et ses hommes ont pris le pouvoir en septembre 2021, n’a donné lieu à une communication publique qu’après son arrivée.
« Je suis à Bamako à côté de mon frère, le Président Assimi Goïta, pour fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un peuple frère », dit le colonel Doumbouya, cité dans le communiqué.
le colonel Mamady Doumbouya a permis au Mali de souffler un peu face aux sanctions que la CEDEAO a infligées en janvier dernier, un sévère embargo commercial et financier pour sanctionner le projet des militaires de rester au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. Les autorités guinéennes avaient été parmi les rares à se solidariser avec le Mali face aux sanctions, et avaient maintenu les frontières ouvertes.

Mais le Mali et la Guinée restent suspendus des organes de la CEDEAO.

M.Yattara

NOUVEAU REBONDISSEMENT DANS L’AFFAIRE DES 46 SOLDATS IVOIRIENS : Que peut faire la CEDEAO dans cette atmosphère délétère et de suspicion ?

Le bras de fer continu entre Bamako et Abidjan à propos des soldats ivoiriens détenus au Mali. Le président de la transition malienne le colonel Assimi Goïta a posé désormais ses conditions pour la libération desdits  soldats ivoiriens incarcérés à Bamako. Comme une réponse du berger à la bergère, le Conseil national de sécurité de la Côte d’Ivoire, présidé par Alassane Dramane  Ouattara rejette les nouvelles conditions et crie au chantage. En effet, lors de ce conseil,  le président ivoirien a décidé de saisir la commission de la CEDEAO concernant ses militaires arrêtés à Bamako depuis le 10 juillet dernier. Sans porter des gants il demande la libération sans condition des 46 soldats ivoiriens qui seraient des otages du gouvernement de la transition malienne. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir, que pourrait faire  la CEDEAO dans ce contentieux opposant deux de ses pays membres ?

En effet, à l’issue d’une réunion extraordinaire le conseil de sécurité national ivoirien  a demandé: « la tenue d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali afin de trouver un consens pour la libération des soldats dans les plus brefs délais ».

Pour rappel ce conseil s’est tenu et a décidé de saisir la CEDEAO, après que Bamako ait exigé de la Côte d’Ivoire, l’arrestation et l’extradition de certains anciens responsables du régime précédent.  Ces derniers sont en exil actuellement en Côte d’Ivoire alors qu’ils sont activement recherchés par la justice malienne.

En effet, un mandat d’arrêt international a été émis contre eux en juillet 2022 par la Cour suprême du Mali. Les personnalités politiques maliennes qui sont en exil en Côte d’Ivoire et qui font l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice malienne sont : Karim Keïta, ancien Président de la Commission de sécurité et de défense de l’Assemblée nationale et non moins fils de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta, et Tiéman Hubert Coulibaly, ancien Ministre de la Défense et des anciens combattants du Mali.

Les autorités ivoiriennes ont fait la sourde oreille et ne semble pas prêtes à donner une suite favorable à cette demande d’extradition. Elles disent ne pas répondre à l’exécution du mandat émis par la justice malienne. Exténué par cette affaire qui n’a que trop duré le Conseil de sécurité national de la Côte d’Ivoire a pris la décision de taper a la porte  de la CEDEAO pour avoir la libération des 46 soldats restants (après la libération de trois femmes). Ils sont toujours détenus à Bamako et font l’objet de poursuite pour atteinte à la sureté intérieure et extérieure du Mali. La demande du Président Ivoirien semble avoir un écho favorable au sein  de l’organisation sous régionale, qui a tenu un sommet extraordinaire en marge de la 77ième Assemblée Générale de l’ONU, à New York. Pour rappel le sommet était consacré aux deux pays, à savoir la Guinée et le Mali. Pour ce dernier pays c’est l’affaire des 46 militaires ivoiriens incarcérés au Mali qui a été au cœur de la discussion. Au finish une délégation composée des présidents ghanéen, sénégalais, et togolais, est attendue à Bamako le mardi 27 septembre 2022 dans l’ultime espoir de trouver une issue diplomatique à cette crise.

En effet, avant ce sommet extraordinaire plusieurs médiations ont été faites pour dénouer la crise  entre les deux pays frères liés par l’histoire et la géographie. Parmi les médiateurs on peut citer le président du Togo qui avait réussi à obtenir la libération des femmes détenues.

Pour rappel après la décision d’Abidjan de saisir la CEDEAO, Bamako a réagi. Dans un communiqué, le gouvernement malien a mis en garde contre toute instrumentalisation de la CEDEAO et a lancé un avertissement aux chefs d’Etats membres de cette organisation.

L’on se rappelle que la CEDEAO avait pris des sanctions « illégitimes et d’illégales », en janvier 2022 contre le Mali, après son refus de fournir un chronogramme indiquant la fin de la transition.

En définitive, nombreux sont les maliens à fonder un réel espoir en la délégation de la CEDEAO qui foulera le sol malien afin de trouver une issue heureuse à cette crise qui n’a que trop duré et pollue les relations séculaires et de bon voisinage entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Vivement la fin de l’imbroglio juridico-politico-diplomatique entre deux pays liés par l’histoire, la géographie, la culture, l’économie te le social.

Assitan DIAKITE

PORTRAIT DE FEMMES CELEBRES : Mme Sangaré Oumou Ba

Dynamique militante des premières heures et membre fondateur du Rassemblement Pour le Mali (RPM). Mme Sangaré Oumou Ba a été enseignante puis député de l’Assemblé Nationale sous ATT. Ensuite elle a été chef de Cabinet au ministère de l’Elevage et de la Pêche et membre de l’Association des femmes pour les actions de développement. Après elle a été ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant sous IBK. Voici en quelques lignes son portrait.

Née le 15 février 1947 à Bamako. Mme Sangaré Oumou Ba a effectué ses études primaires à l’école primaire de Médina Coura, avant d’entamer ses études secondaires au Lycée des jeunes filles de Bamako d’où elle a obtenu son baccalauréat en série Philo-Langues en 1968. Ce parchemin lui ouvre les portes de l’Ecole normale supérieure (ENSUP). Trois années d’études supérieures seront couronnées d’une maîtrise en Anglais. Mme Sangaré Oumou Ba a également suivi des études post universitaires sanctionnées par deux diplômes : un diplôme post universitaire en linguistique et en enseignement de la langue obtenu au Moray House College of Education à Edinburgh en Ecosse, un DEA en administration de l’éducation et un Certificat d’études sur la femme, deux diplômes décrochés respectivement à Old Dominion University Norfolk en Virginie (USA) et au Centre d’études sur la femme de la même université.

Au plan professionnel, elle a enseigné pendant plusieurs années au Lycée de jeunes filles de Bamako. Parallèlement, Mme Sangaré Oumou Ba fut encadreur en langues (français, anglais, bamanan et fulfuldé) des Volontaires américains du Corps de la paix, de 1972 à 1985. Dans le domaine politique, elle a été notamment présidente du Bureau national des femmes du RPM, de sa création en juin 2001 jusqu’à son entrée au Gouvernement, le 8 septembre 2013, au poste de ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. Elle le quitte lors du remaniement ministériel du 11 avril 2017.

Auparavant, elle avait été députée à l’Assemblée nationale de 2002 à 2007 puis chef de Cabinet au ministère de l’Elevage et de la Pêche, de juillet 2011 à Février 2013.  Elle est depuis 2000 membre de l’Association des femmes pour les actions de développement.  Elle a animé activement la présidence de l’Association Groupe d’action pour l’épanouissement de la femme, de l’enfant et la protection de l’environnement (GAFEPE).

Celle qui se bat constamment pour la cause de la femme malienne avait également suivi plusieurs stages de perfectionnement en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique dans divers domaines dont ceux de l’éducation, du leadership, de la culture et des droits humains. De 1994 à 2011, elle cumule des stages, conférences et ateliers dans plusieurs domaines de la restitution de la vie professionnelle. L’ancienne Directrice du lycée des jeunes filles de Bamako a aussi une vie politique et associative bien remplie. Mme Sangaré Oumou Bah a été Vice-présidente de l’Assemblée Nationale du Mali et membre de la commission de travail, de l’emploi, de la promotion de la femme et de la jeunesse.

Au plan international et sous régional, Mme Sangaré Oumou Bah a occupé avec pleins succès le poste de Présidente de la Commission Santé du Parlement de la CEDEAO et celui de Premier Rapporteur de la Commission Droit de la femme et de l’enfant et Députée au parlement de la CEDEAO, à Abuja, en République Fédérale du Nigéria.

En somme, Mme Sangaré Oumou Ba a fait de l’autonomisation et de l’épanouissement des femmes à la jeunesse maliennes sa priorité, et son véritable cheval de bataille.

Oumou SISSOKO

US ET COUTUME : LE MASQUE ET LA DANSE DOGON

Les masques dogons sont des œuvres artistiques à vocation religieuse. Ils sont au centre de la culture et des traditions du peuple Dogon, qui vit essentiellement au Mali, dans le Pays Dogon, situé sur la falaise de Bandiagara. Les masques sont utilisés lors de rituels dont la danse et la musique sont confiées à une société initiatique appelée Awa. Cette société secrète, composée d’hommes circoncis, est l’institution religieuse la plus importante chez les Dogons; c’est elle qui officie lors des divers cérémonies (cérémonie des ancêtres, dama, sigui, etc.). Elles prennent la forme de danses opérées par les « masques », terme qui désigne à la fois l’objet qui représente une divinité ou un esprit, et la personne anonyme qui le porte et qui incarne donc cet esprit. Fabriqués en bois peints de couleurs vives et des cagoules-muselières d’étoffe ornée de cauris, les masques sont de plusieurs ordres : satimbekanaga, le goitreuxpullo yanaSirigé. Etc.

Leur religion est basée sur le culte d’un dieu unique, Amma, et des ancêtres. Les masques ont une place tout à fait particulière dans cette tribu. Il existe en effet une société des masques, ou société Awa, constituée d’hommes circoncis qui communiquent par le biais d’une langue secrète et interviennent lors des cérémonies funéraires. La signification des différents masques qui se suivent, dansant à pas rassurés et amusants, sous les rythmes et les chants du territoire, nous enseigne sur l’esprit du vivre ensemble en harmonie de nos vieilles personnes. De ce fait, les masques représentent le symbole de la coexistence, de la cohabitation, de la cohésion sociale et de la paix dans la communauté, des notions qui ont toujours été au centre de leurs préoccupations. Bannir les discriminations sous toutes ces formes dans la société, tisser des liens forts avec les voisins, protéger et soigner les populations, sont entre autres, des pratiques que nos aïeux ont toujours su appliquer et respecter pour vivre paisiblement les uns avec les autres.

LE MASQUE SATIMBE a la particularité d’avoir en son sommet une statuette féminine aux bras écartés, représentant « la sœur des masques  La statuette féminine représente Ya Sigine, la sœur des masques, qui a volé les masques aux Andoumboulou (des êtres surnaturels) après les avoir surpris en brousse alors qu’ils dansaient, et qui les rapporta aux humains. Dans certains cas, la statuette de Yasigine porte une louche dans sa main, censée être imbibée d’une force vitale qui serait encore plus dangereuse pour les femmes que les masques eux-mêmes. De nos jours, seules les initiées — appelées elles aussi Ya Sigine — ont le droit de manipuler les masques et de participer aux cérémonies des masques, les autres femmes restant en retrait

LE MASQUE KANAGA est un masque facial du peuple dogon, utilisé traditionnellement par les membres de la société Awa. Le masque Kanaga évoque le Dieu créateur Amma. Il présente une forme en double croix, qui rappelle aux initiés les épisodes de la création du monde dansée lors des cérémonies funéraires où il est utilisé par les membres de la société Awa. Le grand public non initié a tendance à y voir divers sujets animaliers : le kommolo tebu (un oiseau), le lézard, l’iguane, le barâmkamza dullogu (un insecte d’eau), ou encore la main de Dieu ou l’esprit féminin des arbres (gyinu ya).

LE DAMA est une cérémonie de lever de deuil, cérémonie très importante du culte des morts chez les Dogons. Cette cérémonie est collective et concerne toutes les personnes décédées au cours des années précédentes. Le dama est organisé en principe tous les trois ans, mais cette période peut être portée à cinq ans. Les âmes sont appelées à rejoindre les ancêtres. Le terme dama signifie « interdit » en langue dogon. Il a été traduit par « lever de deuil », puisque la cérémonie marque la fin des interdits liés à la mort d’un individu. Ces interdits concernent non seulement les proches de la personne décédée, mais aussi toute la communauté. Au cours de la cérémonie qui dure trois jours, société des masques, défile et danse dans le village. Cette cérémonie marque la fin du deuil. Les trois jours s’organisent de la façon suivante. Le premier jour est le Warassegourou, jour de la rencontre entre les masques et les ancêtres. Le soir, les masques quittent leur lieu de la préparation et saluent tous les lieux sacrés du village. Le deuxième jour est le Gonou-Dinrou, journée exclusivement consacrée aux danses. Le troisième jour est le Guime-boro-boro ; cette journée de clôture de la cérémonie est réservée aux plus jeunes des initiés. Ils portent alors des masques noirs.

LE MASQUE SIRIGE, OU MASQUE A ETAGE ou encore appelé masque maison à étages, est), utilisé traditionnellement par les membres de la société Awa, en particulier lors des cérémonies du culte des morts. C’est le masque le plus long utilisé lors des cérémonies, pouvant atteindre plusieurs mètres de haut. Le masque Sirigé ressemble à une échelle dont les barreaux sont autant d’étapes de la connaissance acquise au cours de l’initiation marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte. Les hommes initiés de la société Awa portent ces masques au cours de cérémonie funéraire. Le danseur fixe la partie basse du masque sur son visage et doit toucher le sol avec la pointe du masque. Le masque prend vie grâce aux motifs symboliques, au costume, à la danse et à la musique.

LE MASQUE PULLO YANA, LA FEMME PEULE, ce masque, ornementé de cauris ainsi que son extension au niveau du torse formant une poitrine féminine, représente une femme peule. Les peuls, en particulier les femmes, ont l’image d’être paresseux chez les dogons. C’est pourquoi le danseur qui porte le masque Pullo Yana se laisse fréquemment tomber à terre et demande de l’aide pour se relever, faisant mine d’être malade ou fatigué

Mais derrière ce spectacle qui émerveille tous les spectateurs, se cache une richesse culturelle indescriptible de démonstration de la vie en communauté : le rapport social entre les hommes, le rapport entre les hommes et la nature et d’autres facteurs de la vie en harmonie dans la société.

Oumou SISSOKO